Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Noël Corbu, son texte - Rennes-le-Château Archive

Noël Corbu                                  2/3

Son texte enregisré, introduction à l'énigme

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Noël Corbu, un industriel Perpignanais, découvrit Rennes‑le‑Château en 1942. À cette époque, Marie Dénarnaud âgée de 74 ans était toujours propriétaire du Domaine de Saunière. Elle le sera d'ailleurs jusqu'à la fin de sa vie.

    En pleine occupation allemande, Noël Corbu cherchait en effet un endroit plus retiré, car Perpignan était trop exposé à l'occupant. Homme d'affaire en déclin, il cherchait à se reconvertir et Rennes‑le‑Château lui offrit cette occasion.

 

   Une amitié complice naquit entre la famille Corbu et Marie Dénarnaud et elle sera concrétisée par la signature d'un viager stipulant comme légataire universelle Mr et Mme Corbu. En mourant dans son silence, Marie Dénarnaud ne révélera jamais le secret de son curé, mais Noël Corbu fut très vite persuadé qu'il y avait un remarquable trésor à découvrir.

 

 

Sommaire

 

      Noël Corbu ou l'histoire du Domaine de 1942 à 1955

      Noël Corbu et son texte enregistré, introduction à l'énigme
      Le document "La puissance et la mort"... Était‑il l'auteur ?

 


Noël Corbu devant le bas relief Marie‑Madeleine
dans l'église de Rennes‑le‑Château

 

   Pour faire vivre sa famille, Noël Corbu choisit de monter une affaire d'hôtel‑restaurant dans le Domaine. Isolé et difficile d'accés, le village amenait peu de clients et les affaires allaient au plus mal.

 

   C'est alors que Noël Corbu eut l'idée géniale de médiatiser l'affaire de Rennes‑le‑Château. En 1956, un article parut dans le journal "La Dépêche" et ce fut le succès immédiat. "La fabuleuse histoire du curé aux milliards" était née...

 

   Dès lors, de nombreux clients vinrent découvrir le village et au milieu de la table, au cours du repas, Noël Corbu avait pris l'habitude de déposer un magnétophone avec un texte qu'il prit soin d'enregistrer, une introduction à l'énigme qui fait encore rêver...

 

   Il est impressionnant de constater que 50 ans plus tard, nos connaissances sur la biographie de Saunière n'ont pas tellement évoluées. On découvre aussi Noël Corbu proposant sa thèse : un berger nommé Ignace Paris tombe dans un trou par hasard et découvre le trésor de Blanche de Castille alors qu'un mystérieux document révèle la composition du trésor...
La légende du berger Paris était donc déjà connue depuis 1955 ainsi que son nom... Il est donc évident à la lecture du texte et compte tenu de nos connaissances actuelles que Noël Corbu n'a pu inventer de toute pièce son histoire. Il disposait d'un dossier contennat des éléments sufisamment précis pour résumé l'affaire.


   Aurait‑il puisé son inspiration dans un texte fondateur tel que :
"La puissance et la mort" daté du 29 janvier 1953 ? Un texte dont il est peut être aussi l'auteur...
 

 

Le texte enregistré par Noël Corbu
et diffusé à ses clients  

 

   L'histoire de Rennes‑Le‑Château se perd dans la nuit des temps.

On peut affirmer sans crainte que ce plateau a toujours été habité. Certains historiens ont écrit et fixé la fondation de Rennes‑Le‑Château par les Wisigoths aux environs du Ve siècle. Ceci est absolument démenti par la quantité de vestiges beaucoup plus anciens que l'on trouve à fleur de sol, qu'ils soient préhistoriques, paléolithiques ou néolithiques, ibères, gaulois, romain, gallo‑romains, Leur abondance et leur diversité prouvent, sans contestation possible que Rennes‑Le‑Château était, bien avant les Wisigoths, une grande cité.

 

   D'autres historiens pensent que Rennes‑Le‑Château était la capitale des Soclates, très forte peuplade gauloise qui tint en échec César pendant longtemps. Ce dernier, dans ses commentaires, relatant la chute de leur capitale, parle du pays environnant et sa description correspond exactement au panorama que l'on voit de Rennes‑Le‑Château : pic de Bugarach au Sud‑est, pic de Cardou à l'Est, terre de Becq et plateau des Fanges au Sud, l'Aude et ses méandres à l'Ouest et sa vallée en direction d'Alet et Carcassonne. Rien n'y manque et l'on peut raisonnablement supposer que Rennes‑Le‑Château, avant d'être une puissante capitale Wisigothe, a été une capitale gauloise, puis une grande cité gallo‑romaine, et certainement avant cette époque, un grand habitat préhistorique.

