Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Oswald Wirth - Rennes-le-Château Archive

Oswald Wirth
Le maître à penser de Pierre Plantard...

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Lorsque que l'on analyse les différents documents laissés par Pierre Plantard et le montage de son Prieuré de Sion, on ne peut éviter certaines références qui reviennent régulièrement. Le Grand Maître de Sion a visiblement puisé par moment son inspiration chez certains auteurs, et il est intéressant de comprendre sa démarche pour mieux faire le tri entre ses créations et celles qui lui ont été confiées.

 

   L'un de ces auteurs et "maître à penser" est incontestablement Oswald Wirth. Or, ce personnage possède aussi des liens discrets avec l'affaire des deux Rennes... 

 

Qui était Oswald Wirth ?

   Oswald Wirth était avant tout un personnage discret et mystérieux. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la franc‑maçonnerie et sur le symbolisme. Considéré comme une référence dans ces domaines, il est devenu par son travail incessant l'un des maîtres ésotériques du 19e siècle les plus réputés.

   Mais il semble aussi qu'il fut une source d'inspiration importante pour Pierre Plantard, et pour cette raison, il mérite d'être étudié de près, car l'étude ouvre des pistes et tord le cou à des rumeurs véhiculées depuis très longtemps sur certaines peintures...


Oswald Wirth vers 1940

 

   Oswald Wirth naquit le 5 août 1860 à Brienz, un petit village de Suisse alémanique. Ses trois frères disparurent rapidement. Deux moururent en bas âge et le troisième, Edward, périt au combat en 1894 en tant qu'officier de zouaves. Il eut également une compagne, Élise, née en 1875 et qui le suivra jusqu'à sa mort.

   C'est en 1887 qu'Oswald fit une rencontre fondamentale puisque sa route croisa un certain Stanislas Guaita.  Il deviendra son ami avant d'avoir été son secrétaire et son collaborateur. Stanisla Guaita lui enseigna les beautés de la langue française et l'art de tourner les phrases, la métaphysique et la Cabbale. Oswald est doué et finit par dépasser le maître dans le domaine du symbolisme. On retrouve notamment son art dans les lames majeures du tarot qu'il dessina pour Guaita et qui deviendront une référence symbolique de ce jeu.

Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages comme :

. Le Symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'alchimie
  et la Franc‑maçonnerie
. Le Symbolisme astrologique
. Le Tarot des imagiers du Moyen Âge
. Les mystères de l'Art Royal
. De Brienz à Monterre sur Bourde, vie du maçon Oswald Wirth

   Il s'intéressa également à la franc‑maçonnerie et au mouvement rosicrucien, à l'alchimie, et à l'astrologie. Œuvre de toute une vie, il restaura toute la symbolique de la pensée franc‑maçonne et rechercha les sources de la tradition initiatique.

   Oswald Wirth termina sa vie sur un fauteuil roulant. Selon certains, son état serait dû à l'abus d'excitant durant ses séances de magnétisme. Oswald Wirth mourut le 9 mars 1943 et il fut enterré à Mouterre‑sur‑Blourde près de Poitiers.

 

Ses liens avec l'affaire de Rennes

   Ce personnage étrange est resté longtemps très discret dans l'affaire de Rennes, sans doute parce qu'aucun chercheur ne s'y est intéressé. Pourtant, des liens existent avec Pierre Plantard et avec Rennes‑le‑Château au travers de ses ouvrages. Il faut notamment découvrir le poème initiatique et symbolique écrit par Johann Wolfgang von Goethe "Le serpent vert" traduit de l'allemand par Wirth vers 1922. Ce conte merveilleux qui parle d'or, de serpent, de montagne et de sanctuaire fut pour Wirth un réel défi. Il devait traduire le mieux possible la symbolique complexe qui se cache dans le texte afin de ne pas en déformer le sens.

   En fait, Wirth est à Plantard ce que Boudet est à Saunière. C'est un personnage de l'ombre que l'on rencontre au détour de certaines littératures et toujours derrière une symbolique liée à Rennes. Hasard ? Divagation intellectuelle ? Ou mise au jour d'un hermétisme que l'on commence tout juste à investiguer ? Les années qui suivent nous apporteront peut‑être une réponse...

