Nicolas Poussin
(le maître des Andelys)
Né le 15 juin 1594 aux Andelys (Rouen) mort le 19 novembre 1665 à Rome
Il est l'un des plus grands maîtres classiques du XVIIe
siècle et aussi une énigme pour tous ceux qui l'ont étudié.
Peintre incontournable de l'affaire de Rennes‑le‑Château, il n'a de cesse de
fasciner au fil du temps les chercheurs qui l'abordent. Détenteur d'un grand secret qu'il déposa dans son tableau "Les Bergers
d'Arcadie II", initié à la géométrie sacrée et à l'art des nombres, son implication dans l'énigme n'est plus à démontrer. D'autant
qu'il côtoie d'autres personnages tout aussi liés aux deux Rennes... |

Nicolas Poussin (1594‑1665)
Autoportrait 1650 |
Voici le peintre le plus célèbre de l'affaire de Rennes‑Le‑Château. Sa renommée d'artiste est mondialement
reconnue et n'est plus à démontrer. Pourtant, son implication dans l'énigme est devenue indiscutable et son nom est omniprésent.
Nicolas Poussin est entouré de plusieurs mystères dont
le plus célèbre s'est cristallisé autour de l'une de ses
nombreuses toiles :
Les Bergers d'Arcadie (Version II)
La raison est au départ simple. La sentence "ET IN ARCADIA EGO" se trouve aussi bien sur
son tableau que sur
la dalle de Blanchefort. Mais comment peut‑on faire un tel lien entre un peintre
classique du XVIIe siècle et l'énigme des deux
Rennes ?
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Les Bergers d'Arcadie II et la dalle de Blanchefort (ci‑contre) portent la même inscription :
"Et In Arcadia Ego" |
Nicolas Poussin est un peintre classique à part. Considéré comme l'un des
artistes français les plus prestigieux de son époque, il part à l'âge de 30 ans à Rome et ne reviendra en France que durant 2 ans
à la demande de Louis XIII et de
Richelieu.
En fait, lorsque l'on
détaille la biographie du maître des Andelys, des liens avec
d'autres personnages célèbres projettent l'énigme de Rennes
sur une autre affaire retentissante à son époque :
l'affaire
Fouquet sous Louis XIV et par ricochet
Nicolas Pavillon, la
baronnie Hautpoul,
Jean‑Jacques Olier
curé de
l'église Saint‑Sulpice à Paris
et
Saint Vincent de Paul.
Or, ce n'est pas tout. En analysant sa vie et son œuvre, on s'aperçoit vite que sa
personnalité est complexe et pleine de paradoxes. Derrière ce grand maître de la peinture se cache un initié d'une intelligence
remarquable et en possession d'un grand Secret...
Les questions laissées sans réponses autour de Nicolas Poussin
sont nombreuses et c'est l'une des premières contradictions. Ce personnage possède une documentation et une biographie très
complète qui interdit en principe toute zone d'ombre. Pourtant les faits sont là. Poussin est un personnage à multiples facettes
et que nous commençons tout juste à entrevoir...

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Nicolas Poussin (1594‑1665)
peintre classique français
Il est le fils de
Jean Poussin, notaire à Soisson, comme d'ailleurs son grand père.
Jean Poussin fut ruiné par les nombreuses guerres et participa à deux campagnes
militaires dont le siège de Vernon. C'est à cette occasion qu'il épousa Marie de Laisement, veuve du procureur de
Vernon.
Ils eurent un enfant,
Nicolas Poussin, qui naquit le
15 juin 1594 au hameau de Villers,
aux
Andelys, près de Rouen, en Normandie.
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Buste de Nicolas Poussin, vers 1630
par
François Du Quesnoy (1597‑1643)
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Sa formation d'artiste
Dès son plus jeune âge, Nicolas adorait dessiner et c'est durant ses leçons qu'il
s'exerçait. Il fut très vite remarqué par
Quintin Varin, peintre de Beauvais, qui lui enseigna la peinture.
Malheureusement pour Nicolas, ses parents acceptèrent mal sa future condition d'artiste et
ceci malgré les encouragements de
Quintin Varin. A la fin de son apprentissage, Nicolas Poussin décida donc de quitter son domicile familiale et sa
Normandie natale, ceci sans le consentement de son père, et sans ressources. C'est ainsi qu'il arriva à
Paris en
1612 à l'âge de
18 ans, mais les années qui suivirent furent éprouvantes.
Il fit très vite la connaissance d'un jeune seigneur du Poitou, amateur d'art, qui lui
procura un logement. Il devint également son protecteur. Sa carrière de peintre débuta dans l'atelier de
Ferdinand Elle de Malines, portraitiste flamand, puis de Lallemand, peintre lorrain. Son ami poitevin lui fit
connaître Courtois, mathématicien du roi Louis XIII, et attaché au Louvre. Cette connaissance permit à Nicolas
Poussin d'examiner de nombreuses toiles et gravures de peintres italiens, et surtout de
Raphaël qu'il découvrit. A cette période, Poussin rencontra Philippe de Champaigne
au collège de Laon, et
Marie de Médicis les employa tous les deux pour la décoration du Palais du Luxembourg sous les ordres du peintre
Nicolas Duchesne.
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Un démarrage difficile
Son protecteur, obligé de revenir dans le Poitou, demanda à Nicolas de le suivre. Ce
dernier, en signe de reconnaissance, accepta d'autant qu'il pensait durant ce temps perfectionner sa technique . Mais il fut
mal accueilli, la mère de son bienfaiteur le prenant pour un domestique. Il décida alors de quitter le Poitou et s'est humilié
qu'il retourna à Paris. Aussi pauvre qu'auparavant, il dut faire le trajet à pied et durant son voyage long et pénible il fit quelques
toiles dont
"Les Bacchanales". Il arriva à
Paris fatigué et malade et il dut retourner aux
Andelys. Il y resta un an puis revint une nouvelle fois à Paris. Mais son obsession restait inchangée : aller dès
que possible à
Rome.
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Le début de la célébrité
En
1622, il rencontra son premier mécène italien, un poète, le
Cavalier Marin
(G. Marino), très protégé de
Marie de Médicis. Celui‑ci lui proposa de l'emmener à Rome, mais
Poussin ne put accepter. En
1623,
les jésuites qui célébraient la canonisation de Saint Ignace et de Saint Xavier, invitèrent Poussin à concourir pour réaliser
la peinture des miracles des deux saints. Il fit 6 toiles
sur la « Vie de Saint‑Ignace de Loyola » qui vont lui apporter immédiatement la célébrité.
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Son arrivée à Rome
C'est au début de l'année
1624 que
Nicolas Poussin arriva à
Rome
où il eut le coup de foudre.
Le Cavalier Marin, devenu son ami, arriva plus tôt à la capitale italienne et l'introduit
au palais Barberini. Il présenta alors Poussin au
Cardinal Francesco Barberini, riche collectionneur et mécène,
qui lui commanda son premier tableau
"la Mort de Germanicus", puis
"La prise de Jérusalem par l'Empereur Turc".
Il travailla également beaucoup pour le commandant
Cassiano del Pozzo, secrétaire du
cardinal Barberini. Le Cavalier Marin partit pour Naples et mourut quelques temps
après. |

