Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Le Prieuré de Sion avant 1188 - Rennes-le-Château Archive

Le Prieuré de SION
L'ère moyenâgeuse avant 1188

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Qu'on le veuille ou non, la mythologie de Rennes‑le‑Château est intimement liée au Prieuré de Sion. Nombreux sont ceux qui ont entendu ce nom vulgarisé par Dan Brown dans son ouvrage culte "Da Vinci Code". Le roman décrit une société secrète très ancienne que le meurtre de Jacques Saunière, Grand Maître et conservateur du Louvre, met en relief. Une quête est alors menée par les héros pour découvrir le grand secret du Prieuré de Sion, mais l'Opus Dei, l'ennemi éternel, veille...

   Tous les lecteurs de ce roman ont été fascinés par l'histoire, mais où est la réalité ? Où est la fiction ? Quelle signification peut‑on donner à cet organisme mystérieux baptisé "le Prieuré de Sion" et quelle est sa part de vérité historique ?

 

   Avant de porter un jugement sur la véracité ou non de l'existence de ce Prieuré, il faut savoir qu'il existe dans son développement deux périodes bien distinctes : l'une moyenâgeuse et la seconde moderne. Si Plantard a fortement laissé son empreinte durant la période récente et à largement participé à sa naissance, beaucoup ont tendance à oublier qu'il existe une trame historique beaucoup plus ancienne et qui mérite d'être explorée.

 

 

   Vous ne trouverez pas de référence moyenâgeuse sur le Prieuré de Sion et encore moins dans un livre d'Histoire officiel. Sa mise en lumière est bâtie  sur un ensemble d'hypothèses issues essentiellement de deux sources : Les Dossiers Secrets que nous verrons plus loin, et le best‑seller international "L'Énigme sacrée" écrit par trois auteurs anglais : Michael Baigent, Richard Leigh et Henry Lincoln. Tous les chroniqueurs et les auteurs actuels ont puisé dans cet étonnant récit, y compris Dan Brown. Ceci lui a d'ailleurs valu un procès pour plagiat ...

   Ce livre ne s'est d'ailleurs pas construit seul. Pierre Plantard, alors Grand Maître de Sion, représenta une source d'information importante durant la rédaction de l'ouvrage. Le livre eut d'ailleurs un réel succès en Angleterre et aux États‑Unis dans l'année 1982.


Le best‑seller de Michael Baigent, Richard Leigh et
Henry Lincoln

 

   Son élaboration demanda aux auteurs des années de travail sur les généalogies, les textes cryptés, et l'histoire des sociétés secrètes. Malheureusement, ce travail n'a jamais pu vraiment permettre de découvrir le but réel du Prieuré de Sion ni prouver son existence passée. Le livre est aujourd'hui contestable sur certains aspects et c'est normal, car la recherche castel rennaise progresse. Il aura eu toutefois un mérite évident : ouvrir des pistes sérieuses d'investigation.

 

   La présentation qui suit à seulement pour objectif de fournir une synthèse et un ensemble de réflexions à partir d'éléments connus publiquement aujourd'hui et régulièrement repris par les différents auteurs. Elle ne prétend pas amener des certitudes, mais des pistes de réflexion. À vous de juger...

 

Je remercie les auteurs M. BAIGENT, R. LEIGH, H LINCOLN et les éditions Pygmalion pour la publication de "L'énigme Sacrée" qui auront essayé de nous ouvrir les yeux...

 

Rennes‑le‑Château et le Prieuré de SION

   De nombreux indices liés à Rennes‑le‑Château suggèrent l'existence de ce fameux Prieuré de Sion, car il s'agit bien de suggestions. Aucune piste directement liée à Rennes‑le‑Château et connue aujourd'hui ne figure en clair les mots "Prieuré de SION". Nous retrouvons seulement des allusions comme PS, P‑S ou SION... Ces traces sont‑elles de pures spéculations ? Ou des ajouts volontaires pour rallier les chercheurs à une cause particulière ? Il n'y a pas encore aujourd'hui de réponse, mais quels sont ces indices ?


La dalle de Blanchefort
et le sigle P‑S


Le grand parchemin
et en bas à droite

la signature NOIS (SION à l'envers)

 


Le petit parchemin
et le sigle P S en bas à droite


On retrouve le mot SION
dans le petit parchemin

 

   Selon les versions, on trouve aussi le Prieuré de Sion dans l'ombre de Bérenger Saunière. Sa supposée visite à Paris lui aurait fait rencontrer Claude Debussy (Grand Maître de Sion), Émile Hoffet et Emma Calvé. Une autre version indique que c'est l'Ordre de Sion qui aurait financé les travaux de l'abbé pour des raisons inconnues.

 

   On trouve aussi une allusion au Prieuré de Sion dans le Serpent Rouge. L'utilisation des termes "nautonier de l'arche impérissable" est sans ambiguïté. Les Grands Maîtres de Sion sont en effet appelés "Nautonier" (pilote d'un bateau) comme l'indique un extrait du Serpent Rouge :

     Cet Ami, comment vous le présenter ? Son nom demeura un mystère, mais son nombre est celui d'un sceau célèbre. Comment vous le décrire ? Peut‑être comme le nautonier de l'arche impérissable, impassible comme une colonne sur son roc blanc, scrutant vers le midi, au‑delà du roc noir.

 

Extrait du "Serpent Rouge"

 

Le dossier Lobineau

   Pour comprendre de quelle source, les nombreux auteurs et chroniqueurs débutèrent leurs enquêtes sur le Prieuré de SION, il faut commencer par présenter un mystérieux dossier : le dossier Lobineau

   Les Dossiers secrets d'Henri Lobineau (aussi appelés le Dossier Lobineau ou les Dossiers secrets) sont une série de documents dactylographiés, supposés élaborés par Pierre Plantard et son ami Philippe de Chérisey, puis déposés entre 1964 et 1967 à la Bibliothèque nationale de France sous la forme d’un don anonyme. Ces documents seraient des "preuves inventées par les auteurs dans le but de mettre en place une monarchie française dirigée par un descendant des rois mérovingiens."
   Ils sont enregistrés sous la cote 4° LM1 249 et sont datés de 1975 dans le fichier central. Ils sont aujourd'hui microfilmés et accessibles aux chercheurs. La forme initiale était une chemise à couverture rigide rassemblant des documents hétérogènes.


La cote des
dossiers secrets

 

   Le dossier est composé d'un assemblage hétéroclite de documents : lettres, coupures de presse, encarts,  plusieurs arbres généalogiques et pages imprimées d’autres ouvrages, extraits imprimés d'ouvrage. On y trouve même des notes et des corrections manuscrites. Le plus étrange est que ce dossier a été régulièrement mis à jour en enlevant certaines pièces ou en ajoutant de nouvelles.