   Il me fut en tout cas agréable de découvrir lors de cette recherche, un petit Serpent Rouge chargé de guider un ermite sur une carte de son tarot... Voici un bel exemple de symbole que les passionnés comprendront aisément...

 


Oswald Wirth


L'arcane 9 de son tarot
(son autoportrait symbolique ?)

 

   Voici une belle coïncidence. En 1922, Wirth traduit le conte de Goethe, et en 1926 il crée son Tarot avec un Serpent Rouge et une croix celtique, allusion à Boudet et à "La Vraie Langue Celtique", dans l'arcane 9 représentant l'ermite, allusion à l'ermite de Saint Antoine ? Cela fait beaucoup pour une seule lame...

 

  Et comme pour insister, l'arcane 10 montre le Serpent Rouge dansant avec le Serpent Vert... Allusion au fameux conte de Goethe. Une coïncidence de plus...

   Comme nous le verrons plus loin, le Tarot est un jeu hautement symbolique, et il existe énormément de variantes qui se sont propagées au travers des siècles. Le thème abordé ici n'a pas pour objectif de dresser l'historique du Tarot, un livre n'y suffirait pas. Par contre, il est intéressant d'étudier celui de Wirth, car il est devenu une référence et son travail consista à réintroduire les symboles primitifs. 

 

   Le plus simple est d'étudier son Tarot par rapport à un autre jeu, celui gravé par exemple  par Jean Noblet, maître cartier parisien en 1650. Mais on peut aussi prendre le Tarot de Visconti.

   Celui de Jean Noblet est le plus ancien Tarot de Marseille connu. Une seule version originale existe et celle‑ci est conservée à la Bibliothèque Nationale de Paris.

   Observons la lame VIII l'ermite de Jean Noblet.  Le petit serpent rouge n'existait pas encore... Indéniablement, Wirth intégra dans son jeu des symboles supplémentaires. A‑t‑il été le seul ? Sûrement pas. L'analyse d'autres jeux est tout aussi enrichissante.


Tarot Jean de Noblet 1650

 

Le Tarot d'Oswald Wirth

Le tarot et les arcanes

 

   Du fait de sa transmission populaire effectuée au cours des siècles, il est très difficile de dresser un historique clair du tarot depuis son origine. Plusieurs courants se sont croisés et se sont mêlés. Malgré tout, l'idée communément admise est que le tarot primitif était composé des arcanes mineurs et des arcanes majeurs. Les arcanes mineurs sont devenus nos cartes classiques et n'ont pratiquement pas changé.  Par contre les arcanes majeurs ont subi des influences selon les régions et les cultures. Dans l'ensemble, l'iconographie a aussi peu évolué, car elle correspond à une tradition populaire qui a su se transmettre de siècle en siècle. C'est pourquoi le Tarot français ou italien diffère assez peu de ce que l'on trouvait au XIIIe siècle.

 

   Les Tarots les plus anciens connus à ce jour sont ceux de la famille Visconti et celui de Charles VI, mais il existe aussi le Tarot de Marseille qui date de la fin du XVIIe siècle. Chaque jeu possède ses variantes symboliques et leur étude relève d'une véritable enquête historique.

 

   Quoi qu'il en soit, Oswald Wirth fit à partir de ses jeux du Moyen‑Âge une nouvelle version en reconsidérant toute la symbolique. Les détails purement esthétiques ont été supprimés pour ne laisser que les symbolismes purs tout en préservant l'idée primitive.

 

Qu'est qu'un arcane ?

 

   Le mot ARCANE vient du latin ARCANUM qui signifie secret ou mystère. C'est pourquoi les arcanes majeurs ont toujours été considérés comme détenant un secret ou un ésotérisme particulier. Leurs allégories peuvent s'appliquer à différents contextes, mais l'idée générale est qu'ils représentent l'alphabet de l'âme, ou les éléments essentiels de la vie. Ils sont tous uniques et complémentaires, formant un tout et une roue, la roue de la vie. Chaque arcane possède une idée élémentaire : le Bateleur symbolise la volonté, la Papesse symbolise la vérité, l'Impératrice symbolise l'action et le pouvoir, etc...

