Née le 12 août 1868 à
Espéraza de Guillaume (21/04/1840 ‑ 28/01/1930)
et Alexandrine Marre (1844 ‑ 19/06/1928), elle fut la
servante, la confidente et la complice de
Bérenger Saunière
durant sa vie à Rennes‑le‑Château.
Son étroite collaboration et sa
fidélité furent sans faille jusqu'à sa mort. Mais un fait est indéniable.
Marie Dénarnaud connaissait tout ou une partie du secret de
Saunière.
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(1868‑1953)
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La
naissance d'une complicité |
Sœur de lait de Julie Fons,
Marie Dénarnaud
eut
trois frères : Barthélemy (1872 ‑
23/12/1944), Antoine Dieudonné (12/12/1878 ‑ 24/12/1878) et
Jean (12/10/1881 ‑ 13/10/1881)
Elle exerça d'abord le métier de
Chapelière à Espéraza, puis devint la servante fidèle
de l'abbé Saunière en
1891, alors qu'elle n'avait pas encore 20
ans.
Marie fut très vite quelqu'un qui compta énormément pour
Bérenger et cette rapide complicité naîtra dès
les premières découvertes dans l'église de
Rennes‑Le‑Château.
Mais cette complicité se nourrira du
meilleur et du pire. À la suite des découvertes
faites dans
l'église, Marie Dénarnaud et
Bérenger Saunière
furent discrètement observés
en
1892
par un villageois en pleine
nuit. Marie Dénarnaud, une lampe à la main et Saunière
avec une pioche s'agitaient dans le petit cimetière de
l'église. Les cercueils étaient déplacés, ouverts, et les os
entassés près de l'ossuaire. La scène remplit d'effroi le
témoin. Ce manège n'était d'ailleurs pas le premier.
D'autres nuits aussi sordides eurent lieu, notamment
autour de la tombe
de la marquise de Hautpoul. C'est aussi avec Marie Dénarnaud qu'il fouilla l'église
durant de longues soirées et de longues nuits... Ces événements
allèrent même jusqu'à provoquer de vives réactions de la
part du Conseil municipal et une plainte sera déposée.
Comment un
homme d'Église pouvait‑il agir de la sorte et en pleine
nuit ?
Et surtout, que cherchait‑il ?
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La manufacture de chapeau d'Espéraza
où travailla Marie Dénarnaud
Le garnissage ‑ Cliché de J. Gorgues, éditeur
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Pour beaucoup, Marie fut plus qu'une
simple servante pour
Saunière.
Cette affirmation ne fut jamais confirmée, mais les
villageois de l'époque traitaient le sujet avec le sourire.
Plus tard, Saunière eut le projet de
construire dans le jardin du
calvaire une grotte, en réalité trois.
La première est la plus connue, de forme ronde et classique,
comportant un banc et une inscription étrange. La seconde
était située à la pointe du jardin du calvaire, et la
troisième forme une arche au‑dessus du grand portillon.
Saunière partait tous les matins
accompagné de Marie Dénarnaud, une hotte sur les
épaules, pour aller chercher des pierres naturelles. Sa destination
était semble‑t‑il le ruisseau des Couleurs près d'une
grotte appelée "La grotte du fournet"
et qui est
maintenant appelée "La grotte Marie‑Madeleine".
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Grottes et rocailles dans
le jardin du calvaire
(carte postale de Saunière)
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1893 ‑ L'année du changement
À cette date, les traces de recherches
dans l'église furent effacées et le cimetière fut remis en
ordre.
Saunière installa la famille de
Marie Dénarnaud dans son presbytère. En effet, le prêtre disposait d'une petite pièce au
premier étage qui lui servait de chambre. La famille
Dénarnaud était donc installée au même étage que l'abbé.
Marie disposait d'une chambre au second
étage.
Quant à son père et
à son frère, ils
travaillaient à l’usine d'Espéraza comme ouvriers
chapeliers. Les travaux de restauration de
l'église durèrent jusqu'en
1897.
