Lorsque l'on évoque les tableaux
liés à Rennes‑le‑Château, la première œuvre qui vient à
l'esprit s'intitule "Les Bergers d'Arcadie" de
Nicolas Poussin. Or, il faut savoir qu'il existe non seulement deux
versions du maître, mais aussi une multitude de déclinaisons
arcadiennes réalisées postérieurement par des artistes
peintres ou graveurs, plus ou moins connus
et à différentes époques. Ainsi, le tableau culte de Poussin
fut reproduit à Shugborough Hall en Angleterre, sur
le mausolée du maître des Andelys
à Rome dans
l'église
San Lorenzo in Lucina, un mémorial dressé par
René de Chateaubriand.
Cette constatation ne s'arrête pas là puisqu'il existe
également un tableau arcadien remarquable de Guercino
antérieur à Poussin.
Fascinant à plus d'un titre, d'une
intelligence exceptionnelle, conçu sur la base d'un support géométrique complexe et sacré, le tableau
de Poussin possède plusieurs codages imbriqués
et plusieurs niveaux de lecture. On sait aujourd'hui
grâce à son histoire et le profil montagneux en
arrière‑plan (représentation de trois sommets célèbres :
le Cardou, la Pique Grosse et le sommet du
Bézu) que la toile est directement liée au Secret des deux Rennes et à un secteur précis du Haut‑Razès,
le Bézis... |

"Les Bergers d'Arcadie" (Version II)
par Nicolas Poussin
faussement daté entre 1638 et 1640, plus vraisemblablement
peint
vers 1655
|
« Poussin, l’homme le plus complexe du moment,
l’œuvre la plus
complexe de la peinture moderne »
Bonnefoy, Rome 1630 ‑ Paris, 1970
Pourquoi une telle passion pour
une toile qui finalement a toujours désintéressé les
critiques d'art et les historiens ?
Le thème des Bergers d'Arcadie est
récurrent : deux ou trois bergers et une femme assimilée à une
bergère, contemplent un tombeau sur lequel on peut lire en
général l'inscription latine : "ET IN ARCADIA EGO".
Le tombeau est parfois surmonté d'un crâne. Le tableau de
référence est celui de Nicolas Poussin dans sa
seconde version visible au Louvre.
Pourquoi ce tableau fascine‑t‑il
autant et en quoi est‑il lié à l'énigme des deux
Rennes ? Sans doute parce que
"Les
bergers d'Arcadie" regroupe à lui seul
un ensemble de curiosités et de propriétés étonnantes. De
plus, la scène dispose de plusieurs niveaux de lecture ce qui
en fait une composition très particulière. Enfin, il est maintenant prouvé que le fond montagneux est celui du Haut‑Razès, trois
sommets qui définissent un
Triangle d'Or.
On peut lister les
caractéristiques extraordinaires de ce tableau par ces
quelques points qui en font non seulement une toile
extraordinaire, mais aussi une pièce unique reliée à
l'énigme :
|

|
Le thème des
Bergers d'Arcadie a été traité par différents artistes et à différentes époques
du XVIIe au XIXe siècle. La seconde
version de Poussin représente la référence aboutie et son chef d'œuvre. |

|
Le tableau "Les Bergers d'Arcadie II" eut
un parcours historique
étonnant puisqu'il fut confiné dans
les appartements privés de Louis XIV, et
ce jusqu'à sa mort.
Après
l'affaire
Fouquet, Louis XIV mit trois ans à chercher cette
toile avant de l'acheter pour les comptes des Bâtiments du Roi.
|

|
Une inscription
mystérieuse est lisible sur le tombeau :
"ET IN ARCADIA EGO" (et je suis en Arcadie...) qui est
aussi une anagramme... |
 |
La scène du
tableau possède plusieurs degrés de lecture et
d'interprétation symboliques, alchimiques et géométriques. |
 |
La toile contient des
propriétés géométriques complexes |

|
Le tableau fait partie
des trois toiles qui selon
Gérard de Sède
dans "L'Or de Rennes"
ont été
réclamées par
Bérenger Saunière
lors de sa visite hypothétique au Louvre. |

