Lorsque l'on évoque les tableaux
liés à Rennes‑le‑Château, la première œuvre qui vient à
l'esprit s'intitule "Les Bergers d'Arcadie" de
Nicolas Poussin. Or il faut savoir qu'il existe non seulement deux
versions du maître, mais aussi que le thème des Bergers arcadien
inspira de nombreux artistes qui déclinèrent le chef‑d'œuvre
sous différentes variantes et à différentes époques. Ainsi, le tableau culte de Poussin
fut reproduit à Shugborough Hall en Angleterre, ou sur
la stèle du maître des Andelys à Rome, un mémorial dressé par René de Chateaubriand.
Fascinant à plus d'un titre, d'une
intelligence rare, conçu sur la base d'un support géométrique complexe et sacré, le tableau possède plusieurs codages imbriqués. On sait aujourd'hui
grâce à son histoire et par le profil montagneux en
arrière‑plan que la toile est directement liée au Secret des deux Rennes et à un secteur précis du Haut‑Razès... |

"Les Bergers d'Arcadie" (Version II)
par Nicolas Poussin
faussement daté entre 1638 et 1640, plus vraisemblablement
peint
vers 1655
|

Shugborough Hall dans le comté de
Staffordshire en Angleterre
|
Shugborough Hall
est une somptueuse demeure dans la plus pure tradition
britannique du XVIIIe siècle. Elle est située au milieu de la
campagne anglaise, dans un splendide jardin à la française. Elle
abrite aujourd'hui un musée familial que l'on peut visiter et
où l'on peut admirer une superbe collection de photographies, des peintures, des
meubles et des objets du XVIIIe siècle. Elle est exactement située dans le comté de
Staffordshire en Angleterre.
(Cliquez
ici pour la localisation Google Maps et sélectionnez
Shugborough) |

Shugborough Hall ‑ Vue arrière des
jardins
|

Shugborough Hall ‑ La maison chinoise
|
En effet, au fond des jardins de Shugborough Hall,
un monument discret et mystérieux orne les buissons
de rosiers et les arbustes.
Il s'agit du monument
dit des Bergers,
appelé également : les Bergers d'Arcadie de Shugborough.
Il se présente sous la forme d'une arche ornée de deux colonnes au
milieu de laquelle un marbre en relief est mis en valeur.
|

Le monument des bergers
|
Moins connu que la version
originale peinte par le maître Nicolas Poussin,
le relief
les Bergers d'Arcadie se trouve donc
également de l'autre côté de la Manche, dans le comté de
Staffordshire en Angleterre ce qui est plutôt étrange
si l'on considère que Poussin ne mit jamais les pieds sur
les Îles britanniques.
Par quel lien sa renommée put‑elle franchir le pas de Calais
et surtout pourquoi les Bergers d'Arcadie ici ?
Le thème y est représenté
sur un marbre en bas‑relief dont le dessin a été
inversé dans le sens horizontal comme dans un miroir. L'inversion est un procédé
récurant que l'on
retrouve sur toute l'affaire de Rennes. Au‑dessous, une curieuse abréviation semble lui donner un titre
ou une légende. Un fait est
certain : le monument fut commissionné par
l'amiral Lord Anson au
XVIIIe siècle.
|

Le monument des bergers dans
les jardins de Shugborough Hall
(photo
Philippe Bouyer)
|
La scène inversée et en relief présente
quelques différences par rapport à l'original de Nicolas Poussin. Le profil
montagneux au fond a disparu et le
tombeau antique semble être ici matérialisé par un luxueux
monument posé
sur un promontoire pyramidal. Par contre, les positions des
personnages, les mains et l'angle des
bâtons restent identiques.
Un détail intéressant est celui du doigt
du berger barbu.
|

Le marbre de Shugborough Hall (Photo
Philippe Bouyer) |
L'index du
berger barbu désigne la lettre
N et son pouce est sur le
R
Or sur
l'original de Poussin, l'index est sur le
R
La conclusion est évidente. Du fait de l'inversion de la
scène, la position exacte des mains n'a pu être respectée, le texte latin n'étant pas lui aussi inversé. |

