Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Le rapport Cholet - Rennes-le-Château Archive

Le rapport Cholet

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Jacques Cholet fit certainement partie des premiers passionnés qui comprirent très vite l'importance du mystère de Rennes‑le‑Château et sa complexité. Chef de Section de la Régie Autonome des Transports Parisiens, il se heurta comme beaucoup d'autres chercheurs de sa génération à la difficulté d'obtenir des sources d'informations fiables et de faire des recherches en toute légalité, un problème qui reste très actuel.

   Entre 1950 et 1965, une totale anarchie régnait dans le village parmi les chercheurs de trésors en tout genre. Chacun y allait de son coup de pioche et peu importaient les vestiges historiques ou archéologiques. Des équipes se succédaient pour creuser, bêcher, percer et même dynamiter. Pendant que quelques‑uns étayaient un souterrain, d'autres soulevaient des pierres ou s'enfermaient dans l'église pour sonder les sols et les murs. Le village garde d'ailleurs de cette époque des cicatrices bien visibles.

 

   Un autre mal minait aussi Rennes‑le‑Château depuis le début de l'affaire : l'absence de communication entre chercheurs et passionnés, favorisant ainsi les rumeurs, les ragots et les faux. C'est bien connu, l'attrait de l'or exacerbe la cupidité et la bêtise. Certaines découvertes furent, on s'en doute, détruites ou confisquées, empêchant d'autres de suivre les mêmes traces. Jacques Cholet le signale d'ailleurs dans son rapport.

 


L'équipe Robert Charroux soulevant une dalle dans l'ossuaire
du cimetière à Rennes‑le‑Château

 

   Cette époque mouvementée fut aussi celle des grands chercheurs comme l'écrivain Robert Charroux, ou le président de la Société Scientifique de l’Aude René Descadeillas. L'ingénieur Jacques Cholet suivit ce mouvement et apporta aussi une pierre avec son rapport resté célèbre. C'est dans ce terreau que Gérard de Sède fit naître son fameux Best‑seller "L'Or de Rennes" paru en 1967, et que Pierre Plantard et Philippe de Cherisey semèrent leurs premières graines...

   Le 31 mai 1955, Jacques Cholet rédigea une lettre très significative adressée au maire de l'époque demandant l'autorisation de faire des fouilles à Rennes‑le‑Château. La voici reproduite :

 

Lettre de Jacques CHOLET
au maire de Rennes‑le‑Château
31 mai 1955

 

     Monsieur le maire de Rennes‑le‑Château

 

   Ayant déjà obtenu l'autorisation des autorités religieuses, je sollicite de vous l'autorisation de faire dans l'église de votre village des recherches, sondages et éventuellement des fouilles, dans l'église elle‑même, dans ses dépendances et sur son pourtour. Il est bien entendu que ces recherches seront faites en accord avec l'abbé REGAUD afin que l'exercice du culte ne soit nullement troublé. Ces recherches ont pour but principal de retrouver le ou les trésors cachés il y a plusieurs siècles par diverses personnes ayant habité Rennes‑Le‑Château et comme buts secondaires, chercher à éclaircir certains points d'histoire et d'archéologie.

 

   Ne disposant que d'environs un mois pour faire ces recherches, il y a plusieurs cas à envisager.

 

1°) Je ne trouve rien, tout est remis en état.

 

2°) Il y a une ou plusieurs trouvailles, constat en sera fait par huissier et la totalité des valeurs sera remise entre les mains des représentants de l'État qui se chargeront de sa transformation en francs et répartiront équitablement les parts aux ayants droit (État, propriétaires, inventeur).

 

3°) Les recherches sont en bonne voie, mais le temps me manque pour les terminer, alors en accord avec vous et le représentant des autorités religieuses je referme provisoirement, mais solidement les fouilles ou sondages et vous vous engagez par écrit à ne pas accorder de permissions à d'autres chercheurs sans mon accord, car dès que ma profession me laissera quelques loisirs, je reprendrai les travaux un moment interrompus.

 

    J'espère, Monsieur le Maire, que ma demande est claire et précise et en espérant votre accord, je vous prie de croire à l'expression de mes meilleurs sentiments.

