Comme je l'ai souvent
souligné, l'affaire de Rennes‑le‑Château est
complexe et des thèses très différentes se
bousculent.
La
publication du livre "Rennes‑le‑Château, le
secret dérobé" de
Franck Daffos aux éditions de l'Œil du Sphinx
en mai 2005 a apporté incontestablement un nouvel
éclairage à l'affaire. Cette thèse aux fondations
solides a provoqué bien des remous parmi la plupart
des chercheurs puisqu'elle contredit beaucoup de suppositions gratuites. Elle dérange
et c'est une des raisons pour laquelle elle est
intéressante.
Pour
compléter son énoncé,
Franck Daffos a bien
voulu répondre à mes questions naïves et je l'en
remercie vivement...
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Notre‑Dame de Marceille
possède‑t‑elle effectivement une crypte ?
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Notre‑Dame de Marceille
possède en fait
deux cryptes. La première, depuis des temps
immémoriaux, a été connue et utilisée au fil des siècles par
quelques privilégiés. On raconte même qu’elle aurait
contenu une bibliothèque très importante qui aurait été
entièrement pillée il y a quelques décennies. Des livres forts
précieux auraient été volés et revendus. C'est tout ce que je
sais à ce sujet, et comme c'est un sujet qui fâche, les
autorités épiscopales préfèrent nier l'existence de toute
crypte. |
Notre‑Dame de Marceille
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Cette crypte était d’ailleurs connue, il y a maintenant
une cinquantaine d'années, du supérieur des lazaristes
du sanctuaire : le R.P. Gabriel Migault, pertinent
auteur en mai 1962 d’une très sérieuse monographie
historique du lieu tout à fait étonnante, et qui ne
semble s’adresser qu’à ceux qui savent lire entre les
lignes tant ce fascicule, aujourd'hui plus
qu'introuvable, fut pour moi le point de départ de
toutes mes découvertes. Fort à propos, les éditions de
l’Œil du Sphinx préparent pour le printemps 2006 une
réédition très attendue de cette passionnante
plaquette et m’ont honoré du privilège d’en rédiger la
préface.
Cette crypte initiale comporte un souterrain qui
débouche hors de ND de Marceille et c'est par cette
issue que fut sauvée la
Vierge Noire pendant la Révolution. Le puits
dans l'église devait servir de conduit d'aération à
cette crypte, et c'est peut‑être la raison pour laquelle
le chanoine Gasc, aumônier du sanctuaire, le supprima
suite à la trop grande "sollicitude" dont il se vit
l'objet de la part de l'évêché et notamment de Mgr de Bonnechose, juste avant son départ de Carcassonne en
1855.
Quand Mgr François Fouquet voulut en
1659 creuser
une crypte (qui se retrouve donc être la deuxième) sous
ND de Marceille pour y déposer à la demande de son frère
Nicolas une partie du trésor de Rennes et du baron
d'Hautpoul, il tomba sur cette première crypte inconnue
de tous. Il se vit forcé de décaler la sienne vers la
droite, donc sous le porche quand on est face au
sanctuaire. C'est la raison pour laquelle
Henri Gasc
put, dans les années 1860, aménager une entrée par la
chaire du sanctuaire, puisqu’elle se trouvait
pratiquement à la verticale de la crypte Fouquet.
J’avoue être très amusé que quelqu'un d'autre ait trouvé
durant l’été 2005, et suite aux révélations de mon livre,
une pièce secrète située juste sous la chaire et
seulement accessible par une trappe cachée dans le plancher.
Je remercie donc ce perspicace chercheur, M. Michel Roux,
par ailleurs auteur d’un pertinent « Guide du chercheur
de trésor de Rennes‑le‑Château» paru aux éditions Lacour
en novembre 2005, de valider ainsi et sans aucune
contestation possible le résultat de mes analyses.
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A qui appartient
aujourd’hui le sanctuaire de Notre‑Dame de Marceille ?
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Notre‑Dame de Marceille
était la propriété personnelle de
Mgr Billard
à sa mort en 1901. Je détiens d’ailleurs la preuve qu'il
s'était personnellement et confortablement enrichi lors
de son passage à l'évêché de Carcassonne. Mais cette
basilique se retrouve aujourd’hui curieusement la
propriété d'une association diocésaine, alors que Mgr Billard l’avait par testament légué à un de ses amis
notaire dans la région rouennaise.
D’autres questions se posent : comment cette même
association diocésaine peut‑elle se retrouver aussi
propriétaire de
ND du Cros
à Caunes‑Minervois dont la propriété indivise avait été
répartie en parts égales juste après la révolution entre
toutes les familles du village par son sauveteur :
Antoine Boudet, comme par hasard apparenté à un certain Henri Boudet qui se
distingua quelques 100 ans plus tard à la cure de
Rennes‑les‑Bains?
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Mgr Billard
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Pourquoi ce site reste
méconnu du public ? Il semble même qu’il n’y ait aucune
volonté des propriétaires de relier ND de Marceille à
Rennes‑le‑Château ...