Détail des mains des bergers Shugborough
(photo
Philippe Bouyer) |
Le marbre de Shugborough a donc certainement été copié à
partir d'une gravure déjà inversée. On peut aussi supposer que le graveur négligea certains codes importants par ignorance.
En fait, il est probable que la position relative des mains entre elles
soit plus importante que ce qu'elles désignent dans le texte
latin. |
 |
Les Bergers d'Arcadie de Shugborough Hall
Le plus étrange
à propos du marbre est certainement
l'inscription qui se trouve au bas du monument. Elle ne
trouve aucune référence ou aucun écho du côté de Poussin et
elle est
restée jusqu'à présent sans solution acceptable. Ceci
alimenta bien sûr
au fil du temps toutes les spéculations et généra de nombreuses légendes
et hypothèses.
C'est à la fin 2004 qu'un chercheur
présenta un travail intéressant, sans doute dynamisé par le
succès médiatique du
Da Vinci Code, mais pour bien
comprendre le contexte de cette recherche il faut connaître l'histoire de Shugborough Hall et de sa dynastie.
|

L'inscription énigmatique sous les
Bergers de Shugborough
|
Son histoire
Avant tout, il faut savoir que le
monument des Bergers étant situé en Angleterre, toutes les
légendes nées de ce lieu sont imprégnées de la culture
anglo‑saxonne.
Voici pourquoi, pendant de nombreuses
années l'une d'entre‑elle prétendait que les 10 lettres D. O.U.O.S.V.A.V.V. M.
désignaient l'endroit où serait caché le Saint‑Graal,
la coupe mythique qui se serait perdue en Angleterre. Le message
énigmatique fut d'ailleurs l'objet de nombreuses
recherches entreprises par des spécialistes du chiffrement de la Seconde
Guerre mondiale.
Shugborough Hall
est imprégné de 300 ans
d'histoire par la famille Anson. Construite au
XVIIe siècle et située dans le comté de Staffordshire,
la propriété a appartenu de façon héréditaire aux comtes de
Lichfield (Anson) et la maison fut agrandie en 1750
puis au 19e siècle.
Actuellement le domaine
est géré par le Patrimoine National, ce dernier étant
financé par l'aristocratie britannique.
|

Shugborough Hall ‑ Vue arrière |
Tout commença donc en
1624 ou
un certain William Anson acheta Shugborough qui était
un ancien évêché
pour la somme princière
de
£1000. Mais en
1693, son petit‑fils
William
détruisit le manoir existant pour construire une
nouvelle maison qui devint la partie
centrale du bâtiment que l'on connaît aujourd'hui. Ce sont ses arrières
petit‑fils
Thomas et
Georges Anson qui seront
responsable des plus grandes modifications.
|
En 1720, Thomas Anson (1695‑1773)
hérite de la maison. Passionné d'art classique,
il est très influencé par ses voyages en Europe. |

|
En 1730, Thomas Anson accéda
au titre de collégien de la société royale. Ses parrains furent
William Jones (mathématicien) et
Zachary Pearce (vicaire). En 1732 Thomas Anson et Lord Sandwich fondèrent le Dilettanti Society pour promouvoir l'étude de l'ancien grec et
des monuments. Thomas fit ensuite de nombreux voyages vers
1740 (Alexandrie, le Caire,...)
Son frère George Anson (1697‑1762)
eut une tout autre destinée.
Personnage
mystérieux, il rejoignit la Navy à l'âge de 14 ans et passa
15 ans sur un navire. Il devint capitaine de son propre
bateau en
1724 à l'âge de 27 ans. En
1747, il fut promu Lord Anson et après de
longues années (1740‑1744) et un long voyage épique autour
du monde, il devint 1er Lord de l'amirauté en 1751.
Cette nomination, il la doit à une célèbre bataille
navale qu'il gagna contre le navire espagnol "Notre dame
de Covadonga" au cap Finistère. De son voyage, il ramena
de nombreux objets, dont des précieux vases chinois visibles
aujourd'hui. |
 |