 

   Les origines du Tarot remontent peut‑être à l'Égypte ancienne. La légende voudrait que dans les cryptes de la grande pyramide de Memphis, il existerait une galerie avec la représentation des 22 tableaux réalisés par le Dieu Thot‑Hermès, représentant chacun les 22 arcanes. Moise, initié par les prêtres égyptiens, en déroba les secrets et les proclama Loi hébraïque "LA TORA". Ceci constituerait l'une des clefs de la KABBALE.

 

   Oswald Wirth dessina en 1926 pour Stanislas Guaita une version qui sera la première édition du Tarot des Imagiers du Moyen Âge. Son jeu deviendra une référence. Vous trouverez ci‑dessous les 22 arcanes majeurs de son Tarot.

   Chaque carte a son énigme. Certaines comportent des symboles bien connus puisqu'ils existent de nos jours, mais d'autres sont plus obscurs et mélangent les genres. Elles se lisent toutes du haut vers le bas, les symboles forts étant supérieurs et donc en haut.

Pour les bons observateurs, des anomalies existent. Sachez les retrouver...

(Pour aider à la comparaison, la lame version Wirth est présentée agrandie au‑dessus de la version Jean de Noblet)

 

1 ‑ Le Bateleur

Un saltimbanque, artiste ou jongleur, coiffé d'un grand chapeau se tient devant une table à trois pieds où il y a des objets variés, une coupe symbolisant le Graal, une épée et un sceau templier.

Les objets représentent les quatre éléments alchimiques (eau, feu, terre, air) la coupe, l'épée, le denier, et le bâton de l'artiste.
Son chapeau dessine l'infini. C'est une carte positive qui signifie, jeunesse, dynamisme, habileté et le début de quelque chose...

 

 

 

 

2 ‑ La Papesse

Le personnage fait référence à Jeanne la Papesse, qui selon la légende se serait fait passer pour un homme afin d'être élu Pape. Un voile couvre sa tête et est maintenu à l'arrière par deux anneaux. Sa main droite tient un livre et sa main gauche tient une clef et une croix. Sur le livre, on trouve le symbole du Ying Yang chinois. Sur sa couronne ou son diadème est posé un croissant de lune judaïque. Le sol est constitué d'un dallage rappelant un échiquier...

L'arcane symbolise le savoir et la sagesse. La Papesse garde cette connaissance dans son livre, mais ce savoir est accessible si l'on soulève le voile.

 

3 ‑ L'impératrice

Une jeune femme couronnée et ailée tient dans sa main droite un écusson portant un aiglon et sur sa main droite un spectre. Un lys blanc est à sa gauche et elle pose son pied sur une demi‑lune inversée.

L'arcane symbolise l'énergie et le dynamisme. Elle annonce une nouvelle... 

4 ‑ L'empereur

C'est l'époux de l'impératrice. L'homme est casqué et cuirassé tel un conquistador. Il tient dans sa main droite un spectre et dans sa main gauche un globe terrestre. Il est assis sur un cube décoré d'un aiglon. Remarquez le triangle divin en haut.

L'arcane symbolise la sagesse, la stabilité et la loi des hommes.

 

5 ‑ Le Pape

Un Pape bénit deux cardinaux. Il tient une croix signe de pouvoir et a les mains gantées ornées d'une croix. Derrière lui, deux colonnes rappellent celles d'airain bâties par Hiram dans l'ancien Temple de Salomon. Notons qu'il s'agit de l'arcane 5, une allusion au Pape Saint Célestin V ?

L'arcane symbolise l'autorité spirituelle et sacrée. Elle indique une orientation morale de la réponse tout en garantissant la tradition.

6 ‑ L'amoureux

En haut Cupidon, à l'aide de sa flèche, va aider l'amoureux dans son choix. Cette symbolique bien connue puisque reprise à la Saint‑Valentin possède ici une variante. L'amoureux ne doit pas se décider, mais plutôt choisir entre une femme couronnée ou une fille pieds nus. Traduisez : entre l'aristocratie ou le pouvoir et le peuple.

L'arcane symbolise le choix entre le bien et le mal, entre la stabilité et la légèreté.

 

7 ‑ Le chariot

Un roi couronné de trois étoiles est porté par un chariot aux décorations égyptiennes. Il tient à sa main droite un spectre, et deux visages lunaires sont posés en guise d'épaulettes. Deux sphinx blanc et noir s'opposent. Isis n'est pas loin...