 

   Les Dossiers secrets sont considérés comme une archive publique du Prieuré de Sion, mais ils arrivèrent au grand jour en 1967 par l'intermédiaire d'un don volontaire et anonyme d'une personne appartenant au Prieuré depuis 1956.

 

   Parmi les pièces les plus importantes figurent des arbres généalogiques mérovingiens, accompagnés d'un nom dans le titre, celui d'Henri Lobineau. Des notes dans le dossier indiquent qu'il s'agit d'un pseudonyme, dérivé de la « rue Lobineau » située près de la rue Saint‑Sulpice à Paris et donc de l'église Saint‑Sulpice. De nombreux textes ultérieurs de ces dossiers nomment Leo Schidlof comme étant le vrai auteur, bien que ces textes ne soient parus qu'après la mort de ce dernier en octobre 1966. Leo Schidlof était un marchand d'art autrichien établi à Londres en 1948. Sa fille a toujours nié qu'il ait employé ce pseudonyme ou qu'il ait eu un quelconque lien avec ces publications. Or, le Prieuré de Sion édita des textes dans les années 1972 affirmant qu'Henri Lobineau était un aristocrate français : Henri, Comte de Lénoncourt. Les textes auraient été rassemblés par Philippe Toscan du Plantier.

 

Les documents ont été déposés entre 1964 et 1967 et peuvent être présentés en 3 lots:

 

  1964 ‑ Généalogie des rois mérovingiens et origine de diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne.

 

   1965 ‑ Les descendants mérovingiens ou l'énigme du Razès wisigoth

 

   1967 ‑ Dossiers secrets d'Henry Lobineau

Feuilletez le dossier Lobineau...

 

janvier 1964

    Le premier dépôt se fait en janvier 1964, sous le titre « Généalogie des rois mérovingiens et origine de diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne ». Le document mécanographié est signé Henri Lobineau. Il est question des rois mérovingiens et comment leur descendance par le sang est restée présente dans certaines familles françaises. La famille Plantard y figure, en ligne directe avec un certain Sigebert IV, présenté comme un fils caché de Dagobert II.

 

août 1965

    Le deuxième dépôt légal date d’août 1965 sous le titre « Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès Wisigoth ». Il est signé sous un autre pseudonyme : Madeleine Blancasall, et suggère à nouveau certaines descendances mérovingiennes, cette fois liées aux mystères du Haut‑Razès : la région de Rennes‑les‑Bains et Rennes‑le‑Château.

 

mai 1966

    Le troisième document déposé en mai 1966 parait sous le titre « Un trésor mérovingien à Rennes‑le‑Château ». Il est signé Antoine l'Ermite, et une fois de plus il s’agit d’un pseudonyme. C'est une brochure de neuf pages qui n’est autre qu’un fac‑similé des chapitres d'un livre par Robert Charroux, auteur spécialisé sur les mystères en général qui fut un des premiers à écrire sur le sujet du mystère de Rennes‑le‑Château. Les textes du livre et les copies sont quasiment les mêmes à deux changements mineurs près...

 

novembre 1966

    Le quatrième document date de novembre 1966 et se présente comme un supplément au premier. L'auteur, un certain S. Roux y énumère des rapports faits par un certain Lionel Burrus. On y trouve une copie d'un article de celui‑ci écrit dans la Semaine Catholique Genevoise intitulé « Faisons le Point » qui identifie Lobineau comme étant Leo Schidlof, mort à Vienne un mois plus tôt à l'âge de 80 ans. S. Roux attaque Burrus et Schidlof, accusant même le dernier d'être un agent soviétique.

 

février 1967

    Déposé en février 1967, le cinquième document est le troublant Serpent Rouge, un curieux poème symbolique en prose, avec 13 strophes baptisées du nom des signes du zodiaque (avec un signe supplémentaire l'Ophiuchus ou Serpentaire inséré entre le Scorpion et le Sagittaire), combiné avec une série de plans et de diagrammes concernant le séminaire de la rue Saint‑Sulpice et l'église voisine de St Germain des Prés à Paris.

   Ce document a été timbré et posté en date du 20 mars 1967. Cette antériorité est importante en raison des trois auteurs présumés : Pierre Feugère, Louis Saint‑Maxent et Gaston de Koker. Chacun des trois prétendus auteurs est un personnage réel, mais tous trouvent la mort entre le 15 février et le 20 mars. L’indication que le véritable auteur tente de faire passer est que les trois signataires ont été assassinés, ou se sont suicidés après avoir terminé et fait enregistrer ce texte. En vérité, l'auteur a probablement recherché dans les rubriques nécrologiques les décès par suicide. Il aura fini par trouver ces trois personnes, et user de leurs noms afin que tous les croient à l'origine de cet étrange texte.

   Comme dans le cas du pakistanais Fakhar, mort atrocement sans explication claire (voir ci‑dessous le récit Leo Schidlof), le parallèle avec les trois auteurs du Serpent Rouge, morts par pendaison est fortement troublant.  Ainsi, on ne peut s'empêcher de penser à une manipulation médiatique bien orchestrée, mais dans quel but et au profit de qui ou de quel organisme ?

 

Avril 1967

    Le sixième et dernier document s'appelle « Les Dossiers secrets de Henri Lobineau » rassemblés par un certain Philippe Toscan du Plantier. Ce titre donnerait ainsi, non seulement un nom à la série, mais une ultime indication sur l’identité de l’auteur des dossiers Lobineau. Ce dernier recueil est déposé à Bibliothèque Nationale en avril 1967. Il complète ainsi le processus de dévoiler au grand public le Prieuré de Sion.  

 

À propos de Leo Shidlof

  

   Un nom accompagne les généalogies, celui de Leo Schidlof qui en serait l'auteur. Qui est ce personnage ? Pour répondre, il est nécessaire de connaître une curieuse histoire relatée par la presse et dont certaines coupures se trouvent dans les dossiers secrets :

   Leo Schidlof présenté dans le dossier Lobineau comme historien et amateur d'antiquités était Autrichien. Il vécut en Suisse et mourut à Vienne en 1966. Sa fille retrouvée en 1978 en Angleterre permit de corriger quelques erreurs. Son père n'était ni historien, ni amateur d'antiquités, mais expert et négociant en miniatures. À partir de 1948 il vécut à Londres jusqu'à sa mort. Un autre fait étrange est que sa fille affirma qu'il ne s'était jamais intéressé aux Mérovingiens ou aux mystères du Razès. Et pourtant, à partir de 1960 de nombreux inconnus voulurent rencontrer Leo Schidlof et à sa mort certains cherchèrent même à mettre la main sur des documents laissés par le défunt.
   Son mystère aurait pu s'arrêter là, mais ce n'est pas tout. En 1946, et donc 10 ans avant le dépôt du dossier Lobineau, Leo Schidlof demanda un visa pour les États‑Unis qui fut refusé pour raison d'espionnage. Il dut attendre quelques mois avant d'obtenir cette autorisation. Or on retrouve dans le dossier Lobineau des allusions sur le fait que Leo Schidlof serait lié à des activités d'espionnage international.

