David
Téniers le Jeune
(également appelé Téniers II)
Né le
15 décembre 1610 à Anvers mort le 25 avril 1690 à Bruxelles
Artiste peintre flamand, surdoué et recherché, du XVIIe
siècle.
Il reste peu connu du public malgré l'exécution de plus
d'un
millier de toiles de très grande qualité.
Surtout, ce peintre hollandais est lié à Rennes‑le‑Château
d'une façon certaine. Il utilisa son art pour élaborer une toile
et coder un message que l'on commence à découvrir...
|
David Téniers le Jeune
(1610‑1690)
par Pieter Thys |
Peintre méconnu et
pourtant présent parmi les plus grands maîtres de son siècle,
David Téniers le Jeune conserve une place de choix dans l'énigme
des deux Rennes. Non seulement il est cité sans ambiguïté dans une
phrase clé issue du
Grand Parchemin, mais il serait l'auteur d'un tableau
codé, équivalent aux
Bergers d'Arcadie
pour Nicolas Poussin.
Paradoxalement, si les Bergers d'Arcadie et la vie de Poussin
ont été
étudiés
sous tous ses angles,
Téniers eut moins d’attrait pour les chercheurs. Peintre souvent
délaissé du grand public, il figure pourtant parmi les plus
grands Maîtres du siècle des Lumières. La raison fondamentale de
ce désintérêt des chercheurs est simple : Téniers est
l'auteur de plus d'un millier de toiles ce qui le rend
insaisissable.
C'est Gérard de Sède le premier qui souligna cet artiste en
faisant monter
Bérenger Saunière à Paris pour, soi‑disant aller acheter les copies
de trois tableaux au Louvre. Malheureusement, les indications
qu'il donne ne
sont pas suffisamment précises et l'identité de l'œuvre
resta très longtemps inconnue. Des pistes sont toutefois particulièrement
intéressantes, s'orientant vers une toile énigmatique : "Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert". L'histoire de ce tableau vient
d'ailleurs croiser le récit d'un autre
épisode castel rennais situé au Royaume‑Uni, celui de
Shugborough Hall
et de la famille Anson.
Les recherches actuelles montrent l'implication
certaine dans l'énigme d'un tableau particulier archivé au musée
du Prado : "Saint‑Antoine
et les 7 péchés capitaux"
L'énigme de
Rennes est ainsi faite. Certaines pistes rebondissent sur
d'autres, prouvant que l'affaire comporte de multiples facettes
qu'il faut étudier, sans quoi, on risque de passer à côté d'une
clé importante...
Je veux remercier ici Aurore,
chercheuse passionnée, éclairée et persévérante, fidèle du forum, et qui permit de faire progresser certaines pièces de ce dossier
restées longtemps inertes.
C'est avec grand
plaisir que j'ai intégré dans ce sujet des extraits de son étude sur le
"Saint Paul et
Saint‑Antoine dans le désert". Cette
contribution
permettra j'en suis sûr,
de combler certaines lacunes
et d'ouvrir d'autres voies passionnantes...
|
Téniers et l'affaire de Rennes |
Qui était Léopold Guillaume de Habsbourg ? |
Léopold Guillaume de Habsbourg fut incontestablement un
véritable mécène pour David Téniers,
mais on ne peut s'empêcher de faire le lien avec la puissante
famille des Habsbourg qui continue à régner dans l'ombre des 2
Rennes... Qui était‑il ?
Né à Wiener
Neustadt le 5 janvier 1614, il est le dernier fils de
Ferdinand II de Habsbourg et de Marie‑Anne de Bavière. Il
est aussi le frère cadet de Jean‑Charles de Habsbourg et
de Ferdinand III,
roi de Hongrie, roi de Bohème et
empereur du Saint Empire romain germanique.
Issu d'une
grande famille princière, il reçut une éducation appropriée, aussi
bien religieuse que militaire.
Il fut également
Grand Maître des
Chevaliers teutoniques, évêque de Halberstadt, de Magdebourg,
de Strasbourg, d'Olmütz et de Passau. |
Léopold Guillaume de Habsbourg |
Sa carrière
fut en grande partie consacrée à guerroyer comme on le voit sur
son portrait, recouvert d'une cuirasse. En
1640 il chassa
les Suédois de Bohème durant la guerre de Trente Ans. Mais il
fut battu à Breitenfeld en 1642.
|
Téniers dans son atelier avec Léopold
Guillaume de Habsbourg |
L'archiduc
Léopold porta la charge
d’évêque de Strasbourg durant 37 ans, pourtant
il était réputé pour n’avoir jamais séjourné en
Alsace à cause de la guerre de Trente Ans.
Il n'eut en effet que 12 ans lorsqu'il prit
en charge le diocèse, à la demande de son oncle
en 1625.
Devenu
gouverneur général des Pays‑Bas espagnol, il réussit à installer
une paix avec les Provinces‑Unies grâce au
traité de Münster
en 1648. Il combattit également la France. En
1653
une bulle papale "Cum Occasione" l'obligea à expulser les
jansénistes des Pays‑Bas.
