Depuis sa
première étude, le Domaine de Saunière a été pressenti comme le
support d'un message caché. Tout ou presque a été dit sur
les constructions étonnantes, leur architecture et leur
symbolique. Mais
curieusement, une piste de recherche a été depuis toujours
sous‑estimée, sans doute pour son côté difficile à appréhender, improbable
et surtout hermétique : sa géométrie.
Le plan du
Domaine semble s'inscrire dans une logique qui nous échappe. Des
formes harmonieuses et régulières dessinent les chemins, les
allées, les escaliers et les différentes parties des jardins.
S'agit‑il d'une simple volonté d'esthétique ou de toute autre chose ? |
La tour Magdala symbole du
Domaine de Saunière |
Saunière et son
parapluie blanc devant le
bassin
Voulait‑il nous indiquer son importance ? |
Lorsque l'on s'y promène, une sensation étrange vous envahit, mais il faut
prendre de la hauteur pour comprendre. A la manière de l'ancienne Egypte qui bâtissait selon des règles symboliques et des codes
sacrés très précis, le Domaine respecte un équilibre basé sur le compas et la règle. C'est d'ailleurs en observant attentivement
d'anciennes photos que l'on se rend compte de l'extrême rigueur qui fut appliquée au plan des jardins et à leur réalisation.
Certes, ce principe n'est pas nouveau. Les
jardins à la française dessinés par
Le Nôtre sont de pures
merveilles d'intelligence et tout y est réfléchi. Constamment
orientés vers la recherche de la beauté
et de l'harmonie, ces jardins d'exception utilisent les perspectives et les trompes l'œil
pour mieux cacher
les défauts, éloigner les horizons et sublimer les statues, les jeux d'eaux et
les
lumières.
Mais chez Saunière, l'esthétique ne fut vraisemblablement
pas l'objectif principal. Il fallait tout d'abord étonner, surprendre et peut‑être même
guider celui qui saura lire le jardin envouté. Ce pari basé sur
la surprise et l'érudition est avant tout comme un livre ouvert ou la
forme est aussi importante que le fond. Ce pari sur l'avenir fut en tout cas
largement réussi puisqu'un siècle plus tard nous voici tous
réunis autour de cette œuvre mystérieuse qui commence à nous parler...
Cette
étude inédite est le résultat de nombreuses heures de travail
et
de recherche.
C'est pourquoi elle est protégée.
Je tiens aussi à remercier tout
particulièrement,
Patrick Merle, qui fut
l'initiateur de cette idée originale
et qui participa
à l'élaboration du plan de référence du Domaine.
Copyright © RLC Archive ‑ Jean‑Pierre Garcia et
Patrick Merle
|
Plan de référence du Domaine issu du plan 1917 et rectifié selon Google Earth,
les photos IGN
et les photos anciennes du temps de Saunière |
Reconstruire
le Domaine et corriger les anciens cadastres en respectant les
proportions fournies par les images satellites, n'ont pas été les
seuls travaux. Il fallait aussi retrouver le dessin des jardins
tels que
Saunière et
ses concepteurs l'ont imaginé et construit. Il fallait aussi
confirmer certains angles des bâtiments, certains emplacements
des ouvertures, certaines perspectives. Pour cela, plusieurs
cartes postales de Saunière se
sont révélées indispensables.
Le tracé du
Parc
C'est ici qu'une première
surprise nous attendait, incompréhensible, inexplicable. Il
s'agit du tracé concernant le Parc aux 2 Tours. En effet, il
existe autant de versions différentes que de relevés. Sur le plan
Féral nous avons par exemple, une étoile à 3 pointes, que
l'on retrouve d'ailleurs sur le plan cadastral de
1917.
Sur d'autres plans nous avons des formes plus douces. Or en
examinant d'anciennes photos, le tracé est tout à fait différent.