Cardinal Légat Barberini
(1597‑1679)
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Le Palais Barberini à Rome (vue de
l'époque) |
Il
continua à créer avec «Le martyre de Saint‑Erasme»
pour la basilique Saint‑Pierre ou « L’enlèvement des
Sabines ». Les sujets sont le plus souvent
historiques et religieux.
Malheureusement,
son talent ne suffit pas à redresser son existence et il
est obligé de vendre ses toiles pour survivre.
A cette
période, Poussin partageait son logement avec le
sculpteur Duquesnoy aussi pauvre que lui. Mais cette
cohabitation lui permit de se perfectionner dans l'art
du modelage. Grâce à cette technique il travailla les
drapés et les lumières, améliorant sans cesse son art.
Il étudia la géométrie et la perspective ainsi que
l'anatomie avec le chirurgien
Nicolas Larche.
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Cassiano del Pozzo
(1588‑1657) |
Poussin quitte sa vie de bohème
Entre
1628
et 1629, il tomba gravement malade et fut
recueilli par Jean Dughet, un pâtissier parisien.
Épris par l'une de ses filles,
Anna‑Maria, qui le soigna durant cette longue année,
ils se marièrent en septembre 1630. Cet
évènement permit à Nicolas Poussin de sortir de la
misère et de s'attacher à l'Italie. Grâce à la dot il
acheta une maison sur le
mont Pincio. Le couple
n’eut pas d’enfants, mais il adopta ses deux frères,
dont l’un fut le peintre
Gaspar Dughet, appelé
aussi Gaspar Poussin, et l’autre,
Jean Poussin, qui
grava ses tableaux.
C'est aussi à
cette période entre 1628‑1630 que Poussin fit sa
première version des
Bergers d'Arcadie.
Son inspiration vient peut‑être d'un autre tableau présent
dans la collection de la famille Barberini, protecteurs
du peintre : "Et In Arcadia Ego" du Guerchin
|