 

 

CHOLET Jacques
Chef de Section de la Régie
Autonome des Transports Parisiens
Contremaître en travaux publics
7, rue Pierre Curie
Verrier le Buisson ‑ Seine et Oise

 

   Suite à ce courrier, une réponse parvint à Cholet quatre ans plus tard, une lettre émise par Mr Lambege alors maire de Rennes‑le‑Château. Il répondit ceci :

 

    Autorisation accordée pour des fouilles éventuelles dans l'enceinte de l'église à l'exception du cimetière et compte tenu des engagements formels stipulés sur la présente lettre.

 

Rennes le château, le 31 mai 1959

Le Maire

 

   Après ses recherches, Cholet rédigea le 25 avril 1967 un rapport détaillant les différentes hypothèses et fournit un bilan de ses propres fouilles dans l'église Marie‑Madeleine. Son contenu est en tout cas révélateur de l'ambiance et des idées qui étaient véhiculées à l'époque de Noël Corbu. Jacques Cholet était persuadé que le trésor de Saunière se trouvait dans le sous‑sol de l'église. Après avoir obtenu une autorisation de la mairie de Rennes‑le‑Château, il procéda donc à des fouilles très poussées. Elles démarrèrent en 1959 sous la surveillance du curé de Couiza, l'Abbé Rigaud (aumônier à l'institut Saint‑Joseph de Limoux en 1980). Les murs et le sol de la sacristie furent sondés. Ce dernier fut d'ailleurs creusé en profondeur et on retrouva les traces d'une porte. Tout l'édifice fut analysé, l'autel fut déplacé. Le carrelage et les plinthes furent démontés mettant à jour des caches malheureusement vides. Or tout ce chambardement ne plut pas à tout le monde. Cholet fut victime d'un attentat où il faillit être assommé par une poutre discrètement accrochée par des fils invisibles de nylon. Le lourd morceau de bois devait tomber à l'ouverture de la porte. L'auteur réussit en tout cas son intimidation puisque Cholet, choqué, arrêta net toutes ses recherches jusqu'en 1967.

 

   Le rapport est devenu aujourd'hui une pièce historique, et il est amusant de comparer ce que savait Cholet à l'époque avec l'état actuel des recherches. Dans ce document nostalgique, certaines informations restent actuelles comme la mystérieuse disparition de l'abbé Saunière dans le cimetière de son église. Le document est en tout cas une belle entrée en matière pour tous les débutants qui souhaitent appréhender l'affaire. Il faut aussi se rappeler que c'est dans cette même année 1967 que sortit "L'Or de Rennes" de Gérard de Sède...

 

Vous trouverez dans son rapport ci‑dessous quelques liens qui vous permettront de rejoindre les thèmes traités par ailleurs sur le site RLC Archive...

 

Le Rapport Cholet

RENNES‑LE‑CHATEAU

 Histoire du Pays

 

 

1) À l'époque de la Gaule, il y avait en ce lieu un temple dédié au Dieu ARA : et c'est de ce nom que découle celui de Rennes‑le‑Château ; la première déformation est due aux Wisigoths : Radaès, puis vinrent : Rada, Rédé, Rédéa, Rèda‑Castel et enfin Rennes‑le‑Château. Les Celtes adoraient le dieu Arès, en s'approchant au plus près de lui c'est à dire, en se plaçant sur une montagne, mais tout en s' en protégeant ; une caverne, près d'une cime était pour eux, le lieu de culte idéal ; or, sur l'emplacement de Rennes‑le‑Château, il y avait une grotte, très près du sommet. Ce culte dura jusqu'à l’évangélisation de la contrée, et, suivant l'usage de l'époque, les prêtres ou moines, prêcheurs, faisaient construire, sur l'emplacement des anciens autels les églises. L'ancien temple se trouve donc recouvert par l'église de Sainte Marie Madeleine, qui ne semble pas avoir changé de place au cours des siècles, bien qu'elle fut détruite plusieurs fois. C'est au cours de l'occupation wisigothique que cette construction eut lieu.

 

2) Quand les Sarrasins, venant d'Espagne, envahirent la région, les places fortes édifiées par les Wisigoths tombèrent en leurs mains ; le siège de Radaès dura assez longtemps, car c'était la capitale régionale, fortement armée : les survivants, après avoir muré dans l' ancien temple, ce qu'ils ne pouvaient emporter, s'échappèrent par un souterrain se dirigeant vers le château actuel, et de là, vers le lieu dit Blanchefort ; un embranchement de ce souterrain descendait vers la Sals, en face de Coustaussa : la rivière était traversée à gué (ce gué existe toujours), la sortie de ce souterrain a été obstruée par un glissement de terrain ; par contre, la reprise vers Coustaussa est toujours visible, sur le côté gauche de la route se dirigeant vers Arques.