Pourquoi ce tracé n'a t‑il pas été relevé sur le cadastre ? Ceci
est d'autant plus incompréhensible sur le plan de
1917
car il est
en totale contradiction avec les photos du Domaine faites 10 ans
auparavant... |
Le dessin du Parc selon Féral 1984 |
Le dessin du Parc selon le plan de 1917 |
Voici
quelques images démontrant clairement que le tracé n'est pas
conforme au cadastre 1917. De nouvelles questions doivent
alors être posées. Pourquoi une telle erreur ? Comment peut‑on
imaginer qu'un relevé effectué après la mort de Saunière et
ayant pour but de faire un état des lieux, décrit un
parc non conforme à la réalité ?
Et surtout, d'où vient cette étoile à 3
pointes que Féral reprend sur son plan ? Féral s'est t‑il
inspiré du plan 1917 ? Existe‑t‑il encore un projet du Parc
qui aurait servi d'inspiration et qui n'aurait jamais vu le jour
? |
Le tracé des chemins du
Parc montre plutôt des formes rondes et harmonieuses qui n'ont
rien à voir avec l'étoile à 3 pointes du cadastre |
C'est à
partir de ces images qu'une reconstitution du Parc a pu être
réalisée. On peut ainsi observer que le cercle central est plus large que celui
représenté habituellement (image 3) et de nombreux chemins sont
courbes. Remarquons aussi que contrairement à certaines idées
très répandues, le Parc n'est pas carré mais rectangulaire et donc sa diagonale
n'est pas symétrique. Quand au belvédère il n'est pas posé sur
un angle droit. Certains cadastres exagèrent d'ailleurs cette
forme. La conséquence est que le chemin central n'est pas
face au double escalier, qui lui est symétrique par rapport à
l'arrondie du belvédère (voir l'image 2) |
Le parc reconstitué ‑
© www.rennes‑le‑chateau‑archive.com |
Et si l'on
observe de près la surface du Parc aujourd'hui on peut encore
deviner ces chemins arrondis, bordés de cailloux plats et qui
formaient le jardin d'origine. Depuis, d'autres aménagements
verts ont été ajoutés. |
Détail du Parc ‑ On devine un chemin
arrondi depuis le muret |
Après ces
constatations, il est amusant de retrouver cette maquette
présente au musée de Rhedae et qui nous donne une autre
version du Parc. Le maquettiste s'est‑il inspiré d'anciennes photos ? Peut‑être, mais certainement pas
du cadastre
1917... |
Maquette du Domaine de Saunière‑ Musée de Rhedae |
Le tracé du
jardin au bassin
|
Le même problème s'est posé pour le jardin Sud du Domaine où des chemins très
réguliers sont également présents.
C'est à partir des images anciennes que le tracé a pu être reconstitué ainsi que ses
proportions. Cette étude montre également qu'un chemin est inexistant sur tous les plans connus. Il s'agit du chemin Est qui traverse
le jardin en biais. Nous verrons qu'il a sont importance dans la géométrie du Domaine. |
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Le jardin Sud, sa croix celtique et le
chemin en biais Nord est |
Le mystère des points rouge et blanc |
Tous les
passionnés et les chercheurs connaissent ce détail étrange. Il
fait partie de la mythologie castel rennaise. Pour ceux qui ne
l'aurait pas encore remarqué, il existe dans le carrelage de
la Tour Magdala une anomalie :
l'un des carreaux porte un
point rouge et
par chance il est encore visible
aujourd'hui.
Ce détail serait passé complètement inaperçu s'il s'était retrouvé dans un lieu quelconque de la pièce. Or, il est placé à un endroit
bien
particulier de la pièce carrée puisqu'il se situe juste en face
de l'échauguette, dans le coin sud. Rappelons
que ce carré possède une autre propriété
intrigante : il est constitué de
64 motifs soit 8 x 8, tel un
échiquier... le motif étant un cercle et une étoile à 8 branches. |
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Le motif est au bord du carré
et le point rouge est visible au centre
|
Le point rouge est nettement visible dès qu'on l'a repéré au centre de l'étoile |
La Tour Magdala et son point rouge
Dessin extrait de "Clef du royaume des
morts" de A. Féral (Ed Bélisane) |
Il faut
aussi souligner un fait important. Ce point n'a pas été rapporté
après la pose du carreau à l'aide d'une peinture ou d'un enduit
rouge, comme s'il l'on devait cacher un quelconque défaut. D'ailleurs pourquoi rouge ? La couleur noire aurait
été beaucoup plus appropriée pour rendre invisible l'anomalie. Mais fallait‑il la rendre invisible ?
