Nicolas Poussin
(le maître des Andelys)
Né le 15 juin 1594 aux Andelys (Rouen) mort le 19 novembre 1665 à Rome
Il est l'un des plus grands maîtres classiques du XVIIe
siècle et aussi une énigme pour tous ceux qui l'ont étudié.
Peintre incontournable de l'affaire de Rennes‑le‑Château, il n'a de cesse de
fasciner au fil du temps les chercheurs qui l'abordent. Détenteur d'un grand secret qu'il déposa dans son tableau "Les Bergers
d'Arcadie II", initié à la géométrie sacrée et à l'art des nombres, son implication dans l'énigme n'est plus à démontrer. D'autant
qu'il côtoie d'autres personnages tout aussi liés aux deux Rennes... |

Nicolas Poussin (1594‑1665)
Autoportrait 1650 |
Voici le peintre le plus célèbre de l'affaire de Rennes‑Le‑Château. Sa renommée d'artiste est mondialement
reconnue et n'est plus à démontrer. Pourtant, son implication dans l'énigme est devenue indiscutable et son nom est omniprésent.
Nicolas Poussin est entouré de plusieurs mystères dont le plus célèbre s'est cristallisé autour de l'une de ses nombreuses
toiles :
Les Bergers d'Arcadie (Version II)
La raison est au départ simple. La sentence "ET IN ARCADIA EGO" se trouve aussi bien sur
son tableau que sur
la dalle de Blanchefort. Mais comment peut‑on faire un tel lien entre un peintre
classique du XVIIe siècle et l'énigme des deux Rennes ?
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Les bergers d'Arcadie II et la dalle de Blanchefort (ci‑contre) portent la même inscription "Et In Arcadia Ego" |
Nicolas Poussin est un peintre classique à part. Considéré comme l'un des
artistes français les plus prestigieux de son époque, il part à l'âge de 30 ans à Rome et ne reviendra en France que durant 2 ans
à la demande de Louis XIII et de
Richelieu.
En fait, lorsque l'on détaille la biographie du maître des Andelys, des liens avec
d'autres personnages célèbres projettent l'énigme de Rennes sur une autre affaire retentissante à son époque :
l'affaire
Fouquet sous Louis XIV et par ricochet Nicolas Pavillon,
la baronnie Hautpoul,
Jean‑Jacques Olier
curé de
l'église Saint Sulpice à Paris
et
Saint Vincent de Paul.
Mais ce n'est pas tout. En analysant sa vie et son œuvre, on s'aperçoit vite que sa
personnalité est complexe et pleine de paradoxes. Derrière ce grand maître de la peinture se cache un initié d'une intelligence
remarquable et en possession d'un grand Secret...
Les questions laissées sans réponses autour de Nicolas Poussin
sont nombreuses et c'est l'une des premières contradictions. Ce personnage possède une documentation et une biographie très
complète qui interdit en principe toute zone d'ombre. Pourtant les faits sont là. Poussin est un personnage à multiples facettes
et que nous commençons tout juste à entrevoir...

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Nicolas Poussin
n'est pas seulement un peintre hors norme réputé dans
le monde. Il a su aussi s'entourer de beaucoup de mystères, même
après sa mort et près de 160 ans plus tard, son tombeau
est aussi une énigme. Il est situé à
Rome dans l'église
San Lorenzo in Lucina. |
Curieusement, c'est l'écrivain
François René de Chateaubriand
(1768‑1848) qui commandita la sépulture lorsqu'il était secrétaire d'ambassade à Rome en 1828.
Elle fut réalisée par plusieurs artistes ;
Louis Vaudoyer pour l'architecture, Léon Vaudoyer,
Paul Lemoyne,
Louis Desprez, pour le buste et le bas relief.
Le monument fut érigé par
René de Chateaubriand entre 1828 et
1832. |