 

3) Charlemagne ayant chassé les Sarrasins, une nouvelle population s'installa ; de cette époque on ne sait pas grand‑chose. Il faut en arriver à. la croisade contre les albigeois, pour revoir le nom de Rédé dans l'histoire. On prétend que Rédé serait tombée après Montségur et qu'une partie des biens des cathares, auraient eux aussi été murés dans le temple avant la reddition, mais là rien de précis.

 

4) La grande époque, tout au moins pour ce qui nous intéresse, se situe rendant la domination de cette région par les comtes de VOISINS après la chute des cathares et de leurs alliés (certains seigneurs chrétiens avaient suivi les grands chefs cathares, non pas par conviction religieuse, mais par obéissance, d'un vassal pour son maître; tel fut le cas du comte d’Aniort et de ses frères. Le calme revenu, il y eut un grand procès à Carcassonne ; ils y ont plaidé leur cause ce sens, ils obtinrent le non‑lieu et furent rétablis dans leurs biens, à condition qu'ils changent de nom; depuis cette époque et encore maintenant, la famille porte le nom de De Niort, petit village voisin du plateau de Sault ) les survivants des combats se partagèrent la région. Le combat du Razès échut au chevalier de Voisin, petit noble sans apanage, fils du comte de VOISIN (le Bretonneux, près de Paris), vassal de Simon de Montfort, qu'il avait suivi dans ses aventures et qui avait eu la chance de survivre aux combats. Il prit le titre de Comte Pierre Ier de VOISIN, seigneur du Razès; plus tard il fut nommé sénéchal; son fils aîné lui succéda sous le nom de Pierre II, le cadet Paul‑Guillaume fut soupçonné de se livrer au brigandage. Pour retrouver le nom d'un comte de VOISIN  dans l'histoire, il faut aller jusqu'à la guerre de Cent Ans (1365). Les Grandes Compagnies dévastaient la contrée; le seigneur de l'époque: Alaric Ier de VOISIN, décida de les exterminer; il réunit ses chevaliers et ses vassaux et s'avança au‑devant des routiers; la rencontre eut lieu vers Saint‑Paul‑de‑Fenouillet. Après une dure bataille, les routiers prirent l'avantage et ce qui restait des troupes d'Alaric, se replia sur Réda‑Castel, poursuivis par ceux des Grandes Compagnies qui assiégèrent la ville, bientôt prise et détruite; seul resta le château bien qu'un boulet ait pénétré dans une tour des remparts, la tour Marsala, qui était la Sainte Barbe ; une formidable explosion ébranla tout, mais le donjon n'avait pas souffert. La résistance continua jusqu'au jour où ….. ?

 

Les routiers ayant démoli l’église Saint Pierre jusqu'au sol trouvèrent l'entrée d'un souterrain. Ils se ruèrent dedans, croyant prendre le château de l'intérieur, mais ils n'y arrivèrent jamais. Dans un angle du souterrain, il y avait une dalle à bascule et tous ceux qui s’engagèrent dessus, tombèrent dans un puits: ils y sont toujours. Après cette aventure le siège fut levé. Vers la même époque se situe le passage à Réda‑Castel de l'épouse de Pierre le Cruel, roi de Castille: Blanche de Castille, troisième femme à porter ce nom (en réalité Blanche de Bourbon) et qui vint un moment, chercher refuge auprès du Comte de VOISIN, qui était par ses possessions, aussi bien vassal du Roi de France que du Roi de Castille, mais cet épisode n'apporte rien à notre histoire.

 

Il faut se reporter aux Guerres de Religion, pour avoir un nouveau chapitre à écrire sur cette région. Les calvinistes parcouraient la contrée et détruisaient les villes dont les habitants refusaient de se convertir à leurs idées. Réda‑Castel et sa ville furent détruits une nouvelle fois: château, maisons, églises, tout fut rasé. Les villes environnantes subirent le même sort; c'est de cette époque que la ville voisine, Espéraza, tire son nom. Ce n'est pas une déformation du mot "espérance", mais la contraction de la locution de la langue d’oc "Es‑per‑raza", en français: c'est pour raser. La famille de VOISIN disparut de la région dans cette aventure.

