LE SERPENT ROUGE
est un petit dossier comprenant des
sujets apparemment dissociés comme une généalogie des rois mérovingiens, deux
cartes de la France à cette époque, un plan de
l'église Saint‑Sulpice
de Paris avec les saints des chapelles, et surtout un
opuscule composé de 13 strophes dans un style rappelant Rimbaud ou
Cocteau.
Ce dossier fut déposé
à la BNF (Bibliothèque Nationale de France)
le
15 février 1967 et non le
17 janvier comme certains auteurs le laissent
trop souvent entendre. Il fut enregistré le
20 mars
sous la cote 4° LK7 50490
et sous une forme microfilmée
(microfiche M‑9197).
Bien que le dossier en
lui‑même fournisse de nombreux renseignements, la partie la plus importante
est certainement l'opuscule ésotérique qu'il faut
replacer dans son contexte pour espérer l'interpréter et le décoder. Ce
texte a pour titre "Le Serpent Rouge"
et donna naturellement le nom au dossier Plantard.
Longtemps recherché
dans son intégralité, "Le Serpent Rouge" est aujourd'hui
disponible à la BNF et chacun peut mener librement ses
investigations. Mais il faut reconnaître qu'une certaine
compréhension de l'affaire est indispensable pour espérer
naviguer dans le puzzle castel rennais.

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Au
préalable, il est très important de comprendre que ce
dossier est composé de deux parties distinctes : l'une est
un opuscule ésotérique en 13 strophes, et l'autre est un dossier
en apparence hétérogène.
Cette précision est fondamentale, car elle dissocie un
document fondateur, l'opuscule, du reste qui est
un ensemble de documents que
Pierre Plantard
considérait comme important pour ses
recherches.
Car, comme
nous le verrons plus loin, même si des auteurs sont nommés dans
le Serpent Rouge, nous savons aujourd'hui que le dossier émane en partie de
Plantard. Certains indices ne trompent pas comme
la
volonté de rapprocher à tout prix l'affaire à une descendance
mérovingienne.
Ces deux parties sont
aussi très différentes,
tant par leur contenu que par leur style. Le dossier se
présente comme une suite d'articles et d'extraits de revues
historiques, alors que l'opuscule est un texte extrêmement
subtil et d'une intelligence certaine. Si l'implication de Plantard dans
ce dossier est aujourd'hui reconnue, l'opuscule pose
une énigme toute différente. On estime sa
date de conception autour de
1915.
Voici le dossier
tel qu'il fut déposé à la BNF.
Le document a
été élaboré sur une machine à écrire et se compose de 13 feuillets
sans suite logique
apparente. Et pourtant...
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Quelques explications de texte...

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Les auteurs suicidés, un
premier mystère...
Le dossier prétend
avoir été coécrit par trois auteurs : Pierre Feugère,
Louis Saint‑Maxent
et
Gaston de Koker.
Mais lorsque l'on s'intéresse à ces trois personnages, un
point commun étonnant se dégage :
suicide par pendaison.
En effet, ils décédèrent
tous de la même manière respectivement le
6 mars 1967
à 7h 00 et 9h 00 pour Saint‑Maxent et de Koker et le
7 mars 1967
à 6h 20 pour Feugère.
Et comme s'il fallait ajouter de l'étrange au mystère, ces trois auteurs se
donnèrent la mort dans trois
endroits différents d'un même département.
Il est clair
que ce fait, une fois découvert, jeta un vent glacé sur toute
l'affaire. Rennes‑le‑Château et son or maudit méritaient bien
sa renommée. Le temps va malgré tout donner peu à peu un nouvel
éclairage à ce dossier brûlant.
Et si ces pauvres suicidés n'étaient qu'une imposture montée
de toute pièce pour attirer l'attention ?
Ceci devait se confirmer au fil du temps. Très
probablement, l'objectif premier était de préserver
l'anonymat concernant le dépôt du dossier ; le tout afin de mieux accentuer
le mystère et attirer
l'attention. Ce plan fonctionna à merveille, car non
seulement il occupa les chercheurs durant de très longues années,
mais Plantard en tira tous les bénéfices une fois ces pièces
déposées en lieu sûr ; une façon pour lui d'officialiser
des indices fondateurs.
Remarquons que "Le Serpent Rouge" fut enregistré avant le décès des
trois malheureux pendus. Or nous savons tous qu'il est très facile,
avec un peu de conviction et d'astuce, de faire accepter un
dépôt antidaté... Le dossier fut donc certainement
élaboré après les suicides. |