L'arcane symbolise en général une victoire ou un évènement triomphant...

8 ‑ La justice

Symbole classique de justice et que nous rencontrons aujourd'hui dans tous les tribunaux. Une femme assise tient de sa main droite un glaive et de sa gauche le fléau d'une balance.

L'arcane symbolise la loi des hommes et de Dieu et sa fermeté...

 

 

 

9 ‑ L'ermite

Un moine ermite et barbu, peut‑être aveugle ou mal voyant, s'aide d'un bâton pour trouver son chemin. Il tient dans sa main droite une lanterne ou une lampe à huile, symbole d'espoir. Le Serpent Rouge au pied du bâton semble guider l'ermite. Une croix celtique en haut signe discrètement la lame.

Faut‑il y voir dans la présence de ce Serpent Rouge un guide ? Wirth dessina son Tarot en 1926 or le Serpent Rouge  existait déjà très certainement.

L'arcane représente la méditation, le repli sur soi et l'espoir de trouver son chemin... 

 

10 ‑ La roue de Fortune

Contre toute attente, nous ne retrouvons pas ici un lièvre dans la roue de Wirth, mais deux personnages bien connus. L'un est le diable ou Bahomet, l'autre est le dieu égyptien Seth, Dieu des morts et du mal. Chacun semble tirer la roue dans son sens. En haut un sphinx ailé tenant un glaive, assiste à la scène et surveille l'équilibre. En bas, deux serpents, l'un rouge et l'autre vert, dansent pour former le symbole d'Hippocrate qui est celui des médecins. Un croissant soutient le tout. 

L'arcane symbolise la roue de la vie, le mouvement cyclique des astres et des choses. La stabilité et l'équilibre sont respectés...

 

11 ‑ La force

Une jeune femme couronnée revêtue d'une cape et d'un chapeau montre sa force en tenant en respect la gueule d'un lion.

L'arcane symbolise la force de l'esprit et l'intelligence. C'est aussi la subtilité et la finesse.

 

 

12 ‑ Le pendu

Un personnage est maintenu à l'envers par son pied gauche et à l'aide d'une corde. Deux sacs remplis de pièces se déversent au sol. La scène est curieusement représentée avec de chaque côté un tronc d'arbre taillé.

L'arcane symbolise la force de l'âme qui sublime la force physique. C'est aussi la résistance face au destin...

 

13 ‑ La mort

Symbole classique de la mort représentée par un squelette tenant une faux. La tête couronnée gisant à terre indique que la mort n'épargne personne. Remarquez les mains, l'une d'elles indique le chiffre 3.

L'arcane symbolise la fin de toute chose, mais aussi la renaissance. C'est aussi la réincarnation.

14 ‑ La tempérance

Une femme ailée ou un ange verse de l'eau d'un vase à l'autre. L'un semble être d'argent et l'autre d'or.

L'arcane symbolise le calme et la sérénité. Mais c'est aussi la transformation ou la mutation vers autre chose...

 

 

 

15 ‑ Le diable

Un diable chimère mixant le corps de la femme, la tête de Bahomet, les ailes de chauve‑souris, les cuisses de poisson et les pieds de bouc, tient de sa main droite un cierge et de sa main gauche une lampe à huile. Deux diablotins sont attachés à son podium. La formule SOLVE‑COAGULA décrit un procédé alchimique basé sur la dissolution et l'évaporation.

L'arcane symbolise l'aspect matériel des choses et nos vices, ainsi que nos envies. Les deux personnages attachés montrent que nous ne pouvons nous détacher du matériel et de nos passions.

16 ‑ La Maison‑Dieu

Voici l'un des arcanes les plus mystérieux. Le soleil, la foudre ou une action divine provoque l'effondrement d'une tour ronde. Deux personnages dont l'un couronné en sont éjectés. Des boules étranges et multicolores accompagnent la scène.

Faut‑il y voir la puissance de Dieu sur la construction des Hommes ? Remarquez que la tour est couronnée, signe d'un édifice de pouvoir.

L'arcane symbolise l'imprévue, l'avertissement, mais aussi la reconstruction. L'homme même de pouvoir ne peut rien contre le divin.