La sépulture de Nicolas Poussin |
La structure de marbre blanc est composée d'une niche ornée du buste de Poussin et d'une plaque
couleur ivoire comportant une dédicace de
Chateaubriand.
Mais si un dessin bien
connu n'avait pas été présent sur ce marbre, la sépulture serait certainement restée encore longtemps méconnue. En effet, l'œuvre
en relief qu'a choisi de représenter
Chateaubriand en hommage à
Nicolas Poussin est à nouveau :
Les Bergers d'Arcadie II |
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Pourquoi Chateaubriand a‑t‑il choisi de représenter ce tableau plutôt qu'un autre parmi les
350 toiles du maître ?
Bien sûr, pour le néophyte ce choix peut
paraître sans importance et non réfléchi. Mais si l'on se
réfère à l'histoire du tableau et à
ses différentes versions, cela s'imposait
naturellement. Les Bergers d'Arcadie II que l'on
retrouve au‑dessus du lit mortuaire de Nicolas Poussin au travers d'une gravure représentait certainement pour le maître des
Andelys son chef d'œuvre. Nous sommes de toute évidence en
face d'un nouvel indice, scellé dans le marbre pour
l'éternité et destiné aux générations futures... |
La basilique
San Lorenzo
in Lucina comprend bien d'autres monuments
funéraires très variés, mais la sépulture de Poussin étonne
par son emplacement.
Elle est située à un endroit inhabituel,
adossée à un pilier de la nef centrale entre deux chapelles. |

L'église San Lorenzo in Lucina
Le tombeau de Poussin est au premier plan à droite
adossé à une colonne |
Chateaubriand initié ?
Chateaubriand était un homme
politique, un poète, et un romancier. Il eut une vie très riche.
En 1802 il publia "Le génie
du christianisme", véritable apologie de la religion
chrétienne, et en 1803 il eut l'idée à Rome d'écrire
les mémoires de sa vie. C'est en 1811 qu'il commença
à les rédiger dans sa maison de la Vallée‑aux‑Loups, près de
Sceaux en région parisienne. La rédaction des "Mémoires d'outre‑tombe" durera une trentaine d'années pour
être publiée en 1846. Il écrira à propos de ses
promenades dans Rome : |