Les Bergers d'Arcadie (Version I) par Nicolas Poussin
réalisé entre 1628 et 1630 |
Poussin enfin célèbre
En
1640 Poussin commença à devenir célèbre, et l'on
estime que la
seconde version des
Bergers
d'Arcadie
a été crée à ce moment.
C'est en tout cas la thèse officielle, mais il faut
savoir que cette période est très contestable et contestée par plusieurs experts indépendants. Compte tenu de la maturité de
l'œuvre, celle‑ci
serait plutôt située vers
1655 ce qui satisfait tout à fait la chronologie de l'énigme.
Vers
1640,
Louis XIII et
Richelieu demandèrent au Maître de revenir en France,
par l'entremise du surintendant
Sublet de Noyers
et dans le but de superviser les travaux du
Louvre. Poussin, très attaché à Rome, hésita et finit par accepter en
retardant constamment la date, prétextant une toile à
terminer ou sa maladie.
Poussin voulut se dégager de
cette mission, mais
Paul Fréart de Chantelou, trop engagé vis‑à‑vis
de
Louis XIII, décida de partir pour Rome et de le
ramener. C'est ainsi que Nicolas Poussin partit pour Paris,
laissant sa femme à Rome.
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Son passage à Paris
En décembre
1640, Poussin arriva à Paris,
accueilli par M. de Noyers, secrétaire d'État et
surintendant des Bâtiments du Roi. Poussin fut
rapidement présenté au
Cardinal de Richelieu et à
Louis XIII. Il retrouva son ami, le peintre
Philippe de Champaigne et fit la connaissance d'Eustache
Le Sueur, jeune artiste qui deviendra son futur
élève. Mais son arrivé ne fit pas que des heureux et il
suscita une vive jalousie du peintre
Simon Vouet.
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Poussin arrive à Paris et est
présenté à Louis XIII par Richelieu (1640)
de Jean Alaux (Le romain) 1828‑1832 |
Le
2 mars 1641,
Poussin fut nommé
premier peintre du Roi
et obtint la supervision générale de tous les ouvrages
de peinture et des ornements des maisons royales. A
cette époque Poussin fit des dessins pour la grande
galerie du Louvre où il représenta la vie d'Hercule.
Mais, mécontent des travaux d'architecture de
Le
Mercier, il décida de les détruire. C'est ainsi que
Le Mercier, architecte du Roi, associé à
Simon Vouet,
devinrent les ennemis jurés de Poussin.
Leurs calomnies
prirent très vite de l'ampleur et arrivèrent jusqu'aux
oreilles du Roi, ce qui obligea Poussin à se défendre.
Ce fait inspira le peintre qui fit les tableaux
"Le temps emportant la vérité pour la soustraire à
l'Envie et à la Calomnie" et "Le triomphe de la vérité".
D'autres grandes œuvres virent le jour comme
"Le
Baptême", "La Cène" et
"Le Miracle de Saint Xavier". |
Retour définitif à Rome
Lassé et pressé de retrouver son maître et ami
italien Cassiano
del Pozzo, il repartit à la fin du mois de
septembre 1641 à Rome dans sa petite maison du mont
Pincio. Le
6 novembre 1642 il s'attaqua à de nombreux
tableaux mythologiques et bibliques comme "Orphée et
Eurydice",
"Orion aveugle",
et "Les Quatre saisons". Ces toiles lui vaudront
une renommée européenne. Son élève,
Eustache Le Sueur voulut le suivre à Rome mais
étant très pauvre, il ne put le faire.
Poussin
ne l'oublia pas et continua à lui donner des conseils et
lui envoya des dessins.
Nicolas Poussin vit les morts successives
de Louis XIII et du
Cardinal de Richelieu
ce qui destitua M. de Noyers, mais pas pour
longtemps car il fut reconduit à son poste par le
Cardinal Mazarin. M. de Noyers demanda donc à
Poussin de revenir à Paris pour terminer la grande
galerie du Louvre. Poussin accepta mais en proposant
d'envoyer les dessins par courrier depuis Rome. C'est
ainsi qu'il resta définitivement à Rome.
C'est ainsi qu'il justifia son
choix de rester à Rome dans une de ses lettres :
«
C’est un grand plaisir de vivre en un siècle là où il se
passe de si grandes choses, pourvu que l’on puisse se mettre à
couvert en quelque petit coin pour pouvoir voir la comédie à son
aise. »
En
1643, Poussin commença une nouvelle toile
"Le
Ravissement de Saint Paul" à la demande de
Paul
Fréart de Chantelou. Puis vers
1645, il finit la seconde suite des
"Sacrements" et commença deux autres tableaux,
"Le Testament d'Eudamidas " et
"Le massacre des
Innocents". Vers
1648, il peignit
"Les
Funérailles de Phocion".
C'est aussi à cette
même époque que vraisemblablement Poussin élabora
les Bergers d'Arcadie (version II), mais
curieusement cette toile ne laissa aucune trace de son
élaboration.
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Les Bergers d'Arcadie ‑ Version II
(Date officielle entre 1638 et 1640)
mais beaucoup plus vraisemblablement 1650‑1655 |
En
1657, l'un de ses grands amis italiens, le
Chevalier del Pozzo
mourut, ce qui le plongea dans un état de profonde
tristesse. Il sombra alors encore plus gravement dans sa
maladie, supportant de moins en moins ses infirmités de
toujours. Sa main tremblait trop.
En
1660, il commença 4 tableaux
"Les Quatre Saisons" pour le
Duc Armand Jean
de Richelieu, petit neveu du
Cardinal de
Richelieu. La toile fut terminée en
1664. |
La fin de sa vie
Anna‑Maria, son épouse, tomba gravement
malade et pendant 9 mois, Nicolas Poussin fut à son
chevet.
Elle mourut finalement le
16 octobre 1664,
suite à une longue maladie provoquant toux et fièvre. Poussin
sombra alors dans un isolement total et un profond chagrin. Ils
n'eurent jamais d'enfant.
Ses infirmités furent de plus
en plus présentes et suite à une visite impromptue d'un jeune
neveux, Mathias Letellier, envoyé par la famille pour
surveiller l'héritage, il décéda le
19 novembre 1665
à Rome
à l'âge de 72 ans. |