   Une autre coupure de presse dans le dossier Lobineau est aussi très révélatrice. L'article fait allusion à une sacoche en cuir appartenant à Leo Schidlof et contenant des documents importants liés à l'affaire de Rennes‑Le‑Château entre 1600 et 1800. Cette sacoche aurait changée de propriétaire à la mort de Leo Schidlof  pour passer dans les mains d'un certain Fakhar ul Islam, sans doute un autre agent. Expulsé de R.D.A. ce dernier dut regagner Paris et, pour confier la sacoche à un agent de Genève, il emprunta en février 1967 un express Paris Genève. Or la presse française rapporta le 20 février 1967 un sinistre fait divers : le corps décapité d'un jeune pakistanais nommé Fakhar ul Islam fut retrouvé sur la voie ferrée de Melun, probablement éjecté du train Paris Genève. Aucune sacoche bien sûr ne fut retrouvée et l'enquête fut confiée à la DST.

 

(Ce récit est extrait d'une enquête menée par les auteurs Michael Baigent, Richard Leigh, et Henry Lincoln et décrite dans "L'énigme sacrée")

 

   Ce récit rocambolesque montre bien l'atmosphère qui régnait dans les années 1960 autour de l'affaire de Rennes‑le‑Château. Le dossier Lobineau est soit monté de toute pièce, soit constitué d'un ensemble d'indices importants mis à la disposition du public, mais dans quel but ? Voulait‑on inoculer quelques fausses idées ? Ou préparer quelques révélations ?

 

   La véritable identité d'Henri Lobineau reste aussi bien mystérieuse. Une information publiée à l'époque à Paris indique qu'il ne s'agissait pas de Leo Schidlof, mais du comte de Lénoncourt. Ce dernier résidait à Paris et on pouvait le rencontrer régulièrement à Rennes‑le‑Château ou à Gisors.
Pierre Plantard se cachait‑il derrière ces personnages ?

 

   Les Dossiers secrets recèlent une multitude d'indices à propos du Prieuré de Sion comme ce détail particulier : sur la page intitulée « Planche Numéro 4 » qui récapitule l'histoire et la structure de l'Ordre, 27 commanderies sont citées ainsi qu'une arche, appelée « Beth‑Ania » que dirigeait les commanderies. Cette arche était localisée à Rennes‑le‑Château et les plus importantes commanderies étaient situées à Bourges, Gisors, Jarnac, au mont Saint‑Michel, à Montrevel et à Paris. Parmi ces dossiers, un manuscrit datant de 1956 affirme l'existence d'une société secrète, le Prieuré de Sion, et relate son histoire depuis sa fondation en 1099 par Godefroy de Bouillon.

   On y trouve aussi la liste des Grands maîtres qui se seraient succédé à la tête de l’organisation depuis le XIIe siècle, parmi lesquels figurent Léonard de Vinci, Isaac Newton, Victor Hugo, Claude Debussy, ou Jean Cocteau.

 

   Les généalogies qui figurent dans les Dossiers secrets détaillent les lignages des familles censées appartenir à la « sainte lignée ». En d'autres termes, il s'agit des familles présentées comme les descendantes de l'union supposée entre Jésus et Marie‑Madeleine, les Saint‑Clair, les Blanchefort, les rois mérovingiens et la maison Plantard. On trouve aussi dans cet ensemble de documents les généalogies des rois de Jérusalem et de Godefroi de Bouillon qui fonda l'Ordre de Sion en Terre sainte. 

 

Les assertions récurrentes

   Le dossier Lobineau offre l'occasion de lister quelques assertions qui apparaissent par ailleurs tout au long de l'affaire de Rennes‑le‑Château. Ces thèses, jugées par beaucoup comme une propagande médiatique organisée à des fins plus ou moins obscures, sont néanmoins troublantes si on veut les regarder de manière objective et historique. Selon les Dossiers Secrets, on peut dégager plusieurs affirmations :

 

  Le Prieuré de SION serait un Ordre secret qui se serait caché derrière les Templiers et qui aurait permis de les assister dans ses prises de décisions administratives ou militaires.

 

  Le Prieuré de SION aurait créé l'Ordre du Temple qui devint par la suite les Templiers

 

  Le Prieuré de SION aurait été créé dans sa forme moyenâgeuse par Godefroi de Bouillon après la prise de Jérusalem en 1099.

 

  Après la dissolution des Templiers entre 1307 et 1314, le Prieuré de SION aurait continué son œuvre occulte de siècle en siècle jusqu'à nos jours.

 

  Le Prieuré de SION existerait toujours sous une forme active et discrète. Il répandrait le vrai et le faux selon le contexte politique, mais toujours dans le but de manipuler l'opinion ou les médias.

 

  Le Prieuré de SION aurait été dirigé par des Grands maîtres qui se seraient succédé tout au long de l'Histoire. Derrière ces Grands maîtres appelés "Nautoniers" se cacheraient des noms historiques très célèbres.

 

  L'objectif avoué du Prieuré de SION est de restaurer sur le trône de France la dynastie mérovingienne  ainsi que sur d'autres nations européennes... Cet objectif est en tous cas ce que le Prieuré de SION, dans sa forme moderne, revendique de façon publique. Néanmoins, son objectif durant la période moyenâgeuse reste plus obscur. Cette restauration mérovingienne est tout à fait justifiable historiquement si l'on considère que le roi perdu Dagobert II eut une descendance en ligne directe par son fils Sigisbert IV. En effet, par le jeu des mariages et des alliances, cette lignée se serait propagée jusqu'à nos jours au travers de grands noms d'héritiers comme Gisors, Blanchefort, Saint‑Clair, Montesquiou, Poher, Plantard...

 

     Il faut noter que la mise en parallèle de ces généalogies avec l'objectif du Prieuré de Sion confirmerait les ambitions de Pierre Plantard. En effet, on peut supposer que lorsque celui‑ci laisse entendre que la mission du Prieuré est de restituer la dynastie mérovingienne en France en s'appuyant sur la mythologie de Rennes‑le‑Château, il sous‑entend que leur héritier légitime n'est autre que lui‑même.