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Notre‑Dame de Marceille
se révèle un
maillon primordial quant à la compréhension
historique et donc chronologique de l’affaire dite de
Rennes‑le‑Château. Ce n’est pas innocemment que l’abbé
Boudet y a consacré un chapitre de son livre « La
Vraie Langue Celtique et le
Cromleck de Rennes‑les‑Bains » alors que ce
sanctuaire se situe à plus d’une vingtaine de kilomètres
de sa paroisse. C’est en fait là que vécurent
d'abord les abbés
Mèche puis
Gasc qui furent ses pères spirituels et
mentors... Mais nous aurions tort d’oublier ND du Cros où Mèche vécut les 26 dernières années de sa vie...
Tout ceci se retrouve crypté dans divers messages
laissés par Henri Boudet à notre compréhension comme la
particulière 14ème station du
chemin de croix
dans l'église de Rennes‑le‑Château.
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"La Vraie Langue Celtique"
de Henri Boudet
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On peut y voir ici la confirmation que la décoration de
l'église de RLC est
de Boudet et non de Saunière puisqu’il était impossible
à ce dernier de connaître Mèche, décédé lorsqu’il avait
12 ans ! Mais pour en revenir à ND de Marceille et à ND du Cros
il serait judicieux de se poser la question du
financement du rachat de ces deux sanctuaires par cette
étonnante association diocésaine surgie de nulle part.
Sujet au combien dérangeant puisqu’il faudrait alors
expliquer certaines importantes et mystérieuses rentrées
d'argent datant des années 1910. Il suffit pour s’en
convaincre de se reporter à la date de la restauration
de ND du Cros :
1910, toujours visible sur son fronton.
Je n'ai, quant à moi, jamais pu obtenir de réponse
satisfaisante.
Il ne faut donc pas s’étonner de l’embarras de
l'association diocésaine, et donc de l'évêché, qui
refuse systématiquement de communiquer sur ND de Marceille...
Petit exemple supplémentaire de l’importance du rôle
méconnu de ceux qui sont passés à
ND de Marceille dans
l’énigme des deux Rennes, lisez bien l’avant‑dernier
paragraphe de la notice nécrologique de l’abbé
Rescanières, successeur de Boudet et malheureusement
décédé trop tôt… Peut‑on alors vraiment appeler
hasard le fait de nommer à la cure de Rennes‑les‑Bains après
Henri Boudet un grand habitué du sanctuaire
limouxin ?
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La 14ème
station dans l’église de Rennes‑le‑Château est
effectivement troublante si l’on admet la ressemblance
de l’un des personnages avec la statue de Saint Antoine.
Comment l’expliquez‑vous ?
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La
ressemblance entre le personnage barbu de la 14ème
station du
Chemin de croix et
la statue de Saint‑Antoine, ermite de l'église
Marie‑Madeleine,
ne fait aucun doute et m'est connue depuis près de 25 ans, mais sans pouvoir l'expliquer alors. Il m'a fallu
pour la comprendre et la décrypter découvrir au
printemps 2003 l'existence du chanoine Gaudéric Mèche
(véritable "découvreur" de l'abbé Boudet), venant de ND de Marceille et aumônier de ND du Cros, puisque c’est
dans ses bras qu’est mort l'ermite
Joseph Chiron
(ermite à St‑Antoine de Galamus) en décembre
1852.
Le premier auteur à
avoir signalé cette ressemblance est en fait Urbain de
Larouanne (alias H. Elie) dans un de ses livres il y a
une vingtaine d'années.
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La station 14 à l'église de RLC
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La statue de Saint Antoine Ermite
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Henri Boudet a tout
simplement commandé aux Ets Giscard à Toulouse pour
l’église de Saunière une statue de Saint Antoine ermite à
l’effigie de ce personnage qui a réellement
existé, ce qui lui permettait ainsi de crypter la 14ème
station du Chemin de Croix en nous amenant directement
au chanoine Mèche à ND du Cros. Et c’est tout simplement
génial… En faisant cela, il n’a fait qu’illustrer
le chapitre sur ND de Marceille de son livre qui lui
aussi nous renvoie in extremis à ND du Cros. Il faut
remarquer à ce sujet que Giscard a toujours employé un
petit subterfuge dans ses relations épistolaires avec
son client, puisqu’il insiste sur la statue de ce fameux
Saint Antoine Ermite qu’il qualifie de second patron de
la paroisse, ce qui est, bien entendu, totalement
faux. Boudet ainsi, et sans que Saunière ne s’en doute,
pouvait être pleinement rassuré sur le travail
particulier de son fournisseur.
Je me dois de
préciser aussi que malgré des années et des années de
recherche, il a été impossible à quiconque de retrouver
ailleurs une autre statue de Saint Antoine Ermite venant de
chez Giscard et arborant ce visage. Il semble donc plus
qu’établi à présent que cette statue est un
modèle unique.
|
Gaudérique
Mèche semble être aussi
un personnage très important …
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Il faut comprendre qu'en fait, le chanoine
Mèche a financé
l'expansion de la Congrégation « Ste Marie de l’Assomption »
fondée par le père Joseph Chiron, en contrepartie de
quoi, cette Congrégation se chargeait de vendre discrètement les
objets précieux remontés par Mèche et Gasc de la cache sous ND
de Marceille.