 

Pourquoi cette importance de Rennes‑Le‑Château pendant ces temps ?

 

I ‑ Par sa situation géographique qui domine et commande toutes les vallées : celle de la Sals venant de Rennes‑Le‑Château et Narbonne, celle de l'Aude vers Carcassonne et vers Sijean, celle aboutissant à Puivert et Chalabre, et celle qui de Rennes‑Le‑Château permettait d'aller en Espagne avant que la route passant par les gorges de la Pierre‑Lys soit percée. La route Rennes‑Le‑Château / Espagne a été certainement une voie romaine, car on retrouve encore des tronçons parfaitement dallés, et au lieu‑dit "La Rode" on a trouvé une roue en bronze et un timon de char romain, actuellement au musée de Toulouse.

 

2 ‑ Par le nombre de sources qui, sur ce piton donnent de l'eau en abondance et qui n'ont jamais été taries.

 

3 ‑ Par son climat très tempéré, beaucoup moins froid et exempt de brouillard et de brume en hiver, beaucoup moins chaud en été que la vallée.

Ces trois points font de Rennes‑Le‑Château un endroit absolument privilégié, une sorte d'oasis dans la cuvette qu'elle domine.

 

   Dès le Ve siècle, Rennes‑Le‑Château qui s'appelait RHEDAE, est une grande cité. Capitale Wisigothe du Razès, elle compte plus de 30.000 habitants. La rue des bouchers en comprenait 18000. Son importance est telle que les Évêques chargés par Charlemagne d'évangéliser la Septimanie ‑ les wisigoths ayant embrassé bien avant le catharisme, l'hérésie chrétienne de l'arianisme ‑ ne mentionnent dans le rapport à l'Empereur que deux villes importantes : Rhedae et Narbonne. La citadelle de Rhedae avait une superficie d'au moins trois fois plus grande que le village actuel. On dénombrait 7 lices.

 

La ville s'étendait au Sud jusqu'à un autre piton où était bâtie une autre forteresse que l'on appelle le Castella. Une autre ceinture de forteresses défendait Rhedae : ce sont les châteaux de Coustaussa, de Blanchefort, d'Arc, du Bézut, de Caderonne et de Couiza.

 

   La décadence de Rennes‑Le‑Château commence avec les luttes albigeoises. En partie détruite, elle est, sur l'ordre de Saint‑Louis rebâtie. Philippe le Hardi poussa l'œuvre de son père, et l'on peut dire que sous le XIIIe siècle, si la ville n'a plus l'importance qu'elle avait avant, la citadelle, elle, est toujours debout et aussi puissante. Mais une affaire assez confuse de vente du territoire de Rhedae au roi de Castille fait que les espagnols, pour récupérer leur achat, envahissent la Septimanie et détruisent une première fois Rhedae. Rebâtie en partie seulement, elle subit une seconde destruction en 1370. Ce fut la fin. Jamais plus Rhedae ne se releva de ses ruines : petit à petit les habitants descendirent vers les vallées et Rhedae étant devenu Rennes‑Le‑Château ne fut plus qu'un petit Village au lieu de l'orgueilleuse ville de 30.000 habitants.

 

   Rennes‑Le‑Château serait certainement tombé dans l'oubli total si un prêtre originaire de Montazels, près de Couiza ne vint prendre la cure le 1er juin 1885. Pendant 7 ans, l'abbé Bérenger Saunière mena la vie de tout pauvre curé de campagne, et dans ses archives, sur son livre de comptes, on peut lire, à la date du 1er février 1892 ; "Je dois à Léontine, 0 frs 40; je dois à Alphonsine 1 frs, 65", et ses économies qu'il nomme ses "fonds secrets" se montent à cette époque à 80 frs 65.

 

   En ce même mois de février 1892, le maître autel de l'église actuelle tombant en ruines, il avait demandé une aide au Conseil municipal qui la lui avait accordée pour le remettre en état. Les ouvriers le démontant trouvèrent dans un des piliers des rouleaux de bois contenant des parchemins. L'abbé immédiatement alerté s'en empara et quelque chose dut retenir son attention, car il fit arrêter immédiatement les travaux. Le lendemain, il partait en voyage pour Paris, dit‑on, mais nous n'en avons aucune confirmation.

 

   A son retour, il fit reprendre les travaux, mais là, il ne fit plus faire que le maître autel, mais toute l'église, puis, il s'attaqua au cimetière où il travaillait souvent seul.

