Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Excursion S.E.S.A. 1905 - Rennes-le-Château Archive

L'excursion 1905 de la S.E.S.A.
Une vraie fausse publication...

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Quelle curieuse excursion que celle décrite par Elie Tisseyre dans sa note publiée au bulletin annuel 1906 de la S.E.SA. (Société d'Étude Scientifique de l'Aude), une note qui fut envoyée à tous les membres.

 

   Rappelons les faits : un petit groupe de la S.E.S.A. part en excursion le 25 juin 1905. Le but est, semble‑t‑il, de prendre connaissance de l'environnement archéologique de Rennes‑le‑Château. La visite est organisée depuis un point de rendez‑vous situé à la gare de Couiza et va durer une journée.

 

   Derrière le récit d'Elie Tisseyre empreint d'une certaine nostalgie se cache un texte curieux. Pourquoi ? Si on analyse son contenu, il est facile de s'apercevoir de certaines incohérences dans les propos. La description générale est futile et ressemble à une rédaction scolaire écrite par un jeune écolier décrivant sa journée à la campagne. Le style est en tout cas très éloigné d'un rapport d'étude archéologique. Mais le plus curieux est l'absence d'étonnement devant le site de Rennes‑le‑Château. La découverte du village ne produit aucune réaction, aucune surprise parmi les membres. Tout est normal, et seule la vue exceptionnelle sur la petite colline "le Casteillas" semble impressionner nos touristes archéologues. La Tour Magdala devient ici "Une tour de construction récente" et l'église Marie Madeleine est une paroisse classique avec "ses jolies peintures fraîches et riantes". Pas un mot sur Bérenger Saunière, le seigneur des lieux. Aucune allusion sur ses mystérieux agissements. Pas une phrase sur son Domaine extraordinaire qui fera l'attraction de tous les visiteurs.

 

   Nous sommes en 1905, un an tout juste après la fin des travaux du Domaine. Les constructions de Saunière respirent le neuf et les jardins tirés à la règle sont du plus bel effet. Voilà donc un sujet d'étonnement qu'Elie Tisseyre et ses collègues auraient pu souligner, plutôt que de décrire le nombre de tibias contenus dans l'ossuaire.

 

   Tout serait donc normal dans cette publication surréaliste ? Pas vraiment. En fait le texte donne le ton et joue avec les contradictions. Car le petit groupe va regarder de près certains détails et pas n'importe lesquels. Pourquoi relever une dalle brisée en deux que l'on comprend être la stèle de la Marquise de Blanchefort ? Pourquoi ne décrire que celle‑ci alors que les membres de  la famille se trouvent dans le petit cimetière où les sépultures abondent ?

 

   Mais il y a plus étonnant, et ceci montre à quel point on doit lire mot à mot ces quelques pages remplies d'enseignements.

 

   Une visite au cimetière nous fait découvrir dans un coin une large dalle, brisée dans son milieu, où on peut lire une inscription gravée très grossièrement. Cette dalle mesure 1m3o sur 0m65.

   Comment peut‑on croire à de telles incohérences puisque, associé à cette dalle brisée en deux et qui a été mesurée avec précision, on trouve plus loin quelques lignes avec un relevé dessiné très précis.

 

   Le moins que l'on puisse dire est que l'inscription gravée soi‑disant "très grossièrement" est particulièrement lisible, suffisamment pour en proposer une copie parfaite.

 

   Curieux aussi cette publication de la stèle émanant d'une équipe d'archéologues qui ne décrit même pas la fracture de la pierre.

 

   Et que dire de la célèbre dalle de Blanchefort qui semble inexistante ? Elle ne devrait pourtant pas être très loin ?


La stèle de Blanchefort
(Pierre tombale verticale)
Version de la S.E.SA 1906

 

   Ceux qui ont pratiqué les techniques de relevé archéologique savent qu'il est extrêmement difficile de recopier un texte ou un dessin en respectant toutes les proportions et les imperfections, le tout sur un support fragmenté et irrégulier. Ce travail demande souvent quelques heures et un outillage particulier, ce qui est parfaitement incompatible avec le programme minuté de cette excursion.

 

   Or nous savons aujourd'hui que le relevé de la stèle publié par Gérard de Sède en 1967 dans "L'Or de Rennes" est d'une précision remarquable. Ses nombreuses propriétés géométriques en sont la preuve. Il est donc évident que ce dessin n'est pas la copie exacte de la stèle, mais plutôt son modèle qui est aussi un savant codage et qu'il faut relier à d'autres indices...

 

   La stèle n'existerait donc pas ? Ce n'est pas simple. En fait, l'authentique stèle de Blanchefort aurait disparu dans les années 1905, et il faut relire les classiques et redécouvrir certaines images pour créer le doute. Il existe en effet deux photos importantes aujourd'hui oubliées. Elles montrent la stèle ornée de l'épitaphe que nous connaissons bien...


Extrait des archives de
Pierre Plantard (BNF)

Les crochets muraux sont
nettement visibles

 


Photo présumée de la stèle
(Extrait du livre de JP Deloux et

"RLC Capitale secrète"  1982
par J. Brétigny

 

   La première photographie (à gauche) provient du dossier d'archive "Le Cercle" de Pierre Plantard déposé à la BNF. On y voit la stèle, brisée en deux comme le décrit la note de la S.E.S.A. et maintenue par des crochets muraux. L'épitaphe est légèrement visible et la photographie est accompagnée d'un commentaire :
   La dalle portant l'épitaphe de Marie de Negri d'Ables, dame d'Hautpoul, était brisée en son milieu. Elle gisait, abandonnée, dans un coin du cimetière. On l'a soustraite, en la mettant à l'abri, aux dommages qu'elle aurait encore pu subir. Qu'on en soit sûr, elle existe toujours. Mais on ne la montre pas, car on préfère, et on a pour cela de nombreuses raisons, ne point la livrer sans protection à la curiosité des dévots de Rennes‑le‑Château.