Ce dernier fait
est particulièrement intéressant. En
1653, le
Pape
Innocent X intervient dans sa bulle Cum Occasione où
il condamne comme hérétique cinq propositions extraites du livre de
chevet des jansénistes "l'Augustinus" de Jansénius. Ce
décret fait suite à la volonté de l'Église romaine d'éradiquer
un mouvement qui trouve au XVIIe siècle de plus en
plus d'adeptes... Rappelons que
Nicolas Pavillon, évêque
d'Alet (1597‑1677) était janséniste... L'application de cette
bulle obligea certainement l'archiduc à se confronter avec les
plus célèbres jansénistes du moment... |
Téniers dans son atelier en plein travail |
Comment Téniers a été relié à l'affaire de Rennes ?
Comment
a‑t‑on pu relier David Téniers le Jeune à l'énigme ? Tout
simplement par
la phrase décryptée du
Grand Parchemin
et qui nous suggère que Téniers et
Poussin
gardent à eux deux, la clé PAX 681 :
BERGÈRE
PAS DE TENTATION
QUE
POUSSIN
TENIERS GARDENT LA CLEF
PAX DCLXXXI
PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU
J'ACHÈVE CE DAEMON DE GARDIEN
A MIDI POMMES
BLEUES
|
En réalité
une autre source existe aussi, celle de
Gérard de Sède et
dans son ombre Pierre Plantard, qui le guida dans la confection de
son livre best‑seller "L'Or de Rennes". En effet Gérard de Sède nous
parle de 3 tableaux que Saunière aurait soi‑disant
récupérés au Louvre en allant réclamer des copies. Le romancier
historien avait tout
simplement oublié qu'en 1890 le Louvre ne délivrait
aucune copie,
une opération lourde et coûteuse, même aujourd'hui.
D'ailleurs les incohérences dans cet
épisode parisien ne manquent pas. Comment Saunière aurait‑il
put choisir ces artistes et par quel raisonnement ? Comment imaginer qu'il
sut choisir le bon Téniers parmi un millier de
ses œuvres et des dizaines de Saint‑Antoine ? Autre erreur, la plupart des toiles de Téniers se
trouvent aux Pays‑Bas ou dans des collections privées et non au Louvre
qui n'en possède que deux. Ce passage de Saunière à
Paris est incontestablement un moyen habile pour fournir
quelques
informations et expliquer
l'inexplicable :
l’existence d’un lien fort entre
trois tableaux et l'affaire de Rennes...
Bérenger s'attarda au Musée du Louvre ; après s'être
documenté sur leurs auteurs, il acheta les
reproductions de trois tableaux qu'il accrochera dès
son retour aux murs de son modeste logis ; Les
Bergers d'Arcadie, de Poussin, le Saint‑Antoine
Ermite, de David Teniers et un portrait déniché on
ne sait où, du pape Saint Célestin V. Assortiment
assez étrange.
Extrait de "L'Or de Rennes" de Gérard de Sède |
Comment peut‑on
affirmer qu'il s'agit d'une autre source ? Tout simplement grâce
au troisième tableau, le portrait du
pape Saint Célestin V
qui ne provient pas du décodage du
Grand Parchemin. Se pose donc la question
de la détermination exacte de la toile de Téniers. Gérard
de Sède la nomme, mais sans nous dire comment lui‑même est parvenu
à cette indication. Serait‑ce
Pierre Plantard qui
l'aurait inspiré en collaborant avec
lui ? Rappelons que Plantard détenait un
dossier riche en informations précieuses, des indices qu'il délivrait goutte à
goutte, une manière de s'imposer en tant qu'initié incontournable...
Finalement que
savons‑nous sur ce fameux
Téniers ? À vrai dire peu de
chose, excepté qu'il s'agit d'un
Saint‑Antoine Ermite et
qu'il n'est pas représenté avec ses tentations comme l'indique
la sentence "... PAS DE
TENTATION..."
Notons aussi qu'il ne cite pas Saint Paul et que Ermite est au
singulier... J'y reviendrai. |
Les tentations de Saint‑Antoine |
Si l'on se
limite au Louvre, seulement deux Saint‑Antoine de Téniers sont
présents, la petite et
la grande tentation. Leur style est dans la plus pure tradition du
maître.
Saint‑Antoine de Tau, barbu et vieillissant, est agenouillé près
d'une pierre plate dans une grotte éclairée par une ouverture
naturelle. En pleine méditation devant un livre, il est
entouré d'êtres fantastiques et hybrides, moitié monstres ou démons, moitié animaux et représentant les tentations du mal. Sur chaque scène
un personnage lui propose un verre de vin, mais Saint‑Antoine demeure
impassible et résiste. Devant lui, des attributs classiques sont
reconnaissables comme le crâne ("Memento Mori"), un sablier,
symbole du temps qui passe et un crucifix, symbole de sa foi.