 

5) Las de tant de malheurs, le Razès reprend doucement vie, de nouvelles familles viennent s’y installer. Rennes‑le‑Château devient la possession des "Hautpoul de Blanchefort". Il semble que ces nouveaux seigneurs soient riches et puissants, car d'autres familles nobles recherchent leur amitié et alliance par mariage. C'est l'époque des Bourbons (Rois) et il faut attendre leur chute pour que la ville de Rennes‑Le‑Château fasse de nouveau parler d’elle. C'était alors un relais, sur la route des émigrés, partant pour l'Espagne. Le curé de l'époque les cachait et les ravitaillait. Quand il sentit qu'il en avait trop fait et que les autorités civiles allaient l'arrêter, il enterra dans l'église son maigre avoir, rédigea sur des parchemins, l’histoire de son pays, les cachant dans un des piliers soutenant l'autel et partit à son tour. Il ne devait jamais revenir.

 

6) Rennes‑Le‑Château est encore un village prospère, bien que vivant sur lui‑même,  aucune route carrossable ne le relie aux autres villes, seul un mauvais chemin muletier va jusqu'à Rennes‑les‑Bains. Il y a peu d’argent dans le pays. Les habitants qui produisent tout ce qui est nécessaire vivent bien, mais petitement, pourtant tous les corps de métiers y sont représentés.

 

Le Curé de l'époque, Bérenger Saunière, implore le maire, de lui faire voter un crédit de 91F,60 pour payer la réparation du toit de l'église, mais ni le Curé, ni la Commune ne possèdent une pareille somme, pourtant il pleut sur l'autel. Un matin le vieux sonneur, en tirant sa cloche manque de prendre sur la tête un morceau de bois qui venait de tomber du haut du clocher. Il donne un coup de pied dedans et continue à sonner l'Angélus. Le soir, il retrouve son morceau de bois et par curiosité, le ramasse et le trouve bien léger pour sa taille. En y regardant de plus près, il constate qu'il était creux et qu'il contenait de la fougère. Dans la fougère, il trouve un parchemin enveloppant un os. Ce parchemin est rédigé en latin, il va le porter au Curé qui lui dit "C'est sûrement une relique et son histoire". Pendant plusieurs jours, le curé essaye de traduire ce grimoire sans grand résultat. Il va donc à Paris et revient avec la traduction. Le jeudi suivant, aidé des enfants de chœur, le curé se met en devoir de soulever une dalle dans l'église, mais elle est lourde et il faut toute la matinée pour la déplacer. Enfin vers midi c'est terminé, à la place de la dalle il y a un grand vide et dans le fond, l'amorce d'un escalier. Il renvoie les enfants en leur disant: "Revenez tous à deux heures, il y aura, des bonbons pour tout le monde" et il s'enferme dans l'église. A deux heures, la porte était toujours fermée ; elle ne s'ouvrit qu'à quatre heures et le curé tout rayonnant, distribua ce qu'il avait promis.


À partir de ce jour, les dépenses de toutes sortes commencèrent. Après avoir réparé et embelli l'église, il se fit construire une belle et grande maison où il tenait table ouverte. Il fit beaucoup pour le village et ses habitants, faisant réparer les maisons et dotant les filles à marier. Mais il eut de gros ennuis avec l'Évêché. Il fut accusé de tout: pacte avec le diable, trafic de Messes, espionnage, boîte à lettres pour correspondances clandestines, etc... Ce qui ne l'empêchait pas de dépenser et de construire.

 

