Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Arsène Billard - Rennes-le-Château Archive

Mgr Arsène Billard
Gentleman cambrioleur ?

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

Mgr Félix‑Arsène Billard

 

Né le 23 octobre 1829
Mort le 3 décembre
1901


Évêque de Carcassonne de 1881 à 1901

Son personnage est complexe et intriguant. Alors que sa fonction d'évêque devait lui imposer un code de conduite compatible avec l'église de l'époque, ses agissements furent plus que douteux. Était‑il seul dans ses malversations, ou suivait‑il les recommandations d'une autre
instance religieuse ?

 

   Il protégeait Bérenger Saunière, c'est un fait, mais dans quel but ?

 

   L'un des évêques les plus célèbre de l'affaire de Rennes‑le‑Château
soulève bien des questions.

     Il existe dans l'histoire de Rennes‑le‑Château des destinées qui donnent le vertige. Mgr Arsène Billard est certainement un personnage hors du commun, tant par le mystère dont il s'est entouré que par ses agissements plus que douteux. Une note écrite en 1901 par le prêtre Laborde (la notice Laborde) est à ce sujet particulièrement édifiante.

 

   Pourtant, de ce personnage plutôt antipathique, un célèbre auteur du 19e siècle reprendra mystérieusement son prénom pour l'attribuer à son célèbre héros. Vous avez trouvé ?


L'armoirie de Mgr Billard

 

Une carrière brillante

   Félix Arsène Billard naquit à Saint Valéry en Caux le 23 octobre 1829 d'un père tonnelier et d'une mère mercière. Il commença sa carrière en Normandie puis la termina à Carcassonne. Sa progression au sein de l'église fut très classique mais particulièrement brillante :

Il fut professeur à l'Institution de Join Lambert le 4 octobre 1850,
puis ordonné prêtre le 4 octobre 1853.
Il devint vicaire à St Rémy de Dieppe le 29 juin 1858,
vicaire à St Patrice de Rouen le 2 février 1860,
et vicaire à la Cathédrale de Rouen le 14 novembre 1863
Puis curé de Caudebec‑les‑Elbeuf le 10 août 1868,
Chanoine titulaire le 1er janvier 1877,
et vicaire général le 10 janvier 1880

   Il fut enfin évêque de Carcassonne le 17 février 1881, et successeur de Mgr Leuillieux le 25 juillet 1881.

   Vers 1870, Mgr Billard participa à la construction de l'église de Caudebec les Elbeufs, puis à la restauration du monastère de Prouilhe. Il créa également de nombreuses écoles libres. Son diocèse invita aussi les Petites Sœurs des Pauvres.

 

   Mais sous cette apparence bon enfant se cache en fait une personnalité beaucoup plus complexe, voire trouble. Son honnêteté fut mise en doute et lui valut un procès en 1891.

   D'autres part, plusieurs affaires sont à son actif et qui prouvent ses relations directes avec les secrets de Rennes‑Le‑Château.

   Frappé d'une paralysie à la suite d'un accident cérébral au début de l'année 1898, il termina ses jours impotent auprès des Sœurs du monastère de Prouilhe.

 

   Il mourut le 3 décembre 1901 et c'est Mgr de Beauséjour qui lui succéda.

 

   Il fut enterré dans la cathédrale de Carcassonne


Cathédrale de Carcassonne

 

Des affaires troubles

Mgr Billard, protecteur de Bérenger Saunière

 

   Félix Arsène Billard fut Évêque de Carcassonne de 1881 à 1901 et Bérenger Saunière arriva pour la première fois à Rennes‑Le‑Château en 1885. Autant dire que le jeune curé de Rhedae fit sa carrière sous le règne de Mgr Billard.

   La première apparition officielle de l'évêque avec Saunière se fit le 6 juin 1897 pour l'inauguration et la bénédiction des jardins et l'église fraîchement terminés. Un buffet gastronomique fut organisé pour l'occasion dans l'école et pour tout le village. Foies gras, langoustes, lièvres, pintades, fruits de mer, grands vins, et rhum dont Saunière raffolait, garnissaient les tablées...


Mgr Arsène Billard

 

   Alors que Mgr Billard aurait pu être étonné par tant de faste et par l'ampleur des travaux, Il se contenta de présider la fête d'un jour. Plutôt déconcertant pour un haut responsable garant des biens de l'église et de son patrimoine. Comment pouvait‑il ignorer la question du financement extraordinaire ?