Téniers fut
littéralement obsédé par ce thème et réalisa de très nombreuses
toiles qu'il déclina à l'infini en variant les personnages
et les décors. Ces tableaux sont aujourd'hui disséminés
dans quelques grands musées comme le Louvre ou le Prado et dans des collections privées. |
Tentations de
Saint‑Antoine
Téniers le
Jeune
Grande tentation (Musée du Louvre)
huile acquise en 1816 |
Tentations de
Saint‑Antoine
Téniers le
Jeune
Petite tentation (Musée du Louvre)
Legs du docteur Louis La Caze en 1869 |
Il faut rappeler
que
Saint‑Antoine, alias
Antoine le Grand
ou Antoine d'Égypte, fait partie des
quatre personnages
fondamentaux liés au
17 janvier, une date elle‑même fondamentale dans l'énigme.
Saint‑Antoine est mort le
17 janvier 356.
Saint‑Antoine, fervent
chrétien dès l'âge de 20 ans,
distribua tous ses biens aux pauvres, puis partit vivre en
ermite dans le désert dans un fortin à Pispir, près
de Qeman. C'est à ce moment qu'il subit les tentations du
Diable, tout comme le Christ durant 40 jours. Son calvaire
dura très longtemps, les démons n'hésitant pas à s'attaquer
à sa vie. Il finira par résister à toutes ces
tentations et déménagera pour le désert de Thébaïde
sur le mont Qolzum où se trouve aujourd'hui un monastère à
sa mémoire. |
Un des plus beaux Saint‑Antoine avec
tentations... de David Téniers |
Téniers
multiplia ce thème sans doute parce que le sujet lui apportait
tout : une ambiance pesante et mystérieuse,
accentuée par des jeux de lumière complexes, des personnages
variés et fantaisistes, une imagination fantasque pouvant s'épanouir complètement, des
instants de vie et des émotions sur chaque
visage. Ajoutons que chaque tableau contient une
symbolique très forte prouvant que Téniers était aussi un artiste
érudit. C'est enfin une manière pour lui de traiter un sujet
religieux, par
la dérision et la caricature, sans choquer les fervents
catholiques de son siècle. Il est aussi amusant de comparer
le travail de l'artiste sur chaque déclinaison du sujet. On
s'aperçoit ainsi que des objets et du mobilier sont utilisés
dans plusieurs toiles... |
Autre grand classique, Saint‑Antoine en
prise avec ses tentations ‑ D. Téniers |
Téniers le
Jeune a‑t‑il été le seul à traiter le thème de Saint‑Antoine ?
Non, d'autres artistes avant et après lui multiplièrent les
versions comme celle de
David Ryckaert en
1650
(ci‑dessous). Des peintres
aussi réputés que Dali,
Bosch,
Jérôme Bosch, Pieter
Bruegel, Max Ernst, Matthias Grünewald ou Vélasquez
se confrontèrent également aux tentations... |
"Tentation de Saint‑Antoine" exécuté vers
1650
par David Ryckaert III (1612‑1661) |
Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert |
Parmi
l'ensemble des "Saint‑Antoine" de Téniers, certains n'ont pas de
tentation. Cela s'explique par la biographie de
Saint‑Antoine qui quitta le désert et son premier ermitage
pour échapper à ses fameuses tentations. Ces dernières
devenaient en effet obsédantes et le martyrisaient tellement qu'il
dut partir, laissant derrière lui ces démons. Il déménagea donc
pour le désert de Thébaïde et dans cette seconde période les
tentations s'arrêtèrent. Les peintures de Saint‑Antoine sans
tentation représentent donc l'ermite dans cette seconde et
dernière partie de sa vie.
Or dans cette
dernière phase
de son existence, un épisode célèbre fut celui de la rencontre
avec Saint‑Paul et son corbeau ravitailleur,
fournissant ainsi aux artistes un magnifique thème religieux
comme la version de Vélasquez. |
Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert
‑ 1634 ‑
par Vélasquez |
Saint‑Antoine rencontre
Saint Paul dans le désert
Contrairement à une fausse idée, c'est Saint‑Antoine
qui vint rencontrer Saint‑Paul et non l'inverse. La vie
de Paul l'ermite nous est racontée dans l'ouvrage en latin de
Saint Jérôme vers 375‑376 (La vie de Saint Paul le premier
ermite). Saint Athanase aurait également écrit une vie de
Paul, antérieure à celle de Jérôme.
Paul (235 ‑340) eut 15 ans à la mort de son père et suite à
un désaccord avec son frère aîné au sujet de l'héritage, il
renonça aux biens de ce monde et se rendit dans le désert
oriental intérieur. Il vécut à cet endroit seul durant 80 ans
dans une grotte près d'une source. Habillé de feuilles de
palmier et nourri d'un demi‑pain qu'un corbeau lui apportait
quotidiennement.
Peu
avant sa mort, Antoine le Grand, averti de la présence de Paul
par un ange, vint lui rendre visite. Ils s'embrassèrent,
prièrent et s'assirent.
Paul
demanda : " Le monde subsiste‑t‑il ?