Il démolit même la tombe de la comtesse d'Hautpoul Blanchefort et rasa, lui‑même, les inscriptions qui étaient sur cette dalle.

 

   Le Conseil municipal s'émut de la chose et lui interdit de travailler au cimetière, mais le mal était fait, car cette tombe devait avoir une indication, Il fait construire les murs autour du jardin, devant l'église, utilise un splendide pilier de style wisigoth de l'autel, qu'il mutile en y faisant graver "Mission 1891" pour supporter ND de Lourdes, dans un autre petit jardin. Il fait entièrement restaurer le presbytère; puis en 1897, commande la construction de la maison, de la Tour, du chemin de ronde, du jardin d'hiver, le tout lui coûte un million en 1900, ce qui représente 250 millions de notre monnaie. Il meuble la maison et la tour fastueusement. Son train de vie est royal. L'abbé Saunière reçoit quiconque vient et tous les jours ce sont des fêtes. La consommation de rhum, qu'il fait venir directement de la Jamaïque et de la Martinique atteint 70 litres par mois. Sans compter les liqueurs de toutes sortes, les vins fins; les canards sont engraissés avec des biscuits à la cuiller pour qu'ils soient plus fins, C'est un véritable sybarite.

Il reçoit une année Monseigneur Billard, qui, d'après les gens du pays, repart.., assez content. Mgr Billard a été étonné de la vie de son prêtre, mais il ne dit rien, Mais son successeur Mgr de Beauséjour, demande immédiatement des comptes à l'abbé Saunière et le convoque pour s'expliquer à Carcassonne, Mais ce dernier ne voulant rien dire, prétexte qu'il est malade, qu'il ne peut faire le voyage de Carcassonne, Et, à l'appui de ses dires, montre des certificats du Dr Rocher, médecin à Couiza, certificats faux, puisque nous avons une lettre du Dr Rocher disant en substance ceci " Mon cher ami, je vous envoie le certificat que vous me demandez et je me ferai un plaisir de vous donner satisfaction". L'abbé Saunière ne peut se rendre à Carcassonne, mais il peut cependant aller à l'étranger : Espagne, Suisse et Belgique. Voyages absolument secrets, et pour donner le change, il laisse à sa bonne et femme de confiance, Marie Dénarnaud des lettres toutes prêtes ainsi conçues : "Chère Madame" ou "Monsieur" ou "Mademoiselle", "J'ai bien reçu votre lettre: Je m'excuse de ne pouvoir répondre plus longuement, mais je suis obligé d'aller au chevet d'un confrère malade, A très bientôt. " signé "Saunière". Marie Dénarnaud ouvrait le courrier et si une lettre nécessitait une réponse, mettait une de ces courtes missives dans une enveloppe et l'envoyait‑ Pour tout. le monde l'abbé n'avait pas quitté Rennes.

 

   Cependant à l'évêché, les choses empiraient. En 1911, Mgr de Beauséjour, excédé de ne pouvoir obtenir aucune explication de son prêtre, l'inculpe de trafic de messes et l'interdit. Condamnation par contumace. Le trafic de messes ne tient pas debout, car elles coûtaient 0,50 frs, c'est dire la quantité de messes qu'il aurait fallu que l'abbé Saunière reçoive pour couvrir ses dépenses. Mais c'était le seul moyen qu'avait Mgr de Beauséjour "pour coincer" son prêtre.

 

   L'abbé Saunière ne s'incline pas devant la sentence et aussitôt fait appel en cours de Rome. Il prend pour se défendre un avocat ecclésiastique, le chanoine Huguet, qui, aux frais du curé, va à Rome. Le procès dure deux ans et se termine par un non‑lieu, le chef d'accusation n'étant pas prouvé. Mais instruit par l'évêque des magnificences et du train de vie de l'abbé, Rome à son tour demande des explications que l'abbé Saunière se refuse à nouveau de donner. Et c'est sous l'inculpation de révolte et outrage envers ses supérieurs qu'il est de nouveau interdit, et cela définitivement, le 11 avril 1915. Cependant, on faisait comprendre à l'abbé Saunière que s'il faisait amende honorable, on pourrait envisager un adoucissement. On verrait.

 

   Mais l'abbé ulcéré, ne veut absolument plus rien entendre, ni de l'évêché, ni de l'Église. Interdit, pour contrer son évêque, il a loué le presbytère pour 99 ans. Dans la petite chapelle, qu'il s'est fait construire, il dit la messe et une grosse partie de la population de Rennes le Château vient l'écouter, tandis que le prêtre régulier, nommé par l'évêque, obligé d'habiter Couiza à quatre kilomètres delà, car personne ne le veut, dit sa messe dans une église pour ainsi dire vide.