   Beaucoup ont cru à un Mgr Billard naïf. En fait il faut probablement apprécier les faits autrement. Mgr Billard ne serait pas venu inaugurer, mais plutôt vérifier si les fonds étaient correctement investis. A cette date les gros travaux de l'église étaient terminés et l'année suivante un autre chantier important allait s'ouvrir, celui du "domaine". Saunière disposait de fonds importants, c'est une évidence et la visite d'un évêque entre ces deux projets importants peut se rapprocher de ce que nous appelons aujourd'hui « une recette de fin de travaux ».

 

   Ceci renforce l'idée d'un Mgr Billard complice et très conciliant envers le curé de Rennes‑le‑Château, mais dans quel but ? Se savait‑il manipulé ? Sans doute qu’il y trouvait en tout cas quelques avantages.


 

La plaque commémorative

sur le calvaire

 

   Mgr Billard montra en tout cas à cette occasion, le comportement d'un homme de pouvoir tirant les ficelles dans l'ombre. Agissait‑il pour son propre compte, ou tout ceci faisait‑il partie d'un plan plus vaste dirigé par une autre instance ?

   Il fut le protecteur de Bérenger Saunière pendant de nombreuses années et il est certain qu'il connaissait tous les projets de son subordonné. Rien dans les recherches et dans les travaux du prêtre ne lui était inconnu. De plus, Il semble que Mgr Billard fut à l'origine de nombreux agissements de Bérenger Saunière et qu'il l'aurait mandater pour accomplir des tâches bien précises. Mais surtout un point commun unissait les deux hommes : "L'attrait de l'argent".

   A la mort de Mgr Billard en 1901, Bérenger Saunière perdit beaucoup d'appuis et curieusement, c'est aussi à cette période que les fastes du prêtre ralentirent considérablement. Ses ressources financières avaient visiblement diminué. Il est vrai que tout avait déjà été construit....

 

Le monastère de Prouilhe

 

   Alors que Mgr Arsène Billard entrait dans ses fonctions de prêtre en 1881, il se découvrit curieusement une passion pour l'église ND de Prouilhe qui dépendait de son diocèse. Il décida alors sa restauration et annonça son projet devant une assemblée immense qu'il invita pour l'occasion. C'était en octobre 1883, et il reçu immédiatement des encouragements du pape Léon XIII


Le monastère de Prouilhe qui devait devenir une Basilique
La coupole ne fut jamais construite

 

   Deux ans plus tard, le 8 octobre 1885, on annonçait devant une foule de 6000 fidèles la construction  à cet endroit d'une Basilique en l'honneur de ND du rosaire. Un projet immense est alors élaboré avec l'aide d'un architecte. L'église de ND de Prouilhe sera surmontée d'une importante coupole. Des souscriptions arrivèrent alors de toute part, de France, mais aussi d'Italie, de Pologne, des État Unis, d'Allemagne et même du Canada. Le 22 juillet 1886, Mgr Billard posait la première pierre de la Basilique.

 


Le monastère de Prouilhe est situé près de Montréal à l'est de Carcassonne
Il fut fondé en 1206 par Saint Dominique

 

   Les années 1885 et 1886 sont décidemment des périodes où il se passe beaucoup de choses dans le Haut‑Razès. N'oublions pas que Boudet trouva probablement l'emplacement de la cache originelle en Juin 1885 et qu'il publia son livre codé "La vraie langue celtique" en 1886.

 

Mgr Billard, un gestionnaire trouble...

 

   Arsène Billard était visiblement un homme qui maniait l'argent très facilement.  Et ses sources de financement étaient toujours très obscures. L'une des affaires les plus retentissantes est bien celle du détournement de fond d'un héritage. Rien que çà...

 

   En effet, une riche famille de Coursan porta plainte contre Mgr Billard pour avoir capter l'héritage d'une veuve. La somme détournée est énorme puisqu'elle s'élevait à 1 200 000 francs‑or. Mais ce n'est pas tout. Peut être pour noyer le poisson et éviter que l'on puisse faire un quelconque rapprochement avec ses activités religieuses,  Mgr Billard commit cet acte en son nom propre et non en sa qualité d'évêque.

 

   Un audit fut alors mené en 1896 sur la caisse de retraite des prêtres du diocèse. Les conclusions furent sans équivoques. Un grave déficit fut constaté, provoqué par des prélèvements arbitraires. Le tribunal de Montpellier donna gain de cause à Mgr Billard, sans doute pour sauver l'honneur. Mais pour combien de temps ?

 

   Car il paya sans doute la clémence des juges vers la fin de sa vie puisque le Vatican le frappa de 3 mois de "suspense". Motif invoqué : sa gestion hasardeuse des biens du diocèse et la contraction de dettes écrasantes. Mgr Billard fut condamné à verser sur son propre héritage la somme de 200 000 francs‑or pour la construction de l'église de Prouilhe.