L'injustice existe‑t‑elle encore sur la terre ? Les
magistrats gouvernent‑ils avec l'erreur de Satan dans l'esprit,
en tyrannisant les faibles ? "
Saint‑Antoine
répondit : "Oui, il en est ainsi... "
Le
corbeau vint alors leur apporter un pain entier, pour la
première fois depuis 80 ans. Peu après cette visite, Paul décéda
et Antoine vit son âme monter au ciel dans la joie des anges. Il
alla retrouver le corps de Paul et l'enveloppa du manteau offert
par l'empereur Constantin à saint Athanase. Puis, aidé
par deux lions, il l'ensevelit au même endroit. Au IVe
siècle le monastère Saint‑Paul y sera érigé. Antoine offrit la
tunique de Paul, en feuilles de palmier, à Athanase, qui
la portait lors des grandes fêtes. |
Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert
Supposé peint par David Téniers (Version anglaise) |
Depuis très longtemps la mythologie de Rennes nous a présenté un
seul tableau de Téniers susceptible de répondre à l’énigme : "Saint‑Antoine et Saint‑Paul dans le désert". Largement diffusé sur
Internet, il est apparu au public dans le livre "La
Montagne Sacrée" de Richard Andrews et Paul Shellenberger.
Ces derniers, après une longue enquête parmi les inventaires
de Téniers pour déterminer un Saint‑Antoine sans tentation,
finir par sortir une toile
du lot. Elle fut retrouvée selon les auteurs, dans la bibliothèque
d'art occidental de l'Ashmolean Museum d'Oxford.
De plus,
le tableau proviendrait d'une collection du second
lord
Palmerston située au château familial de Broalands (inventaire
1791). C'est en 1942 qu'ensuite le tableau aurait été acheté par
Edwina Ashley, comtesse de Mountbatten.
Après une rapide étude géométrique, l'affaire de Rennes et les auteurs de "La Montagne
sacrée" rendirent donc célèbre cette toile oubliée. Curieusement, une information
du Web la situera dans la
cathédrale de Chartres, ce qui s'avérera être une autre fausse piste... Le mystère du Téniers
aux ermites dans le désert prendra alors des ailes...
J’avais moi‑même, il y a quelques années, visité la cathédrale
de Chartres, espérant naturellement tomber sur cette fameuse toile,
mais ne l’ayant pas vue, je classais momentanément cette piste.
Après tout, un tableau se restaure et il arrive parfois que
certaines œuvres se trouvent déplacées ou archivées dans une
cave de musée...
Plusieurs études sont alors effectuées sur sa géométrie,
mais sans grande conviction, l’objectif étant bien sûr de percer son
secret. Il faut dire que Téniers, aussi érudit qu’il fût, n’a
jamais eu une réputation de spécialiste de la géométrie sacrée.
L’harmonie qui se dégage de ses nombreuses toiles n’a jamais
prouvé la présence du nombre d’or. Pourtant cette œuvre semble
différente et prometteuse. La croisée des bâtons des ermites
respecte un angle juste invitant à continuer les recherches, mais
à cette époque trop de sujets se bousculaient.
C’est en rencontrant
Aurore, une chercheuse chevronnée, il y a
quelques années que je compris qu’il y avait là encore matière à
creuser. Fidèle du forum, elle fut également intriguée
par ce tableau à rebondissement et fit sa propre enquête, la conduisant
finalement à une belle surprise. C’est donc avec un grand plaisir que j’insère ici
son étude amorcée sur son blog. D’autant que son approche
complète parfaitement une autre analyse que j’avais entamée il y a
quelque temps, celle de
Shugburough Hall
et de ses Bergers d'Arcadie de marbre... |
Existe‑t‑il
d'autres versions de Téniers
de "Saint‑Antoine et Saint Paul" ?
D'autres versions
existent, mais très différentes comme celle‑ci, composée dans une atmosphère pastorale et forestière,
très loin des paysages arides et désertiques. On y voit
Saint‑Antoine et Saint‑Paul sur un banc près d'une fermette.
Saint‑Paul montre du doigt son légendaire corbeau apportant la
miche de pain. Téniers
prend visiblement des libertés avec le récit historique et installe les ermites dans un décor
potager de style typiquement hollandais... Nous sommes loin d'un ermitage dominé par la faim et
devant cette ferme riche en légumes, la miche de pain est
presque superflue...
|
Saint‑Antoine et Saint Paul ‑ 1650 ‑
Téniers ‑ (Version paysanne) |
La version
suivante est particulièrement intéressante pour son profil
montagneux rappelant le Cardou et cette grotte chargée de détails. Le paysage est
littéralement féérique et la montagne creusée à droite offre un
décor aux mystères de Rennes. Mais pas de précipitation,
la tour au loin n'est pas la
Tour Magdala
comme certains l'ont imaginé, effaçant deux siècles d'écart entre Téniers et
Saunière... Mais il existe d'autres tours dans le Haut‑Razès beaucoup plus
anciennes...
Il existe toutefois une
particularité intéressante sur cette toile comme le fit
remarquer un passionné habitué du forum (Simple
Curieux , Jacques Mazières). Le ciel nous montre
des oiseaux regroupés selon 4 tailles différentes. Complètement
à gauche
un groupe de quatre (deux
paires d'oiseaux), puis vers la droite un groupe de 9 en trois
sous groupes de 3, 4, et 2, formant une ligne oblique. Puis
1
oiseau de face, le plus grand. Puis 2 oiseaux en haut à droite.