En réalité, ce point rouge
devait être facilement perçu et il a été produit avec le carrelage à
la cuisson. Il fait partie de l'émail et la meilleur preuve est
qu'il est encore visible aujourd'hui après un siècle et malgré les nombreux passages
des visiteurs. Aucune peinture n'aurait pu résister à une telle épreuve...
Il n'existe donc que deux possibilités. Soit ce carreau possède
un défaut de fabrication, soit il est intentionnel. Ces deux
éventualités sont envisageables, à moins qu'un autre point
équivalent existe dans le Domaine... |
Or, comme le confirme
Antoine Captier dans le film de Georges Combes "Rennes‑le‑Château
‑ Du trésor au vertige" , un point blanc
aurait bien existé dans la
Tour de verre.
Formidable témoignage puisqu'il démontrerait une réelle intention de
poser des repères sur les deux tours. Reste à comprendre leur utilité. Ce
point blanc n'est malheureusement plus facilement visible
aujourd'hui, le carrelage d'origine n'existant pratiquement plus. Si quelques carreaux ont été récupérés pour la restauration, la
dalle a été entièrement refaite sans respecter la version de départ, détruisant le précieux témoignage.
Nous verrons plus loin que ces points de repère ont une importance capitale dans les
constructions géométriques. Les auteurs auraient‑ils voulu nous laisser quelques indices ? |
Le carrelage d'origine dans la Tour de verre n'existe pratiquement plus...
|
Le point blanc dans la tour de l'Orangeraie |
Il existe dans un angle de la Tour de verre un détail qui pourrait bien être
le point blanc. Même principe que pour le point rouge, il est situé dans un coin de carreau.
Compte tenu de l'état fortement abimé du carrelage
il est difficile d'affirmer qu'il s'agit bien du point blanc, mais ceci ne remet nullement en cause le témoignage d'Antoine
Captier... |
Continuons avec un point jaune |
Pour compléter et enrichir cette étrange affaire des points rouge et blanc, il
fallait trouver un autre point tout aussi visible et de même nature. Or ce point existe, et il est jaune. Chaque visiteur peut le
constater puisqu'il est situer vers le milieu du rez‑de‑chaussée de la
Villa Béthanie, près d'un
seuil de porte de l'un des salons. |
Un point jaune dans la Villa Béthanie est situé à droite de la porte
donnant dans l'entrée
|
Un
point jaune, très visible, se situe à environ 40 cm du seuil donnant sur
le couloir et il est construit sur le même principe que le
point rouge de la
Tour Magdala. Le
défaut est placé à l'angle d'un motif, créant une tache une fois le carrelage assemblé. Décidemment, le fournisseur de Saunière avait
des problèmes dans sa production. Quant à l'artisan carreleur, on peut être étonné de son manque de sérieux puisqu'il préféra placer
l'anomalie au milieu de l'une des pièces principales de la Villa, en plein passage, au lieu de choisir un endroit plus discret. Il
aurait pu aussi changer de carreau, un raisonnement parfaitement applicable pour les autres points... à moins que... tout ceci ne soit
organisé pour laisser quelques pistes à la postérité... |
Le point jaune est nettement visible près d'un coin de meuble |
Comparons de près les deux tâches jaune et rouge. La construction est la même.
