Prêtre
discret et secret, Henri Boudet est resté célèbre dans l'affaire de Rennes pour nous avoir
laissé en héritage un livre codé : "La Vraie Langue Celtique".
Mais pour espérer comprendre pleinement son œuvre, il faut aussi entrer dans son monde d'homme
d'Église. Il faut notamment visiter sa paroisse de Rennes‑les‑Bains dans laquelle il resta à son poste durant
42 ans entre
1872
et 1914, un an avant sa disparition. |
Henri Boudet (1837‑1915) |
Ce prêtre
étrange et mystérieux est avec Bérenger Saunière, un personnage de tout premier plan dans l'énigme, et
Gérard de Sède le
comprit très vite. Découvrons son église et ses mystères. |
La petite église de Rennes‑les‑Bains en 2004
Henri Boudet
y resta durant sa cure 42 ans entre 1872 et 1914 |
L'entrée
de la paroisse se trouve au fond d'une petite rue sans issue, derrière
la place du village.
Lorsque
l'on franchit la première grille, un porche vous accueille
permettant d'accéder au petit cimetière et à la paroisse.
Deux
médaillons à gauche de l'arcade témoignent des niveaux
d'inondation qui causèrent de nombreux dégâts. Lors de la
dernière catastrophe, les eaux bouleversèrent le petit
cimetière et obligea à son complet réaménagement.
Il est
émouvant de penser qu'Henri Boudet traversait très régulièrement
ce passage, la tête certainement pleine de secrets... |
L'entrée de la petite paroisse de Boudet |
Le porche abrite une première
curiosité. Un calvaire a été érigé en face de la porte de la paroisse. Dans un style XIXe siècle, l'ensemble est constitué
d'un socle pyramidal et d'une croix en fonte que l'on
appelle aussi "La croix aux roses".
Par on
ne sait quel raisonnement, Gérard de Sède décrivit cette
croix entourée de rosaces, ce qui lui conféra la réputation d'une
représentation rosicrucienne. Mais il n'en est rien, les
roses forgées autour de la croix sont en fait du lierre,
symbole de vie éternelle.
C'est le prédécesseur à Henri Boudet, l'abbé
Jean VIE qui l'installa, probablement en 1856
comme l'indique un texte latin au bas du socle.
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Le calvaire PETRUS
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Jean
VIE resta en poste à Rennes‑les‑Bains de 1840 à
1872 comme l'indique sa stèle dans le petit
cimetière. Il aurait donc édifié ce calvaire 16 ans
après le début de sa cure et 16 ans
avant sa mort, le tout à son nom comme l'indique
l'inscription. |
Détail de la croix (aux
roses)
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Un autre détail étonnant
se situe au centre de la croix. Au lieu d'y trouver
le Christ comme à l'accoutumée, on peut y admirer une
Vierge à l'Enfant.
Ceci est plutôt inhabituel et même rare,
la croix étant en général réservée à la
représentation christique.
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La première partie du texte "IN HOC
SIGNO VINCES" est une expression latine célèbre que l'on retrouve sur le
tympan de l'église de Rennes‑le‑Château, ou
sur le bénitier à un détail près. La
traduction classique est une expression de la devise de Constantin :
PAR CE SIGNE TU VAINCRAS
Or dans l'église de Saunière le mot "LE"
a été habilement ajouté, ce qui donne :
"PAR CE SIGNE TU
LE VAINCRAS".
Et pour joindre la parole au geste,
l'un des 4 anges du bénitier montre le diable
Asmodée.
Cette
recommandation de signer par la croix donnera l'idée
à Gérard de Sède de tracer une topographie bien
curieuse en forme de 4 sur l'église de Boudet. Dans
le cas du calvaire, si l'on admet que le signe est
la croix qui surplombe le socle et sur laquelle une
Vierge à l'Enfant est présentée, alors une allégorie
est lisible.
Serait‑ce une indication pour se
diriger du côté de
Notre Dame de
Marceille ? Car le sanctuaire limouxin possède aussi
une Vierge à l'Enfant sous son porche.
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IN
HOC SIGNO
VINCES
DOMINO
VIE
RECTORE
PETRUS DELMAS FECIT
1856
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L'inscription sur le socle du
calvaire PETRUS
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La seconde partie est aussi très
étonnante, car aucune traduction n’est satisfaisante.