Dépêche sur l'affaire des pendaisons |
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Qui est donc le vrai auteur de ce
dossier intriguant ?
C'est sans aucun doute le chercheur Franck Marie qui permit
de confondre le premier le véritable auteur. Après une étude critique parue en
1978, le dossier aurait été tapé sur la même machine à
écrire que certains documents émanant de
Pierre Plantard,
ancien Grand Maître du Prieuré de Sion moderne (une
association sous la loi 1901 créée en 1956).Cette constatation paraît
évidente de nos jours, mais il faut savoir que ce sujet fut
longtemps débattu à son époque.
Plantard est‑il également l'auteur de
l'opuscule ?
C'est ce qu'il
voulut certainement faire croire. En fait, et d'après les recherches
actuelles, ce texte nous prouve régulièrement sa pertinence et
son intelligence remarquable. Écrit sans doute vers
1915, Plantard se serait contenté de
le glisser dans son dossier pour le mettre en scène.
Pierre Plantard cherchait également à le
décrypter, et sur ce point il est incontestable qu'il avait avec son ami complice
Philippe de Cherisey,
des années‑lumière d'avance par rapport aux chercheurs de son
époque. La raison tient en deux atouts : une formidable
intuition et un ensemble de documents très particulier qu'il réussit à
récupérer de
Noël Corbu. |

Pierre Plantard et Philippe de Cherisey en
pleine randonnée |
Un blason
énigmatique
Ce blason qui est situé en première
page du dossier est une allusion subtile à
Marie‑Madeleine. En effet
on peut y lire une devise latine :
LENE BUXEUM ‑ EOUS SCAPHAE
et qui peut se traduire par :
Encore de buis ‑ Barque
d'Orient
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La Barque d'Orient est
bien sûr une parabole désignant l'embarcation qui selon la
légende emmena Marie‑Madeleine loin de Jérusalem. Elle aurait
fait son voyage sans rame ni voile en compagnie des autres
Maries et aurait débarqué sur la côte sud de la Gaule, entre
Marseille, Saintes‑Maries‑de‑la‑Mer, et l'île Maguelone.
Le thème de Marie‑Madeleine
est repris avec insistance dans
l'opuscule... |
Le sceau Rosa Crux
Un autre dessin en forme
de sceau illustre la première page. On y découvre une référence
aux Rose‑Croix :
"ROSA CRUX" et deux dates :
1099 ‑ 1188
La référence est claire
puisqu'il s'agit des deux années mythiques liées à l'histoire du
Prieuré de Sion
moyenâgeux
Et pour ceux qui n'auraient pas
compris, un P et un
S se cachent dans la périphérie
du sceau. |
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1099 :
Prise de Jérusalem et création de
l'Ordre de Sion
1188 :
Date du rituel appelé "La coupure de l'orme
de Gisors"
et qui marque la rupture entre les deux Ordres, celui de
SION
et celui du
Temple. Ce schisme, dont on ne connaît pas les
réelles causes, semblerait avoir été provoqué par la perte
de Jérusalem.
Enfin un sigle central formé
par un M horizontal et un
S entrelacé rappelle
celui visible dans
l'église de Rennes‑le‑Château
pour Sainte Magdalena (Marie‑Madeleine). On
peut d'ailleurs observer sur une voûte de l'église, l'emblème
entouré des deux attributs de Marie‑Madeleine : le baume
guérisseur et la croix. |

