Noël Corbu
Il naquit le
27 avril
1912
à Paris
et
disparu en 1968
Industriel et homme d'affaires,
il fut le premier
propriétaire par legs universel du
Domaine de
Bérenger Saunière
après la mort de
Marie Dénarnaud.
C'est certainement grâce à un concours
de
circonstances et à ses initiatives
qu'il fit remonter à la
surface
le mystère de
l'abbé Saunière
ainsi qu'un secret qui aurait dû disparaître
avec
Marie
Dénarnaud...
Pierre Plantard,
Philippe de Cherisey et
Gérard de Sède récupéreront son héritage.
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Noël Corbu
en 1955
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Après
la
mort de Bérenger Saunière
en 1917,
Marie Dénarnaud
vécut très seule. Héritière de
Saunière par un legs au dernier vivant, elle vécut
dans le Domaine, pauvre, mais autonome. Les jardins
potagers ainsi que son élevage de lapins et de volailles lui
permettaient de vivre décemment. Ce choix de vie sans le faste
qu'elle connut du temps des grandes réceptions fut pris le
jour où elle s'engagea dans le silence avec son curé.
N'ayant ni revenu
ni
liquidité, Marie Dénarnaud vendait et troquait
régulièrement des objets d'art, des toiles, de l'argenterie,
ou des meubles qui provenaient du patrimoine accumulé par
eux durant les années heureuses et insouciantes. L'idée de
vendre le Domaine lui traversa l'esprit de nombreuses
fois, mais trop de souvenirs étaient ancrés dans ce petit
écrin de Rennes‑le‑Château. Et puis, où aller
ensuite ?
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1942 ‑ L'arrivée de Noël Corbu |
Un concours de circonstances
Ce fut en
1942 que
Rennes‑le‑Château tourna une nouvelle page de
son histoire. À cette époque,
la guerre traversait le pays et l'occupation faisait rage.
Le Languedoc ne fut pas épargné et les grandes villes
étaient sous la pression allemande. À ce titre, il faut
rappeler que Jean Moulin,
le célèbre héros de la Résistance,
naquit à Béziers. Il faut croire que cette ville
martyrisée au Moyen‑âge par la croisade des Albigeois prit
une revanche sur l'Histoire.
Ce fut donc en
1942 qu'un industriel vivant à
Perpignan
décida de fuir l'occupation naissante. Il se réfugia alors à
Bugarach,
un petit village situé au nord‑est de
Rennes‑le‑Château et au pied du
Bugarach. Il s'installa avec sa femme Henriette et ses
deux enfants, Claire 3 ans et son frère.
C'est en discutant
avec les villageois que Noël Corbu
entendit parler d'un domaine qui pourrait être à
vendre et d'un mystérieux héritage dont l'héritière serait
la bonne du curé.
Sa curiosité aidant, il
décida d'aller visiter Rennes‑le‑Château, le village le plus isolé de toute la région.
Or sa surprise fut immense quand il
découvrit les charmes insoupçonnés de ce nid d'aigle. Il faut dire
que Bérenger Saunière avait déjà bien œuvré pour rendre la
vie plus douce aux habitants.
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À cette
époque Marie Dénarnaud,
âgée de 74 ans
était une femme méfiante. Habituée à des visites souvent
intéressées, et agacées par les rancœurs et les jalousies
d'autrefois, elle était en permanence sur ses gardes.
Pourtant, Noël Corbu sut l'aborder. Son activité
industrielle dans le sucre perdait de l'argent et il était
temps de se reconvertir. Les idées se bousculaient dans sa
tête. Patiemment, Noël Corbu provoquait les
contacts avec Marie Dénarnaud. Les dimanches étaient
l'occasion de monter à Rennes‑le‑Château et de pique‑niquer
sur le
belvédère
à la vue imprenable. Surtout, ce sont les
enfants Corbu qui contribuèrent à favoriser le contact avec
la vieille dame.
Affaiblie et courbée, Marie Dénarnaud était toujours vêtue de noir et d'un tablier.
Elle
habitait au presbytère.
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Marie Dénarnaud
âgée
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1946 ‑ Le viager
Lentement, une
amitié complice naquit entre la famille Corbu et Marie Dénarnaud,
et Noël Corbu comprit très vite que
la vieille dame tenait à
rester dans son Domaine. Finalement, elle institua
comme légataires universelles
Mr et
Mme Corbu le
22 juillet 1946. Marie Dénarnaud
avait alors 78 ans.
Dès lors, la famille Corbu s'installa
dans la Villa Béthania et Marie
Dénarnaud put continuer à habiter le presbytère.
Régulièrement, Marie Dénarnaud
aimait rencontrer Noël Corbu pour discuter,
et lorsque ce dernier abordait son passé et la mystérieuse
fortune de l'abbé Saunière, elle déclarait :
"Ne
vous faites plus de soucis pour vos ennuis d'argent, mon
cher Monsieur Noël. Vous avez été bon avec moi et avant
de mourir je vous révélerais un secret qui fera de vous
quelqu'un de riche."
Elle aimait aussi répéter :
"Les gens d'ici
marchent sur de l'or sans le savoir..."
