
Le Bugarach vu sur sa face nord‑ouest |
Le Haut Razès
et son histoire sont indissociables d'un symbole
naturel et fascinant, le mont Bugarach. A quelques
kilomètres au Sud‑ouest de la colline envoutée dominée par Rennes‑le‑Château, au
Sud‑ouest
de Rennes‑les‑Bains, une montagne dite sacrée surplombe tous les
autres reliefs du Languedoc.
Entourée de mystères et de
légendes, utilisée par les anciens comme un repère très
important, en proie aux
fantasmes sectaires, citée par de grands auteurs du 19e
siècle, née
d'une géologie particulière,
la célèbre montagne occitane continue
d'imposer son influence séculaire...

Merci à André Douzet pour ses recherches sur la mythologie du Bugarach
et sur l'affaire Bettex, sans qui cette montagne serait encore bien brumeuse... |
Une montagne pas comme les
autres |
Quelle
étrange montagne que le Bugarach. A la fois méconnue et sacrée,
à la fois inquiétante et attirante, elle ne laisse personne
indifférente. Les chercheurs débutants ne l’intègrent en général
jamais dans l’énigme de Rennes et pourtant... Bien sûr, comment
pourrait‑on croire qu’une montagne aux allures finalement classiques
influencerait autant un secret historique et tant de fantasmes…
Sa géologie montre qu'elle est issue d'un plissement inversé
peu banal. Même
Jules Verne ne manqua pas de s’en servir dans l’un de ses
romans… Voulait‑il aussi nous montrer l'importance de ce lieu ? L'énigme
ne cesse de nous le prouver...
Situé dans
les Corbières, le Bugarach représente la fin de
la chaîne provenant de Saint‑Antoine de Galamus à
l’ouest de l’Agly.
En effet, depuis le Bugarach, on accède aux Pyrénées‑Orientales par
les
gorges de Galamus, un étroit canyon creusé dans le calcaire
qui s'étale sur 2 km entre les
communes de
Cubières‑sur‑Cinoble et
Saint‑Paul‑de‑Fenouillet. Autour on trouve les hameaux du Linas et de la Vialasse, les fermes des
Capitaines, des Bringots, des Gascous, de la Génivrière, du Mas
et de la Serre.
|

Le Bugarach et sa face la plus connue |
A ses
pieds, un petit village du même nom, Bugarach (autrefois
Pech de
Tauzé), est fier d'avoir comme gardien ce géant sacré. La plus haute extrémité émerge de la crête
rocheuse tournée vers le Nord. Elle forme
le Pech de
Bugarach (en occitan) qui culmine à
1231 m. Son autre
particularité est qu'il est situé à environ 3 km du Méridien 0. C’est aussi le point le plus haut des
Corbières... Comment ne pas imaginer qu’il fascina les
différentes populations durant des siècles, voire durant des
millénaires ?
Il n’existe aucun concurrent montagneux à proximité
et sa silhouette très reconnaissable est facilement repérable
non seulement depuis Rennes‑le‑Château, mais depuis tout le Razès. Son aspect
aride et
tourmenté a aussi certainement participé aux différentes légendes.
C’est le paradis des buses et des rapaces qui nichent dans
les creux escarpés et sauvages de sa roche grise et sèche.
Battue par les vents, la cime est inhospitalière et la vie animale
est pratiquement inexistante. |