Nicolas Poussin
Autoportrait |

La mort de Nicolas Poussin en 1665
(gravure de Bracquemond Félix, imprimeur Salmon A.
d'après François Marius Granet 19e)
La gravure est conservée au musée des Beaux‑arts de Nancy |
Cette gravure faite par François‑Marius Granet
(1777‑1849) démontre à quel point les Bergers d'Arcadie étaient
attachés au maître des Andelys. Au‑dessus de son lit, on peut
reconnaître le tableau des
Bergers d'Arcadie II,
son chef d'œuvre. Ceci montre également que le tableau était
probablement encore en sa possession en 1665.
Le cardinal Massimo
représenté ici recueillit ses dernières confidences.
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Nicolas Poussin enfin reconnu
Son œuvre est immense et l'on compte
plus de 200 tableaux
recensés de sa main dans les plus grands musées et
dont le quart se trouvent en France et la plupart au Louvre.
Il laisse aussi 450 dessins au Louvre et à Windsor Castle.
Nicolas POUSSIN était reconnu de son vivant comme le plus
grand peintre de son siècle. Il est maintenant reconnu comme
le fondateur de la peinture classique française du XVIIe
siècle.
Son œuvre est un hymne aux vertus de la
logique, de l'ordre, de la géométrie et de la clarté. Il a influencé
l'évolution de l'art français jusqu'à nos jours.
Alors que les peintres
hollandais s'attachaient à représenter des paysages
naturels, les artistes italiens s'orientèrent vers une
conception différente du paysage, marquée par un
ordonnancement précis des éléments du tableau et par une
composition qui met en valeur les sujets mythologiques ou
religieux. Poussin excellait dans cette tendance du XVIIe
siècle. Il s'inspira de l'art de la Rome antique et imposa
un rythme de logique et de clarté qui forcera tous les
courants artistiques après lui à le suivre et ceci au delà
des frontières italiennes.
Enfin
Poussin sublima son œuvre en utilisant la géométrie Sacrée
et les allégories. Il utilisera sont art pour transmettre
des messages et des idées. Ceci est par exemple très clair
lors de son conflit avec Simon Vouet où il utilisera sa
peinture pour se moquer de ses ennemis. Ainsi il mettra a
profit cette faculté pour transmettre aux générations
futures un grand Secret...
Nicolas Poussin
fait partie des peintres qui n'en finissent pas d'étonner...
|
Nicolas Poussin est lié à l'affaire des
deux
Rennes à partir de différentes pistes convergentes :
Il est l'auteur de deux
versions des Bergers d'Arcadie marquées par la sentence "ET
IN ARCADIA EGO". La seconde toile sera reprise par
de nombreux artistes et joue un rôle
essentiel dans le mystère de Rennes‑Le‑Château.
Certains faits de sa vie sont à la fois discrets, intrigants,
et trouvent une résonance toute particulière dans
l'énigme. Cela concerne par exemple
l'anecdote de la lettre Fouquet qui nous amène à
l'affaire du même nom.
Nicolas Poussin
était un érudit des arts, de la géométrie sacrée, des
mathématiques, de la mythologie grecque et romaine, et certainement un spécialiste des
symboles ésotériques.
Nicolas Poussin
était un proche de
la
Compagnie du Saint Sacrement
dont
Jean‑Jacques Olier est le fondateur.
Rappelons que Olier est également le prêtre qui initialisa
le projet de rénovation de
l'église Saint
Sulpice à Paris.
Une scène arcadienne
est présente près de Rennes‑Le‑Château :
le tombeau des Pontils
D'autres toiles du peintre commencent aussi à
étonner comme par exemple
L'histoire universelle,
une œuvre retrouvée par hasard et supposée être du maître.
Sa tombe
édifiée par René de Chateaubriand à Rome reprend la scène
des Bergers d'Arcadie.
La scène des
bergers d'Arcadie est également retrouvée sur un marbre
à Shugborough Hall chez la famille Anson. Or des liens
historiques existent entre les Anson et l'affaire des deux Rennes.
Le fond montagneux des Bergers d'Arcadie II dessine sur le terrain du Haut Razès un
Triangle d'Or issu tout droit de la Géométrie
sacrée, un triangle qui est repris par Maurice Leblanc dans les aventures d'Arsène
Lupin intitulées "Le Triangle d'Or'".
|
Les Bergers
d'Arcadie et la piste romaine
Le
mystère le plus captivant lié à Poussin est bien celui qui règne
autour des deux peintures : "Les Bergers d'Arcadie". Ces œuvres
sont des éléments incontournables dans l'affaire de Rennes et s'intègrent
dans des pistes très différentes.
En fait, il
faudrait parler de 4 tableaux qui semblent poursuivre une même
inspiration. Les deux premiers réalisés vers
1624 concernent
la légende du roi Midas qui, ne supportant plus de transformer
en or tout ce qu'il touchait, alla se laver à la source du Pactole.
Les deux toiles suivantes reprennent le mythe de Virgile où un mystérieux
tombeau est découvert par des bergers et une bergère. Sur les deux toiles
intermédiaires on trouve
la présence d'Alpheus "Dieu du fleuve". Alpheus verse l'eau
d'une amphore, allusion sans doute au fleuve souterrain
Alphée qui traversait l'Arcadie. De manière allégorique le
fleuve souterrain symbolise
le flôt de la connaissance
cachée.
A la quatrième toile, Poussin sublime son œuvre.
La scène est épurée et gagne en profondeur. Sa construction
géométrique et ses allégories sont si complexes et subtiles qu'elles continuent à
occuper de nombreux chercheurs. |

Le Roi Midas se lavant à la source du
Pactole
Œuvre non officiellement attribuée
à Nicolas Poussin
|

Le Roi Midas se lavant à la source
du Pactole ‑
Poussin 1624 |

Les Bergers d'Arcadie (version I)
Version anglaise ‑ Poussin vers 1629‑1630 |

Les Bergers d'Arcadie (Version II)
(date officielle du Louvre
entre 1638 et 1640,
mais très
vraisemblablement 1655 |
Si l'on admet que "Les Bergers d'Arcadie (version I)"
est une toile majeure, comment et pourquoi
Nicolas Poussin a‑t‑il été amené à la concevoir
entre 1629 et 1630 ?
Son
inspiration est peut‑être venue après avoir visité la collection
de la famille Barberini à Rome. A cette époque, vers
1624,
Poussin fasciné par l'art italien ne manqua certainement pas de
contempler les plus
grands chefs d'œuvre picturaux de Rome. Un tableau
présent dans la collection Barberini va peut être l'inciter à
retravailler le thème du Guerchin :
Et In Arcadia Ego.
On y voit deux bergers découvrant un crane posé sur une pierre
gravée de la célèbre sentence. |
En 1629, Poussin tomba malade et sa
convalescence dura un an pour se terminer par un mariage. Cette
époque fut fondamentale pour le peintre qui quitta sa vie de
bohème pour une vie de famille plus stable. De plus, grâce à la dot
et à son premier succès en 1628 "La mort de Germanicus"
commandité par le cardinal Francesco Barberini, Poussin
put enfin se consacrer à des thèmes plus libres.
Durant cette période, il peignit énormément. En profita t‑il
pour prendre ce premier sujet arcadien ? |