|
Un tombeau
similaire et bien réel se trouvait près
d'Arques :
Le tombeau des Pontils |

|
Le profil
des montagnes peint en fond de tableau représente
3 sommets bien connus du Haut‑Razès près de
Rennes‑le‑Château
et définissent un
Triangle d'Or |

|
La phrase
décodée du
grand parchemin et de la
stèle de Blanchefort "BERGERE PAS DE TENTATION QUE
POUSSIN TENIERS..."
indique clairement cette peinture |

|
Le tableau est
aussi une carte. Plus exactement, la scène représentée
possède des points communs avec la région du Haut‑Razès (Par
exemple, la main de la bergère sur l'épaule du berger rappelle le secteur de "El col d'Al Pastre" |

|
Les tableaux
d'Arcadie version I et II ont fait l'objet d'un
redimensionnement incompréhensible de la toile... (Voir
la chronique de P.
Merle) |
Les Bergers d'Arcadie (version I) ‑ Nicolas Poussin |

"Les Bergers d'Arcadie" (version I)
peinte par Nicolas Poussin vers
1629‑1630 |
Voici la première œuvre de
Nicolas Poussin sur le thème de la mort en
Arcadie et datée
1629‑1630. La toile fait aujourd'hui partie de la collection du Duc et
de la Duchesse de Devonshire, Chatsworth house,
Derbyshire, en
Angleterre.
Le tableau montre dans
une campagne idyllique deux bergers et une jeune femme
découvrant avec surprise un tombeau imposant. Une
inscription est lisible :
" ET IN ARCADIA EGO "
Comme sur
la peinture du Guercin,
un crâne est posé sur le
tombeau. Un autre élément intéressant et inexistant dans la
seconde version de Poussin est la présence d'Alpheus "Dieu du fleuve", versant
de l'eau, allusion au fleuve souterrain
Alphée qui traversait l'Arcadie. De manière allégorique, le
fleuve souterrain symbolise
le flot de la Connaissance
souterraine ou cachée...
|

L'esquisse de la première version
"Les bergers d'Arcadie I" ‑ Tout est déjà en place... |

|
Il faut noter que la première
version des Bergers d'Arcadie est associée à une autre toile
faite en
1624 :
"Midas se
lavant à la source du Pactole"
On y retrouve en effet une composition
similaire
Inspiré de la mythologie grecque, le
tableau représente la légende du roi Midas
selon laquelle, ne pouvant plus supporter que tout ce qu'il
touchait se transforme en or, le roi alla se laver à la
source du Pactole...
d'où l'expression "Toucher
le Pactole"
Le Roi Midas se lavant à la source du
Pactole
Nicolas
Poussin (1624)
|
D'autres dessins sur le même
thème |
Voici une gravure peu connue de J. F.
Ravenet éditée en 1763.
Curieusement elle fut redimensionnée comme nous le verrons par la suite
Une
bande de 8 cm à gauche est déjà présente et celle de
4 cm à droite est absente.
Seule la petite bande de
2,5 cm en haut est manquante.
Cette manipulation des dimensions semble avoir été revue en
1900, et elle s'est accompagnée d'un montage sur
châssis normalisé, d'où l'apparition tardive de cette petite
bande rajoutée.
|

Gravure de J.F. Ravenet ‑ 1763
|
À noter, les différences au niveau des
nuages, du paysage et de la ligne d'horizon par rapport à
l'original...
Détail
intéressant : on voit clairement
une croix au‑dessus du tombeau. Cette croix moins visible
existe également dans la version de Poussin |
Une autre gravure de E. Lingée fut éditée en 1803
Sa qualité, bien que moyenne, nous offre
un détail très intéressant. Au‑dessus du tombeau arcadien et
du crâne, une croix
est nettement
suggérée.
Pourquoi insister sur ce symbole
religieux ? La présence d'un crâne et d'un tombeau ne
suffit‑elle pas à évoquer la mort en Arcadie ?
Gravure de E. Lingée ‑ 1803
|