Le village vu du sommet du Bugarach |
Les randonneurs
expérimentés et les aventuriers de la moyenne altitude peuvent
accéder au sommet par deux sentiers de buis et de buissons qui
contournent les flancs du mont, l’un en direction de Saint
Louis, l’autre par Linas. Mais quel que soit la direction, le
point final laissera sans voix l’explorateur. En haut
de cette impressionnante masse grise et abrupte, un belvédère
domine la vallée des Corbières. La vue est alors époustouflante
et le panorama qui surgit après l’effort d’ascension, quel
que soit la couleur du ciel, devient la plus belle des
récompenses. Ajoutons à ceci que le lieu rend mal à l'aise ceux
qui décident de s'en approcher. Simple trouble dû à l'isolement et
au dépaysement, ou réelles sensations de mal‑être, les
témoignages confirment la présence d'anomalies comportementales
et visuelles.
Vous l'aurez
compris, cette montagne dite "enchantée" n'est pas comme les autres
et toute l'Occitanie la surnomme
le Pech...
|
Une légende et
une montagne
née...
Toute
géologie imposante possède ses légendes, le Bugarach a la
sienne...
On raconte que jadis l’Aude était une immense plaine
fertile où vivaient fées et lutins en guerre constante avec
des dragons et des serpents qui envahissaient la région. Dans ce
décor peu engageant, une fée Nore et deux lutins, Bug et Arach, firent naître la
légende. Alors que Cers, fils d’Eol, père des vents et des
tempêtes, ravageaient régulièrement les terres et les récoltes,
les arbres et les maisons, la fée Nore se résolut à implorer le
grand dieu Jupiter. Emu par une telle audace et peut‑être par la
grâce de la fée, le dieu des éclairs jura de calmer les colères
de Cers, son petit fils. Mais les lutins Bug et Arach,
impatients firent aussi
une démarche équivalente. Ils gravirent la montagne pour se
rapprocher du maître de l’Olympe. Ce dernier, surpris par un tel
courage, dressa alors un
promontoire rocheux mettant ainsi à l’abri du vent toute la
plaine du Roussillon et le plateau des Corbières. Le mont
Bugarach était né...
La fée Nore
devint le Pic de Nore, alors que Bug et Arach formèrent le pic
de Bugarach…
Cette légende
est‑elle celle à l'origine du nom "Bugarach" ? Rien ne le prouve.
Il est d'ailleurs étrange de trouver des références de dieux
grecs rencontrant des personnages féériques d'Europe du Nord...
Nous verrons que "étrange" est bien le second nom du Bugarach...
D'après le Dictionnaire
toponymique de l’abbé Sabarthès de 1916, la commune Bugarach
s’appelait de 1298 à 1500, Bigarach et Malet, mais l'étymologie du
nom Bugarach nous offre aussi une autre version
passionnante : "Bourg de l'Arche"
ou "Buc de L'Arche",
Buc voulant dire cime en occitan. Une légende voudrait en effet
que l'Arche d'Alliance soit dissimulée dans les creux de la
montagne, cette dernière servant à un repérage sophistiqué... |

Le Bugarach 3D et son village vu direction Nord Est ‑
Imagerie Google Earth |
Une géologie très
particulière
Le relief du Haut Razès
se situe en moyenne entre 300 m et 700 m. C'est une région extrêmement
variée sur le plan géologique et donc propice à toutes sortes
d'anomalies. Mais pourquoi sur ce terrain à la géologie
capricieuse une seule montagne décida
de se hisser à 1230 m, une altitude qui sort très nettement de la
moyenne ? Un fait géologique est en tout cas incontestable
:
Les
scientifiques expliquent la construction du Bugarach par
l'exposé suivant :
Le Pech est une montagne
dite "inversée" dût à une tectonique violente et chaotique
qui donna naissance aux
Pyrénées.
A l’époque
tertiaire, la plaque
ibérique heurta le socle européen.
Le choc de ces deux plaques fut à
l’origine de la formation des
Pyrénées. Sous
l’effet de ce choc cataclysmique, la région
de Bugarach subit de lourdes transformations :
« Sous la pression venue du Sud,
coincées entre la plaque ibérique et
le socle européen, les roches
sédimentaires se plissèrent, se
froissèrent et se chevauchèrent : une lame
de Calcaire jurassique (‑135
millions d'années) vint se poser
sur les Grès et les Marnes du
Crétacé (‑15 millions d'années).
L'ordre des couches géologiques ou
strates fut ainsi inversé »
Ce sont donc ces
forces telluriques inimaginables qui sculptèrent
le Pech.
Les rochers affleurent faisant apparaître leurs couleurs grises
et bleutées si caractéristiques. Les cassures furent telles que
les pierres sont aujourd'hui coupantes comme des rasoirs,
affutés par le vent de Cers depuis des millénaires. L'ensemble
forme un lieu à la fois beau et glacé, imposant et désertique,
vertigineux et sacré. Les anciens devaient inévitablement vénérer
son sommet, véritable phare du Pays d'Oc. |