7) Un jour une dame, bien pensante et assez riche, trouva inconvenant que l'on continuât à dire la messe (dans cette belle église remise neuf) sur un vieil autel. Aussi, avec l'accord du curé et sans souci de l’archéologie, elle fit démolir le vieil autel qui datait du temps des Carolingiens, peut‑être même de celui des Wisigoths, pour le remplacer par celui qui s'y trouve actuellement. Là encore il y eut une trouvaille ; dans l'un des piliers qui soutenaient la grosse dalle, les ouvriers retrouvent les trois parchemins que le curé non assermenté du temps de la Convention y avait cachés. Leur traduction fut cette fois plus aisée. C'est grâce aux deux premiers que l'on sait ce qui a été écrit plus haut, au sujet de l'histoire du pays; la contenance du troisième ne fut pas divulguée, mais la conduite du curé Saunière indique clairement son contenu. Il demanda à des ouvriers, occupés â l'époque à la construction de la serre, de venir dans l'église avec pelles et pioches. Il leur fit creuser derrière l'autel et bientôt apparut le goulot d'une jarre, il voulut continuer seul,  il venait de retrouver la cache du curé qui avait émigré. C'est de cette jarre qu'il tira le magnifique ciboire qu'il offrit au chanoine de Saint‑Paul de Fenouillet, pour le remercier d'avoir défendu sa cause en cour de Rome.

 

8) D'où le curé Saunière tirait‑il tout cet argent ?
A la lumière de ce qui est exposé plus haut, d'un trésor, il n'y a pas de doute. En déplaçant la dalle, dite du Chevalier, il avait retrouvé le chemin du Temple.

 

Maintenant, essayons de trouver les origines de ce ou ces trésors.

 

     A) Les Wisigoths : Alaric Ier, roi des Wisigoths assiège deux fois Rome : la première fois, il en tire rançon, à la seconde il en fait le sac et meurt l'année suivante. Pour donner à ce chef prestigieux une sépulture digne de lui, ses soldats détournent une rivière, creusent la tombe dans le lit asséché et après l'inhumation, redonnent à la rivière son premier chemin. Suivant l'usage, ses avoirs auraient dû être mis dans le tombeau, mais la part du roi, n'était peut‑être pas la totalité des trésors de Rome.


L'Histoire dit que les Wisigoths, de retour chez eux, ne sont pas d’accord sur l'élection du nouveau roi. Un certain nombre, environ 40.000, refusent de reconnaître le successeur d'Alaric et, après avoir fait main basse sur le trésor de guerre, traversent les montagnes et viennent s'installer dans la région qui nous intéresse. Le site de Radaès se prêtait admirablement à la résistance. On dit que les poursuivants assiégèrent longtemps les fugitifs, mais ne parvinrent jamais à prendre pied sur le plateau. Les Wisigoths dissidents, ayant fait de Radaès leur capitale, il est logique que leurs trésors y soient déposés

 

     B) Les cathares : On sait que les croisés, quand ils pénétrèrent dans Montségur, ne trouvèrent rien. On sait aussi que la veille de la reddition, trois hommes, sur l'ordre de leur chef, furent descendus des remparts, à l'aide de cordes. Étaient‑ils chargés de convoyer le trésor en d'autres lieux ou de vivre encore pour transmettre les croyances à d'autres générations ?

 

     C) Les Templiers : Ils étaient puissamment installés dans la région ; il y avait une commanderie à Campagne‑sur‑Aude, un observatoire sur le Mont du Bézu et à Blanchefort, un château leur appartenait. De gré ou de force, les nobles étaient bien obligés de marcher avec eux. Une preuve que les Templiers furent mêlés à cette affaire de trésors, c'est que sur la dalle dite de Blanchefort, il y avait, avec les inscriptions latines, des signes, comme seuls les Templiers en utilisaient. Il y avait aussi sur leurs biens un certain tabou, qui a fait que leurs dépôts ont traversé les siècles, sans qu'on y ait puisé. Tout ce qui venait des Templiers inspirait une grande crainte à ceux qui en avaient soit la garde ou l'occasion de s'en approcher.

 

     D) Blanche de Castille : Il est prouvé par un parchemin trouvé sur les lieux que la mère de Saint Louis est venue à Rédé, fortement accompagnée et transportant de nombreux bagages ; ces bagages, toujours en suivant les écrits du parchemin, furent enfouis dans un souterrain et murés, sous l'ancien château des comtes de VOISIN. Quand on confie à un allié aussi puissant la garde des bagages, ces derniers doivent contenir des choses bien précieuses. Ceci se passait en juin 1249, le roi était aux croisades et pas encore prisonnier, ce n'était donc pas sa rançon, mais plutôt ce qui restait du trésor royal et la Régente sentant sa fin prochaine, tenait à le mettre en lieu sûr, les barons de la cour ayant trop envie de se l'approprier.