    En 1993, Pierre Plantard avouera son imposture à la justice française dans le cadre d'une enquête parallèle sur la mort de Roger‑Patrice Pelat, ancien ami de François Mitterrand. Il sera interrogé à propos de plusieurs documents retrouvés chez lui le présentant comme étant le « vrai Roi de France ».

 

Les Grands maîtres avant 1188

   Souvent dénoncé comme un magnifique canular par manque de preuve, le Dossier Lobineau recèle pourtant énormément d'informations troublantes. Certaines indications ont pu être vérifiées historiquement, d'autres restent des hypothèses. D'autre part, toutes ces informations sont magnifiquement homogènes et s'insèrent parfaitement dans l'Histoire plus officielle. La liste des Grands maîtres en est un bel exemple. Avant d'approfondir l'histoire du Prieuré, il est donc important de connaître ces noms qui reviendront régulièrement dans le récit qui suit.

 

   Les Dossiers secrets  révèlent trois listes de noms. Deux d'entres‑elles sont relativement connues par les historiens. La troisième est plus surprenante, car elle dresse la liste des Grands maîtres qui se sont succédé après le schisme entre l'Ordre de Sion et celui des Templiers en 1188. Cette liste est d'autant plus remarquable que des noms illustres y figurent.

 

Le Dossier Lobineau comprend trois listes :

 

  La liste de tous les abbés responsables des domaines de Sion en Palestine de 1152 à 1281. Cette liste a pu être vérifiée historiquement par recoupement avec d'autres ouvrages.

 

  La liste des Grands maîtres de 1118, date de création du Prieuré de Sion, à 1188 date du schisme

 

   La liste des Grands maîtres après 1188, date du schisme

 

 Les 13 Grands maîtres avant 1188

 

  Godefroi de Bouillon (fondateur du Prieuré) 1090 ou 1099
1 Hugues de Payen 1119 à 1136
2 Robert de Craon 1136 à 1147
3 Evrard de Barres 1147 à 1150
4 Hugues de Blanchefort 1150 à 1151
5 Bernard de Tremblay 1151 à 1153
6 Guillaume de Chamaleilles 1153 à 1154
7 Evrard de N ... Probablement Evrard des Barres
(Le non est malheureusement devenu illisible sur les parchemins de Gisors copier par Mathieu de Tremblay vers 1222)

1154 à 1154

8 André de Montbard

1155 à 1156

9 Bertrand de Blanchefort

1156 à 1169

10 Philippe de Milly

1169 à 1170

11 Heudes de Saint‑Amand

1170 à 1180

12 Arnaud de Toroge

1181 à 1184

13 Gérard de Ridefort

1184 à 1188

 

 

Son histoire moyenâgeuse avant 1188

La création des Ordres

 

   Selon les Dossiers secrets, l'Ordre de Sion a été fondé en Terre sainte par Godefroi de Bouillon le 15 juillet 1099, date à laquelle Godefroi et les croisés prirent la ville de Jérusalem. D'autres documents avancent la date de 1090.

 

   Suite à cette victoire, Godefroi de Bouillon ordonna la construction de l'abbaye de Notre‑Dame du Mont‑de‑Sion, sur les ruines d'une ancienne église byzantine datant du IVe siècle et située sur "la colline haute" du mont Sion, en dehors des murs de Jérusalem, au sud de la porte de Sion. Ainsi, cette ancienne église que l'on appelait aussi "la mère de toutes les églises" devint l'église du Saint Sépulcre. Par la suite, la nouvelle abbaye particulièrement bien fortifiée abrita des chanoines augustiniens que Godefroi de Bouillon utilisa comme conseillers. Godefroi était ambitieux et il se battit pour le culte de l'église de Jean qui prône l'ésotérisme initiatique et la Tradition Royale. De cette pensée naquit l'Ordre de Sion. Il mourut le 18 juillet 1100.


Le siège de Jérusalem par les croisés

 


Les funérailles de Godefroi de Bouillon le 18 juillet 1100
(par Édouard Cibot en 1838,
Les salles des croisades à Versailles)

 

   Toujours selon les Dossiers secrets, les conseillers prêtres de Godefroi furent aussi secrètement et fortement à l'origine de la création de l'Ordre des chevaliers du Temple. C'est ainsi qu'en 1118, Hugues de Payen, Bisol de Saint‑Omer et Hugues de Champagne créèrent l'Ordre du Temple. Un an plus tard, Hugues de Payen devint le premier Grand maître du Prieuré de Sion et de l'Ordre du Temple.

 

  Dans une première étape, cet ordre de chevalerie devint l'organisation administrative et militaire à l'Ordre de Sion. Et à partir de cette date, tous les éléments furent en place pour que l'organisation de Sion devienne très rapidement puissante et riche. Deux entités opposées et complémentaires devaient alors cohabiter : L'Ordre de Sion chargé de la pérennité spirituelle et l'Ordre du Temple chargé de l'exécutif. Le premier, secret, sera connu plus tard comme le Prieuré de Sion. Le second, visible, mais tout aussi mystérieux, sera connu comme les Templiers. Le rêve de Godefroi de Bouillon était enfin réalisé : l'église de Jean devint puissante, armée par les chevaliers du Temple et portée par l'esprit de Sion.

 

   C'est ainsi que les chevaliers du Temple et le Prieuré de Sion vécurent en parallèle pendant 40 ans jusqu'à la séparation complète des deux ordres en 1188. Cette séparation se concrétisera selon la légende en Normandie par  la coupure de l'orme de Gisors. 

 

Godefroi de Bouillon est‑il le réel fondateur
de l'Ordre de Sion ?

 

   Une fois de plus, voici une nouvelle "coïncidence" historique que seule l'affaire de Rennes‑le‑Château sait nous offrir. Pour comprendre, il faut remonter un peu avant l'an de grâce 1070, soit 29 ans avant la première croisade et la prise de Jérusalem.

   En l'an 875, des moines bénédictins en provenance de la Calabre et menés par l'un d'eux, Ursus, arrivèrent près de la forêt des Ardennes, non loin de Stenay. Ils furent immédiatement protégés par Mathilde de Toscane, duchesse de Lorraine, épouse de Godefroy le bossu, tante et mère adoptive de Godefroi de Bouillon. En effet, le célèbre Godefroi est issu de cette fameuse région de Stenay, rendue fameuse par la lignée mérovingienne et par Dagobert II assassiné en l'an 679...