Le Pech de Bugarach vue sur sa face Nord |

Le Bugarach... Une géologie complexe
La montagne étant
inversée, les couches géologiques anciennes sont au sommet :
Secondaire crétacé ‑ Jurassique
supérieur ‑ Chainon de Galamus
Secondaire crétacé ‑ Jurassique
moyen et supérieur ‑ Calcaire et dolomies grises
Secondaire crétacé ‑ Jurassique
moyen et supérieur ‑ Calcaires de Galamus et bauxite
Secondaire crétacé ‑ Argiles
bariolées salifères et cargneules
Quaternaire ‑ Eboulis |
Le Pech de
Bugarach et la Pique Grosse
On cite souvent
le Pech de Bugarach comme le sommet incontournable, mais une autre masse rocheuse
côtoie le titan sous le
nom de "la Pique Grosse". Elle est d'ailleurs souvent utilisée
avec la crête rocheuse pour illustrer le Bugarach tant son aspect est spécifique. Le Bugarach a donc
deux sommets : la Pique Grosse s'élevant à
1081 m et
qui concurrence
le second, le Pech à 1230 m.
|

La Pique Grosse et le Pech de Bugarach |
Le Bugarach
vu de dessus se présente comme un croissant (pour certains un
corbeau) dessiné par la crête
rocheuse. La Pique
Grosse se situe au milieu de la crête Ouest et elle est
facilement reconnaissable par son aspect en forme de bosse ou de
cloche renversée. Le Pech de Bugarach est sur la crête
Est. |

La Pique Grosse, le second sommet du Bugarach |

La Pique Grosse ‑ Au loin sur la droite...
Rennes‑le‑Château |

La Pique Grosse au centre de la crête (face Sud Est) |
La Pique Grosse
n'est pas signalée sur la carte de Cassini mais on la trouve sur
des cartes plus anciennes. Seul le Pic de
Bugarach au centre de la formation rocheuse et le village sont
indiqués sur la carte. |

Le Pic de Bugarach et son village selon
Cassini et sa carte |
Vue de Rennes‑Le‑Château,
la Pique Grosse est située en avant‑plan sur la partie droite de la
montagne. C'est aussi à cet endroit que fut construit en
1800
un appareil de transmission basé sur la télégraphie aérienne.
Cet instrument n'existe plus aujourd'hui... D'autre part on
prétend souvent que le Bugarach est posé sur le méridien 0, mais
le mont est situé en fait à environ 3 km à l'Ouest...
|

Le Bugarach et son village (image Google
Earth) |
Le village
Bugarach
Près du
mont sacré, un charmant petit village affiche fièrement son nom :
Bugarach. Le village pourrait avoir vu le jour avant l'an
800 et selon l'abbé Sabarthès il aurait été baptisé Villa Burgaragio
(889), Bugaaragium (1231), Ecclésia de Burgairagio (1259),
Bugaragium (1347), Sainte Marie de Bigarach (1194), Bigarach et
malet (1298), locus de Brigaragio (1377), Bugaraich (1594),
Beugarach (1647) et Bugarach en 1781...
C'est vers
1215 durant la conquête par les troupes françaises de
Simon de Montfort, que le petit bourg avec d'autres de la
région, sera offert au sénéchal
Pierre de Voisins pour
le compte de Toulouse et du Razès. Un château ruiné du XVIe siècle y est même présent
rappelant un passé médiéval très tourmenté.
Du
fait de l'isolement du village et de l'éloignement des grandes bourgades,
les habitants y trouvaient refuge. C'est notamment le cas au XVIe
siècle, une période agitée où les guerres de religion
n'épargnaient ni les catholiques, ni les protestants.
Plus tard, les
hommes de Bugarach furent recrutés pour se battre en
Pologne (Haute Silésie) sous le drapeau de
Louis XV et
c'est en tant que prisonniers qu'ils apprirent le façonnage du
chapeau. L'art de la chapellerie fut alors amené dans le
Razès par les Bugarachois qui le transmirent ensuite à Espéraza
sous la forme d'une industrie prospère. C'est ainsi qu'à la fin
du 19e siècle on trouvait toute une population
travaillant dans ces usines, dont
Marie Dénarnaud la fidèle
complice de
Bérenger
Saunière. Aujourd'hui le village compte 150 habitants et
profite paisiblement de son activité touristique et de son
héritage historique. |