1899 ‑ Les constructions démarrent
C'est au nom de Marie Dénarnaud que
Bérenger Saunière
acheta 6 terrains dont il fit l'acquisition. Non
seulement les terrains lui appartenaient, mais
Bérenger Saunière fit d'elle la seule et unique
légataire universelle.
Le domaine fut pratiquement terminé en
1906.
1906 ‑ Les années fastes
Les dépenses ne s'arrêtèrent pas là, car
après la fin des travaux, il fallut emménager. Toute la
décoration, les papiers peints, les peintures, les tapisseries,
les objets
d'art, l'argenterie et le mobilier furent achetés par Saunière et
revendus à Marie Dénarnaud pour une somme symbolique.
La stratégie de Saunière était claire : ne rien
posséder à son
nom propre, et par contre garder la jouissance des biens. Un
testament mutuel fut même rédigé pour garantir à chacun la
conservation des biens au dernier vivant.
Marie Dénarnaud vit aussi défiler
des personnes importantes
telles que
Mr Guillaume
à l'apparence aristocratique, et qui s'avérera être Jean de
Habsbourg. Il y avait aussi le secrétaire d'État aux Beaux‑arts,
Henri Charles Etienne Dujardin Beaumetz, un franc maçon
affilié à la loge "La Clémente Amitié".
Une vie mondaine s'installa très vite
dans le Domaine, et
Marie Dénarnaud
régalait ses convives avec de bons petits plats servis
dans la Villa Béthanie. Sa
garde‑robe était également bien fournie puisque
Saunière faisait venir de Paris les plus belles parures de
l'époque, ce qui devait, on l'imagine, rendre jalouses
toutes les femmes du village...
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Bérenger Saunière et Marie Dénarnaud dans le
jardin
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Néanmoins ces années insouciantes marquèrent
le début du déclin qui commença en 1901 avec
la disparition de Mgr Billard.
Une longue période de discorde avec l'Église
suivie d'un procès finit par avoir raison du dernier Seigneur de
Rennes en 1917.
Si Marie Dénarnaud était jalousée et sans doute haïe
pour sa condition privilégiée, elle fut ensuite respectée
par beaucoup de personnes suite à la fidélité qu'elle
témoigna envers son défunt prêtre, même durant les épreuves...
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L'après Bérenger
Saunière |
La lecture du testament du curé se déroula sans
histoire, car à la stupéfaction de chacun, il déclarait être
sans un sou. En fait, il avait transféré toutes ses richesses et
ses biens immobiliers à Marie Dénarnaud longtemps auparavant. |
1918 ‑ Marie Dénarnaud s'isole...
Après la mort de l'abbé en
1917, Marie Dénarnaud
vécut de plus en plus isolée et sa précédente vie fastueuse
n'arrangea certainement rien, car la jalousie des autres
femmes du village était particulièrement vive.
Saunière avait aménagé son Domaine et les alentours en une
véritable petite ferme. La présence d'un potager, de pieds
de vigne,
de fruitiers, de céréales, de volailles, lapins et canards,
permettait de vivre de façon autonome. Ainsi Marie Dénarnaud put
largement en profiter par
la suite. Heureusement, car vers
1918 ses finances étaient au plus bas. Accablée par
des impôts fonciers, elle contracta plusieurs hypothèques et
des emprunts. À terme, les liquidités finirent par manquer et
elle dut se résoudre à faire du troc.
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Pourtant
Marie
avait l'habitude de dire à l'une de ses amies :
"Avec ce que le
curé avait laissé, il y avait de quoi nourrir le village
pendant cent ans et qu'il en resterait encore..."
Jusqu'en
1939, date de début de la Seconde Guerre,
Marie
Dénarnaud
vécut péniblement dans le Domaine et elle n'hésitait pas à
calmer ses créanciers en leur offrant des objets de
collection, des tableaux et de l'argenterie. Peu à peu, la
richesse du lieu s'évaporait parmi les visiteurs, plus
attirés par le gain que pour elle même. Bien sûr,
Marie
Dénarnaud pensait vendre la propriété, mais trop de
souvenirs l'empêchaient de passer à l'acte. Et pourtant les
clients ne manquaient pas...