   Les moines construisirent alors une église dans le Comté de Chiny à Orval, sur une terre donnée par Mathilde de Toscane. Cette église deviendra plus tard l'abbaye d'Orval

 


L'abbaye d'Orval de nos jours


L'abbaye d'Orval ‑ La partie primitive

 

   Les moines quittèrent Orval et disparurent sans laisser de traces en 1108. C'est aussi vers cette époque que commencèrent à apparaître quelques personnages célèbres qui initialisèrent la première croisade. Ce fut notamment le cas de Pierre l'ermite, précepteur de Godefroi de Bouillon et du pape Urbain II, qui dès 1095 commencèrent à parcourir la France et l'Allemagne pour faire passer un message :
"Il faut rendre aux chrétiens le tombeau du Christ et arracher la Terre Sainte aux mains des musulmans".

   En 1131, l'abbaye d'Orval reçut Saint Bernard de Clairvaux et devint cistercienne.


Pierre l'Ermite menant la croisade populaire

 

La légende d'Orval

 

   Orval est situé à 25 km de Stenay et la localité est célèbre pour son haut lieu de la spiritualité moyenâgeuse. L'abbaye fut fondée par Bernard de Clairvaux au XIIe siècle qui fut aussi le célèbre protecteur des Templiers. L'abbaye fonctionna durant 900 ans et vit tout au long de son histoire des personnages illustres comme Saint Malachie ou Nostradamus.

 

    En 1076, Mathilde de Toscane, Marquise et mère adoptive de Godefroi de Bouillon, perdit son mari assassiné par des tueurs à gages. Plus tard, au cours d'une promenade, son fils glissa sur les eaux gelées de la Semois et se noya.

   Le Nom "Orval" vient d'une légende : accablée par la douleur, Mathilde resta longtemps cloîtrée, mais au cours d'une rare sortie, elle découvrit une fontaine naturelle d'où coulait une eau froide et limpide. Alors qu'elle plongea sa main pour y puiser de l'eau, elle vit avec effroi que son alliance nuptiale sertie de rubis avait quitté son doigt et était tombée au fond du bassin. La profondeur de la fontaine était telle que le précieux anneau d'or devint inaccessible.


La fontaine d'Orval

 

   La marquise implora alors la Vierge de lui ramener le bijou et son vœu fut aussitôt exaucé puisqu'une truite bondit hors de l'eau et jeta l'anneau dans sa main. Elle s'exclama aussitôt : "Voici l'or que je cherchais, heureuse soit la vallée qui me l'a rendue, qu'elle s'appelle désormais le Val de l'Or".

   C'est ainsi que par reconnaissance, elle décida de fonder un monastère en ce lieu béni qui devint par la suite Orval. Curieusement, cette légende se rapproche d'un autre mythe biblique : 


La comtesse Mathilde de Toscane
(monument situé à St Pierre de Rome
au Vatican)

 

   Salomon, après avoir jeté un anneau dans la mer, le retrouva dans le ventre d'un poisson, ce qui lui permit de prouver sa légitimité en tant que Roi de Jérusalem. La parabole est d'autant plus intéressante que Mathilde de Toscane est la mère adoptive de Godefroy de Bouillon qui fut proposé comme Roi de Jérusalem.

 

   Ces deux légendes sur l'anneau renvoient inévitablement à un autre symbole : celui de cette communauté mystérieuse de moines initiés, italiens, fondateurs de l'abbaye, et qui se présentaient sous le nom de "Cercle du Hiéron du Val d'Or". Ces moines menés par Ursus devaient s'éloigner de la ligne chrétienne officielle puisqu'ils suivaient en secret la pensée ésotérique de Saint Jean.

 

   L'abbaye est aussi connue pour des documents découverts dans ses archives en 1793 par un certain François de Metz . Ces documents sont des prophéties composées par Philippe Dieudonné et Noël Olivarius, chirurgien et astrologue. Pour certains auteurs, ces documents seraient le travail de Nostradamus.

 

   Que devinrent les mystérieux moines d'Orval ? Les dossiers secrets nous donnent quelques indices. En effet, ils donnent deux dates pour la création de l'Ordre de Sion : 1099 correspondant à la prise de Jérusalem, et 1090 soit 9 ans plus tôt.

   Si l'on suppose que ces moines étaient organisés et qu'ils apportèrent une pensée spirituelle, on peut imaginer qu'un seul fil conducteur unit les moines d'Orval, Godefroi de Bouillon, et son précepteur Pierre l'ermite, ardent défenseur de la première croisade. Il est aussi raisonnable de penser que Pierre l'ermite était l'un de ces moines.


Godefroi de Bouillon partant
pour la croisade

 

   Qu'étaient donc venus chercher ces moines calabrais  à Orval ? Il est maintenant clair que leur objectif était de former un moine suffisamment fort pour mener le peuple à la première croisade. Ce moine était Pierre l'ermite

 

   Les moines d'Orval ne serait‑ils donc pas ceux que l'on retrouvera plus tard en compagnie de Godefroi dans l'abbaye de Notre‑Dame du Mont‑de‑Sion ? Et si oui, serait‑ils à l'origine de l'Ordre de Sion, Godefroi étant un simple exécutant qui permit la conquête de Jérusalem ? C'est fort probable ...

 

   Pierre l'Ermite, de son vrai nom Pierre d'Acheris est originaire d'Amiens. Il partit pour Jérusalem en 1093 où Il eut, durant une méditation devant le Saint Sépulcre, une révélation : "Pierre lève‑toi ! Cours annoncer à mon peuple la fin de l'oppression. Que mes serviteurs viennent, et que ma terre soit délivrée!"

De retour de Palestine, il se jeta aux pieds du pape Urbain II qui le missionna alors de mener le peuple à la guerre sainte. Pierre l'Ermite parcourut alors l'Europe sur une mule, pieds nus, un crucifix à la main. Orateur éloquent, le peuple devint fanatisé par ce prédicateur envoyé de dieu. 


Pierre l'Ermite menant le peuple

   Pierre l'Ermite devint le principal prédicateur de la première croisade. Il entraîna le peuple vers la Terre sainte en 1096, mais beaucoup mourront avant d'atteindre leur but. En 1099, il participa au siège de Jérusalem en organisant des processions autour de la ville et en haranguant les croisés. Le pape Urbain II convoqua un concile le 14 novembre 1095 à Clermont et s'adressa aux hommes de guerre. Son discours se termina par ces mots : "Dieu le veut ! Dieu le veut !" Cette exclamation célèbre devint la devise des croisades.


   Au final, ils furent 100 000 cavaliers, 300 000 fantassins plus femmes, enfants, vieillards, moines... Au total 600 000 personnes partirent pour délivrer Jérusalem. La première croisade pouvait commencer.

 

   En 1099, après la prise de Jérusalem, un conclave secret fut organisé. Les participants n'ont jamais été identifiés de manière certaine, mais Guillaume de Tyr dira plus tard qu'un évêque de Calabre était le plus reconnu parmi eux (était‑ce Ursus ?)