Le profil bien connu du Bugarach depuis le
village du même nom |
Derrière son
aspect froid et solitaire, le Bugarach cache des secrets, des
mystères et des légendes. Signalons aussi que, du fait
de sa masse rocheuse et de sa géologie, une météo locale particulière
semble habiter ce lieu. Parfois la montagne se couvre d'une
brume qui prend des couleurs étranges en fonction du soleil. A d'autres
moments, une couronne de nuage entoure le sommet, une scène que
Jules Verne appellera
le chapeau de Bugarach
dans son roman "Clovis Dardentor". Tout ceci fait
partie du quotidien local, mais des histoires bien plus étranges
entourent le Pech. Rien d'étonnant si
l'on considère que cette montagne isolée fascina obligatoirement
nos lointains ancêtres...
Le
Bugarach est drapé de mystères :
énergie vibratoire, survols extraterrestres, trésors enfouis,
grottes et aménagements souterrains, bruits assourdissants,
rencontres inhabituelles, pannes répétitives... Tout ceci peut
faire sourire et
les médias ne manquent pas de ridiculiser les rapporteurs de ces
faits étranges. Enfin cette ambiance décalée amène inévitablement sectes et
marginaux qui attendent la fameuse année 2012 et son fameux
cataclysme sous la protection
du massif sacré.
Pourtant, parmi ces histoires
à la Prévert certains témoignages
restent particulièrement troublants. Voici quelques récits qui
mettent en lumière plusieurs aspects de ce lieu devenu mythique...
|
La légende de l’Ermite
non loin de Galamus
Il était une fois, dans la Haute
Vallée de l'Aude, sur le Bugarach,
un ermite hirsute et chevelu, qui
vivait
là en parfaite harmonie. Sans doute fasciné par le lieu
sacré, il souhaitait comme beaucoup
d'ermites rencontrer Dieu….
La région possède en effet une
certaine tradition dans les
ermitages. Celui de Galamus, non
loin du Bugarach, est impressionnant
pour sa construction à flanc de
falaise. Un certain prêtre
Joseph Chiron y passa même
quelques années avant que l'ermitage
ne soit abandonné en 1936.
La
rumeur populaire rapporte que
naguère une cérémonie célébrait la
vie de ces ermites. C'est ainsi qu'à
Bugarach, le
jour du mercredi des Cendres, un
jeune du village se déguisait en
ermite hirsute, chevelu et barbu. A
la façon de la fête d'Halloween, il
allait avec un groupe de jeunes
frapper de porte en porte pour
demander pitance. Ceux qui avaient
l'audace de refuser se voyaient
alors aspergés d’un mélange d’eau et
de cendres mêlées... |
De
mystérieux grondements
Le Bugarach fait aussi l'objet de
mystérieux grondements. Les
témoignages parlent de bruits
assourdissants comme des
effondrements. Il est tentant de
relier ce phénomène à une quelconque
activité irrationnelle, mais il est
beaucoup plus crédible d'imaginer
qu'il s'agit simplement d'une
géologie en constante évolution. Du fait de
sa constitution inversée, la montagne
pourrait être creuse et ainsi former
des poches qui par l'effet des gaz
et des pressions telluriques,
rendent instables les couches
rocheuses. Le bruit serait alors le
résultat d'une onde de choc dont
l'origine interne se
propagerait à l'extérieur comme un
tremblement de terre, mais très
localisé et invisible. Les grottes
et les failles agiraient alors comme
des caisses de résonnance. Les
spécialistes parlent aussi de
phénomènes telluriques générant de
l'énergie et donc des dégagements de
vapeur d'où la présence épisodique
d'une couronne de nuages posée
autour du Bugarach... |