Chateaubriand par
Giraude |
"Quand le temps est
mauvais, je me retire dans Saint Pierre ou bien je m'égare dans
les musées de ce Vatican aux onze mille chambres et aux dix‑huit
mille fenêtres. Il y a dans cette ville plus de tombeaux que de
morts." |
C'est dans ses "Mémoires d'outre‑tombe"
que
Chateaubriand écrivit aussi un passage étonnant
dans lequel il affirme que ce n'était pas Napoléon qui le
décida à venir à Rome, mais l'abbé Emery, Supérieur du
Séminaire de
Saint‑Sulpice. Ce dernier le convainquit en effet
d'accepter la charge au nom du clergé et pour le bien de la
religion..."
De quelle charge s'agissait‑il ?
Le tombeau de Poussin faisait‑il partit de ce
marché ?
Pair de France en
1815, il fut ambassadeur à Berlin en 1820,
à Londres en 1822, ministre des Affaires étrangères
le 17 mai 1822, ambassadeur à Rome en
1828. Nommé ambassadeur, il fut fastueusement
logé avec une vingtaine de domestiques, sur le Corso, au
Palais Simonetti. Le pape
Léon XII le reçut même en audience privée. Il
se passionna également pour les fouilles de
Torre‑Vergata, au nord de Rome. Cherchant à
faire rayonner la France, il organisait des fêtes
somptueuses, et épris de cette ville d'art, il décida d'y
laisser sa trace en érigeant un monument en hommage à Nicolas Poussin,
comme le témoigne une lettre :
“Vous avez désiré que je
marquasse mon passage à Rome.
C’est fait : le tombeau de
Poussin restera.”
Il fit donc élever le monument
funéraire dans l’église de San Lorenzo in Lucina et
l’exécution fut confiée à trois
pensionnaires de la Villa Médicis, siège de
l’Académie de France depuis 1803. |
Quelques curiosités
Hormis l'histoire de sa création
plutôt étonnante, la sépulture reste classique. Seul le
relief "Les Bergers d'Arcadie" semblent nous
interpeller.
Pourquoi ce tableau a‑t‑il été choisi
parmi les
350 toiles de Poussin?
Si l'on tient compte du destin fabuleux de cette peinture,
il est fort improbable que
Chateaubriand et ses artistes travaillèrent au hasard
sur ce sujet. Rappelons‑nous que le marbre des
Bergers d'Arcadie de Shugborough fut
commandité en 1748, soit 83 ans après la mort
de Poussin, et
80 ans avant le marbre de son tombeau. Si un
courant arcadien circulait du temps de Chateaubriand,
il existait certainement déjà bien avant. |
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Au premier abord, la stèle ne présente rien de curieux, excepté cette épitaphe énigmatique au‑dessous du bas
relief :
Parce piis lacrimis vivit
Pussinus in urna
vivere qui dederat nescius ipse mori
hic tamen ipse silet si vis audire
loquentem
mirum est tabulis vivit et eloquitur |
et qui peut se traduire de manière
approchée par :
Retiens tes larmes pieuses, dans cette
tombe Poussin vit
Il avait donné la vie sans savoir lui même mourir
Il se tait ici, mais, si tu veux l'entendre parler,
il est surprenant comme il vit et il parle dans ses
tableaux
Que veut nous dire cette épitaphe ?
Dans cette tombe Poussin vit, mais il se tait. Et si l'on
veut l'entendre, il faut alors regarder ses toiles...
Est‑ce une apologie au maître qui sut
nous parler dans sa peinture, ou une invitation à une
lecture plus approfondie de ses œuvres et surtout des
Bergers d'Arcadie ? |
Étude inspirée de Domenico Migliaccio
La sépulture recèle apparemment
d'autres secrets comme le montre cette étude. En effet, une partie de ses travaux
repose sur le relevé de quelques anomalies graphiques entre
la version gravée et celle de
Poussin. En fait, si l'on compare les deux
œuvres, on s'aperçoit que le graveur a pris de
nombreuses libertés dans la position des bergers
et le décor. |

Les Bergers d'Arcadie de Poussin
superposés au marbre de sa tombe
(Les deux images sont alignées sur le doigt du berger de
droite) |
La superposition du tableau des Bergers d'Arcadie de Poussin et du marbre révèle des différences dans les
proportions des personnages. On remarquera notamment le doigt du berger agenouillé qui diffère selon la version.
La présentation faite ci‑dessous n'a pas
pour but d'établir une démonstration rigoureuse de certaines
propriétés. Elle est juste un point de départ possible à une
recherche plus approfondie. |
Étape 1
Pour commencer, si l'on isole certaines
lettres du texte (en jaune dans la figure ci‑dessous) on
obtient un mot évocateur bien connu:
ARCADIAN
(Figure 1)
Ces lettres sont placées suivant un
V
dont la pointe est le point
O. Ce point
O affleure le haut du tombeau arcadien. Le haut
du V suit exactement à gauche le
A et traverse
à droite un N
(Figure 2).
A ce stade, on peut alors
tracer une droite verticale, passant par
O et
perpendiculaire au bord de l'encadré. Cette droite
M qui divise en fait la stèle en 2 parties
égales, traverse (en vert) les points de
NICOLAS . POUSSIN ligne 3 et 6, longe le
I
de GLOIRE, affleure le doigt pointé par le berger de
droite, traverse le I de
VIVIT et le
T de
AT. |

(Figure 1) |

(Figure 2) |
Étape 2
Cette étape confirme le point
O
trouvé précédemment. Un triangle
ABC rectangle en
C et isocèle peut être
construit (figure 3). Le bord haut du tombeau sert
d'hypoténuse. Ce triangle permet ensuite la construction
d'un carré de centre
O (figure 4).
Si on prolonge les 2 côtés du carré,
ces segments coupent le V
Arcadian en
D et
E, et coïncident avec les coins hauts de
l'encadré du marbre. A noter que ces 2 segments se coupent
exactement sur le point de
NICOLAS . POUSSIN ligne 6.
Le triangle
DEO et celui apparu à l'intérieur
rappellent alors le dessin de la pierre de Coume Sourde... |