|
Les Bergers d'Arcadie (version II) ‑ Nicolas Poussin |

"Les Bergers d'Arcadie" (Version II)
par Nicolas Poussin
faussement daté entre 1638 et 1640, plus vraisemblablement
peint
vers 1655
|
Seconde version officiellement
datée entre 1638 et 1640
Plus vraisemblablement élaborée vers 1655
Peut‑être insatisfait par sa
première
version, mais aussi parce qu'il avait un
message particulier à laisser à la postérité,
Nicolas Poussin réalisa
vers 1655 une seconde toile qui
deviendra son chef d'œuvre.
Notons d'abord que sa date de réalisation est
sujette à controverse. Officiellement confirmée par une
expertise du Louvre, la date se situerait entre 1638 et 1640.
Cette estimation a d'ailleurs été reprise et se retrouve dans de nombreux ouvrages d'art. Mais cette période du maître n'est pas crédible pour deux raisons : la
première est qu'après avoir été analysée par plusieurs grands spécialistes internationaux de Poussin, indépendamment du Louvre, tous s'accordent à
affirmer que la maturité de l'œuvre ne correspond pas à la période 1640, elle serait plus tardive se rapprochant de 1655. La seconde raison nous est donnée par l'Histoire et la biographie du peintre qu'il faut
mettre en parallèle pour conclure à cette date très probable.
Nous ne savons pas officiellement
qui commissionna la peinture.
L'une des thèses voudrait
que le commanditaire soit le
cardinal Rospogliosi, futur pape qui prit le nom de Clément IX, mais c'est en 1685
que Louis XIV racheta la toile
à un ingénieur militaire normand, graveur amateur. Il faut dire que le Roi la chercha
durant 3 ans.
Elle entra ainsi dans la collection royale et dans les comptes des bâtiments du
Roi sous la dénomination de "Pasteurs d'Arcadie".
Le tableau appartint auparavant au
Chevalier d'Avice.
Connaissant sans doute quelques secrets
inestimables à propos du tableau, Louis XIV
préféra le conserver hors de portée du public. Il le
protégea donc précieusement des regards dans ses appartements
privés jusqu'à sa mort.
C'est dans cette version que le thème des
Bergers d'Arcadie est traité dans sa forme la plus aboutie
et certainement la plus complexe. Plusieurs lectures sont superposées et elle suscita
de nombreuses analyses tant les aspects allégoriques, symboliques, alchimiques et
géométriques sont subtilement entremêlés.
La scène se compose de trois bergers et une bergère
contemplant un tombeau antique. L'un des bergers est agenouillé
et déchiffre une inscription latine inscrite sur la sépulture : "ET IN ARCADIA EGO"... Les critiques de l'art
traduiront l'œuvre de façon simpliste en y voyant un simple message emprunté à Virgile : Même en Arcadie la mort existe...
Le raccourci s'avère en réalité très naïf lorsque l'on examine de près la toile et son histoire. Durant deux
siècles, cette scène fascina et inspira de nombreux artistes,
auteurs, poètes et chercheurs. Le tableau est
aujourd'hui exposé au
Louvre.
|
La formule latine
"ET IN ARCADIA EGO"
est remarquable par ses différentes possibilités
d'anagramme :
1er
anagramme :
ET IN ARCADIA EGO ⇒
I TEGO ARCANA DEI
"Va ! Je cache le secret de Dieu" |
TEGO peut se traduire par
"Je possède", "Je
voile", "Je couvre", "Je dissimule", "Je
cache" et même "Je protège".
Nous obtenons alors une traduction qui pourrait être la
suivante : "Va ! Je
cache le secret de Dieu"
2ème
anagramme :
ET IN ARCADIA EGO
SUM
⇒
TANGO ARCAM DEI IESU
"Je touche le tombeau de Dieu Jésus" |
Si
on complète la formule latine par le verbe
SUM
ce qui est grammaticalement plus correct, une autre
anagramme est possible et peut se traduire par : "Je touche le
tombeau de Dieu Jésus"
3ème
anagramme :
ET IN ARCADIA EGO ⇒
REGINA A DEI ACTO
"Reine par décret de Dieu" |
Détectée par un passionné (merci
à lui), cette anagramme trouve aussi toute sa justesse.
Traduction :
"Reine par décret de Dieu"
4ème
anagramme :
ET IN ARCADIA EGO ⇒
TEGO
ARCA INDIAE
"Je cache l'Arche des Indes" |
Enfin cette dernière anagramme moins connue
m'a été signalé par Patrick Merle et peut se traduire ainsi : "Je
cache l'Arche des Indes".
Jusqu'au XVIIe siècle, on appelait
INDIAE
non seulement l'Inde actuelle, mais aussi les pays peu
connus qui entourent la partie nord de l'océan Indien et
donc le Nord‑Est de l'Afrique. Comme par hasard, il existe
une très forte tradition concernant l'Arche en Ethiopie. La
plus grande fête religieuse de ce pays, le Timkat, se passe
les
18 et 19 janvier et on transporte publiquement l'Arche, ou
plus précisément des reproductions des Tables de la Loi
jusqu'à des sources sacrées. Cette tradition raconte que
l'Arche fut longtemps cachée sur une ile du
lac Tana.
À propos de la
scène arcadienne
Les trois bergers semblent découvrir avec
étonnement un tombeau et son inscription. La bergère pose
une main rassurante sur l'un des bergers. L'Arcadie est une
contrée montagneuse de l'ancienne Grèce et plus précisément
du Péloponnèse. Dans la mythologie grecque, l'Arcadie
était appréciée par les dieux car il faisait bon y vivre.
Surtout par le
Dieu Pan, Dieu des bergers et des troupeaux,
fils de Zeus roi des dieux et de Callisto.
En peignant l'Arcadie,
Nicolas Poussin procéda par allégorie pour
désigner des symboles chrétiens. L'Arcadie, lieu
d'allégresse, est à rapprocher du paradis. Le Dieu
Pan
est à rapprocher de Jésus, gardien des bergers (les
apôtres et les prêtres). Pan est fils de Zeus et roi des
dieux, alors que Jésus est roi des juifs et fils de dieu.
Les bergers d'Arcadie apparaissent comme les gardiens du
tombeau, et si l'on suppose que ce dernier représente le
tombeau de Jésus, les bergers deviennent les gardiens de la
connaissance cachée symbolisée par Alphée fleuve souterrain
d'Arcadie que l'on voit apparaitre dans la première version de Poussin. La
bergère serait alors Marie‑Madeleine, la première qui découvrit le
tombeau de
Jésus
vide. On peut alors interpréter cette main rassurante sur
l'épaule par : "N'ayez crainte, il repose maintenant en paix..."
Une autre lecture du tableau, qui est
d'ailleurs complémentaire, tourne autour de l'inscription
"ET IN ARCADIA EGO". Cette formule mystérieuse sans
verbe est pointée du doigt par l'un des bergers qui semble
s'interroger sur sa signification. La bergère, en mettant sa
main sur l'épaule semble lui indiquer : "Seuls des initiés
possédant la clé peuvent la déchiffrer" |
D'autres versions arcadiennes |
Gravure réalisée par Bernard Picart ‑ 1696
On connaît peu de choses sur cette
oeuvre et son inversion est sans aucun doute due au procédé de gravure, une particularité que l'on retrouve aussi sur le marbre de
Shugborough Hall.
|