L'amiral George Anson
Commandant en chef de la dernière expédition vers les mers du
sud |
Mais sa fortune, il la devra grâce à la capture
d'un galion espagnol et de son trésor s'élevant à 400 000 Livres. C'est cet épisode qui rendra définitivement la
famille riche.
George Anson fut également remarqué en
Nouvelle Ecosse (Canada) au cours de l'un de
ses voyages, où il mit en échec et confisqua plusieurs bateaux
français. Ce fut donc en héros qu'il revint à
Shugborough Hall
en 1744 et l'argent qu'il ramena servit à
reconstruire Shugborough ainsi que les monuments des jardins.
En 1745 la restauration de Shugborough
commença et deux pavillons furent ajoutés de chaque côté de la
maison par l'architecte Thomas Wright, ce qui donna un
style très Georgien. En
1747, Thomas Anson fut élu membre du parlement pour
Lichfield. |
C'est à cette époque que commencèrent à circuler
des bruits sur l'appartenance des frères
Anson à une société secrète "Bungalow". Il faut dire que cette période correspond à l'expansion des
loges maçonniques en Angleterre et en France.
En
1748, George Anson se maria à Lady Elisabeth York (fille de
Philippe York, Lord Chancelier Hardwick).
C'est Thomas Wright, architecte
et astronome, qui en travaillant à Shugborough Hall dessina
le monument des bergers.
Ce dernier fut commissionné en 1748
par
James Stuart et réalisé par
Peter Scheemakers. |

Les armoiries
de Shugborough
|

Shugborough Hall aujourd'hui |
Le poème
George Anson et
Elisabeth York n'eurent pas d'enfant et c'est
Thomas Anson qui hérita de la fortune. A la mort de
George Anson en 1762, une cérémonie eut
lieu au Parlement au cours de laquelle un long poème fut récité
à voix haute. Ce texte composé par Dr Sneyd Davies
est constitué d'une strophe donnant ceci :
|
“Upon that storied marble cast thine eye.
The scene commands a moralising sigh.
E’en in Arcadia’s bless’d plains,
Amidst the laughing nymphs and sportive swains,
See festal joy subside, with melting grace,
And pity visit the half‑smiling face;
Where now the dance, the lute, the nuptial feast,
The passion throbbing in the lover’s breast,
Life’s emblem here, in youth, and vernal bloom,
But reason’s finger pointing at the tomb!” |
"Sur ce marbre légendaire jetez votre oeil.
La scène ordonne un soupir moralisant.
Et dans les plaines bienheureuses d'Arcadie,
Parmi les nymphes riantes et les soupirants allègres,
Voie la joie festive se calmer, avec la grâce attendrissante,
Et avoir pitié de la visite le visage en demi‑sourire;
Là où maintenant la danse, le luth, le festin nuptial,
La passion battant dans le sein de l'amante,
L'emblème de Vie ici, dans la jeunesse, et la floraison
vernale,
Mais le doigt de la raison désignant le tombeau !" |
Ces vers sont une allusion claire aux
Bergers de Shugborough.
La scène se passe
en
Arcadie, paradis mythologique grec où une femme
amante, le visage apaisé, rend visite à un tombeau. La Vie
symbolisée par la jeunesse et le printemps est opposée à la
mort que désigne le doigt de la raison et les mots ET IN ARCADIA EGO
Mais qui est cette femme
représentée par Nicolas Poussin, ici amante et rendant visite à un
tombeau ? Et quel est ce tombeau ? La parabole entre cette scène et
Marie‑Madeleine, amante de
Jésus
est saisissante.
Un tableau
représentant Lady Anson lève en tout cas le doute sur
l'intérêt que porta cette famille à propos des Bergers
d'Arcadie. Dans sa main droite, une esquisse des
Bergers de Poussin
est nettement visible. |

Lady Anson Coke 1751
(La mère de Thomas Coke) |
Les monuments de Shugborough
Thomas Anson, héritier fortuné,
put alors assouvir sa passion pour l'art classique. Son ami
James Stuart fut commissionné pour construire
8 monuments dans le parc. Thomas collectionna
également de nombreux objets, livres, sculptures, peintures.
Mais une partie de sa collection sera vendue en 1842...
|

La maison chinoise
|

Le temple de Héphaïstos
|

L'Arc de triomphe
Il sert de mémorial du fait de la mort
de George et Elisabeth Anson peu après sa construction
|

La tour des vents (1765)
|

La ruine
|

La lanterne de Démosthène
|
Chaque monument représente une partie de
la vie de
George Anson et l'un des 8
monuments est celui des bergers d'Arcadie...
George Anson est supposé
aujourd'hui avoir appartenu à une société secrète et ce monument en
serait une conséquence...
|