C'est la raison pour laquelle Mgr de Bonnechose,
évêque de Carcassonne, se doutant que
ND de Marceille
était à la base d’agissements pas très clairs et craignant que
cet argent ne provienne de sources répréhensibles, a opposé son
veto au procès en béatification puis en canonisation de Joseph
Chiron dès après sa mort.
Ce fait reste
extraordinaire, mais il est autorisé par le droit canon
qui cautionne là en l’occurrence une bien tragique
injustice. Le père Chiron n’avait certes pas mérité
cela.
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Notre‑Dame de Marceille
La nef et le tableau de Saint Antoine
|
Il est à remarquer que
c'est peut‑être ainsi que Mgr de Bonnechose
comprit dans les années
1852‑1853 que ND de
Marceille recelait un secret d’envergure. Ainsi se
trouve expliquée la discrète
surveillance qu’exerça dès lors l’évêché sur son
aumônier, le chanoine Gasc qui se vit bientôt contraint
de supprimer tout le "jeu de piste" intérieur à ND de
Marceille qui avait permis à Mèche de trouver la cache
sous le sanctuaire... Nous trouvons donc là
l’explication aux ultimes modifications apportées par
Gasc au grand tableau "La tentation de St Antoine",
et qui fait
couler tellement d’encre depuis la parution de mon
livre.
Le chanoine
Mèche
eut l'idée géniale d'utiliser une Congrégation pour pouvoir
monnayer discrètement ses trouvailles loin de sa région,
résolvant ainsi la principale difficulté du blanchiment d'un
trésor. Henri Boudet semble
avoir repris exactement son idée puisqu'après sa découverte
de la cache du baron d'Hautpoul dans la région de
Rennes‑les‑Bains en 1885, il finança lui aussi une autre
Congrégation, a charge pour elle d'écouler le butin, ce qui
lui permit de financer l'achat ou la restauration d'édifices
religieux en sous‑main pour des sommes considérables. J'ai
la preuve de ceci puisque j’ai le bonheur de posséder une
lettre très explicite d'un religieux éminent de cette
Congrégation en rapport avec Boudet.
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L’un des plus importants
tableaux de ND de Marceille est sans doute le tableau de
St Antoine. Que cache‑t‑il ?
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Ce tableau, répertorié de nos jours par les Monuments
Historiques sous le titre de
Moine en adoration, est attribué à Ambroise Frédeau. En
fait, il s’agit à la base d’une
Tentation de Saint Antoine due au talent prolifique en la
matière de David Téniers dit le
Jeune, qui fut
achetée par Mgr François Fouquet dans les années
1670 et ensuite immédiatement modifiée à sa
demande par un peintre de l'ordre des Augustins de Toulouse : Ambroise Frédeau pour la
transformer en Saint Augustin et ainsi, sans que le peintre
ne s'en doute, crypter l'accès de la cache secrète de ND de
Marceille sous la chaire comme je l'indique dans mon livre. |
Le tableau Saint Antoine
à ND de
Marceille
|
Ce Saint Augustin bien
trop parlant a ensuite été retransformé en Saint Antoine
Ermite par le chanoine Gasc, aumônier de ND de Marceille
(et mentor de Boudet) dans les années 1860.
La transformation
est extrêmement facile à déceler si l'on prend la peine
d'observer minutieusement l'agrandissement de la gravure
de ND de Marceille datant de 1850 que je publie dans mon
livre... Quant à la signature initiale de
David Teniers le Jeune, elle pourrait juste avoir été simplement
recouverte et figurerait sur la pierre carrée retouchée
au bas gauche de cette œuvre.
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Jean‑Pierre Garcia : Lors
d'une exploration ultérieure de ND de Marceille, Franck
et moi‑même finiront par découvrir la signature du
tableau de Saint‑Antoine :
Mathieu Frédeau.
|
Pourquoi malgré tout
Gérard de Sède ne parle jamais de Notre‑Dame de
Marceille ?
|
Le dossier qu’avaient confié Pierre Plantard et
Philippe de Cherisey à Gérard de
Sède avait tout sur Notre‑Dame de Marceille. Mais ne le
comprenant pas et ne sachant pas comment le relier à l'histoire
de Bérenger Saunière, Gérard de Sède préféra faire l'impasse
sur le sanctuaire limouxin et sur Nicolas Pavillon. Pourtant,
nous sommes assurés qu’il a fait quelques recherches à l'époque
puisque nous retrouvons une énigmatique note dans « L’ile des
veilleurs », livre d’Alfred Weysen consacré au
trésor Templier de Valcros en Provence, dans
laquelle son auteur cite le tableau de Saint Augustin que lui
aurait indiqué Gérard de Sède. |
Gérard de Sède
|
Il est amusant de constater que le livre de Gérard de Sède
et celui du RP Migault furent écrits pratiquement à la même
époque. On peut penser que si Gérard de Sède s’était
seulement donné la peine de rencontrer le Père Migault
alors
en place à ND de Marceille,
L’Or de Rennes aurait été bien différent. D’ailleurs
à la fin de sa vie, et je tiens cela de son fils Arnaud,
Gérard de Sède était fermement convaincu que Nicolas
Pavillon était un personnage clef de cette énigme...
|
Que pouvez‑vous dire sur le fameux tableau de
Nicolas Poussin
« Les bergers d’Arcadie II » ?