 

   Quel était l'objectif de cette réunion ? Tout simplement élire un roi : celui de Jérusalem.

  

   Tout naturellement, Godefroi fut proposé pour cette élection, mais il refusa préférant se contenter de garder sa mission de défenseur du Saint Sépulcre. Selon les Dossiers secrets il fut aussi initié au secret de la descendance mérovingienne.


Le couronnement de
Baudoin 1er en 1100

 

   Godefroi refusa et ce fut son frère  Baudoin qui accepta le trône. On peut en tout cas remarquer la volonté du conclave de vouloir donner le titre à la famille de Godefroi. Baudoin 1er, frère de Godefroi, fut donc couronné le jour de Noël 1100

 

La création de l'Ordre des Chevaliers du Temple

 

   Les Dossiers secrets fournissent de nombreux détails sur cet épisode. En mars 1117, Baudoin 1er, frère de Godefroi de Bouillon, s'apprêtait à mourir suite à une maladie. Malgré son état, il dut pour des raisons inconnues négocier la création de l'Ordre du Temple à Saint‑Léonard d'Acre. L'Ordre de Sion était‑il déjà suffisamment puissant pour imposer ses volontés au roi ? Il est vrai que Baudoin 1er fut choisi et couronné par l'Ordre de Sion.

 

   L'Ordre du Temple fut ainsi créé en 1118 par les fondateurs Hugues de Payen, Bisol de Saint‑Omer, Hugues de Champagne et quelques membres de l'Ordre de Sion. Il semble que 1118 est une date de création officielle, les Chevaliers du Temple devaient déjà exister quelques années auparavant.

 


Croix templière

   Officiellement, c'est en 1120 que Hugues de Payens, chevalier champenois, fonde avec  ses compagnons une milice destinée à protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. En acceptant de rentrer dans l'Ordre, ils devaient combattre et mener une vie religieuse stricte en respectant les règles bénédictines et les usages des chanoines augustins. Baudouin II, roi de Jérusalem, les installa à Jérusalem, dans la mosquée al Aqsa construite sur les fondations du Temple de Salomon.

   Au départ, les Templiers furent guidés par le patriarche de Jérusalem et les chanoines du Saint Sépulcre, et en 1129 ils devinrent plus autonomes. L'Ordre du Temple devint très vite puissant par les donations de terres et de droits qui se multiplièrent. Des commanderies furent créées dans toute l'Europe chrétienne et financèrent le Temple et ses campagnes militaires. Vers 1140, les princes d'Antioche confièrent aux Templiers la défense de leur frontière septentrionale avec le château de Baghras. Mais Philippe le Bel, inquiet par cette puissance vouée au Pape et non au Roi, ordonna leur arrestation. L'Ordre du Temple fut alors persécuté et disparut. Un procès s'en suivit et les chevaliers prisonniers passèrent à la question puis au bûcher. Enfin, le roi obtint de Clément V la dissolution officielle de l'Ordre de Temple lors du concile de Vienne en 1312.

 

Après la seconde croisade, Louis VII ...

 

   En 1149, après la seconde croisade, le roi Louis VII accompagné de 95 de ses membres rentra en France depuis l'abbaye de Notre‑Dame du Mont‑de‑Sion pour l'abbaye de Saint‑Samson, à Orléans. Selon les Dossiers secrets, 26 membres de l'Ordre furent choisis pour être affectés au petit prieuré du Mont‑de‑Sion, près d'Orléans à Saint‑Jean‑le‑Blanc et 7 furent intégrés parmi les chevaliers du Temple. Ce fut à partir de cet évènement que l'Ordre secret de Sion débuta officiellement en France à Orléans, pour devenir par la suite le Prieuré de Sion.
 

   Contrairement aux périodes antécédentes où aucun écrit n'atteste la présence de l'Ordre de Sion, une bulle papale d'Alexandre III de 1178 retrouvée dans les archives de la ville, confirme l'Ordre de Sion et ses richesses en France, Lombardie, Calabre et Espagne.

 

   En résumé, on peut supposer que le Prieuré de Sion commença son histoire française en 1152.

 

La coupure de l'orme de Gisors

  Les auteurs des deux Rennes relient souvent l'énigme à Gisors... Pourquoi ?

 

   L'une des raisons les plus connues est que le château de Gisors était le chef‑lieu des Templiers. Mais une autre raison plus complexe est celle du fameux épisode de la coupure de l'orme à Gisors relaté par les documents secrets du Prieuré de Sion.


Le château de Gisors (Normandie)

   Vers 1187, la ville sainte de Jérusalem, alors aux mains des Templiers et de Gérard de Ridefort (dernier Grand maître de Sion avant 1188),  fut reprise par les Sarrasins. Cet évènement vécu par les fidèles comme une terrible humiliation obligea les chrétiens présents en terre sainte à rejoindre au plus vite d'autres terres chrétiennes. Orléans fut certainement une destination privilégiée.

 

   Cet épisode inspira Ridley Scott dans son film "Kingdom of heaven" où le héros Balian est à rapprocher de Gérard de Rideford...


Photo extraite du film "Kingdom of Heaven" de Ridley Scott

   Le film : En perdant sa femme et son fils, Balian, un jeune forgeron, perd la foi. Un chevalier vient le trouver. C'est Godefroy d'Ibelin, croisé et baron du roi de Jérusalem qui a pour mission de préserver la paix en Terre sainte. Il révèle à Balian qu'il est son père et lui demande de l'accompagner à Jérusalem. Balian deviendra alors le plus valeureux et le plus héroïque des chevaliers puisqu'il devra protéger la sainte Jérusalem... La bataille se terminera par un accord entre chrétiens et sarrazins : les chrétiens auront la vie sauve à condition de quitter Jérusalem.

 

   Or, en 1188, et selon les Dossiers secrets, un rituel appelé "La coupure de l'orme" marqua la rupture entre les deux ordres, celui de Sion et celui du Temple. Ce schisme dont on ne connaît pas les réelles causes semblerait avoir été provoqué par la perte de Jérusalem.

 

   Le plus intéressant est que ce qui aurait pu rester une légende dans le Dossier Lobineau rejoint l'Histoire. En effet, un fait historique étrange rapporté par les historiens s'est déroulé à Gisors en 1188. À cette date une réunion importante eut lieu à Gisors pour la prédication (préparation) de la 3ème Croisade. Plusieurs personnalités furent présentes pour cette occasion dont : Philippe II Auguste Roi de France, l'Archevêque Guillaume de Tyr, Henri II Plantagenêt Roi d'Angleterre, le Duc de Normandie, le comte de Flandres, et sans aucun doute les Chevaliers du Temple.