Le monument des Bergers
|

Le monument du chat
|
Coïncidences troublantes ‑ Le lien Anson Téniers
Lorsque
Thomas
mourut non marié en 1773, Shugborough Hall et
le nom Anson
furent laissés au fils de sa sœur,
George Adams d'Orgreave. La dynastie se poursuivit ainsi avec
Thomas Anson (1773‑1818) qui devint vicomte en
1806.
Cette même année, il se maria avec
Ann Margaret Coke, fille de
Thomas Guillaume Coke (1er Comte de
Leicester). Le nouveau vicomte Anson demanda à
Samuel Wyatt de revoir l'aménagement intérieur
de Shugborough, un travail dont on peut admirer le résultat
aujourd'hui. Thomas William Anson fils du 1er vicomte Anson
succéda ensuite en 1808 et devint le 2ème vicomte.
Le 1er
Comte de Leicester fut non seulement responsable des travaux de
Peter Scheemakers
(l'auteur du monument des Bergers), mais également collectionneur. Or ce n'est pas
tout ; sa femme Ann Margaret Coke, artiste, réalisa des copies
peintes de Poussin et de
Téniers. Avouez que la coïncidence mérite d'être
soulignée... D'ailleurs, dans la collection de peintures se trouvent une grande huile d'Ann Margaret Coke,
une copie d'une peinture de Téniers : Saint Antoine et Saint Paul dans le désert.
Le descendant de cette famille
fut ensuite
le
Comte de Lichfield, connu sous
le nom de
Patrick (Anson) Lichfield. Le célèbre photographe
royal possédait un appartement à Shugborough. Il
disparut en 2005. Lichfield était aussi le premier cousin de
la Reine Elisabeth II. Quant à sa mère, Anne Bowes‑Lyon (1917‑1980) elle
devint après un remariage la
princesse Anne du Danemark.
Décidément, la famille Anson suscita
pendant des années énormément d'intérêt pour les
tableaux proches de l'énigme...
|

Le salon rouge créé en 1794
by Samuel Wyatt
|

Le bureau d'Anson et Patrick
Lichfield
Au mur l'épopée du galion espagnol
et de son trésor
|
Anson et le Prieuré de Sion |
Quel peut être le lien
avec l'affaire de Rennes‑le‑Château, si l'on considère que
la présence des Bergers d'Arcadie dans les jardins de
Shugborough n'est pas le fruit d'un caprice d'artiste ?
Pour comprendre l'ampleur de l'énigme
il faut remonter en
1714, date à laquelle
Charles Radclyffe,
Grand Maître du Prieuré de Sion de
1727 à 1746,
s'échappa de la prison de Newgate. Cette évasion, il la doit
à son cousin
le comte de Lichfield. Voici donc une connexion avec le sulfureux Prieuré de Sion.
Les Radclyffe étaient une famille
importante du nord de l'Angleterre. Charles Radclyffe
naquit en 1693 et il est le fils de la fille
illégitime de
Charles II et donc issue de la lignée royale.
Il est le petit fils de l'avant‑dernier des
Stuart, cousin de
Charles‑Edouart Stuart, et de
George Lee, comte de Lichfield. Ce
dernier étant un autre petit fils illégitime de Charles II.
Charles Radclyffe et son frère aîné James furent jetés en
prison après avoir participé à une rébellion écossaise.
|
James Radclyffe fut exécuté, mais Charles
aidé de son cousin le comte de Lichfield, parvint à s'évader et
rejoignit les jacobites français. Charles Radclyffe devint
ensuite secrétaire personnel du jeune
Charles‑Edouart Stuart, prétendant au trône
d'Angleterre.
En 1745 Charles‑Edouart Stuart débarqua en
Écosse pour rétablir les Stuart sur le trône d'Angleterre, mais
il fut vaincu. Charles Radclyffe fut de nouveau fait
prisonnier en voulant le rejoindre et mourut en
1746 sur le billot à la Tour de Londres. |