Littéralement on obtient ceci :
PAR LE MAITRE VIE RECTEUR
FAIT PAR PIERRE
DELMAS
1856
Le mot DOMINO peut prendre le sens "Maître
de maison" ou "Seigneur", mais ce
terme est réservé au Christ. Quant au mot
RECTORE
il convient difficilement pour un prêtre de la région.
De plus, l'absence de ponctuation permet d'y trouver un
second sens :
AU MAITRE VIE
FAIT PAR LE
RECTEUR PIERRE DELMAS
1856
Pierre Delmas serait alors soit le créateur du
calvaire, soit un autre prêtre qui aurait participé à
son installation. Gérard de Sède ne manqua pas d'y
trouver une lecture basée sur la phonétique et qui
donne DOMINO VIAE RECTORE
:
AU MAITRE QUI
MONTRE LA VOIE
FAIT PAR PIERRE
DELMAS
1856
Par contre et plus astucieusement,
si l’on associe les mots : « RECTORE PETRUS » on
obtient alors « Pierre levée » ce qui
prend un sens tout à fait clair pour les connaisseurs et
les randonneurs puisqu’il existe une pierre levée
célèbre dans la région du Razès, celle du
menhir des
Pontils, près du
tombeau des Pontils.
Pourquoi un prêtre aurait‑il érigé un
calvaire à son propre nom de son vivant et de plus avec
une inscription particulièrement obscure ?
Encore une fois, l'objectif est de surprendre et d'attirer l'attention.
Jean VIE fut certainement sollicité par
Henri Gasc (comme l'indique le dos du
tableau de Rennes‑les‑Bains
La Crucifixion) pour mener des recherches
autour de Rennes‑les‑Bains. Malheureusement pour lui, il
mourut après avoir abandonné. La pose de ce calvaire
16 ans avant sa mort devait être sans aucun
doute une façon d'indiquer à ses successeurs le résultat
de ses investigations jusqu'à la pierre des Pontils.
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A l’intérieur de l’église, près de
l’autel, se trouve sur un mur un tableau de grandes
dimensions et nommé par Gérard de Sède :
Le Christ au lièvre
Selon la légende
rapportée par le romancier chercheur, cette Pietà aurait
été offerte par le marquis Paul François‑Vincent de
Fleury aux alentours de
1800.
Or,
on sait depuis que
son histoire est toute autre puisqu'il faut
l'associer à une autre toile présente dans cette église...
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Le Christ au lièvre
(église de Rennes‑les‑Bains)
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Car la paroisse de Boudet cache de
belles
surprises. Il existe en effet à côté du "Christ au lièvre"
un autre tableau qui a été complètement délaissé par
les chercheurs. Il se nomme :
"La Crucifixion"
Avec la complicité de Franck Daffos, son étude me conduisit en
2005 à
mettre en valeur un bien curieux montage, le
jumelage des deux tableaux de Rennes‑les‑Bains, prouvant
l'importance d'une pierre dolmen...
Mais ce n'est pas tout. Ce tableau
cache bien d'autres indices...
Lire l'étude
complète |
La Crucifixion
(église de Rennes‑les‑Bains)
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Tout comme dans
l'église de Saunière,
il faut observer tous les détails. Certaines
curiosités sont en effet particulièrement éloignées des Évangiles. C'est
le cas ici avec la Station 14 que Boudet n'a pu
ignorer.
Il faut aussi savoir que lors de
la restauration
de l'église, son chemin de croix fut retiré. Une séance du
diocèse de Carcassonne du 27 mars 1973 décida de ne
plus le réinstaller et de le remplacer par des petites croix
de bois. Heureusement pour nous, cette décision fut abandonnée et le
chemin de croix de Boudet reprit son emplacement d'origine. |
Station I |
Station II |
Station III |
Station IV |
Station V |
Station VI |
Station VII |
Station VIII |
Station IX |
Station X |
Station XI |
Station XII |
Station XIII |
Station XIV |
La station XIV est toujours celle qui
réserve le plus de surprises. Nous avons ici une
représentation étonnante du Christ puisqu'il est mis au
tombeau après avoir été entouré de bandelettes. Cette
manière de procéder rappelle évidemment la momification que
l'on effectuait dans l'ancienne Égypte. Autant dire que ce
détail extrêmement curieux est plutôt éloigné des évangiles
classiques... Boudet ne pouvait l'ignorer... |
L'intérieur de la paroisse de Boudet
vers 1940.