Les Bergers d'Arcadie par Bernard Picart (1663‑1733) ‑ Gravure réalisée en 1696 |
Il s'agit de la plus ancienne gravure connue. Elle fut réalisée en 1696 par un
artiste très côté de
son vivant : Bernard Picart (1663‑1733).
Un texte manuscrit sous le dessin
indique :
Le souvenir de la mort au milieu des
prospérités de la vie
L'Arcadie est une Contrée
dont les Poètes ont parlé d'un pays délicieux et par cette
Inscription on marque que celuy qui est dans le tombeau
estant Arcadien n'a pas esté exempt de la mort
Ex tabula N. Poussin manu
depicta 2.ped 8.pol.altâ ped.3.pol.9.latâ quoe
asservatur in AEdibus Regiis. D'après le tableau de N.Poussin haut de 2 pieds 8.p. et large de 3.pieds 9.p. qui est dans les
apartemens du Roy. |
Grâce à cette gravure nous
avons donc une information très importante, les dimensions de la
toile enregistrées à l'époque et probablement voulues par
Poussin. Elles rejoignent en tous cas les données actuelles :
Hauteur = 2 pieds 8 pouces Largeur = 3 pieds 9 pouces
Il est à noter qu'il est extrêmement rare de trouver une annotation sur les dimensions
d'origine d'une œuvre. Cette inscription prouve le caractère exceptionnel du tableau. Mais de quel
pied parle‑t‑on ? Il existe de multiples mesures anciennes et
de nombreux pieds. Pour la France, il existe deux mesures à
privilégier avant et après la réforme de Colbert en
1668
(et qui n'ont rien à voir avec les mesures anglaises) :
Pied du roi
en France avant 1668 (réforme
de la toise du Châtelet par Colbert) :
1 pied = 32,6596 cm et
1 pouce = 2,722 cm
Dans ce cas on obtient un
tableau de 87,0952 cm x 122,4768 cm
Pied du roi
après 1668 : 1 pied = 32,484 cm et 1 pouce = 2,707
cm
on obtient une taille précise de
86,624 cm x 121,815 cm, soit
87 cm x 122 cm
Cette dimension constitue la référence officielle. Nous verrons par la suite
pourquoi. (Rapport longueur / hauteur précis : 1,41)
|
Les Bergers d'Arcadie par Alcide Girault
‑ 1865
Cette copie de très bonne facture a été
réalisée par Alcide Girault en
1865 et est sans doute très proche de la version originale de Poussin.
|