Francesco Barberini
|
Qui fut le commanditaire de cette première
version arcadienne ?
Nous ne connaissons pas le
commanditaire de la première version des Bergers. Néanmoins, à cette époque un
cardinal influent règne dans l'entourage du peintre : le cardinal Rospigliosi. Est‑ce
la renommée de Poussin auprès du cardinal
Barberini
qui poussa cet autre cardinal à confier à Poussin un sujet
plus ténébreux ? Poussin avait‑il conscience de la profondeur du
thème ?
Ces questions restent en suspend, mais il
faut reconnaître que la densité allégorique de l'œuvre a de quoi surprendre. La
présence sur une même toile d'un tombeau (le crâne posé sur le dessus
lève toute ambigüité) et du Dieu Alpheus symbolisant le flôt
de la connaissance cachée sous‑entend en tout cas quelques secrets bien gardés. |
Qui était le cardinal Rospigliosi?
Le cardinal
Giulio Rospigliosi naquit le 27 janvier
1600 à Pistoia, près
de Florence en Toscane, et disparut en
1669. Il est issu d'une grande
famille noble et
étudia à l'université de Rome avec trois
professeurs célèbres. Il alla ensuite à l'université de
Pise où il reçut un doctorat de philosophie.
Il devint par la suite
Archevêque titulaire de Tarsus, Cardinal de Saint‑Sixte,
puis
Pape
Clément IX de
1667 à 1668.
Clément IX fut ami des lettres,
érudit, pacifique, économe, libéral, et père du peuple. Il
fut également un grand amateur et un protecteur des arts.
|

Giulio Rospigliosi en 1669
(Par Carlo Maratta)
|

Le cardinal Rospigliosi
(1600‑1669) |
Il eut à cœur deux missions dont il ne put
venir à bout : empêcher les Turcs de prendre Candie (La
Crète) et installer la paix dans l’Église de France.
En tant que cardinal voulait‑il
signifier à la Maison de France qu'il connaissait le secret
de Rennes ? On suppose en tout cas qu'il fut l'inspirateur de
la formule "ET IN ARCADIA EGO".
Poussin a‑t‑il été initié par le
cardinal Rospigliosi ? Pourquoi pas ? Mais une autre piste mise en valeur par la
lettre de Fouquet va amener des coïncidences historiques
plus que troublantes...
|
Comment et pourquoi
Nicolas Poussin a‑t‑il été amené à récidiver et à peindre la
seconde version
"Les Bergers d'Arcadie (version II)" ?
Le mystère de ce
tableau commence par sa date. Une querelle d'expert montre
que nous sommes en présence d'une lacune évidente dans la
biographie du maître des Andelys. Officiellement,
la toile fut réalisée entre 1638 et 1640, mais
plusieurs spécialistes
affirment que la maturité de la toile est incompatible avec
cette époque. Pour trouver une telle assurance dans le trait il
faut ajouter au moins une dizaine d'années, ce qui amène le
tableau à 1650. D'autre part, nous n'avons aucune preuve
que Poussin peignit cette toile vers
1638, soit 10 ans plus
tard que sa première version. Cette date est conjecturale,
mais comme pour la première, elle correspond à la
même période romaine.
Pourquoi une telle
polémique ? Quel est l'enjeu ? N'oublions pas qu'une autre date
clé existe dans l'énigme :
1645, année de la
découverte d'un extraordinaire trésor par le
berger Ignace Paris ? Mythe ou
Réalité ? Le fait est que si l'on prouve que ce tableau a été
confectionné avant 1645, certaines thèses sont à reprendre. Il faut reconnaître qu'aujourd'hui rien ne permet de dater les
Berger d'Arcadie avant 1645.
Qui fut le commanditaire de cette seconde
version arcadienne ?
Cette question cruciale nous
amène vers une autre piste qui est celle de l'affaire Fouquet,
mais encore une fois il faut reconnaître qu'il n'existe aucune
trace d'un commanditaire. Tout a été visiblement confectionné dans un
secret absolu.
Une hypothèse pourrait
être portée par ce même
cardinal Rospigliosi,
mais le cardinal Francesco
Barberini est aussi un bon candidat. En effet, le tableau
fut retrouvé en France dans une collection privée, or la
famille Barberini ayant été disgraciée par le pape après la mort
de Urbain VIII, le frère de Francesco Barberini
quitta Rome pour la France. |
N'oublions pas également que la
famille Barberini était très puissante à l'époque, le
cardinal Francesco Barberini étant le neveu du
Pape Urbain VIII.
En réalité, la
mystérieuse lettre de Fouquet amène à revisiter les
liens qui existent entre plusieurs personnages célèbres et qui
de plus sont impliqués dans l'affaire par d'autres faits
convergents.
Il s'agit notamment de
Jean‑Jacques Olier, fondateur de
l'église Saint‑Sulpice
de Paris, Nicolas Pavillon évêque
d'Alet et la famille Fouquet dont le célèbre
Nicolas Fouquet, Surintendant de
Louis XIV... |