Noël Corbu partit
au Maroc pour implanter une raffinerie de sucre,
mais sans succès. Il revint à Rennes‑le‑Château en
1950.
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24 janvier 1953 ‑ Le secret perdu à
jamais ?
À la fin de sa vie,
Marie Dénarnaud finit par accepter d'habiter
la
Villa Béthanie devenant
ainsi la grand‑mère adoptive de la famille.
Malheureusement, sa santé
déclina très vite et le 24 janvier 1953, soit
36 ans
après la disparition de Saunière, elle tomba paralysée et
muette, victime d'une attaque cérébrale. Noël Corbu
l'assista jusqu'à ses derniers instants, espérant sans doute
une confidence, mais Marie disparut le
29 janvier 1953
dans le silence. Elle fut enterrée à côté de son curé dans
le petit cimetière de l'église, et comme ils l'avaient
souhaité il y a fort longtemps.
Marie Dénarnaud ne
révéla donc jamais le secret de Saunière, et le mystère
aurait pu tomber dans l'oubli si
Noël Corbu
n'était pas persuadé qu'il y avait un trésor à
découvrir.
Or, le nouveau propriétaire
avait encore un espoir de connaître la vérité. Héritier du
Domaine, il devint aussi héritier de tous les documents
laissés par ses prédécesseurs. Il fit donc rapidement
l'inventaire des papiers de Saunière. C'est ainsi qu'il
découvrit un livre de compte, un carnet, des factures, du
courrier et un dossier sur le procès. Toutes ces pièces
archivées, perdues, puis retrouvées petit à petit, mettront
des années à tomber dans les mains des chercheurs.
Néanmoins, Noël
Corbu fut vite déçu... Il s'attendait aussi à trouver une
carte au trésor... La naïveté n'a décidément pas d'âge ...
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Noël Corbu
montrant le
bas‑relief
Marie‑Madeleine
sous l'autel dans l'église de Saunière.
La plaquette de bois
visible au‑dessous et portant une inscription en latin fut volée
quelques années plus tard. |
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1955 ‑ Ouverture d'un Hôtel‑restaurant
Après le rêve, la
réalité. Le Domaine est grand et des travaux de restauration
devenaient urgents. Il fallait donc des financements et
faire vivre la famille. Noël Corbu monta très vite le
projet d'ouvrir un
Hôtel‑restaurant. Sa femme Henriette était une bonne
cuisinière et ses enfants pouvaient maintenant aider. La
famille alla s'installer dans le presbytère grâce à un
nouveau bail avec la commune et la
Villa Béthanie
redevint libre
pour accueillir les clients.
La Villa nécessita tout
de même quelques aménagements pour la transformer en hôtel
et deux chambres par étage purent être préparées, soit
huit au total.
Le restaurant fut construit sous
le belvédère, une partie étant l'ancienne citerne et l'autre
une remise dans laquelle Saunière avait l'habitude de ranger
ses outils de jardins et ses nouveaux plants. Cette salle
ainsi
constituée toute en longueur était
accessible par la
Tour de l'Orangeraie
en
descendant l'escalier. La cuisine fut aménagée dans une
nouvelle construction bâtie par
Noël Corbu contre la
Tour de verre. Enfin pour amener de la lumière, le mur
extérieur du belvédère
fut percé pour
installer des fenêtres.
L'Hôtel de la Tour était donc
créé et ouvrit dans le mois de
Pâques 1955.
Le bâtiment qui servait de cuisine n'existe
plus aujourd'hui. Il a été démoli fin
2003 pour installer la nouvelle sépulture de
Bérenger Saunière. Durant l'été 2004, la municipalité
décida de créer un chemin en contre bas du belvédère. La
surprise fut de découvrir une montagne de détritus vieille
de 50 ans
et qui s'était constituée par le rejet des ordures des
cuisines sur le flan nord. Il est vrai qu'à cette époque les
mots "écologie" et "propreté de l'environnement"
n'existaient pas encore...
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Le belvédère qui servit de restaurant
du temps de Noël Corbu
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Des débuts difficiles
Ce projet était audacieux et
Noël Corbu le savait, malheureusement pas autant qu'il
l'avait imaginé. Les clients se faisaient très rares et pour
cause : Rennes‑le‑Château est un village isolé
et loin de tout.
La route d'accès n'était encore qu'un chemin de terre
et les touristes préféraient le folklore médiéval de
Carcassonne et ses remparts. Qui voulait monter dans un nid
d'aigle ? Et pour y faire quoi ?
Car
Noël Corbu avait tout
prévu, sauf un aspect incontournable du monde économique : la publicité pour se faire connaître et
créer l'envie. Il fallait donc susciter le désir et le rêve chez
les touristes.
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1956 ‑ Résurgence du mystère |
Janvier 1956 ‑ Une idée de génie
C'est ici que tout bascule.
Alors que Bérenger Saunière et Marie Dénarnaud firent tout
pour préserver un secret et l'enterrer avec eux, Noël
Corbu sans le savoir va ranimer un mystère qui le
dépassera très vite et dont nous ressentons encore
aujourd'hui les répliques. L'idée est simple et géniale à la
fois : puisqu'une histoire fabuleuse de trésor existe ici, il
suffit de la raconter, mais de bouche à oreille pour
amplifier le phénomène de rumeur. Les journaux se chargeront
du démarrage.