 

 

17 ‑ Les étoiles

Une jeune femme nue verse de chaque main un liquide contenu dans une amphore. Celui de droite est visiblement chaud et est déversé dans une rivière, celui de gauche est versé sur le sol. Une grosse étoile en forme de rose des vents surplombe la scène. Un papillon est posé sur une fleur.

Cet arcane s'associe avec un autre en lui conférant continuité et accomplissement.

18 ‑ La Lune

La lune majestueuse éclaire de ses rayons un paysage formé par deux tours carrées. Deux chiens, noir et blanc, hurlent à la lune. Une écrevisse dans un étang semble lier sa vie à l'astre.

Faut‑il y voir l'influence de la lune sur la nature ?

L'arcane symbolise le côté obscur des choses et l'intuition.

 

 

19 ‑ Le soleil

La carte est dédiée au soleil source de vie. Cette dernière est représentée par un couple sur un cercle terrestre.

L'arcane représente plusieurs idées qui sont l'amitié, la complicité, la fraternité, mais aussi la lumière et la réussite.

20 ‑ Le jugement

Un ange ailé sonne le signal du Jugement dernier. Trois personnages attendent le verdict en priant.

L'arcane symbolise la fin inattendue et soudaine, mais aussi la résurrection.

 

 

 

21 ‑ Le monde

Cette carte reste mystérieuse dans son symbolisme, car plusieurs idées se croisent. À chaque coin de la carte se trouvent des concepts différents, l'ange ou le divin, l'aigle ou le pouvoir, le taureau ou la volonté, et le lion ou la force. Une couronne de laurier porte en éloge la vie représentée par une femme. Le tout est une représentation du monde avec ses constituantes variées, combinées et complémentaires.

L'arcane symbolise la reconnaissance, la réussite et la notoriété.

0 ‑ Le fou

Un troubadour ou un fou vagabond, barbu, symbolisant la dérision et la moquerie porte son sac d'une main et un bâton de l'autre. Un chat sauvage lui mord le mollet créant une situation burlesque.

Chaque carte de Wirth véhicule son mystère. Remarquez ici ce linteau carré derrière lequel un crocodile ou un lézard se cache...

Contrairement à la tradition populaire, le fou représente le zéro et non le 22.
L'arcane symbolise l'insouciance et la marginalité.

 

Oswald Wirth et Pierre Plantard


Oswald Wirth (fusain)


Pierre Plantard

 

La rumeur...

   Un tableau dit "Le Pape Pomme bleue" décorait selon la légende l'église de Rennes‑les‑Bains du temps de l'abbé Boudet et disparu dans les années 1970. Il aurait de plus appartenu à la famille Fleury et daterait de 1874.
   Curieusement
Gérard de Sède n'en parle pas malgré quelques détails très évocateurs et une multitude de symboles étranges.
   On y voit un Pape avec sa main droite tenant un disque bleu (allusion à la pomme bleue ?) placé sur sa croix. Sa main gauche montre le caractère Pi (П) ou un dolmen. Chaque main est décorée d'une croix. Deux religieux reconnaissables à leur tonsure écoutent les conseils du Pape. Celui de droite semble être un évêque si l'on se fit à sa canne épiscopale.


Tableau "Le Pape Pomme Bleue"

 

   Derrière le pape, deux colonnes représentent le Temple de Salomon. Le fond est très explicite puisqu'il s'agit de l'église de Boudet dont on aperçoit le clocher et sa boule décorative. En haut près du Cap de l'Hom, un dolmen domine la vallée. En bas, le petit cimetière est symbolisé par la stèle Boudet, ornée de la croix fléchée. La main gauche du religieux en cache d'ailleurs une partie comme pour nous montrer son importance.

  Une chose est certaine : l'auteur à l'origine de cette œuvre connaissait parfaitement les symboles liés à Boudet et à l'affaire de Rennes. On a en tout cas du mal à croire qu'une telle allégorie papale ait pu décorer l'église aussi longtemps... Son dessin nous offre malgré tout une belle réflexion symbolique.