Le Bugarach et son chapeau légendaire |
Phénomènes vibratoires et
désagréments
Tous les promeneurs du Bugarach vous
le diront. Après quelques heures de
marche, une sensation désagréable
d'être épié et suivi se fait
sentir. Un sentiment de mal‑être s'installe, surtout
au sommet. De
plus, les appareils électroniques
augmentent bizarrement leur
probabilité de tomber en panne. Le
site est d'ailleurs interdit de
survol aérien pour cause de
dérèglement inexpliqué des
instruments de bord.
Des accidents aériens eurent lieu
au cours des cinquante dernières
années.
Nous sommes peut‑être encore dans le fantasme
amplifié par les rumeurs et
les témoignages invérifiables. Mais
une chose est certaine, la géologie
des lieux et le concentré de
minerais ferreux comme le cobalt, le
cuivre, l'or, l'uranium, ou le
manganèse peuvent engendrer
des phénomènes vibratoires et des
perturbations magnétiques. Un état
d'anxiété serait alors aussi
explicable, amplifié par l'étrangeté
du site, le silence pesant et
l'absence d'animaux. Une règle
évidente s'impose : ne partez jamais
seul à l'ascension du mont sacré... |
L'Affaire
Daniel Bettex
L’affaire de Rennes regorge de sous affaires qui à elles seules
pourraient remplir plusieurs tomes dans une bibliothèque.
D’ailleurs les romanciers ne s’y trompent pas en s’abreuvant
dans ces sources inépuisables. Le problème des chercheurs est
de plus entier. Après tant d’années d’investigations, d’enquêtes et
de colportages, il devient très difficile de s’y retrouver.
Sommes‑nous en présence de pures légendes enflées par la rumeur
populaire ? Quel crédit peut‑on accorder à des témoignages
repris auteur après auteur ?
Comme tout fin limier le ferait, la
seule solution est de baliser les faits et de tenter de réunir
des faisceaux de présomption. Heureusement, sur ce plan la
matière première et les indices ne manquent pas. Nous disposons aujourd’hui d’une
telle masse d’information que la traiter objectivement
représente déjà un exploit...
Le Bugarach fait ainsi l’objet de plusieurs énigmes qui s'imbriquent.
La plus marquante est certainement l’affaire Bettex
La
montagne sacrée a toujours fasciné les aventuriers, or c’est en
1960 que cette fascination se concrétise par une fièvre
exploratrice du site. Mais elle ne débute pas sans raison. Elle
résulte en réalité de plusieurs concours de circonstances.
Daniel Bettex est un passionné de la tragédie cathare et de
l'Histoire du Languedoc. Ce Suisse, spécialisé dans la sécurité
des sites publiques comme les aéroports, s’investit donc comme tout
chercheur le ferait dans sa passion, le catharisme.
Naturellement dirigé vers le Haut Razès, Bettex prend contact
avec la Société du Souvenir et des Etudes Cathares. Il rencontre
alors Déodat Roché, un éminent spécialiste de la question
qui lui conseille le fameux site du Bugarach.
Aucune exploration récente n’a été entreprise et tout reste à
faire. C’est ainsi que Bettex contacte une autre passionnée
érudite, Lucienne Julien, Secrétaire Générale de la société, et
avec qui il aura d’excellents échanges. Daniel Bettex
bénéficiera notamment d’un accès documentaire privilégié et très
important expliquant vraisemblablement la qualité de ses
recherches.
Bettex va commencer par l’étude d’anciens registres
et de vieux manuscrits sur la région. Il recherche des mines
abandonnées et
enquête sur de possibles souterrains sur la commune de Bugarach. Ce travail durera des années avec L.
Julien et des visites régulières sur le terrain apporteront de
quoi alimenter la recherche. Mais il ne faut pas s’y tromper.
Il ne s’agit pas de recherches empiriques et hasardeuses. Les
deux chercheurs sont des érudits experts dans leurs domaines.
Ensemble, leur force d’analyse sera décuplée permettant la
production d’une étude plus qu’intéressante.
C’est dans le cadre de ces recherches documentaires qu’une
notice inédite sera retrouvée : «
Mémoire sur la mythologie
appliquée au Pech de Thauze ». Il s’agit d’une thèse
universitaire oubliée dont son intérêt réside surtout dans le
fait que l’étudiant s’appuya sur des archives historiques
remontant jusqu’au 15e siècle. Cette thèse tendrait à
prouver une corrélation entre certains sujets mythologiques et
des lieux bien précis du Bugarach. Bettex ne manque pas de
rebondir sur cette étude providentielle, d’autant que le document
est accompagné de plusieurs découvertes fortuites faites dans
cette région depuis deux siècles. Nous arrivons ainsi au cœur du
mystère de Thauze : des témoignages et des restes archéologiques
au Bugarach confirmeraient certains mythes, celui d’un monde
souterrain perdu dans les profondeurs de la montagne.
Le mythe en question est celui de
l’Agartha (la Terre creuse),
une vaste étendue souterraine formée de réseaux, de conduits
naturels, de cavités, grottes et lacs. Des aménagements s’y
seraient développés ou auraient été engloutis lors d’une
catastrophe géologique. Ce mythe rejoint celui de l’Atlantide,
un monde perdu et oublié décrit par
Platon,
ou celui de
Jules Verne
dans « Voyage au centre de la Terre ». Bien sûr il s’agit
d’un mythe, mais on peut se poser la question suivante : pourquoi
une telle piste de recherche s’est développée au Bugarach ? Il
faut d'ailleurs noter que le Bugarach n’est pas le seul site en
France où ces légendes existent. L’Ardèche, le Pilat ou l’Ariège
offrent des récits similaires. |

La carte de l'Argatha fait aujourd'hui sourire mais elle passionna les scientifiques
et les romanciers du 19e siècle comme
Jules Verne... |