Le sigle du sceau est retrouvé sous la
voûte de l'église Marie‑Madeleine
SM pour Sainte Magdalena |
L'abbé Théophile Moreux
La seconde page commence par
une maxime d'alchimiste. Elle émane surtout d'un prêtre
astronome méconnu :
"...Après un long sommeil, les mêmes hypothèses
ressuscitent, sans doute nous reviennent‑elles avec
des vêtements neufs et plus riches, mais le fond
reste le même et le masque nouveau dont elles
s'affublent ne saurait tromper l'homme de
science..."
Abbé Th.
Moreux
Directeur de l'Observatoire de Bourges, page 10, du
livre
"L'Alchimie moderne" |
Nous voici maintenant en
pleine relation avec le
méridien de Paris. Bourges, ancienne capitale de la
France, est connue pour être traversée par le
méridien 0 qui passe par l'ancien Observatoire de Paris
et par la pyramide du Louvre. |
Mais qui est l'abbé
Théophile Moreux ?
Théophile Moreux naquit le 20 novembre
1867 à
Argent‑sur‑Sauldre dans le Cher. Son père était instituteur à
La Chapelle Saint‑Ursin ce qui lui donna sans doute le goût des
études.
Il commença très vite ses études à
Bourges, puis au
petit séminaire. Passionné de science
et de littérature, il devint après cinq années passées au grand séminaire,
professeur de mathématiques en
1889.
Hasard de la vie, il
fut ordonné prêtre le 29 juin 1891, l'année phare pour
Bérenger Saunière. Mais son talent dans les sciences va
l'emmener plus loin... Vers l'astronomie... |

L'abbé Théophile Moreux |
En
1892,
il devint secrétaire du cardinal Boyer et adhéra à la société
astronomique de France. Il publiera ensuite de nombreuses études,
et surtout il entretiendra avec
Camille Flammarion des
relations privilégiées. |

L'abbé Moreux en pleine observation |
C'est en
1899
qu'il créa son observatoire d'astronomie au petit séminaire de
Bourges. Ses études sur les astres vont alors se succéder :
observations d'une éclipse totale de Soleil, analyse sur la
météorologie et la géophysique... Sa passion l'amènera à publier
des articles aussi bien vers le monde scientifique que vers le
grand public.
Moins
vigilant que Saunière, la
loi de séparation de l'Église et
de l'État en 1905 lui supprima son observatoire et ses
instruments. Cet épisode ne l'arrêtera pas là puisqu'en
1907,
il acheta un petit terrain "rue Ranchot" à Bourges, pour y
construire une maison avec sa coupole. |
Il aimait alors
faire de grandes siestes la journée pour se consacrer pleinement à
l'observation la nuit et rédiger ses articles. Malheureusement, en
1943
ses convictions opportunistes le conduiront dans la tourmente.
Arrêté par la Gestapo, il fut interné dans des conditions très
difficiles à Fresnes, à Orléans, puis à Bourges.
Ses livres le sauveront puisqu'un officier allemand, certainement
amateur d'astronomie, le libérera après quelques lectures.
Aujourd'hui parfaitement méconnu,
l'abbé Moreux
était un humaniste passionné et ses vulgarisations
permirent à de nombreux amateurs astronomes de maîtriser les
bases scientifiques après 1945. Il mourut le
13 juillet 1954
juste après une éclipse de Soleil. Il avait
87 ans.
Le nom de l'Abbé
Th. Moreux a été donné à un cratère martien situé à la longitude
315,5 ouest et à la latitude 42,2 nord
L'abbé Moreux
était un personnage très contrasté. Il était aussi bien un grand
scientifique qu'un romancier à fiction. |
Les ouvrages qu'il
écrivit comme "Le miroir sombre" ou "La science
mystérieuse des pharaons" en
témoignent. Il aimait les mystères et tout ce qui touche aux
énigmes de son siècle. Il est aussi l'auteur des quatre célèbres
questions :
D'où venons‑nous ?
Qui sommes‑nous ?
Où sommes‑nous ?
Où allons‑nous ?
Tout de même
étrange qu'un abbé
animé par la foi se pose de telles questions. Sur ce point, il rejoint tout à fait
Camille
Flammarion également attiré par l'irrationnel. Surtout, pourquoi Plantard voulut‑il attirer notre attention sur
cet ecclésiastique hors norme ? Existe‑t‑il un lien avec
l'affaire de Rennes‑le‑Château ? |

L'ouvrage d'où est
extraite la citation du
Serpent Rouge |
L'opuscule
Le
Serpent Rouge
Ces pages
concernent le texte en 13 strophes
intercalées de 13 signes zodiacaux. Ces signes
sont‑ils un ajout né de l'intuition de
Plantard, ou font‑ils partie du texte original ? Difficile à
dire. Certains indices montrent en tout cas que la constellation
zodiacale a une importance dans l'affaire des deux Rennes...
Pour
découvrir l'opuscule
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