Noël Corbu
rassembla alors les quelques informations qu'il
possédait et écrivit le récit du curé aux milliards. Cette
fabuleuse histoire fit alors trois articles, trois jours de suite,
dans un journal régional, "La dépêche" de
janvier 1956.
Le journaliste, auteur de ces articles,
Albert Salomon,
fut lui‑même charmé par cette histoire et ne manqua pas de
rencontrer Noël Corbu à Rennes‑le‑Château.
Quelques mois plus tard, la chronique
était reprise par un journal national. Il est amusant de
noter qu'une confusion naquit à cette époque à propos de la
photo de soit‑disant
Bérenger Saunière qui est en fait celle de son frère
alfred.
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Les trois articles parus
dans le journal "La dépêche" en
janvier 1956
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Les affaires reprennent...
Ces trois articles suffirent pour
mettre le feu aux poudres. L'Hôtel de la Tour afficha
rapidement complet et Noël Corbu, victime de son succès,
finit par enregistrer son histoire sur un petit magnétophone
qu'il avait l'habitude de déposer à table au milieu des
clients.
Dans son récit,
Noël Corbu
précise même la composition du trésor :
4000 milliards de francs or de l'époque
(soit 50 milliards de francs en 1955) et son origine
viendrait de "Blanche
de Castille"
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Cliquez ici pour lire son récit
enregistré
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Le doute persiste sur la source réelle de ces
informations. Le document "La Puissance et la Mort" fournit en effet des
détails que Corbu ne pouvait inventer seul... |
À partir de ce lancement inespéré, l'Hôtel
de la Tour se fit connaître et quelques célébrités de
l'époque vinrent par curiosité.
Pourtant, cette activité ne fit pas de
Noël Corbu un homme riche. Les clients étaient
essentiellement des touristes et la moitié de l'année le
climat est rude au pied des Pyrénées.
C'est aussi à ce moment qu'un homme
venait régulièrement manger à l'Hôtel de la Tour. Ce
client s'appelait Gérard de Sède
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Noël Corbu (à gauche) avec Albert
Salomon
journaliste de "La dépêche"
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1965 ‑
Le Domaine de nouveau vendu
1965
devint la pleine
période des chercheurs de trésor et Rennes‑le‑Château se
transformait peu à peu en un vaste champ de mines. Dans tout
le village, des murs de soutènement sont percés, la terre
est soulevée comme par d'immenses taupes, des trous
apparaissent, des rochers sont déplacés. Et si la pelle et
la pioche de suffisent pas, de la dynamite destinée à
l'arrachage des vignes est utilisée. C'est une époque
insouciante et folle ou chacun creuse selon son intuition,
sans précaution, le tout
avec la complicité du maire de l'époque Étienne Delmas.
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Il fallait que cette
situation redevienne contrôlable. Les habitants fatigués
et excédés par cette maladie dévastatrice obligèrent le maire à
prendre une décision.
Le 28 juillet 1965, un arrêté fut
voté par la commune : Rennes‑le‑Château deviendra le seul
village de France où la fouille sera interdite. |
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C'est aussi à cette
époque que Noël Corbu, peut‑être lassé par son
affaire, mais aussi parce qu'il avait d'autres projets,
décida de revendre son Domaine, 10 ans déjà...
Il finit par rencontrer un
autre chercheur
de trésor, également passionné par Rennes‑le‑Château :
Henri Buthion.
L'attrait de l'or et du mystère est un
merveilleux argument de vente. Le Domaine changea donc très
rapidement de main, et Henri Buthion
devint propriétaire du Domaine en
1965.
Il le restera jusqu'en 1993...
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Henri Buthion
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Que devint Noël Corbu ?
Grâce à la vente du
Domaine, Noël Corbu
acheta le château de
Saint Félix du Lauraguais.
Malheureusement, dans la nuit du
20 mai 1968, il se tua sur la route, au
carrefour de
Prouilhe,
tout près du monastère de
Prouilhe, là où Mgr Billiard
se retira en 1898.
Rennes‑le‑Château
venait de perdre brutalement celui qui empêcha
l'histoire de Bérenger Saunière de sombrer dans l'oubli,
peut‑être pour quelques siècles encore. Heureusement pour
nous, un certain
Gérard de Sède
prendra le relais ...
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Noël Corbu
était aussi écrivain. Il publia de façon confidentielle en
1943
son unique livre "Le Mort Cambrioleur" qui est un excellent
thriller policier.
Claire Corbu, la fille de
Noël Corbu, se maria à
Antoine Captier, petit fils du carillonneur
Antoine Captier qui découvrit la fiole dans
l'église Marie‑Madeleine.
Pierre Corbu, le frère de
Noël
Corbu, fut pilote d'essai sur le Farman F‑180 dit "L'oiseau
bleu". Il périt avec Lacoste lors d'une tentative de traversée
de l'Atlantique. |
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