Cénautes dans la région de Riviéra Maya
(Mexique) |
Parmi les promeneurs et les chercheurs qui ont randonné sur le
Bugarach, un sentiment général ressort : cette montagne est
truffée de grottes, d'avens et de galeries. Deux cavités
complexes
(le Bufo Fret et le Font de Dozt)
situées au pied du pic sont d'ailleurs bien connues des
spéléologues, mais elles restent dangereuses du fait des crues
subites.
Il faut aussi prendre en compte les témoignages étranges de
personnes ou d’animaux qui disparurent dans des cavités
profondes et que l’on retrouva quelques jours ou quelques
semaines plus tard, la mémoire défaillante, parfois les cheveux
blancs, mais la plus part du temps avec un bon physique. Lorsque les témoins se font plus précis on trouve des descriptions
de lacs immenses, d’étranges créatures et même de trésors.
S’agit‑il d’épisodes fantasques créés par le cerveau pour se
protéger d’une expérience extrêmement traumatisante ou d’une
réalité à considérer… On regrettera toutefois que ces
témoignages ne soient pas poursuivis par une expédition de
spéléologues aguerris. Et pour cause, le témoin est souvent
incapable de retrouver l’entrée…
|

La grotte surnommée "La cathédrale" au
Bugarach |

Une grotte imposante par sa hauteur... |
Mais revenons à
Daniel Bettex. Eut‑il suffisamment d’indices
pour échafauder ses recherches de terrain ou bien avait‑il fini
par se convaincre à force d’y croire ?
Le fait est que ses
convictions prirent un tournant décisif en étudiant des gravures
rupestres. Sa thèse devint plus précise, mais aussi plus
mythique :
Le
Bugarach cache un accès à un monde souterrain qui aurait été
obstrué. Une rivière souterraine s’écoulerait tranquillement
dans les profondeurs permettant un passage navigable vers
d’autres sites… Mieux, cet accès aurait été aménagé…
On rejoint ici le mythe du fleuve souterrain s’écoulant
en Arcadie, cette connaissance cachée que
Nicolas Poussin
exprima sur sa toile « Les Bergers d’Arcadie I »
grâce au
dieu Alphée.
Tout ceci serait resté dans l’oubli si cet aventurier plutôt
marginal s’était arrêté là, mais les faits qui se produisirent
ensuite participèrent certainement à sa légende.
|

Jules Verne ‑ Le voyage au centre de la
Terre
Une succession d’arceaux se déroulait devant nous... |

Je m’imaginais voyager à travers un
diamant...
|
Daniel Bettex était convaincu non seulement qu'il existe un
accès au monde souterrain du Bugarach, mais qu'une
piste réelle mène à sa localisation. A ce stade on pourrait affirmer
que le scientifique suisse tomba dans son propre piège, qu'à
force de travail il finit par croire au mythe. Seulement voilà,
il ne travaillait pas seul et ses travaux étaient régulièrement validés par
L. Julien, une scientifique renommée. Etait‑elle tombée
aussi dans le piège de l'auto persuasion ?
Des photos
prises par Daniel Bettex dans une cavité existeraient et
montreraient des signes étranges et un coffre posé sur un
brancard... Nous voici revenus au mythe de l'Arche sous le
Bugarach. La rumeur populaire prit bien sûr le relais mais il
n'en demeure pas moins que Bettex cherchait une cavité au flanc
de la montagne et le témoignage de L. Julien le confirme.
Ajoutons qu'il existe des graffitis bien mystérieux posés sur
un mur dans les ruines du château de Bugarach et que Bettex
exploitait également. L'affaire prit alors une tournure plus épique.
Confiant à L. Julien que ses recherches allaient aboutir et
qu'il était à quelques mois seulement pour dégager un accès, il ne put
s'empêcher de révéler qu'un trésor inouï y était enfoui. Nous
sommes alors en 1988. Le chercheur suisse en proie à une
excitation fébrile et inhabituelle confiera qu'il touche au but.
Trois jours plus tard on apprendra que Bettex succomba. Et là
encore le mystère continue... Plusieurs versions s'affrontent...
Est‑il décédé dans sa cavité ? Dans un jardin près du Bugarach ?
Etait‑il trop affaibli ? Est‑il décédé d'une crise cardiaque ?
Nous ne saurons jamais, une discrétion sans doute voulue par sa
famille.
Quelques
mois plus tard sa complice tentera de reprendre les travaux à
l'aide d'un groupe de la Société du Souvenir et des Etudes
Cathares. Le ministère de la culture est également contacté. La
réponse sera sans appel : "Il est hors de question que quiconque
reprenne de telles recherches et de plus il est strictement
interdit de creuser dans le Bugarach. Le trou de Bettex sera
obstrué puis bétonné...
La
conclusion de cet épisode tragique alimentera évidemment les
fantasmes les plus fous. Mais comment ne pas imaginer que ce
sont de telles décisions qui engendrent des excès. Si les
autorités voulaient interdire, pourquoi ne pas l'avoir fait plus
tôt ? Et pourquoi bétonner sans explications ? Doit‑on cimenter un site
de recherche issue de plusieurs années d'investigations ? Encore une
fois, nous sommes confrontés à des décisions soient imbéciles,
soient parfaitement guidées, l'une et l'autre étant tout à fait
inquiétantes...
Daniel Bettex
disparut le 9
février 1988 à 76 ans |