 

Le Pape Arcane V

   Une fois familiarisé avec les images du Tarot, il devient évident que le tableau a été inspiré d'un arcane : l'arcane V ‑ Le Pape

Le Pape est ici un homme âgé qui symbolise l'expérience et la sagesse. Son statut est guidé par la spiritualité, mais c'est aussi un guide et un confident. La croix à trois traverses est réservée au Pape à partir du XVe siècle. Sa main droite porte un gant permettant de séparer le physique du spirituel. Le signe de la main gauche montre une action de bénédiction et de pardon, et la petite taille des religieux prouve leur humilité. Il faut également noter la présence des deux colonnes derrière le pape.

 

D'où provient  cette peinture ? 

   Le tableau apparut il y a quelques années dans un livre : "Rennes‑le‑Château Capitale secrète de l'Histoire de France" de Jean‑Pierre Leloux et Jacques Bretigny (édition Atlas). Selon le commentaire, l'oeuvre aurait été accrochée dans l'église de Rennes‑les‑Bains puis aurait mystérieusement disparu. Cette nouvelle inédite fera naître l'épisode du Pape Pomme bleue.

   Nous sommes là devant un exemple de manipulation qui ont égréné l'affaire depuis 50 ans. Car si ce tableau avait mystérieusement disparu de l'église de Rennes‑les‑bains, personne s'est posé la question suivante : "Comment a‑t‑il pu apparaître tout à coup dans un livre ?".
   En fait, on devine les intentions cachées. Il fallait rendre ce tableau important et lui donner un auteur de choix afin de garantir un scoop.
Boudet était le meilleur candidat.
Il faudra attendre plusieurs années pour que certaines vérités remontent lentement à la surface et ainsi inscrire sur la toile le nom de son véritable auteur.

 


Peinture de Pierre Plantard
"Le Pape Pomme Bleue"


L'arcane 5 du tarot
d'Oswald Wirth

 

Le jeu des 7 erreurs

   C'est le dépôt à la BNF par Thomas Plantard de certains documents de son père, dont "Le Cercle" qui confirmera sa provenance. Car il s'agit en réalité de l'une des 22 peintures que Pierre Plantard aurait produites pour l'affaire de Rennes. Et ce n'est pas tout : il s'inspira du tarot d'Oswald Wirth et de ses 22 arcanes.

   Le rapprochement entre le Pape Pomme Bleue et l'arcane 5 est saisissant. Il ne reste plus qu'à se livrer au jeu des 7 erreurs pour avoir le résultat :
Les détails suivants ont été ajoutés :

   Un paysage de fond avec l'église de Rennes‑les‑Bains

   Un dolmen en haut

   Le Pape pointe son index gauche sur un disque bleu (Pomme bleue)

   Le Pape pointe son index droit sur un symbole (PI ou Dolmen ?)

   Une canne épiscopale apparaît près d'un cardinal
     (allusion à
Nicolas Pavillon ?)

   L'autre cardinal à une main sur la croix fléchée de Boudet

   3 signes ont été ajoutés sur la capeline du Pape : un E normal, un E inversé et une arabesque.

 


Peinture de Pierre Plantard
"Le chercheur de trésor"


L'arcane le Fou d'Oswald Wirth

 

 

   Le même exercice peut être effectué avec le Fou. On y trouve un triangle équilatéral, l'église de Rennes‑les‑Bains, une canne marquée d'une croix celtique, un triangle pointé sur le chapeau, etc...

 

   D'autres peintures ont été effectuées par Plantard et chacune utilise le tarot d'Oswald Wirth pour introduire des signes ou des références à l'énigme.

   Ces tableaux ont été réalisés entre 1956 et 1981. Celui du Pape Pomme Bleue réalisé en 1956 fut reproduit dans un livre sans autorisation.

   Le Pape Pomme Bleue a donc été sans doute le premier tableau réalisé de cette série et presque 10 ans avant que Gérard de Sède publie son livre "L'Or de Rennes". Ceci prouve que Plantard excellait déjà sur l'affaire de Rennes, bien avant Gérard de Sède...


Extrait de peintures de Pierre Plantard

 

Quel était son but ?

   Pierre Plantard voulait‑il se mesurer à Oswald Wirth et réinventer un Tarot ? Désirait‑il créer un jeu ésotérique lié à Rennes ? Ou bien, a‑t‑il utilisé le jeu d'Oswald Wirth pour faire passer plusieurs messages ? Il est difficile de répondre, mais le nombre de signes et de symboles rapportés dans ses toiles démontre un désir fort de laisser un témoignage.