Les Bergers d'Arcadie (d'après Nicolas Poussin) par Alcide Girault ‑ réalisé en 1865
Huile H. 87 cm x L. 128 cm ‑ musée des Beaux‑arts de Bordeaux |
Les Bergers d'Arcadie par Marchais
‑ 1865
Cette gravure ancienne, née pour le bicentenaire de la mort de Poussin, a
été réalisée sur acier, et dessinée par
Marchais. La gravure a ensuite été produite par
Mathieu Reindel en
1865.
La version de référence est celle d'Alcide Girault. |

Les Bergers d'Arcadie (d'après Nicolas Poussin) gravure de Mathieu Reindel
dessinée par Marchais ‑ 1865 |
Une gravure du 19e siècle
Franck Daffos, auteur et
chercheur, m'a fait l'amitié de compléter cette collection
des Bergers d'Arcadie en y ajoutant une gravure authentique
du 19e
siècle issue de sa collection privée. En bas à
gauche, un très joli trait de crayon dessine l'effigie de
Poussin.
|

Les Bergers d'Arcadie ‑ Gravure du 19e
siècle
© Collection Franck Daffos
|
Un N inversé et les
Bergers d'Arcadie
Voici une autre gravure issue du musée du
Louvre. Contrairement au marbre de Shugborough et à la gravure
précédente, la scène n'est pas inversée. Deux détails
intégrés par l'artiste ne peuvent échapper à un
chercheur averti. Le N inversé de l'expression ET IИ
ARCADIA EGO, et le A qui disparaît sous la
canne de l'un des bergers. Ceci nous invite à lire ET IN
ARCADI, peut être pour rappeler le titre du tableau, ou tout
simplement pour jeter un voile discret sur la formule originale. |
Les Bergers d'Arcadie sur la stèle de
Nicolas Poussin à Rome
Cette version des
Bergers d'Arcadie est visible sur
le tombeau de Poussin.
Nicolas Poussin
repose
à Rome dans l'église San Lorenzo en Lucina et c'est
René de Chateaubriand, alors ministre de France à Rome,
qui commanda la stèle à un architecte,
Louis Vaudoyer. |
Cette représentation est
intéressante pour plusieurs raisons. La scène étant gravée
dans le marbre sous la directive de
Chateaubriand, il est peu probable qu'elle ait
subi depuis des modifications ou des altérations voulues ou
non. Ceci rend son étude fiable. Comme nous le
verrons dans l'analyse de sa sépulture, Chateaubriand et
peut‑être son architecte furent certainement initiés. La
comparaison entre cette version de marbre et le tableau de
Poussin s'impose donc.
|
Une constatation évidente est la
disposition des mains sur l'inscription, une formule qui se trouve en partie masquée par la tête du berger et
par une main. D'autre part,
le doigt du berger de gauche ne désigne plus clairement une
lettre. |