|
Le célèbre tableau de Nicolas Poussin "Les Bergers d'Arcadie"
(dans sa seconde version) ne se lit pas comme tous les
chercheurs le pensent. Ce tableau a été commandé
par
Nicolas Pavillon qui connaissait la cache de Rennes,
mais n'y était jamais allé physiquement, ce qui fait que
le tableau est insuffisant pour arriver au but.
|
|
C'est pour cette raison qu'on a décidé de lui adjoindre
un tableau "de commande" avec un cahier des charges très
précis provenant de l’atelier de
David Téniers le jeune, sans qu'il se doute (au contraire de Poussin)
de l'intérêt de sa toile. Je me dois de signaler que le
tableau de
Saint‑Antoine recherché par l’ensemble des
aficionados de l’énigme de Rennes n’est absolument
pas celui qui figure dans l’église de Marceille.
En fait, Poussin localise un endroit à peu
près grand comme un terrain de football, et Téniers,
sans le savoir, précise l’endroit de la cache. Mais pour
comprendre, on a besoin du pape
Célestin V...
|
Une polémique semble
subsister sur la date de la réalisation des "Bergers
d’Arcadie (II)". Vous confirmez ?
|
Il semblerait
effectivement que certaines dernières expertises non
divulguées du Musée du Louvre fassent remonter cette
œuvre aux années 1650‑1655 ! Suite à la publication de
mon livre, un correspondant anonyme travaillant au Musée
du Louvre m'a expliqué que le président du musée,
intouchable puisque nommé par un président de la
République dont il se flattait d’être l’ami, et qui
s’est autoproclamé grand spécialiste de
Nicolas Poussin, refuserait tout net que son
jugement soit remis en cause. Mais tout ceci est de bien
peu d’importance, puisqu’il est clair que quand on sait
comment "lire" ce tableau, on comprend qu’il ne peut
être que postérieur à 1646, et pour cause...
|
Comment expliquez‑vous
que Poussin, n’ayant apparemment jamais voyagé dans le
Razès, ait pu suggérer dans le fond de son tableau un
paysage précis de la région ?
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Pour comprendre, il
faut sans nul doute s’intéresser à ce mystérieux
peintre, le frère
Ambroise Frédeau, moine des Augustins de Toulouse
qui, chose ignorée de beaucoup, était un excellent ami
de Nicolas Poussin auquel il avait pour habitude de
fournir des peintres, tel le Toulousain Jean‑Pierre Rivals, pour
exécuter le fonds de certains de ses tableaux.
Quand on sait qu’Ambroise Frédeau avait pour habitude
d’installer son atelier une partie de l’année dans une
possession que son Ordre avait entre Limoux et Alet, on
peut facilement comprendre que
Nicolas Poussin, pour
réaliser le fonds de sa deuxième version des
Bergers d’Arcadie à la demande de
Mgr Nicolas
Pavillon évêque d’Alet, avait nul besoin de venir dans
le Razès.
|
La mystérieuse lettre rédigée par Louis Fouquet et
portant sur Nicolas Poussin serait donc bien réelle ?
Quel est le lien conducteur entre tous ces personnages ?
|
Mgr Nicolas Pavillon fut un évêque exemplaire qui s’attacha très
rapidement à améliorer la formation de ses ministres du culte,
qui il est vrai à l’époque laissait plus qu’à désirer. Il fonda
rapidement dans ce but à Alet un séminaire de formation des
prêtres. Chose naturelle pour lui puisqu’à Paris il avait
lui‑même dirigé le premier séminaire de France réservé aux
lazaristes de Mr Vincent de Paul. L’établissement d’Alet, unique
en province, eut rapidement une très forte renommée dans le
royaume, ce qui lui attira la venue comme pensionnaires de
rejetons d'illustres familles qui se destinaient à la
prêtrise... Il semblerait que l'un d'entre eux dans le milieu
des années 1650 se soit nommé...
Louis Fouquet ! Piste
étonnante et en cours de vérification qui expliquerait bien des
choses… |
Nicolas Fouquet
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Louis Fouquet aurait
alors connu un certain ecclésiastique, secrétaire de
Mgr Pavillon, du nom de Dagen. C’est ce même Dagen que
Pavillon imposa ensuite comme Vicaire Général à son
frère Mgr François Fouquet placé à l’évêché de
Narbonne (et donc de Limoux et de ND de Marceille) par
leur frère commun Nicolas, le très puissant surintendant
des finances du royaume. Ce
Mgr Dagen, toujours très dévoué à son ancien
maître Nicolas Pavillon, allait en fait "gouverner" le
diocèse de Narbonne (et le trésor sous ND de Marceille)
lors de l'exil de François Fouquet après l'arrestation
de son frère Nicolas par Louis XIV dès septembre 1661...
Comme quoi tout se
tient... La fameuse lettre
de l’abbé Louis Fouquet à son frère Nicolas est bien
réelle et aurait bien trait, à demi‑mot, à un fabuleux
trésor trouvé dans le Razès. Tout ceci nous est d’ailleurs
confirmé par certaines lettres que je publie du chroniqueur
Jean Loret qui était un proche de
Nicolas Fouquet.