 

Que disent les légendes ?

 

La coupure de l'orme de Gisors

 

   Près du château de Gisors se trouvait une prairie appelée "Le champ sacré".  Cette étendue connaissait depuis très longtemps une attention particulière de la part des différents souverains et surtout durant le XIIe siècle, date à laquelle les rois de France et d'Angleterre se réunissaient régulièrement. Ce champ possédait au milieu un très vieil orme âgé d'au moins 800 ans. Cet arbre, dont le tronc nécessitait 9 hommes pour en faire le tour était le seul de la prairie et donc le seul à procurer une belle ombre.
   En 1188, alors qu'une canicule s'était installée, les rois Philippe II Auguste de France et Henry II d'Angleterre se réunirent sous l'orme. Mais au bout de trois jours de négociation sous un soleil de plomb, et pour des raisons inconnues, la réunion se transforma en une bataille sanglante. Les soldats français en surnombre s'élancèrent sur les Anglais qui durent se réfugier dans la citadelle de Gisors. Philippe II, fou de rage coupa alors l'orme et rentra à Paris.

 

Une autre anecdote médiévale rapporte une histoire un peu différente :

Philippe II de France et Henry II d'Angleterre, en désaccord en 1188 sur un sujet resté obscur aujourd'hui, auraient concrétisé leur différent en pariant sur le sort de l'orme. Ainsi, Philippe II aurait fait part à son adversaire son souhait de couper l'orme, et Henry II aurait protégé l'arbre en entourant le tronc de lame de fer (d'où son nom d'ormeteau ferré). Un combat sanglant s'ensuivit le lendemain entre 5 escadrons français et un nombre important de soldats anglais dirigé par Richard Cœur de Lion, fils héritier d'Henry II.  Richard Cœur de Lion bataillant la journée entière ne put empêcher la prise du champ sacré par les français, et le soir venu l'orme fut coupé.

 


Entrevue de Philippe‑Auguste avec Henri II à Gisors le 2ar Gillot Saint‑Evre en 1839 (salles des croisades Versailles)

 

Philippe II Auguste (règne 1180‑1223)

 

   Fils de Louis VII et d’Adèle de Champagne, Philippe II Auguste, roi de France, règne sur quelques terres comprenant l’Île‑de‑France, l’Orléanais et une partie du Berry. Le reste du royaume est partagé en une dizaine de fiefs sur lesquels le roi n’a qu’un droit théorique de suzeraineté. Les provinces de l’Ouest (Normandie) dépendent du roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt.

   Gisors marque la frontière entre les deux souverains.
N'ayant pas d'armée solide, Philippe II Auguste décide de combattre l'Angleterre en exploitant les dissensions entre le tyrannique Henri II et ses quatre fils, dont Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.

   Après s'être assuré l'amitié de Richard Cœur de Lion en désaccord avec son père Henry II,  Philippe II Auguste conquit aux Anglais Issoudun, Gisors et le Maine. Il alla même jusqu'à exiger la destitution d'Henri II roi d'Angleterre en faveur de son fils rebelle, Richard Cœur de Lion.


Philipe II Auguste en croisade

 


Richard Cœur de Lion et Philippe II Auguste
se querellant à Messine

 

 

Richard Cœur de Lion (1157‑1199)

 

   Richard né à Oxford le 8 septembre 1157. Son père Henry II, Roi d'Angleterre, Duc de Normandie, Comte d'Anjou, Duc d'Aquitaine, règne sur un empire qui s'étend des frontières écossaises aux Pyrénées. Sa mère est Aliénor d'Aquitaine, seconde épouse d'Henry II. La succession au trône est assurée par Henry le Jeune, frère aîné de 3 ans, et Richard. Elle aura 2 autres fils, Geoffroy et Jean (sans terre), né en 1167.

   Le centre de l'empire d'Henry II était l'Anjou. De ce fait Richard grandit en France et non en Angleterre en côtoyant les plus fins lettrés. Il écrit les langues d'oc et d'oil (le français et le limousin), et parle le latin. Il s'initie aux disciplines de la chevalerie et à l'art de la guerre.

   À partir de 1173 les trois frères, barons du Poitou et de l'Aquitaine, vont se rebeller contre leur père Henry II qui reste le plus fort.

 

   Mais Richard se démarque. Il va s'opposer à ses frères et devenir allié de son père pour les faire rentrer dans l'ordre Plantagenêt.

  

   C'est dans cette guerre qu'il démontre ses qualités de stratège et de meneur.

   En 1177, il écrase la révolte des Barons et il fait prisonniers 2500 routiers qui mettaient à sac le Limousin et les ramène à Aixe‑sur‑Vienne, près de Limoges.

 

   Là, il fait couper la tête à un tiers d'entre eux, le second tiers est noyé dans la Vienne et on perce les yeux du dernier tiers. Les malheureux sont ensuite dispersés sur les routes pour annoncer la grandeur de la sévère justice de Richard.


Richard Cœur de Lion

 


Henri d'Anjou, duc de Normandie, duc d'Aquitaine,
et Henry II, roi d'Angleterre


Le gisant d'Henry II dans l'abbaye de Fontevraud (Maine‑et‑Loire)

 

 

   La mort de son frère Henri le Jeune puis la mort d'Henri II le 6 juillet 1189 à Chinon va mener naturellement Richard Cœur de Lion sur le trône d'Angleterre le 3 septembre 1189. Henry II est inhumé dans l'abbaye de Fontevrault. Son frère Jean devient "Jean sans terre".

 

   Richard Cœur de Lion participe alors à la 3ème croisade avec Philippe II Auguste et Frédéric Barberousse. L'entente sera mouvementée entre les deux souverains. Richard s'empare de l'île de Chypre en 1191 qu'il revend aux Templiers, puis de Saint‑Jean‑d'Acre le 13 juillet 1191. Philippe Auguste, soi‑disant malade, quitte la Terre Sainte pour la France, et Richard, seul chef de la Croisade, remporte la victoire d'Arsuf sur Saladin le 7 septembre 1191. Il marche ensuite sur Jaffa et échoue en décembre 1191 aux portes de Jérusalem.

   Ceci l'oblige à signer une trêve de 3 ans avec les musulmans. Les chrétiens obtiennent alors le libre accès à la ville Sainte qui restera sous administration arabe, même après une seconde tentative de prise de contrôle de Jérusalem durant l'été 1192.