Poussin posant pour son autoportrait
Gravure de 1860 |
La lettre mystérieuse de Louis Fouquet
à son frère Nicolas
surintendant des Finances |
Comment peut‑on relier
Poussin à
l'affaire Fouquet et à l'énigme de Rennes ?
Commençons par une mystérieuse lettre...
C'est à partir d'une lettre énigmatique retrouvée dans les archives de la famille
Cossé‑Brissac et de plusieurs faits troublants, que l'on
peut entrevoir la fabuleuse trame historique sur fond arcadien
et sur fond d'affaire d'Etat.
Cette lettre, connue depuis
1862,
date du 17 avril 1656. Elle fut envoyée de Rome et
rédigée par l'abbé Louis Fouquet
alors âgé
de 23 ans. Son destinataire n'est autre que son frère
Nicolas
Fouquet, surintendant des finances de Louis
XIV.
Voici l'extrait :
|
«
J’ai rendu à
M. Poussin la lettre
que vous luy faites l’honneur de luy escrire ; il en a
témoigné toute la joie imaginable. Vous ne scauriez croire,
Monsieur, ni les peines qu’il prend pour vostre service, ni
l’affection avec laquelle il les prend, ni le mérite et la
probité qu’il apporte en toutes choses.
Luy et moy nous
avons projetté de certaines choses dont je pourray vous
entretenir à fond dans peu, qui vous donneront par M.
Poussin les avantages (si vous ne les voulez pas méspriser)
que les roys auroient grande peine à tirer de luy, et
qu’après luy peut‑estre personne au monde ne recouvrera
jamais dans les siècles advenir ; et, ce qui plus est, cela seroit sans beaucoup de dépenses et pourroit mesme tourner à
profit,
et ce sont choses si fort à rechercher que quoy que
ce soit sur la terre maintenant ne peut avoir une meilleure
fortune ni peut‑estre esgalle. Comme en luy rendant vostre
lettre je ne le vis qu’au moment en passant, j’oubliay de
luy dire que vous ferez retirer son brevet renouvelé en
termes honorables... »
De Louis Fouquet à Nicolas Fouquet le 17 avril 1656
(Archives de l'art français, 2ème série, t.II, année1862)
|
Cette lettre fait partie de sept correspondances citées par
Anatole de Montaiglon, dans lesquelles
Louis
Fouquet évoque ses rapports et ses projets avec Nicolas Poussin. Ces documents qui avaient été
retrouvés sont de nouveau perdus. Jacques Thuillier CNRS. Colloques internationaux Nicolas Poussin, Paris 19‑21 septembre 1958, t.II
(1960), p.102 |

Nicolas Poussin (1594‑1665)
Autoportrait 1650
Auteur des Bergers d'Arcadie |

Louis Fouquet
(1633‑1702)
Evêque‑comte d'Agde
en 1659
Auteur de la lettre mystérieuse |