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Bérenger Saunière est‑il monté à Paris ? Est‑il passé par
l’église Saint‑Sulpice ?
|
En relisant "L'Or de Rennes" de
Gérard de Sède,
on comprend que Plantard et sa (joyeuse) bande de
"Pokémons" avaient tout pour arriver au but, mais
hélas pour eux, ils n'y ont rien compris.
Gérard de Sède,
Plantard et de Cherisey ont fait, dans la
fiction de leur livre, « monter »
Saunière à Paris et à St Sulpice car ils
avaient dans le « Dossier Boudet » acheté par Plantard à
Corbu, le fameux « Serpent Rouge » auquel
bien sûr ils n’ont rien compris et qui parle justement de St
Sulpice. C’est d’ailleurs dans le Serpent Rouge que Plantard
a puisé le terme de « Nautonier » pour qualifier les
grands maîtres de son
Prieuré de Sion
qui ne se trouve être qu’une divagation de son imagination
mytho maniaque. Bien entendu dans le Serpent Rouge, "nautonier"
veut dire toute autre chose…
|
|
Saunière
n'a jamais été à Paris pour acheter les copies de
3 tableaux qui à l’époque d’ailleurs n’étaient pas à la
vente, pourtant deux tableaux et un pape permettent
d'arriver au but! En fait, il y a tout dans le livre de
Gérard de Sède, mais il ne faut pas tenir compte du beau
"roman" de l'auteur, mais plutôt s’attacher aux seuls
éléments matériels mis à sa disposition et que l’on doit
obligatoirement sortir du contexte de « L’Or de
Rennes »…
|
Bérenger Saunière a‑t‑il
pu récupérer les copies des 3 tableaux puisque le Louvre
ne vendait pas à cette époque ? Comment connaît‑on
d'ailleurs la 3ème toile : le pape St Célestin V ?
|
Bérenger Saunière
n’a donc forcément jamais pu acheter les copies de
Poussin et
Téniers,
mais il fallait à tout prix à Gérard de Sède introduire ces
deux toiles dans son histoire puisque qu’il connaissait dès
1963 l’importance de ces deux peintres dans l’affaire. Quant à
Célestin V, il n’intervient pas ici sous la forme d’un
tableau mais grâce à un
détail de sa vie qui, utilisé de façon pertinente
plus de 7 siècles après sa mort, permet de relier Téniers et
Poussin et de démarrer le décryptage de la fameuse sentence
« BERGERE, PAS DE TENTATION... » C’est extrêmement
subtil, mais je refuse d’en dire plus, ayant déjà été là
plus que charitable…
|
Saunière aurait eu la visite à plusieurs reprises d'un
représentant de la famille de Habsbourg. Or on ne parle
jamais de ce contact avec Boudet... Pourquoi ?
|
Quand on s’intéresse à la véritable vie de Jean de
Habsbourg, on comprend que lorsque le domaine de Saunière
fut terminé, il y avait déjà quelque temps que ce dernier
avait embarqué sur son voilier pour un tour du monde dont il
ne reviendra pas… Il nous faut donc encore saluer ici
le talent de Gérard de Sède, qui en introduisant le
rejeton maudit d’une des plus importantes familles régnantes
d’Europe, ne manquait pas l’occasion de rajouter encore plus
de romanesques à sa fiction.
|
Les parchemins connus aujourd'hui
sont‑ils ceux trouvés par Bérenger Saunière dans l'église de
Rennes‑Le‑Château ?
|
Bérenger Saunière n’a
jamais trouvé ces parchemins en
question dans son église. Ils furent en fait
collectés dans les années 1925‑1930 auprès d’un ecclésiastique
qui m’est maintenant connu, par le secrétaire de
Mgr de Beauséjour qui avait été enfant de chœur de Boudet et
chargé par le prélat de récolter tous les papiers de tous les
prêtres qui avaient approché son prédécesseur
Mgr Billard.
C’est ainsi qu’est né le « Dossier Boudet » qui fut ensuite
donné à Noël Corbu qui le revendit à
Plantard… Plantard fournit
ensuite certains des éléments de ce dossier à Gérard de Sède
pour qu’il puisse les intégrer à "L’Or de Rennes", en
récompense de quoi ils se partagèrent les droits d’auteur
générés par le livre. |
Le petit parchemin
|
Les deux parchemins dans leur
version connue aujourd'hui seraient donc authentiques, mais
ils auraient été retravaillés par Plantard et Cherisey
(peut‑être pour ajouter PS et SION...)
|
Voilà en fait le nœud de la compréhension de la genèse de
cette énigme. Celui qui peut comprendre cela aura certes
fait un grand pas. Il est bien évident que les parchemins
sont à la base authentiques et nullement dus à
Plantard ou de Cherisey qui se sont simplement contentés de les
modifier quelque peu pour tenter de donner un peu de
consistances à leur fantomatique
Prieuré de Sion
qui bien sûr n’a jamais existé que dans leurs délires
dynastiques… Lorsqu’on a compris l’importance de ces
parchemins, on se retrouve vite persuadé qu’ils ne pouvaient
être que 4 (en fait deux mais écrits recto verso). Mais
seuls deux nous sont parvenus grâce aux calques fait par le
marquis de Cherisey pour les modifier, et ils sont à présent
la propriété de J‑L Chaumeil.
|
Connaît‑on alors l'histoire
réelle de ces parchemins ? Qui est l'auteur des originaux ?