On peut deviner le chemin de croix qui n'a pas changé avec
celui d'aujourd'hui. |
Un
tableau étrange, le pape Pomme Bleue, vrai ou faux ? |
Ce tableau décorait
selon la légende, l'église de Rennes‑les‑Bains du temps de
l'abbé Boudet et disparut dans les années
1970. Il aurait de
plus appartenu à la famille
Fleury et daterait de
1874, mais ceci s'avère chronologiquement impossible.
Curieusement,
Gérard de
Sède n'en parle pas malgré quelques détails très évocateurs
et une multitude de symboles étranges.
On y voit un pape,
sa main droite tenant un disque bleu (pomme bleue ?) placé
sur sa croix. Sa main gauche montre le caractère Pi
(П)
ou un dolmen.
Chaque main est décorée d'une croix. |
Le pape Pomme Bleue |
Deux religieux reconnaissables à leur tonsure écoutent les
conseils du pape. Le personnage de droite, un évêque
reconnaissable à sa canne épiscopale, semble prier. Le personnage de gauche porte sa main sur
la
stèle de la famille Boudet ornée de sa croix fléchée. La
peinture a donc été élaborée après
1915, année de disparition de l'abbé
Boudet.
Le fond est très
explicite puisqu'il s'agit de l'église de Boudet dont on
aperçoit le clocher et sa boule décorative. En haut la vue
du Cap de l'Hom nous montre un dolmen.
Qui est
l'auteur de ce tableau ?
En fait,
il est fort probable que cette toile provienne de celles que
Pierre Plantard peignit dans le cadre de ses
recherches. Faut‑il y voir un message ? Pourquoi pas.
Mais pour comprendre l'origine de cette histoire il faut
remonter jusqu'à
Oswald Wirth,
un autre personnage bien mystérieux...
Ce tableau
est apparu pour la première fois dans le livre "Rennes‑Le‑Château
capitale secrète de l'histoire de France" |
Lorsque l'on étudie l'église de Rennes‑les‑Bains et ses
différents aménagements, on peut observer sur son ancien plan certains alignements.
C'est ce que Gérard de Sède remarqua très vite en tentant une analyse avec la consigne du calvaire :
PAR CE
SIGNE TU VAINCRAS , sous‑entendu... par le signe de la croix...
En dessinant un
4
(le signe de la croix...
Par ce signe tu le vaincras),
Gérard de Sède met en valeur un alignement avec le
Cap de l'Hom
et
l'église de Rennes‑le‑Château. C'est ce que l'on appelle la
ligne du
17 janvier
qui réunit
la stèle de Jean Vie (et son inscription 17 Jean Vie) à Rennes‑les‑Bains, avec
la stèle de
Blanchefort (et son 17 janvier jour de décès de la Marquise) à Rennes‑le‑Château.
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Extrait de "l'Or de Rennes" de Gérard
de Sède paru en 1967 |
L'ancienne disposition des tombes et
quelques alignements remarquables
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Le signe de croix et le 4
En se plaçant devant la "croix aux
roses", la première ligne de l’inscription "In Hoc
Signo Vinces" (Par ce signe tu vaincras) fait
clairement allusion au signe de la croix. Saunière lui
aussi a utilisé une référence semblable dans son église
:
"PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS".
Or l'alignement le plus classique est
certainement celui passant par l'ancienne tombe de
Fleury, le Christ au lièvre, la boule du fronton de
l'église, le menhir décapité du Cap de l'Hom et l'église
de Rennes‑le‑Château située à 4,7 km
...
La boule est discrètement située en haut du fronton à
côté du clocher.
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La boule située sur le fronton de
l'église
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Le message serait alors être une
invitation à faire le signe de la croix et à suivre les
directions à la fin de chaque mouvement.
Si l’on commence le signe de croix à
partir de la tombe de Jean Vié, on remonte vers la
croix aux roses. De là on se rend en diagonale vers
l'actuelle tombe de Fleury et enfin vers
le Cap de
l'Hom. On a ainsi dessiné le chiffre
4 en
parcourant dans l'ordre, la tombe Fleury, le Christ au
lièvre, et le Cap de l'Hom.
Ce
décodage peut sembler naïf et sujet à caution compte‑tenu du
manque de rigueur dans le relevé topographique. Toutefois,
on ne peut s'empêcher d'admettre que Gérard de Sède ouvrit
par cette interprétation une piste de recherche
particulièrement passionnante.
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La petite église de Boudet et la Sals.
Sur la crête on devine les rochers du Cap de l'Hom |
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