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Marie Dénarnaud à droite en 1935
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De 1939 à 1945 ‑ Période trouble
Dans cette période,
Rennes‑le‑Château fut traversé par les conflits. La
Seconde Guerre mondiale n'échappa pas à la règle et la
résistance s'installa dans le Domaine.
En
1942 un certain Noël Corbu, industriel à
Perpignan, entendit qu'un magnifique endroit ayant appartenu
à un riche curé était maintenant en possession de sa bonne.
Après avoir visité Rennes‑le‑Château,
Noël Corbu
tomba sous le charme du village, et patiemment il noua des
contacts entre sa famille et
Marie Dénarnaud ce qui
déboucha sur une certaine amitié.
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Juste après la guerre, le nouveau
gouvernement français publia une nouvelle réglementation
afin d'appréhender les fraudeurs fiscaux. Ainsi, les
collaborateurs et les profiteurs de guerre furent obligés
de justifier leur épargne en changeant leur vieil argent.
Plutôt que de fournir des explications,
Marie Dénarnaud
choisit alors la pauvreté et brûla dans le jardin de sa
villa des liasses de vieux billets.
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Marie Dénarnaud en 1941
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Marie Dénarnaud à gauche en 1941
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1946 ‑ L'année du viager
Âgée, Marie Dénarnaud voulait
garder le Domaine et Noël Corbu lui proposa un viager.
Elle finit par se
décider, et en juillet 1946 rédigea un testament
instaurant
Mr et Mme Corbu légataires universels du Domaine.
Marie Dénarnaud avait
alors 78 ans.
C'est ainsi que la famille Corbu
s'installa dans la
Villa Béthanie.
Mais Marie Dénarnaud préférait vivre dans le presbytère, et
malgré son grand âge elle continuait à élever des lapins et à
parcourir la campagne pour chercher de l'herbe.
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Marie Dénarnaud en 1935
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Une certaine
complicité se noua entre
Noël Corbu et Marie Dénarnaud et régulièrement ils se
rencontraient pour échanger. Lorsque Noël Corbu l'interrogeait
sur son passé et sur la fortune de l'abbé, elle déclarait :
"Ne vous
faites plus de soucis pour vos ennuis d'argent, mon cher
Monsieur Noël. Vous avez été bon avec moi et avant de
mourir je vous révélerai un secret qui fera de vous
quelqu'un de riche."
Elle aimait aussi répéter :
"Les gens d'ici marchent sur de l'or sans le
savoir..."
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1953 ‑ Le début de la légende
À la fin de sa vie,
Marie Dénarnaud finit par habiter dans la Villa Béthanie avec la
famille
Corbu et devint la grand‑mère adoptive.
Noël Corbu espérait qu'un jour Marie finisse par
avouer son secret, mais ceci ne devait jamais
se produire. Le 24 janvier 1953, Marie Dénarnaud,
comme l'abbé Saunière avant elle, eut une attaque cérébrale
la laissant muette et paralysée sur son lit de mort.
Elle décéda
5 jours plus tard, le 29 janvier 1953
sans prononcer un mot, au grand désespoir de Noël Corbu. Elle avait 85 ans.
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Le cœur, aujourd'hui disparu, de
Marie Dénarnaud, scellé sur le mur du cimetière
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Bérenger Saunière partit sans
ses derniers sacrements, délaissé par ses amis, et renié par
ses pairs hiérarchiques alors qu'il resta fidèle à ses
valeurs de prêtre jusqu'au bout. Seule Marie Dénarnaud lui
resta fidèle toute sa vie et respecta le silence jusqu'à son
dernier souffle...
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Les ruines de la maison ayant appartenu à la famille
Dénarnaud
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