   Ceci montre en tout cas qu'il reste beaucoup à faire, notamment dans l'inventaire de ces fameux tableaux "plantardien"...

 

Le tailleur de pierre

   Un autre exemple prouve l'influence qu'eut Oswald Wirth sur Pierre Plantard. Il existe parmi les règles et les allégories  maçonniques célèbres éditées par Wirth, celles de l'apprenti tailleur de pierre. Oswald Wirth l'illustre parfaitement sur l'un de ses dessins. 

 


L'apprenti tailleur de pierre
d'Oswald Wirth


Le chercheur illustré dans
le Serpent Rouge par Plantard

 

   La pierre brute est le symbole de l'apprenti Maçon. Le jeune apprenti Maçon doit consacrer tous ses efforts à son perfectionnement, ses faiblesses et ses passions. Les aspérités de la pierre sont comparables aux mauvaises habitudes qu'il doit maintenant supprimer. À force de travail, cette pierre brute se transformera en une pierre cubique, une pierre d'angle sur laquelle on pourra appliquer l'équerre.

   Le tailleur de pierre est donc une allégorie maçonnique symbolisant le long travail que doit accomplir le jeune apprenti pour devenir franc‑maçon. En comparant le dessin du tailleur de pierre d'Oswald Wirth avec celui de Plantard dans le Serpent Rouge, on comprend comment ce dernier a transposé l'allégorie sur l'énigme. Il est vrai que certains passages ont une tonalité franc‑maçonne comme dans la strophe 5 où l'on peut lire :

   Rassembler les pierres éparses, œuvrer de l'équerre et du compas pour les remettre en ordre régulier, chercher la ligne du méridien en allant de l'Orient à l'Occident, puis regardant du Midi au Nord, enfin en tous sens pour obtenir la solution cherchée, faisant station devant les quatorze pierres marquées d'une croix. Le cercle étant l'anneau et couronne, et lui le diadème de cette REINE du Castel

 

    Wirth était un illuminé et un rêveur de l'âme, mais il était surtout initié à certains secrets et très loin d'être naïf...  Pierre Plantard en était également convaincu. En redessinant le tarot il réintroduisit non seulement les différents symboles perdus avec le temps, mais il assurait la sauvegarde de certains indices des deux Rennes pour quelques siècles encore...

   Un extrait de l'ouvrage d'Oswald Wirth "Le tarot des imagiers du Moyen‑Age" fournit un éclairage passionnant sur sa pensée à propos des 22 arcanes et de leurs secrets spirituels...

   "Ce qui frappe avant tout dans le Tarot, c'est le nombre 22, qui est précisément celui des lettres de l'alphabet hébraïque. On peut donc se demander si ce n'est pas aux Juifs que nous devons nos vingt‑deux‑figures kabbalistiques. Nous savons que les grands prêtres de Jérusalem interrogeaient l'oracle de l'Urim et du Thumin à l'aide des Théraphim, c'est‑à‑dire de signes figurés ou d'hiéroglyphes. Éliphas Lévi explique comment les consultations avaient lieu dans le temple, sur la table d'or de l'arche sainte, puis il ajoute: " Lorsque le souverain sacerdoce cessa en Israël, quand tous les oracles du monde se turent en présence du Verbe fait homme et parlant par la bouche du plus populaire et du plus doux des sages, quand l'arche fut perdue, le sanctuaire profané et le temple détruit, les mystères de l'éphod et des Théraphim, qui n'étaient plus tracés sur l'or et les pierres précieuses, furent écrits ou plutôt figurés par quelques sages cabalistes sur l'ivoire, sur le parchemin, sur cuir argenté et doré, puis enfin sur de simples cartes, qui furent toujours suspectes à l'Eglise officielle, comme renfermant une clef dangereuse de ses mystères. De là sont venus ces Tarots dont l'antiquité, révélée au savant Court de Gebelin par la science même des hiéroglyphes et des nombres, a tant exercé plus tard la douteuse perspicacité et la tenace investigation d'Eteilla..."

Oswald Wirth  p 40 "Le tarot des imagiers du Moyen‑Age"

 


L'Arche d'Alliance et la Table des Pains à l'église Saint Roch de Paris