Plus la taille diminue et plus le chiffre est grand.
Or en rassemblant
les chiffres nous obtenons 1,2,9,4... 1294, l’année de
l’élection et de la démission de Saint Célestin V, une
référence au fameux troisième tableau dont Gérard de
Sède donna l'indication. Hasard de la composition ou
codage ? |
"Saint‑Antoine et Saint Paul" par Téniers ‑ 1650
(Version paysanne) |
Il suffit de comparer la
version anglaise avec celle‑ci pour s'apercevoir que cette
scène moins travaillée est peut‑être un premier essai.
On retrouve une canne
posée de la même manière, des livres ouverts, une
jarre et un bol, ainsi que ce petit toit de chaume caractéristique.
Surtout il y a les visages des deux saints
qui confirment bien qu'il s'agit du même artiste...
La pierre cubique porte la
signature façon Téniers.
Observez les contours de
la grotte qui rappellera certainement quelques détails pour les
passionnés...
Les deux ermites d'après David Téniers ‑
Autun (musée Rolin)
Première toile avant la
version anglaise ? |
|
C'est en
parcourant quelques archives que je découvris une autre
version inédite, plus intimiste et présentée au
musée du
Prado à Madrid. Les personnages sont dans une caverne et le
paysage extérieur montre un château perché sur une colline. Si
ce tableau est d'un style très différent des précédents, il se
rapproche beaucoup de la version anglaise. La maîtrise du
clair‑obscur démontre ici tout le talent du maître. Des objets
ont aussi disparu comme les deux bâtons et le décor est plus
sobre... Il semble
en tout cas que 1650 fut
une année très prolifique pour Saint‑Antoine et Saint Paul... |
"Saint‑Antoine et Saint Paul ermites" par Téniers
‑ 1650
Musée du Prado à Madrid |
Mais où est donc passé le "Saint‑Antoine et Saint Paul"
version anglaise ?
Objet d’une enquête effectuée par les
co‑auteurs de « La Montagne Sacrée », il était naturel de
vouloir admirer ce chef‑d'œuvre flamand d’autant qu’il a été
enregistré à
la cathédrale de Chartres… Seulement voilà, ce serait une
erreur. Il n’y est pas et il
n'y a jamais été, une intox de plus dans cet épisode déjà bien
malmené. La première
question est donc celle‑ci : où se trouve la version dite
"anglaise" de
Téniers ?
C’est ici que l’affaire devient troublante, car même si cette
toile ne possède pas un lien direct et prouvé avec l’énigme de Rennes, il
reste qu’elle est entourée de mystères et de
plusieurs rebondissements inattendus. Nous avons vu précédemment
que selon "La Montagne sacrée" elle proviendrait
d'une collection du
second Lord Palmerston et qu'elle fut
ensuite achetée par Edwina Ashley, comtesse de Mountbatten,
en 1942, mais pour tenter de comprendre son parcours il faut
remonter à l’histoire de
Shugborough Hall
et de la famille
Anson.
Avant de continuer, il est bon de préciser une donnée
importante. Il n'existe aujourd'hui aucune preuve que les
Téniers portant sur le thème "Saint‑Antoine et Saint Paul"
correspondent au tableau recherché. Il faut considérer que
l'étude qui suit porte sur l'histoire étrange d'un tableau de
Téniers... Rien de plus... |
Shugborough Hall et le Téniers |
Bien que cela puisse
paraître étonnant, l'une des hypothèses est que la version anglaise du « Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert » soit en réalité la copie
d’une autre version de Téniers qualifiée
d’originale. Cette dernière aurait ainsi servi
de modèle à Ann Margaret Coke Anson, la châtelaine de
Shugborough Hall.
Comment en est‑on arrivé
là ?
Il
se trouve que tout simplement, dans le travail d’inventaire
destiné à dénicher le bon Téniers, ce tableau est également attribué à
Ann Margaret Coke. Or,
Shugborough Hall qui était sa résidence est un lieu
largement réputé dans l'affaire de Rennes et notamment pour son marbre des
Bergers d’Arcadie. On a ainsi un lien privilégié
entre Ann Coke, la famille
Anson,
Nicolas Poussin
et ses Bergers arcadiens et Téniers le Jeune…
La coïncidence est décidément trop belle…
Copie ou version
de Téniers ?
L’aventure de ce tableau est particulièrement émaillée de curiosités,
à croire qu’il y aurait eu une volonté, soit de perdre quelques
curieux, soit d’attirer l’attention. Car si ce tableau est une
copie réalisée par Ann Coke, pourquoi alors l’avoir encadré avec un cartouche
clairement signé David Téniers ? Si on examine le
cadre (voir l'image ci‑dessous), le nom apparaît facilement.