Boudet ? Saunière ?
|
On connaît maintenant et sans aucun doute possible le
pourquoi de leur « apparition » dans cette affaire et même
l’époque de leur création. Leur histoire date des toutes
premières années du 20ème siècle, précisément
entre 1900 et 1906, et Bérenger Saunière
n’a absolument rien à voir avec tout cela : il n’a été qu’un
comparse dont on va utiliser de façon géniale les défauts et
surtout son envie de paraître pour le présenter, sans qu’il
s’en doute, sur le devant de la scène…
Nous voici donc vers
1900 : les principaux intervenants de
tout ceci sont bien sûr Boudet et un autre ecclésiastique,
inconnu de tous, mais dont j’ai retrouvé la trace. La
situation du codage de cette énigme est alors la suivante :
le livre de Boudet
"La Vraie Langue
Celtique" est un échec et le codage de l’église
de Saunière par ce même Boudet est inutile si l’on n’y
attire pas l’attention. Fort de ce constat, il va être
décidé de remédier à tout ceci en agissant sur deux axes
différents :
-
Attirer
l’attention
sur le village
de Rennes‑le‑Château et donc sur son église en finançant de façon
occulte l’érection de l’incongru domaine de
Saunière.
Il est à remarquer qu’avec 100 ans de recul, nous
nous apercevons de nos jours que ce fut de loin la
meilleure option puisque ce sont incontestablement
les constructions tapageuses de Saunière qui
attirèrent l’attention de tous sur le village de
Rennes‑le‑Château.
-
Reprendre tout
à zéro concernant le codage du secret et donc
« sortir » un
nouveau codage mieux construit et plus
homogène en s’appuyant sur les éléments datant du 17e
siècle (tableaux de Poussin et Teniers etc.…) trouvés
par Gasc sous ND de Marceille et qui ont permis à
Boudet de trouver la première cache.
Concernant le nouveau codage de cette affaire, on décida (Henri Boudet plus
l’autre ecclésiastique) de construire un « jeu de piste »
plus élaboré, plus homogène et surtout plus précis qui
pourrait permettre à un éventuel « élu » de retrouver le
trésor du baron d’Hautpoul. Il n’était à l’époque (début
années 1900) bien entendu plus question du dépôt sous
ND de Marceille puisque les 2 prêtres savaient (et pour cause !)
que Mgr Billard
l’avait utilisé et entièrement épuisé à la restauration du
monastère de Prouilhe. C’est donc à cette époque que
l’on fabriqua
les parchemins codés et leur complément
obligé :
la stèle de la
marquise de Blanchefort qui
n’a donc jamais existée (du moins sous cette forme) que sur
le papier. Pour « officialiser » la stèle, on l’inséra
(grâce à certaines relations de Boudet) dans une
communication pour le moins douteuse et soumise à caution de
la S.E.S.A. société savante locale, sous le prétexte de la
relation d’une excursion à Rennes‑le‑Château en juin
1905…
Il me semble quant à moi que la conception des parchemins
dans les années 1900 ne fit que reprendre en fait un travail
amorcé dés 1861 (date qui ressort au milieu de la 3ème
ligne du petit parchemin) par le chanoine
Gasc.
Le
grand parchemin et la stèle de Blanchefort semblent quelque peu
plus anciens que le
petit parchemin qui lui, provenant à
coup sûr du Codex Bezae,
ne peut être que postérieur à 1899… Je dois en outre signaler
que l’ecclésiastique qui aida Boudet à « formuler » tout
ceci est en fait l’auteur du
Serpent Rouge, dans lequel il nous précise que les « manuscrits »
(nous devons comprendre les parchemins) ont été faits
séparément : il l’annonce très clairement dès le premier
paragraphe !
|
Sait‑on ce qui a été ajouté aux parchemins afin d'obtenir
la version que l'on connaît aujourd'hui ?
|
Oui ! Mais nous sommes extrêmement peu à le savoir. Pour
comprendre, il faut avoir compris que les parchemins étaient
en fait au nombre de 4 (2 recto / verso).
|
J‑L Chaumeil aurait en sa
possession les parchemins dans leurs versions d'aujourd'hui,
mais les vrais originaux existent‑ils toujours ? Où
sont‑ils?
|
J‑L Chaumeil n’a en fait en sa possession que les calques
réalisés habilement par de Cherisey à partir d’un parchemin
recto verso pour tenter d’étayer par ses ajouts l’existence
du fantomatique
Prieuré de Sion. En la matière, le marquis de
Cherisey s’est comporté comme un faussaire ; il ne sera hélas pas le dernier dans
cette affaire…Quant aux vrais parchemins, ils ne sont pas
perdus pour tout le monde...
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Le petit document « Sot pécheur »
est‑il une pièce importante dans la compréhension de
l’affaire ?