 

   Pendant toute la durée de son procès avec l'Église, l'abbé Saunière n'a plus fait de construction. Mais tout étant consommé, il refait des projets : construction de la route de Couiza à Rennes le Château à ses frais, car il a l'intention d'acheter une automobile; adduction d'eau chez tous les habitants, construction d'une chapelle dans le cimetière; construction d'un rempart tout autour de Rennes; construction d'une tour de cinquante mètres de haut de façon à voir qui entre, avec un escalier circulaire à l'intérieur, une bibliothèque suivant l'escalier; haussement d'un étage de la tour actuelle ainsi que du jardin d'hiver. Ces divers devis et travaux se montent à huit millions or, soit plus de deux milliards de nos francs. Et le 5 janvier 1917, il accepte les devis et signe la commande de tous ces travaux.

 

   Mais le 22 janvier, soit 17 jours après, il prend froid sur la terrasse, a une crise cardiaque, qui, compliqué d'une cirrhose du foie, ne lui pardonne pas.

 

   Bref, il meurt dans la journée. Mis dans un fauteuil du salon, il y reste exposé tout un jour, couvert d'une couverture avec des pompons rouges. En vénération, ceux qui venaient, coupaient un pompon et l'emportaient. Il fut enterré dans le tombeau qu'il était en train de se faire construire au cimetière.

 

   La famille Saunière se préoccupa, alors, pour avoir l'héritage; mais, stupeur, l'abbé Saunière avait tout acheté, tout commandé sous le nom de sa bonne, Marie Dénarnaud, et celle‑ci était et demeurait sa légitime propriétaire de sorte que les héritiers présomptifs s'en allèrent tout penauds.

 

   Marie Dénarnaud, très coquette à la mort du curé, devint un exemple d'austérité. Elle se retira au presbytère, vivant absolument seule et ne bougea plus. Elle ne descendit plus une seule fois à Couiza. Pendant des années, elle se refuse à vendre son domaine, mais l'âge venant, elle ne pouvait plus ni surveiller, ni faire entretenir, et petit à petit ce fut la destruction et le pillage. Livres rares, timbres, œuvres d'art, tout fut volé. Quand finalement, en 1947, elle se décida et vendit son bien à Monsieur et Madame Corbu qui transformèrent l'ancienne résidence du curé en hôtel " La Tour".

 

   Quant à l'origine du trésor que le curé a certainement trouvé et dont une grande partie doit encore subsister, les archives de Carcassonne nous en donnent l'explication : Blanche de Castille, mère de Saint Louis, régente du royaume de France pendant les croisades de son fils, jugea Paris peu sûr pour garder le trésor royal, car les barons et petites gens se révoltaient contre le pouvoir royal. Ce fut la fameuse révolte des pastoureaux. Elle fit donc transporter le trésor de Paris à Rennes, qui lui appartenait, puis entreprit de mâter la révolte, elle y réussit et mourut peu après. Saint Louis revint de la croisade, puis repartit de nouveau et mourut à Tunis. Son fils, Philippe le Hardi, devait connaître l'emplacement du trésor, car il s'intéressa beaucoup à Rhedae, et fit faire de nombreux travaux de défense. Aussi retrouve‑t‑on encore à certaines fondations de tours des éperons qui sont une caractéristique de son époque. Mais après lui, il y a un trou et Philippe le Bel est obligé de faire de la fausse monnaie, car le trésor de France a disparu. Nous devons supposer qu'il ne connaissait pas la cachette.

 

   Le trésor fut trouvé deux fois : en 1645, un berger nommé Ignace Paris, en gardant ses moutons, tombe dans un trou et ramène dans sa cahute un béret plein de pièces d'or. Il raconte qu'il a vu une salle pleine de pièces d'or et devint fou pour  défendre les pièces qu'il a apportées. Le châtelain et ses gardes recherchent vainement l'endroit où est tombé le berger, puis ce fut l'abbé Saunière et les parchemins.

 

   Toujours d'après les archives qui donnent une liste du trésor, celui‑ci se composait de 18 millions et demi de pièces d'or en nombre, soit en poids environ 180 tonnes, plus de nombreux joyaux et objets religieux. Sa valeur intrinsèque, d'après cette liste, est de Plus de cinquante milliards. Par contre, si l'on prend sa valeur historique, la pièce d'or de cette époque valant 472.000 Francs, on arrive environ à 4.000 milliards.

 

   Ainsi, dans ce modeste village, au panorama et au passé prestigieux, dort un des plus fabuleux trésors qui soit au monde.