Nicolas Fouquet (1615‑1680)
Surintendant des finances
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Dit
autrement : Louis Fouquet informe son frère Nicolas
qu'après avoir remis à Poussin son courrier, il projeta avec
le peintre "Certaines choses" qu'il promit de détailler.
Louis Fouquet confia que ce projet donnerait à Poussin un
pouvoir que, ni les rois, ni personne à l'avenir, ne
pourrait lui retirer. De plus ce projet a l'avantage d'être
peu coûteux, il pourrait même se révéler être une richesse
inégalée sur terre...
Cette lettre retrouvée dans les archives de la
famille Cossé‑Brissac confirme qu’une affaire de la plus haute importance était déjà en route 4 ans avant l’arrestation du
Surintendant. Par ailleurs Louis Fouquet séjourna à Rome un an entre 1655 et 1656.
Il est alors abbé de Saint‑Martin d'Autun, du Jard, de Ham, de Sorèze et de Vézelay et sa mission dans la capitale italienne est
fixée par son frère Nicolas qui le charge de collecter diverses œuvres d'art.
Nicolas Poussin va alors
l'aider. C'est dans de contexte qu'il va aussi surveiller l'ambassadeur
M. de Lionne et vérifier les acquisitions.
Cette lettre inexplicable est tout simplement ignorée des historiens. Qui initia l'autre ? Poussin ou l'abbé
Louis Fouquet ? Et de quel projet pouvait‑il s'agir ? Ce courrier montre en tout cas que
Nicolas Fouquet fut mis dans le secret par son
frère Louis à propos d'un projet hors norme.
Or il est troublant de constater que le marché du Château de Vaux le Vicomte fut signé par Nicolas
Fouquet le 2 août 1656, soit
3 mois après cette fameuse lettre, un marché qui engage le Surintendant pour 600.000
livres (le château) et 257.000 livres (les communs)...
Comment ne pas supposer que le Surintendant prit sa décision de construire le Château suite aux révélations de son
frère Louis et de Nicolas Poussin ? Comblé par ce secret qui
tombe au bon moment, il prit certainement confiance et décida d'investir...
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Le Château de Vaux le Vicomte |
Nicolas Fouquet,
splendeur et
déchéance
C'est à la suite d'une période
financière difficile pour l'Etat que
Nicolas Fouquet
est nommé Surintendant des Finances en
1653 par
le cardinal Mazarin, alors Premier Ministre. Sa mission
est de
renflouer le trésor royal. Fouquet, homme brillant et
intelligent, rétablit très vite la confiance et l'épargne. Amoureux
des Arts, il emploie Le Nôtre, Molière, La Fontaine, et
Poussin...
Mais sa réussite
insolente attise la convoitise et les jalousies. A la
mort de Mazarin en mars 1661,
Colbert, qui
était son intendant privé, rend Fouquet responsable
d'anomalies financières et le calomnie.
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Nicolas Fouquet
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Un procès fleuve marquera cette
période et Louis XIV qui
avait alors 22 ans prit finalement la décision de jeter en prison
Fouquet. Tout le monde connaît la fin tragique de
Nicolas Fouquet. Devenu immensément riche alors qu'il
gérait les finances royale, le Roi demande de revoir les
derniers embellissements qui ont été effectués dans la
demeure de Fouquet. Ce véritable joyaux d'architecture est
le château de Vaux‑le‑Vicomte, ou des artistes comme le
peintre Le Brun, le jardinier Le Nôtre, ou l'architecte Le
Vau travaillèrent. C'est ainsi que le
16 août 1661 Nicolas Fouquet organisa pour cette
occasion une soirée fastueuse: 30 buffets, 1200 jets d'eau,
des loteries où tous les numéros sont gagnants, des feux
d'artifice, ... La table du Roi est servit en or massif, et
Molière y joua même une pièce.
La légende prétend que cette fête permit à
Louis XIV de prendre sa décision. Vexé et agacé
par tant de luxe, le roi signe son arrêt. Comme l'écrivit Voltaire : "le 17 août,
à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France ; à 2
heures du matin il n'était plus rien". Cette
décision avait été prise par le Roi longtemps à l'avance...
Louis
XIV finit par refuser sa chambre à Vaux‑le‑Vicomte et
retourna à Fontainebleau finir sa nuit.
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Le château de Vaux‑le‑Vicomte en
Seine‑et‑Marne
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Il convient de s'interroger sur la
fortune de Nicolas Fouquet. Officiellement, le
surintendant du Roi aurait profité de sa position de ministre
des finances pour détourner à son profit les sommes nécessaires
à son ambition. Tel est en tout cas l'acte d'accusation. Mais
ceci n'a jamais pu être prouvé malgré les malversations de
preuves et la mauvaise foi de Colbert, décidé à lui
couper la tête. |
Or il est troublant de constater que le
château fut commandé par Nicolas Fouquet en 1656, cette fameuse date
de la lettre mystérieuse.
Comment ne pas supposer que
Nicolas
Fouquet devint subitement riche suite aux révélations de son
frère Louis et de Nicolas Poussin ? Comblé par ce secret qui
tombe au bon moment, il prit confiance et décida d'investir dans
son projet.
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Vaux‑le‑Vicomte
Le grand salon
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Ajoutons à ceci qu'un
autre frère
François Fouquet joua
un rôle très important dans le diocèse d'Alet et surtout à
ND de Marceille. Il fut
littéralement propulsé en 1659 évêque de Narbonne.
Puis il récupérera très vite la gestion du canton de Limoux
et par voie de conséquence, l'administration de ND de
Marceille.
Mais Nicolas Fouquet n'eut pas le temps de profiter
de son château. 3 semaines plus tard, le 5
septembre 1661 à Nantes, sur ordre de
Louis XIV, d'Artagnan, capitaine des
mousquetaires du Roi, arrête le Surintendant
pour le déférer devant les juges d'une
cour d'exception spécialement constituée. Le procès dura
3 ans et il fut en partie falsifié par
Colbert. Mais ce complot finit par tourner à
l'avantage de Fouquet et les juges votèrent le bannissement
(la liberté en dehors du royaume). C'est alors qu'un fait
unique dans l'histoire de France se produisit :
Louis XIV annula par son droit de veto la sentence et condamna
Fouquet à la prison à vie.
Par cette décision,
Louis XIV mit sous les verrous un secret d'État dont
il ne métrisait certainement pas tous les rouages. En
mettant Fouquet aux arrêts il espérait sans doute lui
soutirer quelques confidences. Cet épisode rocambolesque
inspira Alexandre Dumas, ce qui donnera à la
littérature française de très belles pages sous le titre du
masque de Fer...
Fouquet fut conduit par d'Artagnan puis enfermé à la
forteresse de
Pignerol (place forte savoyarde). Il y restera jusqu'à
sa mort le 23 mars 1680, soit
19 ans.
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La malédiction continue...
Après l'arrestation en 1661
et parallèlement à l'instruction de Colbert, le Roi
poursuivit également ses investigations. Persuadé que
Fouquet est au centre d'un vaste complot impliquant des
mouvement d'argent occultes, il se mit à fouiller dans les
papiers de son ex‑surintendant. A‑t‑il trouver quelques
éléments intrigants ?
Le fait est que quelques années plus tard, le Roi exprima la volonté d'acquérir la seconde version des "Bergers
d'Arcadie" de Nicolas Poussin. Finalement, après 5 ans de recherche,
Louis XIV réussit à acheter le tableau en
1685 et il fut baptisé "Pasteurs d'Arcadie"
comme l'attestent les comptes des bâtiments du Roi.
Présentée dans son
"petit appartement" privé à Versailles de façon à ne pas
trop l'exposer au public, le tableau ne quittera plus cet
emplacement jusqu'à sa mort en
1715. En fait, il ne fut déplacé quand 1803,
date à laquelle le Louvre devint sous l'empire le Musée
Napoléon.
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Les Bergers d'Arcadie ‑ Tableau exposé au
Louvre avec son cadre
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Poussin l'initié
et son sceau |
L'œuvre "Les Bergers d'Arcadie"
est incontestablement liée à l'affaire de Rennes‑Le‑Château et les
raisons ont déjà été évoquées.
Mais si l'on considère que
Louis XIV chercha la toile plusieurs années pour
finalement la mettre à l'abri des regards dans ses
appartements privés, il faut alors admettre qu'elle est
d'une importance capitale pour qui sait la lire et la
comprendre. Au delà des symboles et des allégories
arcadiennes, le tableau porte en lui un sens caché
suffisamment précis pour justifier tant de mystères. Gérard
de Sède n'a t‑il pas quelque peu romancé en faisant monter
Saunière à Paris pour récupérer une copie de cette toile au
Louvre ?
Nous savons aussi par la
lettre de l'abbé Louis Fouquet, que Poussin détenait un secret
que même les rois ne pouvaient lui retirer. Ceci est un
fait, même si les historiens ont choisi de l'ignorer jusqu'à
présent...
N'oublions
pas non plus la formule décryptée à partir du grand
parchemin et qui indique clairement que la toile garde la
clef :
"BERGERE PAS DE TENTATION
QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF..."
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Le sceau
"Tenet
Confidentiam"
Il faut
aussi indiquer que le
sceau de Poussin conserve également sa part de mystère et
renvoie à la face cachée du maître. Ce sceau qu'il utilisait
pour signer au dos ses peintures possède plusieurs sens à
tiroir. Décidemment Poussin aimait les devinettes.
On y voit une femme
ailée, tenant à bout de bras une arche (bateau). Une
sentence latine accompagne l'icone :
TENET CONFIDENTIAM |