James Radclyffe 3rd Earl of Derwentwater
avec Anna Maria (Webb) Radclyffe
et son enfant
(Tableau peint un an avant son exécution)
|
Il faut également noter que les
Stuart, durant leur passage en France, sont considérés
comme les fondateurs du "rite écossais", forme très
élevée de la Franc‑maçonnerie et ayant des rapports étroits
avec des activités rosicruciennes.
On considère aussi que Charles
Radclyffe contribua fortement au développement de cette
forme de franc‑maçonnerie. Il serait notamment le fondateur en
1725 de la première loge maçonnique, et
le
Grand Maître de toutes les loges françaises à
cette époque.
Le comte de Lichfield
eut donc des liens étroits avec
Charles Radclyffe. Malheureusement le nom
"Lichfield" et leur titre s'éteignirent. Fait étonnant, ils
furent rachetés au début du 19e siècle par les
descendants de la famille Anson qui devinrent donc
comtes de Lichfield
à leur tour.
C'est cet épisode qui montre que Georges Anson hérita très
probablement d'un lien privilégié avec le
Prieuré de Sion et qu'il fut probablement un membre
respecté. |
L'énigme de Shugborough
Durant
250 ans, l'inscription
énigmatique
D. O.U.O.S.V.A.V.V. M.
exacerba les esprits des meilleurs théologiens d'Angleterre, des historiens et des scientifiques, y compris
Charles Darwin,
Josiah Wedgwood,
Charles Dickens et plus récemment des
spécialistes du décryptage de Bletchley.
De nombreuses légendes
naquirent
dont celle qui serait la clé du saint Graal, mais faute
de mieux, une explication officielle vint du
18e siècle à propos d'une poésie écrite par
Anna Seward "Le cygne de Lichfield". On y découvre
deux
lignes dans lesquelles les initiales rappellent exactement
l'inscription.
|
Du nouveau en 2004
Jusqu'à présent les Bergers d'Arcadie installés au fond d'un jardin anglais restèrent
complètement inaperçus du grand public, excepté pour certains
passionnés. Or c'est sans doute
la médiatisation excessive du
Da Vinci Code qui changea la donne en
2004. L'attrait d'un probable business réveilla sans doute
les appétits et les responsables de Shugborough Hall imaginèrent alors
un curieux concours.
En
mai 2004, un projet de
recherche ouvert à tous est lancé sur le décryptage du code
de Shugborough et avec pour objectif de sélectionner les
thèses les plus convaincantes. Ce projet fut animé en
collaboration avec le Bletchley Parcs (ancien centre
britannique d'intelligence et de décryptage de la Seconde
Guerre mondiale).
Durant six mois, les membres
du centre de Bletchley Parcs reçurent des centaines de
propositions très variées
(Numérologie, Nostradamus, ...)
Après une analyse
détaillée de chaque solution, les experts cryptographes
Oliver et Sheila Lawn, deux vétérans de la Seconde Guerre
mondiale, conservèrent deux hypothèses qui, de leur point de vue
seraient les plus sérieuses et les plus prometteuses. |
Oliver Lawn fut recruté à Bletchley Park en
1940. Mathématicien diplômé de l'université de Cambridge, il
contribua au décodage de la machine Nazi Enigma. Il étudia
également pendant longtemps l'inscription des Bergers. Sa femme,
Sheila est linguiste. |
Une
nouvelle piste ?
Le
25 novembre 2004, les
experts britanniques Oliver et Sheila Lawn
présentèrent les deux solutions.
La première thèse, plutôt décevante,
présente l'inscription comme un message romantique consacré
à une femme. Les 10 lettres correspondraient aux
initiales d'une phrase latine extraite d'un poème:
"Optima Uxoris Optima Sororis Viduus Amantissimus Vovit
Virtutibus". Le message aurait été écrit par George
Anson. Cette explication parait peu probable
d'autant que le D. et le M. décalés n'apparaissent pas dans
la solution.
La seconde thèse est plus
intéressante. Elle est proposée par un chercheur américain,
expert en cryptographie de l'intelligence américaine,
résidant actuellement en Grande‑Bretagne, et qui a voulu
rester anonyme. Un grand principe de la cryptographie est de
découvrir en premier lieu la clé. Or ce chercheur prétend
l'avoir découverte. Elle serait visible plusieurs fois sur
le monument: "1223". À partir de là, un procédé
classique de substitution cryptographique aurait fait
apparaître le message :
JESUS H DEFY
La lettre H latine s'apparente au
khi grec correspondant à la lettre grecque X
et donc
signifie "Le messie"
Sa démonstration n'a malheureusement pas été
dévoilée. Voici en résumé sa démarche de chercheur:
-
Le premier travail est
d'utiliser de nombreuses matrices de
décryptage pour découvrir des lettres
cachées dans le monument et dans la phrase
ET IN ARCADIA EGO
-
Ce travail fait apparaître
les lettres
SEJ et suite à une inversion miroir on
obtient
JES
-
Ceci est un indice
indiquant que la clé est peut‑être le mot
JESUS
-
En utilisant cette clé, des
techniques de décodage font apparaître le
message
"JESUS H DEFY"
-
Si l'on considère que le
résultat du décryptage donne "JESUS H
DEFY" et que l'on connaît le départ "D. O.U.O.S.V.A.V.V. M."
il est possible de trouver la clé numérique
correspondante, ce qui donne
"1223"
Bien sûr, l'étude n'étant pas entièrement dévoilée, il est
difficile de confirmer cette thèse. D'autre part, nous
n'avons toujours pas l'explication du décalage des lettres
D. et M. hormis leur signification probable :
DIS Manibus. Cette formule souvent abrégée par
D. M.
consacre la tombe aux Dieux Mânes du défunt, les âmes des
morts.
Cette piste est certainement un début, mais pas une fin. Il serait en effet naïf de croire
que l'élaboration d'un monument à la gloire d'un peintre français serait uniquement destiné à cacher un message qui finalement ne
révèlerait qu'une pensée poétique.
|
La légende du Graal au Canada |
La légende du
Graal est tenace en Grande‑Bretagne et il est important de rapporter ici une découverte
passionnante.
Certains auteurs comme
Michael Bradley et William F Mann, auteurs des livres "le Saint Graal à travers l'Atlantique" et "les chevaliers
templiers dans le Nouveau Monde"
sont persuadés que le monument des
Bergers indique l'endroit du Saint Graal, la célèbre relique gardée
par les Templiers et qui aurait été cachée en
Nouvelle
Écosse, c'est‑à‑dire au Canada.
Comment a‑t‑on pu en arriver là ?
Après la dissolution
des Templiers en
1312, nombreux sont ceux qui
fuirent en Écosse pour y trouver refuge, comme le témoigne la chapelle
Rosslyn de Saint‑Clair
dans le Midlothian. Il existe d'ailleurs un cimetière
Templiers à cet endroit.
|
Notons également que la famille de
Sinclair est une branche écossaise de la famille normande Saint Clair Gisors. Leur domaine à Rosslyn
était seulement à quelques milles des anciens sièges sociaux
écossais des Templiers. Construite
entre 1446 et
1486, la chapelle est un symbole fort de la naissance de la
franc‑maçonnerie. Elle possède également des liens avec la
Rose‑Croix. |