 

     E) Blanche de France : Fille de Saint Louis, née à Jaffa en 1252. Donc Blanche de Castille (2ème du nom) de par son mariage avec l'enfant de Castille. Elle séjourna aussi  à Rédé . C'est pour elle que l'ancien château des Templiers fut remis en état et prit le nom de Blanchefort. L'histoire qui suit se passe à l'époque du règne de Philippe III le Hardi. A la suite de l'assassinat de l'héritier du trône de Castille, mari de Blanche de France, de l'enlèvement de ses deux enfants, le roi de France provoqua l'entrevue des trois rois (France, Majorque, Aragon) ; les pourparlers n'ayant rien donné, il y eut la guerre, que la France perdit. Dans le traité qui suivit, il fut stipulé que les enfants de Castille seraient rendus à leur mère, à condition qu'elle et eux renoncent au trône de Castille et que la famille séjourne en France. En échange, une forte somme en or serait remise tous les ans et sa vie durant, à la veuve. En principe elle habitait Lunel, mais faisait de fréquents séjours à  Blanchefort. C'est lors d'un séjour que la petite caravane transportant le donaire fut attaquée, les convoyeurs tués et mules et chargement enlevés. Tout le monde dans la région prétendit que c'était le comte Paul‑Guillaume qui avait fait le coup et qu'il avait caché son butin dans les souterrains du château. Peu de temps après, le comte Paul disparut, vengeance ? Exil ? Nul ne le sut jamais.

 

9)  Par quel chemin, le curé Saunière, se rendait‑il auprès de son trésor ?
La première fois, ce fut par l'emplacement de la dalle du Chevalier. Suivant l'enquête faite après sa mort, longtemps, les fidèles marchèrent sur des planches, au centre de l'église, face à l'autel. L'emplacement est faux, car en creusant à l'emplacement désigné, nous avons eu la preuve que depuis des siècles, personne n'avait fouillé cet endroit. Le curé Saunière ayant fait refaire le carrelage, la cavité qui était sous la dalle était bouchée et pourtant il continuait à descendre à son trésor. Donc, il avait, une fois dans le souterrain, trouvé d'autres issues et deux faits le prouvent.

 

     Un soir, il entre dans le cimetière, des gens le suivent et brusquement il disparut. Les suiveurs se cachent en attendant son retour, ils ne le virent jamais ressortir et pourtant le lendemain matin, il disait sa messe dans l'église.

 

     Il y a encore un autre chemin qui donne accès à l'ancien temple il se trouve dans le jardin de rocailles. Une nuit un homme suit le curé et le voit descendre sous terre, après avoir creusé dans ce jardin ; il descend derrière lui et le surprend, puisant dans un tonneau plein de pièces d'or. Le curé, furieux d'avoir été surpris remonte avec l'homme et le conduit dans l'église ; il lui fait jurer sur l’Évangile de ne jamais parler de ce qu'il venait de voir. L'homme tint parole sa vie durant, mais, sur son lit de mort, il parla sans dire toutefois l'endroit exact où le curé avait creusé.

 

10) Les bagages de Blanche de Castille : il faut séparer du trésor du curé le dépôt de la Régente.


J'ai eu en mains le parchemin qui en traite et les souterrains où se trouvent (ou se trouvaient) ces bagages sont une chose toute différente et ne communiquant pas avec l’ancien temple, ou si une communication existait elle a été murée.
Sur ce parchemin il y a deux écritures : l'une molle. et passée qui forme le tracé et le texte principal, le tout daté et signé par le Frère Dominique de Mirepoix, le 29 Juin 1249. Le signataire dit qu'il a assisté, Dame Régente, à enfouir ses bagages et rédigé le plan sur son ordre. La deuxième écriture est très fine, comme faite par une pointe, l'encre est noire alors que la première est bleuâtre. Elle ne donne que des indications complémentaires comme "Souterrain remblayé par SMBC et à l'endroit du dépôt "Ici est enfouie la Puissance". Cette deuxième écriture n'est ni datée ni signée, mais incontestablement plus récente.

 

11) Les dalles et leurs inscriptions.