 

   Néanmoins, son retour devient nécessaire, car les barons d'Aquitaine et du Poitou s'agitent avec la complicité du Roi de France. Jean sans Terre s'attache au pouvoir (c'est dans ce contexte que né la légende de Robin des bois). Lors de son retour en 1192, Richard débarque par erreur en terre ennemie et est fait prisonnier par le duc d'Autriche. C'est après deux ans très durs d'incarcération qu'il est libéré en 1194 grâce à une rançon versée par sa mère Aliénor.

 

   Le 13 mars 1194, Richard est en Angleterre et remet de l'ordre dans son royaume. Il conclut une trêve de 5 ans avec Philippe II Auguste pour conserver la Normandie et l'Aquitaine.
 

   Le 25 mars 1199, Richard part avec son chef de guerre Mercadier et une centaine d'hommes pour le château de Châlus près de Limoge.  Le but est de châtier le vicomte de Limoge qui montre des signes d'infidélité. Le lendemain, Richard et la garnison se réfugient dans le château, craignant pour leur vie, Richard ayant proclamé qu'il n'y aura pas de quartier pour les félons. L'un des chevaliers Pierre Basile, barricadé dans le donjon, armé d'une arbalète et angoissé par l'attente, aperçoit en bas un petit groupe de cavaliers. Pour les faire fuir et sans même viser, il décoche une flèche qui brise un carreau et vient se figer à la base du cou de l'un d'eux. Le cavalier se dresse sur son cheval pour complimenter le tireur, mais il va s'asseoir sur un rocher pour faire examiner sa blessure . Ce cavalier est Richard Coeur de Lion. Le fer ne peut être retiré et l'infection cause sa mort. Mais avant, il pardonne à Pierre Basile à qui il lègue une somme d'argent.

   Ses dernières volontés seront : "Que mon corps soit enterré à Fontevrault, mon cœur dans ma cathédrale de Rouen, quant à mes entrailles qu'elles restent à Châlus".


   Ainsi mourut l'un des rois les plus remarqués du Moyen‑âge, érudit, poète, brave, mais ne sachant pas parler un mot d'anglais. 

 


L'abbaye de Fontevraud et
les gisants Henry II, Aliénor d'Aquitaine, Richard Cœur de Lion
et Isabella d'Angoulême 


Gisant de Richard Cœur de Lion
dans l'abbaye de Fontevraud
(Maine et Loire)

 

La coupure de l'orme, légende ou réalité historique ?

 

   Bien qu'issus de légendes populaires, les deux récits de la coupure de l'orme confirment un fait reconnu et historique qui est celui de l'abattage d'un orme. Il n'existe malheureusement aucune preuve de cet épisode, ni de trace de cette bataille liée à Richard Cœur de Lion. Néanmoins et comme d'habitude, des faits convergents renforcent certaines hypothèses.
L'Histoire nous confirme que :

 

   Gisors fut le quartier général des Templiers durant 30 ans

 

   Les Chevaliers du Temple étaient souvent vus au côté de Richard Cœur de Lion

 

   Philippe II Auguste et Henry II étaient en réel conflit

 

   Une querelle eut bien lieu à Gisors en 1188 et elle donna lieu à l'abattage d'un orme. Cet événement est d'ailleurs représenté dans l'église Saint Gervais ‑ Saint Protais de Gisors.

 

   Il faut aussi souligner que la légende décrivant Richard Cœur de Lion bataillant pour l'orme en 1188 contre Philippe II Auguste est contradictoire avec la date de libération de Richard en 1194.

 

   En 1188, alors que le pape en place était Clément III, allié spirituel des français et porteur de la pensée de Pierre, les Anglais opposèrent aux Français la pensée de Jean et le mysticisme de leurs évêques. Gérard de Ridefort, alors Grand Maître de Sion, se rangea au côté d'Henry II. C'est dans ce contexte que d'après les Dossiers secrets, 1188 marquerait la date du schisme entre l'Ordre de Sion créé par Godefroi de Bouillon et l'Ordre des Templiers.

 

   Il reste aujourd'hui de cette anecdote historique une adresse à Gisors : "Avenue de l'ormeteau ferré"

 


L'orme représenté sur une miséricorde
dans l'église Saint‑Gervais‑Saint‑Protais à Paris 4ème

 

L'orme, un arbre hautement symbolique

 

   L'orme est un arbre aujourd'hui mal connu et pourtant il fut vénéré pendant des siècles.

   L'orme est un arbre majestueux à l'écorce brun foncé, marqué sur le tronc par de grandes fentes dans le sens de la longueur et aux feuilles d'un vert pâle finement dentelées. Sa graine "samare" est munie d'une large aile qui lui permet de s'envoler avec le vent. L'arbre pousse presque partout en Europe et il peut atteindre 40 m de haut et vivre plusieurs siècles.

   Le bois de l'orme était utilisé pour faire des roues, des wagons, des machines agricoles et des bateaux, car il supporte très bien l'humidité. Le tronc de l'orme est très recherché par les ébénistes pour son placage et la fabrication de meubles.


L'orme. Celui de Gisors a bien sûr disparu

 

   Contrairement à ce que l'on pense, l'orme fut au cours de l'histoire beaucoup plus vénéré que le chêne et on lui attribuait de nombreux pouvoirs magiques.

 

   Selon la légende populaire, Saint‑Louis rendait la justice sous un chêne, dans son domaine de Vincennes à Paris. Mais il faut savoir qu'au Moyen‑âge, il était coutume de planter un orme devant le château féodal. Les seigneurs rendaient ainsi la justice sous son ombrage. L'orme était d'ailleurs appelé "L'arbre de justice".

 

   On trouvait aussi un orme sur chaque place de village ou presque, et on croyait cet arbre capable de guérir bien des maladies comme la lèpre,  la calvitie, les dartres, l'eczéma, les dermatoses, et les plaies. Les sorciers druidiques utilisaient l'écorce pour préparer des remèdes puissants contre les rhumatismes et les sciatiques. Les feuilles appliquées sur les plaies étaient utilisées pour stopper les hémorragies.

 

   Dans la tradition celtique, l'orme est de polarité féminine (la première femme naquit de l'orme, l’homme naquit d’un frêne). Il représente aussi un aspect de la Déesse Mère relié à la Terre. On lui attribuait la Rune Gyfu et il symbolisait le don, les échanges et la marque sacrée.

 

   L'origine du mot « orme» vient du latin « ulmus», et de nombreux noms de famille selon les régions françaises y trouvent des racines comme "Delorme", "Delhorme", "Delhomme", "Hormoy", ou "Dormoy".  Dans le Languedoc méridional, cela donne des noms de famille tels que Oms, Homs, Homps, ou Homs. (Boudet aurait‑il voulut faire un jeu de mots avec le Cap de l'hom dans son livre "La Vraie Langue Celtique" ?)