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Importante n’est pas le mot ; amusante tout au plus ! C’est en
fait un essai de codage destiné à l’église de Rennes‑le‑Château
qui n’a pas été retenu par Henri Boudet. Bérenger Saunière s’en
est alors emparé et l’a caché. Il y a longtemps que ce document
"Le sot pécheur" a
livré tous ses secrets. |
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Quel est votre avis sur l'origine et
l'authenticité des pierres de Blanchefort supposées cryptées
par Antoine Bigou ?
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Pour appréhender cela, il suffit de se remémorer certains
événements beaucoup plus récents: nous sommes au début des
années 1900 et la religion et l’Église sont à la croisée des
chemins sous les attaques d’un anticléricalisme très
virulent qui va déboucher sur les lois de Séparation de
1905…
Il faut savoir qu’en fait Henri Boudet de son
vivant avait coopté son successeur dans la connaissance de
ce secret, mais que devant la montée des idées
anticléricales (dont nous n’avons aucune idée de la violence
de nos jours), ils ont sûrement tous deux pris peur et
décidé de mettre sur pied un message cohérent qui ne
pourrait que leur survivre.
Antoine Bigou, curé de Rennes‑le‑Château durant la
Révolution française, n’a absolument rien à voir
avec toute notre affaire.
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La stèle de Blanchefort
Version de la S.E.SA 1906
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C’est Gérard de Sède qui l’a fait entrer en
scène puisqu’il lui fallait justifier et trouver une
provenance aux deux parchemins confiés par Plantard et
Cherisey et surtout à leur complément obligé, la stèle de la
marquise de Blanchefort, qu’il publie dans son livre "L’Or
de Rennes". Il a pris simplement
la date de décès de la marquise (1781) et a donc recherché
quel était le prêtre de Rennes‑le‑Château à cette époque
pour lui faire endosser la paternité du codage de cette
épitaphe et donc automatiquement des fameux parchemins. Ce
n’est bien sûr pas le cas puisque la découverte du Codex Bezae
nous prouve sans aucune contestation possible qu’il ne peut
en être l’auteur, le texte du Codex était inconnu à l’époque
de Bigou.
Gérard de Sède, en faisant de Bigou un des acteurs majeurs
de cette affaire s’est magistralement planté, mais il ne
faut surtout pas lui jeter la pierre puisqu’il était loin
d’avoir à sa disposition au début des années 1960 certains
éléments dont nous avons connaissance à présent.
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Si Antoine Bigou n'a rien a voir
avec l'affaire, qui est l'auteur de la stèle et de la dalle
de Blanchefort ?
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Il s’agit du chanoine
Henri Gasc à
ND de Marceille,
du moins dans sa version première qui date de 1861. Mais son
travail a servi de base à l’ecclésiastique qui, avec Boudet
dans les années 1900‑1906, a modelé le « message » définitif
tel que nous le connaissons à présent. C’est cet
ecclésiastique même que Boudet avait coopté pour lui
succéder qui sera l’auteur du Serpent
Rouge entre 1915 et 1917.
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Un lien incontestable unit
le grand parchemin et la stèle de Blanchefort : Celui de
l'anagramme "BERGERE PAS DE TENTATION...".
Peut‑on affirmer qu'il s'agit du
même auteur ?
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Oui bien sûr. Aucun doute là dessus.
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Pourquoi Saunière a‑t‑il
voulu effacer certaines pierres tombales puisqu'il n'était
semble‑t‑il qu'un maillon de la chaîne ? Était‑il
commandé par Boudet ?
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Bérenger Saunière
n’a jamais
effacé aucune pierre du cimetière, contrairement a ce que
nous dit Gérard de Sède et surtout pas
la stèle de la
marquise de Blanchefort qui ne s’y est jamais trouvée et
pour cause, puisqu’elle n’a jamais existé que sous la forme
d’un dessin sur papier, et uniquement pour
une communication
publiée par la S.E.S.A. en 1906 ! Il est très facile
lorsque qu’on reprend ce texte et que l’on vérifie
scrupuleusement tout ce qu’il renferme de voir qu’il est
littéralement truffé d’erreurs inexplicables et qui
ne peuvent qu’avoir été voulues pour attirer la suspicion du
lecteur averti. En parlant de pierres tombales grattées, de
Sède a tout simplement extrapolé puisqu’il connaissait
l’anecdote authentique des scandaleuses fouilles réalisées
par Saunière dans le cimetière de Rennes‑le‑Château en
1895.
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L'église de Saunière nous a
donc laissé beaucoup d'indications dues à Boudet. Mais que
dire des autres constructions de Saunière ? Le jardin, la
Tour Magdala, et tous les symboles d'agencement connus
aujourd'hui ? Sont‑ils aussi l'oeuvre de Boudet ?
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C’est effectivement l’abbé
Henri Boudet
qui imposa un certain
plan du futur Domaine de Saunière,
érigé de 1900 à 1906, à l’architecte Tiburce Caminade. On
peut maintenant dire que ces constructions répondaient à un
dessein bien précis (au propre comme au figuré). Saunière
n’a donc été que le maître d’œuvre d’un projet dont il ne
maîtrisait pas le plan, ce qui explique qu’on n’ait retrouvé
aucun plan du domaine dans ses archives.