La grotte aux cristaux de Naïca (Mexique) |
Situé dans l'Etat mexicain de Chihuahua, Naïca est un petit
village consacré à l'exploitation minière. Le 4 décembre 1999
une galerie à 200m de profondeur traversa une grotte de 40 m sur
20 m contenant des cristaux d'une taille inconnue à ce jour... |
D'autres
récits étranges...
Un berger
raconte une étrange promenade. Lors d'une randonnée au pied du
Bugarach, il découvrit une grotte. Il y pénétra pour la visiter
et chose étonnante, il se mit à suivre un parcourt accidenté
assez long qui visiblement s'enfonçait dans la montagne. Au bout
de la visite il découvrit une chapelle taillée dans la roche et
5 silos à blés construits en briques rouges. De retour chez lui
il fit part de sa découverte puis retourna sur les lieux avec
des témoins. Malheureusement il ne retrouva jamais la fameuse
grotte...
Un chasseur
se promenant avec son chien dans le Bugarach, fit une rencontre
peu ordinaire. Alors que le chien aboyait, son propriétaire
accouru pensant débusquer un gibier. Il vit son chien grogner au
pied d'une galerie. En regardant vers le haut de la paroi
rocheuse, le chasseur vit alors une sphère verte empêchant les
visiteurs d'aller plus loin. Le maître tira son chien par le
collier et s'enfuit à toutes jambes... |
Le Bugarach
inspire Jules Verne...
Fallait‑il que cette montagne soit si importante pour que même
Jules Verne se l'approprie dans l'une de ses aventures « Clovis Dardentor ». Récit peu connu, il représente
néanmoins un parfait exemple de codages que le romancier appliqua
pour qui voudra bien le suivre dans ce dédale. Pour commencer il faut rappeler que le livre fut publié
en 1896, une date particulièrement symbolique intégrant
le fameux 681. Bérenger Saunière est alors en pleine
finition de son église.
Pur hasard évidemment, mais alors
comment expliquer ce titre Clovis, qui
fit reculer les Wisigoths vers les Pyrénées, et
Dardentor qui nous donne un joli jeu de mot avec « Clovis d'or
ardent »... ou de façon plus précise « l'or du rejeton
ardent de Clovis, les mérovingiens ». Pour comprendre cette
belle parabole il faut alors retourner à l'histoire des
Mérovingiens, de leurs
descendances mystérieuses et de
Sigebert IV le fils (rejeton) du roi perdu
Dagobert II.
Le hasard se poursuit avec un autre personnage central,
le capitaine Bugarach à bord
de son bateau l'Argélés
et qu'il faut lire à l'envers
pour découvrir
«sélégral»
ou
tout simplement
« C'est les Graals
»...
Rappelons aussi que près du Bugarach il existe un hameau au nom
de
« Les Capitaines »... Etc.
Voilà
décidément un hasard bien tenace...
Les passionnés auront bien compris qu'il ne s'agit absolument
pas de quelques capricieuses coïncidences, mais plutôt d'un
écrivain génial initié au secret de
Rennes. D'autres suivront aussi le même chemin comme
Edgard
Poe ou
Maurice Leblanc... |