La chapelle Rosslyn
|
L'édifice et les fenêtres de la chapelle sont
remplis de références au Saint‑Graal |
L'histoire templière écossaise va se
poursuivre avec un autre personnage intrigant, un noble écossais,
Henry Sinclair, 1er comte d'Orkney, baron de Rosslyn, et
seigneur de Shetland (1345‑1400) et qui aurait atteint les
côtes de Nouvelle Écosse (Canada) en
1398, bien avant la découverte officielle du
Nouveau Monde. Sa vie fut entourée d'un mystère fascinant
qui n'est pas encore démêlé à ce jour. Son ancêtre est un
autre Henry, homonyme, Henri de Saint‑Clair participa
avec Godefroi de Bouillon
à la prise de Jérusalem lors de la 1ère croisade.
Henry Sinclair eut de nombreux
titres, mais c'était avant tout un aventurier. Au printemps
1398, il quitta l'Ecosse avec 12 bateaux et arriva dans
la région de la Nouvelle‑Écosse en mai de la même année, quelque part à proximité de
l'Ile des Chênes (Oak Island). Beaucoup sont
revenus peu de temps après leur arrivée, mais Henry Sinclair
et d'autres restèrent pour explorer les terres.
Suite à cet épisode, certains auteurs
furent convaincus que la réelle mission de ce voyage était de
mettre à l'abri une partie du trésor des Templiers en
Nouvelle Écosse, peut‑être sur l'Ile des Chênes.
|
Coïncidence
ou suite logique ?
Nous savons que l'amiral
George Anson visita la Nouvelle Écosse entre
1740 et
1744 et il mit en échec plusieurs bateaux
français sur ces côtes. La thèse défendue par quelques
auteurs est que l'un de ces navires vaincus par
Anson dissimulait dans ses cales une partie du
trésor des Templiers, ou une relique importante. Après
avoir dissimulé la précieuse cargaison, Anson serait retourné en
Angleterre pour créer le message du Monument des Bergers.
Autre coïncidence, Il est remarquable de constater que dans le
message ET IN ARCADIA EGO se trouve
ACADIA,
l'ancien nom français de la Nouvelle Écosse et
le Nouveau Brunswick au Canada moderne, territoires saisis
par les Anglais et visités par Anson.
|
Le puits d'argent
Hasard ? Coïncidence ? Ou lien important,
l'Ile des Chênes (Oak island) est située dans la province de
la Nouvelle Écosse au Canada et elle cache un
secret. D'après la légende, cette île conserverait un
trésor inviolé.
Durant l'été
1795, un jeune fermier de
la Nouvelle Écosse nommé
Daniel Mc Ginnis
décida d'explorer l'île. Il trouva une immense clairière avec de gros chênes, et au
centre, une sorte de grande dépression en forme de coupole.
Selon la légende, un trésor aurait été enterré du temps des
pirates et de l'esclavage dans l'île.
|