Or ce n'est pas tout ; la pierre cubique laisse aussi
deviner la signature de Téniers telle qu'il avait l'habitude de
l'écrire D. TENIERS. Incontestablement ceci ne milite pas pour
une copie et comme nous allons le voir d'autres arguments
montrent qu'il s'agirait bien d'un Téniers… |
Saint‑Antoine
et Saint Paul dans le désert ‑ Copie anglaise ou Téniers ?
(Photo extraite de "La Montagne Sacrée") |
Le cartouche du cadre avec la signature David
Téniers.
On peut presque deviner sa signature
sur la pierre cubique :
D.
TE... et une date |
Ce tableau
signé Téniers aurait donc été attribué à
Ann Margaret Coke
dans un inventaire. Or elle est l'épouse
Anson et
la belle‑fille de Lord Anson, le commanditaire du marbre
des Bergers de Poussin, une bien curieuse coïncidence.
Y aurait‑il eut alors
une confusion avec d'autres toiles qu'elle aurait copiées ?
Ann Coke
était en effet une artiste surdouée. |
La signature de Téniers sur la pierre.
On
devine D TE... |
Ann naquit
le 23 janvier 1779, à Holkam,
comté de Norfolk, en Angleterre et sa vie fut classique
si on la compare aux autres femmes de sa condition. Mais il y a
un fait intéressant : elle fut l'élève avec sa jeune sœur, d'un
célèbre portraitiste de la cour,
Thomas Gainsborough.
Car Ann Margaret Coke était déjà très jeune, une talentueuse
artiste et selon son biographe il était parfois difficile de
discerner le travail du maître et celui de l'élève. Pour preuve,
voici une de ses toiles peintes à l'âge de
14
ans "L'Académie des Enfants". Aucun doute elle était
douée pour le dessin... et même très douée… |
L'Académie des enfants ‑ Ann Margaret Coke
‑ 1793 |
Artiste dans l'âme, elle se passionnait pour l'harmonie des
couleurs et des nuances. Elle adorait également
rénover des enluminures et des vieux
missels.
Le 15 septembre 1794,
Ann Margaret Coke épousa
lord
Thomas Anson (1773‑1818)
et entra ainsi
dans le superbe domaine de
Shugborough,
dont les jardins étaient déjà pourvus des 8 monuments, dont
le
marbre arcadien. Car
la famille Anson,
bien avant l'arrivée de
Ann Coke,
suscitait déjà depuis de nombreuses années énormément d'intérêt
pour certaines toiles de Nicolas Poussin. Voici un
magnifique lien entre la famille
Anson et
Poussin,
entre Anson et
les
Bergers d'Arcadie, entre Ann Coke et
Téniers...
Tout ceci ne serait que des coïncidences ?
|
Il
faut ajouter à ces étranges liens une peinture qui montre
Lady Anson Coke, la mère de Thomas Coke,
avec dans ses mains les Bergers d'Arcadie première version.
Assurément cette famille était passionnée par les
mystères de Poussin... Ann Margaret Coke
poursuivait‑elle la quête du Graal? Voulait‑elle laisser une
trace de ses recherches ? Fut‑elle conseillée de réaliser
quelques copies que l'on retrouverait aujourd'hui dans sa
collection ?
Cette même collection où se trouverait une grande huile,
notre fameux Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert,
version anglaise...
Le descendant de cette famille
fut jusqu'en 2005
le
Comte de Lichfield, connu sous
le nom de,
Patrick Lichfield, le célèbre photographe
anglais possédant un appartement à Shugborough. Il disparut
le 10 novembre 2005. Sa mère est la
princesse Anne du Danemark. |
Lady Anson Coke 1751
(La mère de Thomas Coke)
Elle tient dans sa main une esquisse des
Bergers d'Arcadie Version I de Poussin |
Thomas Coke (1773‑1818)
le père de Ann Margaret Coke |
Ann Margaret Coke enfant avec sa sœur portant un
chapeau et
sa mère Jane Dutton |
Nous sommes donc en
présence d'un tableau signé Téniers et attribué à tort à Ann Coke, une
artiste réputée pour ses collections et ses copies.
La piste
s'arrêterait‑elle là ? Pas du tout. Car si l'on
admet qu'il s'agit d'une copie, il y aurait un original... Le
trouver reviendrait à relancer son mystère. C'est ce qu'Aurore
fit au cours de son enquête : suivre la trace de cet original
s'il existe. C'est en 2009 qu'elle me fit part de cette
trouvaille. Une autre version existe belle et bien, à l'abri du public.
Pour des raisons évidentes de discrétion envers les
propriétaires qui ont donné leur confiance, le lieu est tenu
secret. Mais pour les besoins d'une inauguration, cette toile a été prêtée temporairement
au musée de Flandre à Cassel, le temps d'une exposition 2010.