Jules Verne (par Félix Nadar)
Il connaissait parfaitement le Bugarach
et plus encore...
comme le prouve son roman Clovis Dardentor
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Jules Verne naquit le 8
février 1828 à Nantes et disparu le 24 mars
1905 à Amiens. Il publia
son premier roman en 1863 chez l'éditeur Pierre Jules Hetzel et
son œuvre sera complétée durant 40 ans par 64 volumes dédiés à
ses Voyages extraordinaires... Son œuvre colossale sera traduite
dans le monde entier... |
Recherches
mystérieuses à Camp sur Agly
Les alentours du
Bugarach ne sont pas en reste de mystères. A
Camp su Agly,
un petit village à l'Ouest du Bugarach, d'étranges fouilles
furent menées par le CNRS vers
1980.
Officiellement le projet s'appelait "gisement du néolithique
final dans le Fenouillèdes".
L'objectif était de fouiller
dans le flanc Ouest du Pech, à partir de la
grotte de
Chincholle.
Mais
curieusement le site attira une quinzaine de chercheurs
d'origines très diverses dont des américains et des israéliens.
La NASA aurait même participé à l'aventure. On peut tout de même
s'interroger sur cet engouement de la célèbre administration
américaine à creuser sur un site si peu connu pour son caractère
archéologique. Les traces néolithiques étaient‑elles le seul
prétexte ? Le fait est que l'on peut visiter aujourd'hui, non
sans risque, ce site perforé par
20 puits d'environ 100 m
de profondeur et interconnectés.
Ce projet
resta actif jusqu'en 2002, date à laquelle les chercheurs
auraient criés un jour au téléphone sur la place du village :
"On a trouvé"...
Le lendemain le site était désert. Des témoins racontent d'ailleurs
que suite à ce départ soudain et incompréhensible, du matériel
et des documents avaient été laissé sur place, ce qui fit le
bonheur de certains... |
Le Bugarach inspire la rencontre du 3ème type...
On ne peut terminer ce tour d’horizon du Bugarach sans évoquer
le film « Rencontre du troisième type » écrit et
réalisé par Steven Spielberg et qui sorti en France le 24
février 1978. François Truffaut y joue le rôle d’un ufologue
confronté à une série d’événement du 3ème type. Mais
le plus intéressant consiste en une vision obsédante qui finit
par détruire la vie d’un technicien et de quelques
personnes choisies par des visiteurs d'un autre monde. Cette
vision se concrétisera par une montagne énigmatique isolée en
plein désert et qui deviendra le lieu d'une rencontre
extraterrestre.
Comment ne pas voir derrière cette fable, une allusion très
claire au fameux Bugarach audois et que Spielberg transposa par
la Tour du Diable, une montagne étrange, bien réelle,
située dans le Wyoming, et qui servit dans le film de piste
d’atterrissage à OVNI... |

La Tour du Diable au Wyoming (US) qui a
servi au film "Rencontre du 3ème type" |
A la marge
de l'énigme de Rennes je ne peux résister au charme de ces
quelques clichés dont nous ne saurons probablement jamais s'ils
sont issus d'un trucage ou non.
Quoi qu'il en
soit ils font aujourd'hui partie du mythe du Bugarach et
participent au dossier des ufologues...
Fantasmes ou
réalité, la montagne sacrée cristallise toutes les passions.
Mais le plus étrange est que cette influence n'est pas récente,
elle remonte certainement à la nuit des temps...
Photo prise au pied du Bugarach |
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Objet étrange pris dans le ciel du
Bugarach |

Autre objet vu contre un versant du
Bugarach... |
Les observations ne manquent sur le Pech de
Bugarach. Régulièrement tourné en dérision par les médias, des images et des films sont pourtant là pour témoigner. C'est en 2012
qu'un randonneur allemand accompagné d'un groupe espagnol habitué aux circuits de montagne ont réussi à capturer une vidéo
particulièrement étonante. C'était le
28 mars 2012... |

Objet photographié au sommet du Bugarach le 28 mars 2012 |

Le Bugarach entre
aussi dans l'énigme de Rennes au travers d'autres chapitres que
sont l'art pictural et les alignements topographiques. En effet
la montagne sacrée a été représentée par plusieurs artistes pour
suggérer le Haut Razès en commençant par
Nicolas Poussin avec
les Bergers
d'Arcadie II
ou
Téniers le Jeune avec
Les
7 péchés capitaux).
Les alignements autour du
Bugarach représentent aussi un sujet très important.
Nos ancêtres exploitèrent son sommet et les alentours pour poser
des repères fondamentaux, preuve que le Bugarach cache de
nombreux secrets...
Mais ceci fera l'objet d'un sujet bien particulier... |

Le Bugarach et au premier plan, Le Cardou |
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