(Figure 3) |

(Figure 4) |
Étape 3
Autre confirmation du point
O et du point de
NICOLAS.POUSSIN ligne 6
Si l'on trace un cercle centré sur le
point C et passant par le point
O, celui‑ci
affleure les E extrêmes du texte "ET L'HONNEUR DE
LA FRANCE" et le haut du texte ligne 1 (figure 5).
Une autre propriété étonnante: Le
cercle ainsi tracé passe par le milieu des 2
I de
NICOLAS POUSSIN ligne 3.
Si l'on trace une droite passant par
ces points A ou
B (marqués par les 2
I) et par le point
E
pointé par le berger de droite, elles rejoignent
exactement les coins hauts du cadre. De plus, ces droites
sont parallèles au V arcadian, et affleurent les
N
extrêmes du texte de la 6ème ligne
NICOLAS.POUSSIN ... (figure 6) |

(Figure 5) |

(Figure 6) |
Étape 4
Voici une autre étude remarquable qui ouvre
certainement d'autres possibilités.
Il faut au préalable remarquer que certaines lettres sont
alignées pour donner une expression clé célèbre dans le
vocabulaire cryptographique de Rennes‑le‑Château :
MORTEPEE
(Voir la figure 7 lettres bleues).
Cette clé est notamment utilisée dans
la stèle de Blanchefort.
L'alignement marqué par les lettres permet de tracer 3
segments de droite (en vert) Une propriété intéressante
apparaît alors: Le triangle ABC est équilatéral.
L'étude de
Domenico Migliaccio associerait
ce tracé au symbole que l'on peut retrouver dans
le petit parchemin de Saunière, ce qui
constituerait une autre piste...
En continuant cette étude, on peut
s'apercevoir que le tracé d'un cercle de centre
C et de rayon AC (ou
CB) confirme à nouveau un point D pointé
par le doigt du berger de droite (figure 8) |

(Figure 7) |

(Figure 8) |
Enfin, inutile de dire que l'encadré semble respecter le
Nombre d'Or ce qui ouvre également
beaucoup de perspectives... Nous ne sommes certainement pas au bout de nos surprises... |
Le Gnomon d'Auguste
La position de la tombe ne semble pas
être non plus choisit au hasard comme nous le révèle
Domenico Migliaccio |
Il existe sur la
place de
Montecitorio, près de l'église
San Lorenzo in Lucina
un obélisque de granit rouge, haut de
29 m et pesant
230 tonnes. Il a été construit sous le règne de
PsammétiqueII afin d'être érigé à Héliopolis en Égypte.
En 10 av. J.‑C.,
Auguste le fit transporter à
Rome et le transforma en un gigantesque cadran solaire
(gnomon). Un pavage de bronze fut conçu pour marquer la
longueur des jours et des nuits et les solstices.
Mais à une époque non connue, il
s'écroula, puis fut redécouvert au début du
XVIe siècle et redressé en
1587 sur
l'ordre du pape Sixte Quint. Son mauvais état le fit
s'effondrer à nouveau, et il fallut attendre deux siècles pour
que le pape Benedict XIV vers
1750
veuille restaurer l'obélisque à l'aide de fragments de
granit d'une autre colonne. |

Le gnomon d'Auguste à Rome |
Un constat étonnant est le suivant : si l'on observe les différents méridiens du cadran solaire, la tombe
de Poussin est effleurée par l'ombre d'un méridien le 17 janvier au coucher du Soleil.
Il est vrai que s'il n'avait pas été
déplacé lors de sa reconstruction, l'ombre traverserait
exactement le tombeau.
Il faut rappeler que le
17 janvier est une date importante que l'on
retrouve régulièrement dans l'affaire de Rennes‑le‑Château
et notamment sur la
stèle de Blanchefort. |

L'église
San Lorenzo
in Lucina à Rome |
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