Le
voici (ci‑dessous) avec une palette et des traits qui ne font aucun doute sur
l'identité de
l'artiste... |
Téniers
Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert ‑ David Téniers
(Version I considérée comme originale)
(© Rennes‑le‑Château Archive ‑
Merci à Aurore pour sa contribution au site
Musée de Flandre à
Cassel ) |
Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert
‑ Signé David Téniers
(Version II dite anglaise) |
En comparant
rapidement ces deux versions, on peut vite s'apercevoir qu'elles
divergent sur de nombreux points. Les personnages, bien que
très ressemblants, n'ont pas les mêmes poses, Saint Paul montre
le corbeau alors que sur l'original il semble détaché. Sur la
version anglaise, un crucifix est apparu ainsi qu'une seconde
canne, mais un livre a disparu. Les configurations rocheuses
sont plus incisives dans la version anglaise et plus douces dans
la première. Quant aux lumières, la version anglaise est moins
obscure, moins ténébreuse.
La version anglaise serait‑elle une
copie dans le vrai sens du terme ? Non, il faut le reconnaître.
Il s'agit plutôt d'une seconde version telle que Poussin aimait
les faire en travaillant son sujet à deux reprises. Difficile
donc d'affirmer qu'Ann Margaret Coke
est la réelle artiste de l'œuvre version anglaise... |
La signature
est visible sur la pierre sans ambiguïté.
On distingue D. TENIERS
suivi d'un F pour Fecit (fait par)
Une calligraphie
identique est visible
sur la pierre version anglaise
|
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S'agit‑il d'une
copie de Ann Coke ? Peu probable...
Si l'élaboration d'une œuvre reconnue relève d'un véritable don, la
création d'une copie est un exercice tout à fait différent.
Contrairement à l'artiste attaché à ses propres contraintes, le
copiste doit respecter des règles et un style qui ne lui
appartiennent pas. C'est un travail difficile, qui demande
énormément d'attention, une connaissance parfaite des techniques et une
appropriation de l'âme du maître. On ne s'improvise pas copiste,
c'est un art dans l'art. Il y a aussi plusieurs types de copie,
la reproduction au plus près de l'original et l'interprétation.
S'il y a eu copie par Ann Coke c'est la seconde option dont il
est question ici. |
En effet, le nombre de différences
très nettes prouve que l'artiste supposé copieur a pris des libertés. Mais
là encore une autre difficulté réside. Prendre des libertés veut
dire que l'on s'autorise à un rendu différent et à des détails
qui n'appartiennent pas au maître. Or ici ce n'est pas le cas.
Non seulement ce n'est pas une copie exacte, mais les différences restent
exactement dans le style Téniers. Le copiste
devait donc posséder, non seulement le savoir‑faire du maître, mais aussi
la mémoire de son style disséminé sur ses autres toiles.
N'oublions pas que nous sommes vers
1800 et qu'il n'existe ni
photo, ni Web...
Comparons par exemple le toit de chaume du Téniers à droite et
celui de la version anglaise. La ressemblance est frappante.
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Les deux ermites d'après David Téniers
Autun (musée Rolin) |
Les multiples déclinaisons de Téniers sur ce thème montrent
qu'il existe de très nombreux objets qui sont repris à
l'identique de toile en toile. La vitesse à laquelle le peintre
produisait ne lui permettait pas d'imaginer entièrement de
nouveaux décors. Comme pour un metteur en scène, Téniers
utilisait les mêmes accessoires dans des situations différentes.
Il est aussi
intéressant de comparer la version anglaise avec le Saint‑Antoine ci‑dessous. Vous y retrouverez de nombreux détails
visibles dans la version anglaise, comme le crucifix, ou cette manière de ciseler les pierres. La
canne appuyée sur une pierre est aussi un détail très "Téniers"
que l'on retrouve sur la toile "Les deux ermites" ci‑dessus.
Ann Margaret Coke aurait copié ? Peut‑être, mais rien ne
permet de l'affirmer...
Ou
presque, car il faut connaître un détail qui peut avoir son
importance. Le beau père de Ann Coke,
Lord Anson,
commanditaire du monument des Bergers, résida quelque temps à
Versailles après la mort de Louis XIV... Voici donc un
joli trait d'union entre la France et l'Angleterre sur fond
Poussin‑Téniers...
Un fait
reste en tout cas bien
intrigant : cette seconde version anglaise était enregistrée à
la fois dans la collection
de la famille Anson, propriétaire des Bergers de marbre et
dans la collection du second Lord Palmerston. Deux
sources pour un tableau, son parcours est décidément bien
chaotique et mystérieux... |
Saint‑Antoine et ses tentations ‑Téniers
le Jeune |
L'autre piste
Palmerston...
Selon une première piste, l'œuvre anglaise aurait fait partie de
la collection du second lord Palmerston. Mais qui
était‑il ? Là encore, en s'intéressant à sa famille des surprises nous attendent...
La famille Palmerston possède en effet une bien curieuse lignée, le
personnage le plus emblématique étant le célèbre
Henry
John Palmerston, alias
Henry Temple...
Sir
Henry
John Temple,
3e vicomte Palmerston était avant
tout homme politique britannique. |
Il naquit à
Broadlands (Hampshire) le 20 octobre
1784
et mourut le 18 octobre
1865. Il fut
ministre des Affaires étrangères de la reine
Victoria et Premier ministre. Ses activités
étaient la supervision des
forces britanniques dans la Guerre de Crimée et
les guerres d'opium contre la Chine entre 1840
et 1858.