Détail des bergers d'Arcadie II
|

Détail de l'esquisse des bergers
d'Arcadie I
|
En fait, lorsque l'on compare les
différentes versions et la position du message par rapport aux
mains, toutes diffèrent et le doigt ne montre jamais le même
endroit. Ceci tendrait à montrer que, contrairement aux dires de
certains, le berger de gauche ne pointe pas une lettre,
mais toute autre chose comme une position, une direction, ou tout
simplement le tombeau... |
Les Bergers d'Arcadie par E. Champion 1889
Voici un très beau travail de gravure
miniature
sur une plaque d'ivoire,
réalisé par E. Champion, graveur.
L'œuvre est datée de 1889 et elle est conservée au
Château Musée de Dieppe
(Dimension : 10 cm x 14 cm) |
Je tiens à remercier ici mon complice chercheur
Patrick
Merle pour sa contribution au site et pour la
fourniture des liens qui ont permis de mettre en relief
cette perle du Louvre...
La remarque porte sur
deux présentations du tableau faites par
le Louvre, l'une officielle et publique, l'autre
réservée aux archivistes et aux experts. En effet, le public
connaît la version officielle que l'on peut voir dans le
musée, mais aussi sur le site du Louvre et dont voici la
réplique ci‑dessous.
|

Version officielle présentée par le
Louvre et visible sur son site
|
Mais on connaît beaucoup moins l'aspect
réel de la toile sans son cadre. Cette photo est issue de la
base d'archive du Louvre. |

Version du tableau archivée par le
Louvre et non communiquée au public
|
Or en comparant ces
deux photos,
il apparaît clairement qu'une partie non négligeable du
tableau a été coupée par le cadre. Le plus étonnant est
que si l'on observe les deux troncs d'arbre,
on les devine aussi dans la partie supérieure restée non
visible. Pourrait‑on alors affirmer que la toile a
subi quelques transformations volontaires ou non ? Nous verrons que cette anomalie fait partie d'un
travail de restauration tout à fait discutable...
D'autre part, une polémique existe parmi les
experts sur l'exacte datation du tableau. Régulièrement légendé dans les revues officielles du Louvre ou dans certains ouvrages
avec une date située entre 1639 et 1640, certains spécialistes s'accordent à dire que l'année de conception serait plutôt après
1650. L'un des arguments est celui de la maturité de l'œuvre qui ne correspond pas à la période Poussin
1640. Tout ceci montre à quel point "Les
Bergers d'Arcadie" est décidément un tableau
très sulfureux... On peut en tout cas se poser de sérieuses questions
sur la communication officielle faite aujourd'hui sur l'un des plus beaux
chefs d'œuvre du XVIIe
siècle
|

Les Bergers d'Arcadie ‑ Tableau exposé au
Louvre avec son cadre
|
Halte aux mauvaises copies... Soyez vigilant |
Certainement victime de son succès, le
mystérieux tableau de
Poussin a évidemment défié les copistes. Ceci ne
serait pas gênant si une information claire permettait
d'avertir le public. Il se trouve malheureusement que de mauvaises copies circulent sur le Web comme par exemple sous l'encyclopédie libre
Wikipédia
Il faut donc rester vigilant avant l'analyse de la toile...
|

Les Bergers d'Arcadie II ‑ Œuvre d'un
copiste (source Wikipédia)
|
Comment
faire la différence entre le vrai et le faux ?
En y regardant de plus près et hormis
les coloris qui restent difficiles à juger sur un support
numérique, des différences de trait sont perceptibles. Mais pour un
œil d'expert, il n'y a aucun doute possible...
Voici donc l'original
ci‑dessous. À
vous de détecter les erreurs avec la copie précédente...
|
La version
"Les Bergers d'Arcadie II"
a été extrêmement copiée sous
différentes formes. Il faut donc être très attentif si l'on veut
étudier la version originale de Nicolas Poussin, car son codage ne
tolaire
aucune approximation...

La suite page suivante |
|
|