L'Ile du Chêne (Oak Island)
La flèche rouge indique l'emplacement du puits d'argent
|
De retour avec deux amis, le jeune fermier
commença alors à creuser. Ils rencontrèrent à 1 m des
dalles qui protégeaient le dessus en forme de
cercle, puis des pierres. 3 m sous les pierres, ils
découvrirent des écorces de chêne, puis des pierres
et ainsi de suite. Épuisés, ils abandonnèrent.
Plus tard, de nombreux chercheurs vinrent
explorer le site, enchaînant des expéditions de plusieurs
millions de dollars. On déplora d'ailleurs 6 morts
suite aux fouilles. Voilà pourquoi cet endroit est
appelé "le puits d'argent", non pas du fait de sa
richesse supposée, mais plutôt à cause du gouffre
financier qu'il représenta.
En
1803, on découvrit à 30 m de profondeur de l'eau. 50 ans
plus tard, une autre
expédition découvrit qu'en fait le trou était raccordé au
rivage par un système de drain et de tunnel. Les travaux
n'avaient fait que détruire la barrière qui empêchait l'eau
de mer d'y pénétrer.
|

Le puits d'argent (Oak Island) |
D'autres expéditions continuèrent
de creuser.
En
1849, le forage montra des
couches multiples de produits différents comme de la fibre
de charbon de bois, du mastic, et de la noix de coco. A 30 m,
une plateforme fut découverte contenant des coffres en chêne
avec des pièces de métal. Mais les découvertes ne
s'arrêtèrent pas là.
En
1897, on constata qu'il y
avait, au‑dessous des coffres de chêne, des couches de bois
et de fer, une couche de 10 m d'argile bleu (un mélange
imperméable à l'eau fait d'argile, de sable et d'eau), puis
à 46 m une chambre forte en ciment de 2m et une barrière de
fer à 51 m. A ce niveau, on trouva les restes d'un parchemin
déchiré et même une pierre, perdue depuis, avec des
inscriptions curieuses.
|

Les inscriptions énigmatiques
retrouvées sur une pierre à 54 m
|
En 1970, le groupe Triton alliance
arrivèrent sur l'île et commissionnèrent une étude géologique
complète du secteur en utilisant des associés de Golder de
Toronto, une société importante en géologie. |
En
1971, on fit descendre une
petite caméra dans le puits jusqu'à 80 m. Les images
montrèrent des restes de mains humaines bien conservées par
l'eau de mer mélangée avec de l'oxygène d'eau douce.
Il est clair que la technologie
utilisée pour construire ce puits dépasse les simples moyens
de quelques pirates...
|

Le puits
|
Malheureusement, les travaux
affaiblirent l'entourage
du puits et une énorme dépression se forma.
Le dernier forage s'effondra vers
l'intérieur. Actuellement le groupe Triton demande au
gouvernement canadien un prêt de 12 millions de dollars afin
de permettre la poursuite des excavations.
Voici maintenant
200 ans
que le puits d'argent brave
les chercheurs de trésors...

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