   La pierre tombale Négri n'appartient pas à la commune de Rennes‑Le‑Château, ni à la nation, mais à la Maison directe des Hautpoul de Rennes qui a autorisé René Descadeillas à retirer cette dalle du cimetière en 1971.

Extrait "Le Cercle" de P. Plantard

 

   Il faut ajouter à cette étrange publication de la S.E.S.A. des erreurs grossières. Il y a par exemple l'excursion du 25 juin qui s'est déroulée dans la note le 24 juin. Il y a aussi ce trajet depuis la gare de Couiza qui passe devant le château des Ducs de Joyeuse, alors que la route en 1905 n'existait pas. Nous avons également la visite de la Tour Magdala qui n'était pas encore accessible en juin 1905 du fait des planchers qui ne seront posés qu'en 1906. Le panorama qui est décrit est tout aussi fantaisiste puisqu'il est impossible de voir Couiza ou le château en ruines de Coustaussa depuis la Tour Magdala. Même l'église Marie‑Madeleine n'est pas épargnée avec cette date de 1740 alors que sur le pilier droit du porche il existe une autre date très évocatrice : 1646... 


Photo prise de la Tour Magdala en 1905. Les ruines de Coustaussa sont impossibles
à observer puisque situées complètement à gauche sur la photo derrière le village

 

   Il faut donc reconnaître que ces excursionnistes pseudo archéologues, membres scientifiques de l'Aude, accordaient bien peu d'importance à un rapport publié dans un bulletin officiel de la région et comportant autant d'énormités. Tous les bulletins annuels de cette association scientifique seraient‑ils du même niveau d'incompétence ?

 

   En fait, il ne s'agit pas d'incompétence, mais plutôt d'un plan très bien orchestré, destiné à produire des éléments clés. Toutes ces erreurs sont volontaires et cette excursion n'a certainement jamais eu lieu telle qu'on veut nous la présenter. Le but de la publication était tout simplement d'attirer l'attention sur quelques détails importants comme l'église Marie‑Madeleine, les roches tremblantes, et surtout la stèle de Blanchefort qui, on le sait aujourd'hui, est une pièce fondatrice de l'énigme.

 

Voici donc l'extrait du Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude t.XVII, année 1906... un tiré à part très particulier...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allusion au livre de Boudet ?

 

   Si on s'amuse à lister tous les détails relevés dans la note, il est évident que certains sont traités de façon disproportionnée par rapport à d'autres. La stèle occupe sur ce point une place à part. Mais le site des Roulers près du "Pla de la côte" semble tout aussi important.

 

   Ceci nous ramène bien sûr à "La Vraie Langue Celtique" de Boudet et à l'une de ses illustrations.


Les Roulers (appelées aussi "roches tremblantes") près de Rennes‑Les‑Bains
sont certainement un autre élément de repérage très important (E. Tisseyre)

 


Illustration extraite de "La Vraie Langue Celtique" par Boudet et son frère

 

Propos de Franck Daffos (Extrait du forum)

 

   L'original de cette communication fut encarté (et donc ajouté) à la va‑vite dans le bulletin de cette vénérable assemblée, au dernier moment et avant son expédition à ses abonnés. Ceci fait, le véritable instigateur de ce message : Frère Jean (Jean Jourde), quittait la région à peine quelques jours plus tard pour ne plus y revenir qu'au départ à la retraite de Boudet en 1914 et faire nommer son successeur à la cure de Rennes‑les‑Bains, l'abbé Rescanières, qu'il avait formé.

 

   Nous étions à l'automne 1906. Il venait d'assurer le règlement de la toute dernière facture du Domaine de Saunière, et avait terminé les parchemins, concluant en beauté avec cette communication le codage relatif à certaines dalles qu'il avait prévu de mettre en place depuis 3 ans.

 

   Mais chose curieuse, cet article fit l'objet d'un tiré à part d'une dizaine de pages qui fut édité à un grand nombre d'exemplaires, pour ne pas qu’il se perde (???) et ce chez l'imprimeur Bonnafous‑Thomas (le même qui imprima la Vraie Langue Celtique de Boudet 20 ans auparavant). Chose encore plus étonnante, ce tiré à part n'émane pas de la S.E.S.A.

  

   Le bulletin de la S.E.S.A. était alors envoyé à trop peu d’exemplaires, mais permettait d’amener une caution historique à cette stèle. C’est la raison pour laquelle ces personnes ont, à leur frais, fait faire un tiré à part indépendant du bulletin de la S.E.S.A. et ce comme par hasard chez le même imprimeur qui avait imprimé à compte d’auteur le livre de Boudet juste 20 ans auparavant. Il ne fallait pas que cette communication se perde, ce qui aurait été le cas si elle n’était restée que dans le bulletin annuel de 1909 de la SESA. Personne ne serait jamais allé la chercher.

 

   Gérard de Sède avait un exemplaire de ce tiré à part qui faisait partie d’un « dossier » qu’avait récupéré Pierre Plantard dans lequel se trouvaient (entre autres) les parchemins, des explications sur la VLC de Boudet, sur le calvaire Vié et le cimetière avec quelques tombes particulières de Rennes‑les‑Bains, et des documents du XVIIe siècle permettant de retrouver la cache de Rennes‑les‑Bains, ceci grâce à deux tableaux de Poussin et Téniers, les Bergers d'Arcadie et Saint Antoine et les 7 péchés capitaux, et un tableau d'un artiste anonyme "le pape Célestin V".