 

   Abattu par cette décision, Arsène Billard se retira au monastère de Prouilhe en 1898 et y restera, impotent, jusqu'à sa mort en 1901.

 

Mgr Billard et ND de Marceille

 

   Voici un autre épisode de la vie étrange de cet évêque et qui a sans doute des liens avec l'affaire de Coursan de 1891.

 

   Vers 1890 le sanctuaire de Notre Dame de Marceille est partagé à parts égales entre 4 propriétaires sous le régime de l’indivision.  Mais en 1889, l'un des propriétaires déposa une instance en partage devant le tribunal de Limoux, ce qui devait obliger la vente du sanctuaire, le bien étant indivisible. Le 4 juin 1890 la vente du Sanctuaire fut donc prononcée. 

 

   Pour une raison que l'on explique aujourd'hui, Mgr Billard fit tout pour conserver ND de Marceille dans le giron ecclésiastique (A cette époque ND de Marceille abritait certainement la seconde cache qui devait être encore bien garnie). Il lui fallait donc trouver un financement pour participer à la mise aux enchères et donc au rachat du sanctuaire. Après une vente épique, il finit par l'emporter. Pourtant cette victoire dut lui laisser un goût amer car pour trouver rapidement des fonds, il dut probablement détrousser une veuve.

 

Cambrioleur ? Oui, certainement. Gentleman ? Sûrement pas...

 

Coïncidence littéraire

Mgr Billard a‑t‑il inspiré Maurice Leblanc ?

 

     Nous savons depuis longtemps que l'œuvre de Maurice Leblanc "Les aventures d’Arsène Lupin" présente des similitudes incontestables avec l'énigme de Rennes‑le‑Château (Il suffit de lire le livre de Patrick Ferté « Arsène Lupin supérieur inconnu » publié en 1992 pour s'en rendre compte). Les récits sont parsemés de références et d'allusions qui rappellent le Haut‑Razès. Mais ce que peu de passionnés d'Arsène Lupin connaissent, c'est que le nom du héros, contrairement à l'explication officielle, a été peut être inspiré de la cathédrale de Carcassonne.

   En effet, devant l'autel se trouvent deux tombeaux, celui de Mgr Arsène Billard et celui de Mgr de Beauséjour, situés côte à côte.

 

Explication officielle : Le héros de Maurice Leblanc s'appelait au départ Arsène Lopin, du nom d'un conseiller municipal de Paris ayant des démêlés avec l'administration. Face au mécontentement de ce dernier, l'auteur opta pour le nom d'Arsène Lupin.

 


Devant l'autel les sépultures de Mgr Billard et de Mgr de Beauséjour

 

   L'ironie du sort veut que ces deux sépultures soient voisines, alors que tout opposa ces deux évêques. Alors que l’un protégeait Saunière, l’autre cherchait à le nuire et à l'amener devant un tribunal. De même, alors que Mgr Billard tenait sans doute quelques secrets, Mgr de Beauséjour ne sut jamais les réelles motivations de Bérenger Saunière ni l'origine de ses ressources financières… 


La dalle de
Mgr Arsène Billard

Protecteur de Saunière


À droite, la dalle de
Mgr de Beauséjour

Adversaire de Saunière

 

   Le haut de la dalle est orné du blason de Mgr Billard.

 

   Celui‑ci est également visible, gravé dans la pierre, à l'entrée de l'église de Rennes‑le‑Château.

 

   Non loin de là, comme pour faire un clin d'œil au visiteur initié, une Vierge à l'Enfant couronnée nous suggère d'allez visiter le sanctuaire limouxin ND de Marceille. Comme dans le Sanctuaire de Limoux, l'Enfant Jésus tient une colombe.

 

 

   Et à gauche de l'autel, dans une petite chapelle, on trouve un buste, le reliquaire de Saint Lupin. Fabuleuse coïncidence ou codage ingénieux ?

   Cette anecdote serait restée dans l’oubli si l’œuvre de Maurice Leblanc n’était pas tout aussi mystérieuse.

 

   Parmi les ouvrages étonnants, il faut citer par exemple « L’Aiguille creuse » et « 813 » qui rappelle la date de fondation  de l'abbaye d'Alet. Un autre exemple est celui où il met en scène un certain "abbé Gélis", détenteur de la clé d'un souterrain à trésor.

 

   Maurice Leblanc conçu visiblement une œuvre codée et complexe à partir de l’histoire secrète de France. Il était très certainement initié et spécialiste de l'affaire de Rennes ou de l'affaire de Rouen, comme on voudra…


Le buste de Saint Lupin
à gauche d'Arsène Billard