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Plan de référence du Domaine
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Quand il avait besoin d’argent, il savait où il devait
allait en réclamer. On lui faisait croire que c’était de
l’argent laissé par Mgr Billard,
mais en fait c’était Boudet qui finançait. Le plan
précis de l'architecte Caminade n’a pu donc être que dressé
en tenant compte des desiderata du curé de Rennes‑les‑Bains, puisque lorsqu’on connaît un
certain endroit, on est frappé du très pertinent
agencement du domaine…
Preuve de tout ceci, il est à remarquer que dès la fin de la
construction du domaine, Saunière ne touchera plus aucun
subside et se retrouvera même dans l’incapacité de se payer
le modeste kiosque dont il rêvait.
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Cette statue de Marie Madeleine
ressemble étonnement à celle du bas relief de Saunière.
Ceci montrerait que le bas relief n'est pas si unique qu'on
veut bien le dire. Votre avis ?
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Voilà qui est très intéressant puisque cela nous permet de
comprendre comment a agi Boudet pour coder l’église de
Saunière : tout simplement en utilisant ce qui existait
déjà. Personne n’a remarqué que le
bas‑relief Marie‑Madeleine est en fait de
Giscard mais se trouve en ornementation sur un maître‑autel
qui vient de chez son concurrent toulousain Monna, don en
1887 à l’église de
Rennes‑le‑Château
d’une dame Cavailhé de Coursan prés de Narbonne, en
remerciement du dévouement à son encontre du
prédécesseur de Saunière. Giscard a sûrement dû avoir des
scrupules à modifier (à la demande insistante de Boudet)
quelque chose qui ne sortait pas de ses ateliers, mais
pourtant il l’a fait ; c’est la raison pour laquelle nous ne
trouvons aucune trace de ce travail dans son devis ou
dans ses factures dans les archives de Saunière.
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Marie‑Madeleine
Eglise de Belpech
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Pour ce faire il a
utilisé quelque chose qui existait, mais qu’il a
modifié pour être à la dimension de l’autel. Une fois installé,
Boudet l’a crypté par quelques ajouts
comme il a su si bien le faire pour certaines stations du
chemin de croix relatives à la cache de Rennes, puisqu’il
est bien entendu que le bas‑relief de Marie‑Madeleine
concerne la première cache du baron d’Hautpoul… En ce qui
concerne le
message véhiculé par ce bas‑relief, je dois dire que
la représentation de Marie‑Madeleine en tant que telle ne
nous amène rien, et surtout pas le fait qu’elle se croise
les doigts ou qu’elle soit près d’une croix en bois mal
ébranché comme certains en sont persuadés. L’important est
ailleurs et aussi dans l’inscription latine qui ornait la
petite plaquette de bois hélas dérobée au début des années
1970.
Bien évidemment, jamais l’abbé Joseph Courtauly n’a dans sa
jeunesse travaillé sur ce bas‑relief, cet épisode étant bien
sûr à porter au crédit de la toujours aussi féconde plume de
Gérard de Sède…
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Saunière voulait semble‑t‑il augmenter la hauteur de sa
Tour Magdala. Légende ou réalité ?
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C’est bien sûr totalement faux ! Encore une invention de
Gérard de Sède… Dès que le domaine fut terminé et conforme au
plan occulte établi, les versements cessèrent immédiatement et
Saunière ne put même pas honorer la facture de l’ébéniste qui
avait réalisé sa bibliothèque dans la
Tour Magdala. Il est évident que Boudet n’avait cure de
l’aménagement intérieur du monument… |
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J'aimerais connaître votre avis sur les alignements
découverts par Lincoln ?
Y a‑t‑il un rapport avec l'alignement des pierres
levées qui désigneraient ND de Marceille ?
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Très honnêtement, je me méfie de tout ce qui nous vient
d’Angleterre dans l’affaire de Rennes‑le‑Château, et j’avoue même être assez
critique en ce qui concerne Lincoln. Plantard a voulu à l’époque
se servir d’Henry Lincoln pour propager son Prieuré de Sion,
mais en fait c’est lui qui s’est fait piéger par les
Anglais en se laissant entraîner dans un surenchérissement
d’hypothèses abracadabrantesques concernant une soi‑disant
descendance du Christ… Plantard ne voulait certes pas cela, mais
il était trop tard : il se retrouvait définitivement piégé par
sa propre mythomanie. |
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Pour en revenir à ces « alignements », je n’ai pas d’opinion
et la plus grande prudence est de mise. Lincoln lui‑même
semble prendre d’ailleurs un peu de recul vis‑à‑vis de tout
cela puisqu’il vient récemment de refuser de s’associer au
procès que ses deux anciens compères de
"L’Enigme Sacrée" ont intenté pour plagiat à Dan Brown,
l’auteur du Da Vinci code. A mon sens, et bien
que cela puisse choquer bien des lecteurs, Lincoln et ses
amis anglais nous ont fait perdre 20 ans dans la
compréhension de cette affaire.
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Les alignements de Lincoln
sont‑ils les restes d'un autre culte autour de
Rennes‑le‑Château ?
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J’avoue volontiers mon incompétence en matière de cultes
anciens, aussi je me garderais bien de tenter de commenter
quoi que ce soit sur ce sujet.
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Je remercie vivement
Franck Daffos pour toutes ces réponses qui éclairent
Rennes‑le‑Château sur un autre versant...
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