     A) Sur une dalle trouvée dans un glissement de terrain et prise dans les racines d'un chêne vert, il y avait les inscriptions suivantes :
Au sommet d’un angle, la croix pattée du Temple; à l’intérieur une ligne médiane chevauchée par "IN MEDIO"; au bout des lignes de l'angle "RN" et "SIL" ; en dessous de tout "PRAE‑CUM ou GUM"
 

          a) L'inscription est grossière et à mon avis, c'est l’œuvre d'un fuyard ou d'un survivant d'un des massacres, il voulait laisser à des initiés un repère, qui leur permettrait de retrouver quelque chose. Pour quelqu'un connaissant bien le pays, il y avait sur le Mont Bézu un observatoire des Templiers ; on peut encore voir sur une pierre la croix pattée, ce serait le sommet. Étant à ce point, il y a, sur la droite un lieu dit: "Rocos Négros", (roches noires), voilà pour la ligne droite. A gauche, dominant un mamelon, on aperçoit le clocher du village de Sausil. Nous avons nos trois points de repère, il s'agit donc de trouver dans le prolongement de la ligne médiane, un endroit où se trouvent les mots "PRAE‑CUM". Le prolongement de la ligne médiane nous mène à Rennes‑le‑Château.
 

          b) Sur la dalle, dite de Blanchefort (elle servait vers 1781 à couvrir la tombe d'une dame de cette famille) on retrouve les mots cherchés, plus d'autres dont voici la traduction:

Rendre ou Rennes           Au roi ou du Roi
Les coffres ou                 Dans la cave ou
L'avoir                            Souterrain

 ‑ Avec ces mots on peut construire plusieurs phrases, tout dépend de l'état d'esprit de la personne intéressée et si l'on cherche à. incorporer les: mots suivants avec traduction "PRAE"= avant, "CUM"= avec ou "GUM"= Goth (sous‑entendu Wisigoth), on peut avoir diverses phrases, mais de toutes, il découle qu’un bien royal a été déposé dans un souterrain.
Pour le signe du haut, d'après les spécialistes en inscriptions des chevaliers du Temple, cela signifierait : Escalier et aux deux lettres "PS", on peut faire dire bien des choses; pour certains c'est : PARSE, la part en bas‑latin incorporée à la phrase, cela donne une idée de partage (la part du roi) : il est possible que les lettres "PS" soient la position de l'escalier, on peut encore trouver bien d'autres définitions.


  ‑ Restent les huit barres prises dans l'inscription "ARCIS CELLIS", là encore on peut laisser libre cours à son imagination : il peut s'agir des huit marches d'un escalier ou de huit tonneaux d'or et il n'est pas interdit de trouver d'autres interprétations.


Maintenant où se trouvait cette dalle à l'origine ?
Si elle se trouvait dans, ou à côté de l'église Sainte Marie‑Madeleine, ses inscriptions sont valables pour l'ancien temple celte et ses accès; mais si elle se trouvait sur l'entrée du souterrain vers l’église Saint‑Pierre, tout est à revoir et le mot GUM est à éliminer, seul CUM est valable.
 

  ‑ Dans n'importe quel cas, cette dalle avait une grande importance, sinon le curé Saunière n'aurait pas pris soin, d'en faire disparaître les inscriptions. Quant à son emploi pour couvrir un ossuaire, pure fantaisie, tout à fait en dehors de la question.

 

          c) Le chiffre 8 semble jouer un grand rôle à Rennes‑Le‑Château, car on le retrouve sur le pilier de l'ancien autel, sur les faces latérales, curieusement mêlé à un double zigzag. Il y a aussi sur ce pilier, un carré au bout d'une tige courbe contenant 8 ronds, seraient‑ce 8 tonneaux ? Il y a aussi d'autres inscriptions, malheureusement en partie cachées par du ciment.
Et où se trouve le deuxième pilier de l'ancien autel.

 

 

12) RECHERCHES TRAVAUX RESULTATS

 

   A) Pour mon compte, j'ai fouillé sous et derrière l'Autel, rien.
Dans l'axe et devant l’Autel, rien. Sous l'escalier de la chaire, là, il y a un autre escalier qui se dirige en descendant vers le cimetière. Dans la petite tour, à gauche de la sacristie il semble que les pierres du mur commun avec l'abside soient disposées en arc de décharge, mais c'est vague.
Sous le plancher de la sacristie, j'ai trouvé l'amorce d'un escalier se dirigeant vers le Sud ; les marches en sont grossièrement taillées et il a la largeur de l'entrée de la sacristie. Cette année‑là, j'ai dû abandonner, mon temps de congés et les moyens financiers étant à bout.