C'est l'absence de coloration dans l'angle qui fait ressortir la tâche une fois assemblé. Elle prend ainsi la teinte de fond du
carreau. |
Le point jaune dans la Villa Béthanie |
Le point rouge dans la Tour Magdala |
Encore une fois tout ceci n'aurait eu aucun intérêt sans une application évidente
et démonstrative. Nous allons voir que ces points s'intègrent parfaitement dans un système géométrique complexe mis en scène par le
Domaine. |
Commençons par une fausse idée... |
Une
fausse idée circule
selon laquelle
l'église
Marie‑Madeleine serait orientée très exactement plein Est (c'est
à dire la faitière du
toit alignée sur une latitude). En fait il existe
3 degrés d'écart avec l'Est géographique. Ceci est une donnée importante pour orienter
correctement le plan et calculer certains angles... |
L'église Marie‑Madeleine n'est pas
orientée plein Est |
Parlons un peu de précision
La précision GPS et image satellite
Avant
de travailler sur la géométrie expérimentale du Domaine, il
est important de connaître les limites imposées par la précision
des données topographiques. Il faut tout d'abord savoir que la
précision d'un GPS est
d'environ 10 à 15 m (il existe d'autres systèmes comme le
DGPS (WAAS) avec une précision de 5 m). D'autre part,
en matière de photo satellite (Google Earth ou Géo Portail) le
problème est très différent. Depuis
2007 la précision des
optiques satellitaires et la haute résolution numérique
permettent d'atteindre jusqu'à 0,5 m. Il faut donc
toujours avoir à l'esprit que les photos satellites de bonne
qualité peuvent être 30 fois plus précises que la localisation
GPS. Les images disponibles du Haut‑Razès sont considérées de qualité
moyenne et donc la précision de
1m est une limite qu'il
est stupide de franchir.
Ramené au plan de
référence qui a servi pour l'étude, 10 m correspondent à 2 cm et
1 m correspond à 2 mm. Nous verrons que les constructions
géométriques s'accordent parfaitement avec une telle précision.
La précision face à l'analyse
du contexte
Prenez une carte quelconque et sur une surface A3, repérez une
quinzaine de points choisis parfaitement au hasard. Essayez ensuite de tracer
toutes les droites, tous les triangles et tous les cercles que
vous pourrez, en utilisant uniquement ces 15 points. Les centres
des cercles doivent aussi utiliser les points. La précision
admise est de 1 mm. Vous verrez rapidement
une limite. Vous obtiendrez au mieux 3 points sur un
cercle ou 2 triangles rectangles mais certainement pas de quoi
occuper les 15 points. C'est tous simplement un problème de
statistique et de probabilité. Il existe une probabilité
extrêmement faible pour qu'un cercle traverse 4 points par sa
circonférence... Sauf si le hasard n'est pas au rendez‑vous bien
sûr.
Mais comment peut‑on
admettre une propriété géométrique si une légère erreur est
présente ? Voici un exemple... |
Une page blanche présente 4 points
ABCD.
Trois points
ABC semblent tracer un
triangle rectangle en B mais la mesure angulaire montre une
légère erreur au point B.
Le doute est présent : a‑t‑on eu une
volonté de poser 3 points selon un triangle rectangle ou
s'agit‑il d'un hasard particulièrement heureux ?
En
étudiant le 4ème point on
constate que celui‑ci est posé sur le cercle
ADC et de
centre O.
A ce stade il est donc légitime d'apprécier l'erreur du point
B car s'il participe à une construction d'ensemble (le
cercle) il y a de forte probabilité pour qu'il appartienne au
cercle et donc que le triangle ACB
soit rectangle en
B. |
Malgré une légère erreur les points ABC
sont très certainement posés sur un cercle |
Combien de
chance existe‑t‑il pour que 4 points pris au hasard passent
par un cercle ? Pratiquement aucune. Il y a donc de
fortes présomptions permettant d'affirmer que le point
B soit
aussi sur le cercle et donc que le triangle
ABC soit
rectangle.
Nous voyons donc ici qu'il est indispensable d'étudier
l'ensemble avant de conclure sur un point précis. Nous sommes en pleine
géométrie expérimentale et en pleine statistique. Il faut en
accepter les faiblesses et les hypothèses.
Si l'analyse qui suit se limitait à cet exemple, il est
évidemment qu'une conclusion serait impossible. La chance de tomber sur
quelques
propriétés géométriques est extrêmement faible mais elle est non
nulle. Mais nous allons voir que dans le cas du Domaine, les
coïncidences et les propriétés s'empilent, donnant un vertige mathématique qui ne peut plus
admettre le hasard...
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Il y a quelques temps,
le site s'est enrichi de quelques
notions de
Géométrie Sacrée. De grandes
théories, me direz vous. Mais existe‑t‑il un rapport concret
avec l'affaire de Rennes ? C'est le moment de passer à la
pratique.
Suivons nos prêtres bâtisseurs... |
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