Le sceau de Nicolas Poussin |
Et encore
une fois on se perd en conjecture. Si l'on s'applique à
traduire de façon rigoureuse, "Tenet" est la forme
conjuguée à la 3ème personne de l'indicatif du
verbe Tenere qui veut dire "Tenir", "Posséder"
ou "s'emparer". Le terme "Confidentiam"
est plus subtil car il s'agit d'un faux ami. Pour trouver la
racine romane, il faut enlever le D donnant "Confientiam".
En effet "Confidentiam" se traduit par "Confiance"
et non "confidence".
Nous avons donc dans un premier
temps la formule : Il (ou elle) tient la Confiance
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Mais
un ouvrage de
Cesare Ripa,
un érudit italien spécialisé dans l'iconologie, nous apprend
que les mots Confidence et Confiance ont la même racine. On
y trouve d'ailleurs une image iconographique qui rappelle
tout particulièrement le sceau que choisit Poussin et le
terme "Confidence".
La traduction de la sentence devient :
Il (ou elle) tient
la confidence
Poussin
joue constamment avec les allégories et les symboles et rien
n'est du au hasard. |

Image extraite de l'ouvrage
de Cesare Ripa |
Cesare Ripa
naquit vers 1555 à Pérouse et disparu sans doute à Rome
en 1622.
Auteur italien du XVIe
siècle, ce fut un amateur d'art éclairé et un érudit. Il est
l'auteur de l'Iconologie (Iconologia overo
Descrittione dell'Imagini universali) (Rome, 1593), livre
d'emblèmes qui rassemble une multitude d'iconographies qui
furent reprises par de nombreux courants artistiques et
ésotériques à son époque et bien au delà. |

Le sceau de Nicolas Poussin |
Poussin incompris
Paradoxalement, c'est en s'installant à
Rome que
Poussin influença la peinture française pour
devenir une référence et un maître d'exception. Il fut
certainement à son époque l'un des plus grand créateur qui
soit et la portée spirituelle nous échappe encore
aujourd'hui.
Malgré les nombreux documents et
l'héritage pictural colossal qu'il nous a laissé, il reste incompris. Nous ne
savons lire ses toiles qu'au premier degré alors que toute
la symbolique et la technique de construction géométrique
nous est inconnue.
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Nicolas Poussin
Histoire de la France populaire
Furne, 1867‑1885
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Des experts reconnaissent
avoir vu derrière ses tableaux des petites entailles comme
si des outils de géomètre avaient laissés leurs griffes,
mais malheureusement, aucune explication valable n'a été
trouvée... Il disait également «
Je n’ai rien négligé
»... A cela ajoutons deux citations célèbres du peintre,
révélatrices de sa pensée artistique :
"De la main du peintre ne doit
sortir aucune ligne qui n'ait été formée auparavant dans
son esprit"
"Les couleurs dans
la peinture sont des leurres qui persuadent les yeux,
comme la beauté des vers dans la poésie"
Nicolas Poussin fut certainement
initié à un grand secret. Le connaissait t‑il
complètement ? Était‑il lui même manipulé ? Ceci fait encore
partie des zones d'ombre qui sont à résoudre...
L'artiste disait également :
L'idée de beauté ne
descend dans la matière qu'elle n'y soit préparée le plus
possible. Cette préparation consiste en trois choses :
l'ordre, le mode et l'espèce ou forme. L'ordre signifie
l'intervalle des parties, le mode est relatif à la quantité,
la forme consiste dans les lignes et couleurs. L'ordre ne
suffit, ni l'intervalle des parties, ni ne suffit que tous
les membres du corps aient leur place naturelle, si ne s'y
joint le mode qui donne à chaque membre la grandeur qui lui
est due, proportionnellement au corps, et si n'y concourt
l'espère, en telle sorte que les lignes soient faites avec
grâce, et dans un suave accord de lumières et d'ombres
s'avoisinant. Et de tout cela appert‑il manifestement que la
beauté est éloignée de la matière du corps, de laquelle elle
ne s'approche, si elle n'y est disposée par des préparations
incorporelles. Et ainsi peut‑on conclure que la peinture
n'est autre qu'une idée des choses incorporelles, et que si
elle montre les corps elle en représente seulement l'ordre,
et le mode selon lequel les choses se composent, et qu'elle
est plus attentive à l'idée du beau qu'à toute autre. Et de
là quelques‑uns ont voulu que cette idée fût la seule marque
et, on peut dire, le but de tous les bons peintres, et que
la peinture fût l'amante de la beauté et la reine de l'art.

Les bergers d'Arcadie (version
II)
représente certainement l'aboutissement de son œuvre.
Comprendre cette toile, c'est sans aucun doute découvrir son
art, son message et le Secret. Un travail énorme reste à faire et les
recherches actuelles le prouvent
régulièrement.
Nicolas Poussin
cherche à nous parler au travers de ses peintures,
mais combien de temps sera‑t‑il nécessaire pour enfin
l'entendre et le comprendre ?
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La mort de Poussin en 1665 (par François
Marius Granet)
et les Bergers d'Arcadie version II au‑dessus de son lit |
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