Il est aussi suspecté d'être le
Grand Patriarche et le Maître de Grande
Franc‑maçonnerie orientale.
A son
époque l'ordre politique est instable. Les
révolutions de 1830 bouleversent l’équilibre
politique européen issu du Congrès de Vienne.
Les Pays‑Bas sont coupés en deux par la
Révolution belge, le Portugal sombre dans une
guerre civile et la Pologne s'oppose à la
Russie...
Henry Temple (1784‑1865)
3e
Vicomte Palmerston en 1863 deux ans avant sa mort |
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Henry Temple, 1er
Vicomte Palmerston (1673‑1757)
Henry Temple, fils aîné de John
Temple (diplomate et orateur de la Chambre des
communes irlandaises) était de la
noblesse irlandaise et un homme
politique britannique. Il épousa le 10
juin 1703 Anne Houblon, fille d'Abraham
Houblon, gouverneur de la Banque de
l'Angleterre, et ils eurent deux enfants : Henry et Richard.
En 1736, il acheta Broadlands de
Humphrey Sydenham et se remaria à
Isabella Gerard. Aucun de ses fils ne
lui survécut et sa succession fut
transmise à son petit‑fils Henry qui
deviendra le 2ème Lord Palmerston.
Henry Temple, 2ème
Vicomte Palmerston (1739‑1802)
Petit fils du 1er Lord Palmerston, Henry Temple fut également un politicien britannique. Membre de
la Chambre des communes britanniques, il représenta "The constituncies de Looe Est" entre 1762 et 1768, Southampton entre
1768 et 1774, Hastings entre 1774 et 1784, Boroughbridge entre
1784 et 1790, Newport, Île de Wight entre 1790 et 1796,
Winchester entre 1796 et sa mort en 1802. Il fut nommé à la
chambre de commerce en 1765, Lord de l'Amirauté
entre 1766 et 1777 et Lord de la Trésorerie de 1777 à 1782.
Voici donc le personnage
qui aurait possédé la fameuse version anglaise de Téniers. Nous
aurions donc une seconde piste avec celle de
Ann Margaret Coke et si l'on
compare les dates, Ann Coke était bien une contemporaine du
second Lord. En effet, lorsqu'elle se maria en
1794, Henry Temple 2ème
Vicomte avait 55 ans.
Mais un fait est certain. Les
deux familles se connaissaient et échangeaient comme le montrent les archives des
courriers de la famille Anson de Shugborow. Il existe notamment
des
lettres de 1850 qui le démontrent.
Il reste à comprendre d'où vient un tel
intérêt pour ce
Saint‑Antoine et Saint‑Paul, et qui fut
le réel le
commanditaire et le premier
collectionneur, les Anson ou les
Palmerston ? |
Inutile de
remettre en question Téniers le Jeune et un
Saint‑Antoine sans tentation. La formule du
Grand Parchemin est
suffisamment claire sur ce point. D'autre part si
Téniers
et Poussin son liés dans l'énigme, chacun par la
confection d'une toile particulière, il ne fait aucun doute
qu'il s'agit bien de Téniers le Jeune (1610‑1690),
Nicolas Poussin (1594‑1665)
étant son contemporain. L'idée étant qu'un seul commanditaire
aurait planifié le codage sur 2 tableaux et par 2 artistes
différents. Si l'on considère que
Nicolas Pavillon fut le
commanditaire des
Bergers d'Arcadie II,
serait‑il possible qu'il soit également impliqué pour le
Téniers ?
On sait que
Pavillon était en conflit politique avec
Louis XIV. Les
multiples désaccords de l'évêque avec le pouvoir royal, le tout
sur fond de crise janséniste, ne pouvait que l'inciter à choisir
un artiste qui ne fasse pas partie de la cour de France.
Téniers, le peintre "aux magots", était certainement un
très bon candidat pour l'évêque d'Alet.
Le tableau recherché est donc
un Saint‑Antoine de Téniers le Jeune n'ayant aucune tentation,
ou en tout cas avec un élément suffisamment clair qui indique
que l'on n'est pas en présence d'une tentation, il n'y a aucun
doute. La question est donc la suivante : |
Existe‑t‑il des œuvres de Saint‑Antoine
seul et sans tentations ?
À part "Saint‑Antoine et Saint‑Paul dans le désert" il existe très peu
de Saint‑Antoine seul reconnu de David Téniers. En
voici un exemple ci‑dessous. La présence de Saint‑Antoine
isolé dans un décor de roches insolites, les pieds au bord
d'une rivière ou d'une source, est toutefois étrange. Il faut bien le
reconnaître, celui‑ci pas plus qu'un autre ne permet
d'affirmer qu'il s'agit du bon Téniers tant recherché...
Il n'existerait donc plus
aucune piste ? Le principal candidat
serait donc le Saint‑Antoine et Saint Paul dans le désert ?
C'était sans compter sur une certaine toile... |
Saint‑Antoine seul par Téniers
le Jeune |
A‑t‑on vraiment
examiné tous les Saint‑Antoine ? |
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