 

   B) Quelques années après, une personne assez fortunée a financé les travaux, le séjour et le personnel. Je retourne sur place. Nous perdons beaucoup de temps en vaines discussions, en démarches pour obtenir un permis de fouilles et, au début, il m'est imposé de décarreler l’église, en partant de la chaire. Le commanditaire, fervent du pendule, y situait l'entrée des souterrains, rien… J’ai poursuivi jusqu'au fond de l’église, en fouillant jusqu'au sol vierge. Nous  avons trouvé la forme de nombreux caveaux vides. En reprenant le même travail, le long du mur sud, résultat  à peu près semblable, à la seule différence que tous les ossements qui manquaient  de l’autre côté avaient été mis là pêle‑mêle. Sur l'avis d'une voyante, il a fallu fouiller derrière l’Autel, rien. L’hiver et la neige, nous obligèrent à arrêter les travaux.

 

   C) Avec Mr. Domergue et ses amis, nous creusons un boyau en pleine roche partant de sa propriété d'environ 18 mètres de long. Mr. Domergue est persuadé que l'entrée des souterrains est vers l'Autel, le boyau est arrivé sous l'Autel et nous n'avons rien trouvé. Ce même chercheur avait déjà creusé seul en partant d'un local dépendant de l'ancien presbytère en suivant une cheminée maçonnée  qui semblait être une aération, il abandonne, ayant perdu la cheminée. Il a creusé aussi, en partant du chemin qui longe le cimetière, à l’angle nord‑ouest de celui‑ci, sans résultat.


Il fait sauter à l'explosif le bouchon d'un puits situé dans sa propriété, c'est là qu'il trouve le parchemin de Dominique de Mirepoix, en principe, c'est dans ce puits que le souterrain devrait aboutir. Dans les parois, rien ne semble avoir été fait de main d’homme. Il a aussi commencé à creuser dans le fond la citerne sous l’ancienne forge, sans résultat.

 

   D) Bien avant toute ces fouilles, des chercheurs venus de Carcassonne se sont enfermés dans l'église. Ils ont fouillé sans rien demander et sans rien dire après, s'ils avaient trouvé ou non.

 

   E)  Bien d'autres chercheurs sont venus et ont creusé sans résultat.

 

13) On dit qu'au cours des siècles, deux personnes auraient réussi à entrer dans les souterrains :


Un berger, poursuivant une chèvre échappée ; il l'aurait suivie dans un trou où il y avait des ossements et le sol était jonché de pièces d'or ; il en aurait ressorti une assez grande quantité, mais accusé de vol, il aurait été mis à mort.
On dit aussi, qu'à l'époque de Louis XIV, un prêtre aurait lui aussi puisé dans un trésor. En I959, alors que je travaillais dans l'église, un facteur est entré et il m'a dit : "Il y a un souterrain, qui va de l'église au château, mais pour rien au monde, je ne voudrais y aller" Il m'a dit aussi : "le curé Saunière recevait beaucoup de mandats".

 

14)
     A) De tout ceci, il faut bien tirer une conclusion.
Pour le Temple Celte ‑ La meilleure manière d'y pénétrer serait de reprendre le premier chemin du curé Saunière, c'est‑à‑dire, l'emplacement de la dalle du Chevalier. La connaissance de cet emplacement n'est pas tout à fait perdue : deux personnes sont dans le secret, mais ce secret, elles le gardent bien.
Dans le jardin de rocailles, il n'y aurait pas beaucoup de travail pour retrouver le chemin n°2. Mais dans les deux cas, on se heurterait au veto de la municipalité

 

      B) De tout ce qui a été écrit précédemment, on peut croire qu'il y a deux choses bien séparées, n'ayant aucun rapport entre elles.
1° L'ancien Temple avec son ou ses dépôts.
2° Les souterrains du château, avec les bagages de Dame Régente.

 

     C) Si par bonheur, il était donné à quelqu'un, de pénétrer dans les souterrains ou dans l'ancien temple Celte, la prudence la plus grande est recommandée ; oubliettes, assommoirs ou autres pièges peuvent se déclencher au passage d'une personne, avançant sans précaution ; les mécaniques de pierre de l'époque médiévale sont faites pour défier le temps, l'aventure des routiers de 1365 en est la preuve.

Le 25 avril 1967

signé : J. CHOLET

 

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