Ou l'histoire d'un grand Secret...

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666 un nombre à part 1 - Rennes-le-Château Archive

666 un nombre à part                 1/2
Son origine et son histoire

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

Voici un sujet peu connu et très peu traité dans le cadre de l'énigme de Rennes‑le‑Château, n'en déplaise aux esprits réducteurs : le nombre 666

 

Mais avant de comprendre son implication dans l'affaire de Rennes,
il faut au préalable le présenter et
la tâche est rude...

 

Ce nombre très particulier est, non seulement une énigme mathématique, mais il est porteur de plusieurs symboliques qui dépassent de très loin les clichés modernes et qui remontent
à la nuit des temps.


 

Le symbole du mal ou du bien ?
C'est en tout cas une sérieuse
énigme historique

Parmi les nombreux sujets liés à la Géométrie sacrée et à la numérologie, il existe un nombre très particulier : le 666. Pour les esprits rationnels et les scientifiques, il s’agit d’un nombre parmi une infinité d'autres et son attrait n’est que purement esthétique et ludique. Pour les irrationnels et les inconditionnels des sciences occultes, il revêt une signification tout à fait particulière. Quant aux historiens et aux passionnés, ce nombre pose de sérieux problèmes. Comme le Nombre d'Or, son origine se perd dans la nuit des temps et il semble impliqué dans une multitude de légendes et de documents anciens, dont l'Ancien Testament.


   Le propos n’est pas ici de montrer son influence supposée néfaste ou occulte, ou de lister ses apparitions dans la littérature ou le 7ème art. Il s'agit plutôt de mieux cerner son histoire et les raisons pour lesquelles ces trois chiffres identiques fascinèrent tant les Hommes durant des millénaires. Une autre raison justifie cette étude et elle est non négligeable. L’énigme de Rennes utilise ce nombre comme nous le verrons...

 

Sommaire

 

      Le nombre 666,  son origine et son histoire

      Le nombre 666, ses propriétés mathématiques et ses symboles

 

La numérologie... Qu'est‑ce que c'est ?

 

La Numérologie, dont l’origine remonte à l'époque chaldéenne et peut être même avant, est une science des nombres qui associe aux chiffres une origine spirituelle et symbolique. La combinaison des nombres et l'arithmétique permettent ainsi de mettre en valeur des propriétés et de créer d'autres associations étonnantes.

 

Cette technique plutôt étrange n'est pas récente et pourrait s'apparenter à un jeu de l'esprit, excepté que de nombreux textes anciens tels que la Bible ou la Kabbale utilisent ce mode de communication extrêmement efficace. La numérologie est un moyen, comme la géométrie sacrée ou les arts, de transmettre à des initiés des concepts et des secrets théologiques, spirituels, voire même hérétiques. Elle est utilisée par la plupart des sociétés secrètes pour asseoir leur connaissance et leur pouvoir.

 

La Numérologie et la Kabbale proviennent des mêmes sources qui sont les mathématiques et les relations divines avec la nature. Ce n'est pas pour rien que les premières écoles connues d’initiation furent l’école ésotérique de Pythagore, celle de son élève Platon, ou celle d’Aristote. Ces trois scientifiques et philosophes de l'antiquité comprirent très vite l'importance des symboles cachés derrière les chiffres et la géométrie associée. L'arithmétique et la manipulation des nombres furent donc utilisées depuis fort longtemps pour communiquer avec Dieu, la présence des propriétés remarquables n'étant que des manifestations cachées du divin.

 

Oubliée durant le 20ème siècle, la numérologie retrouve aujourd'hui des adeptes et ceci à partir des années 1970 avec l'arrivée des premiers ordinateurs personnels. Cette science souffre malheureusement d'autres pseudo sciences qui se superposent comme l'astrologie ou les arts divinatoires et qui détournent les vraies origines symboliques et spirituelles de l'art des nombres. Dans les années 90, une nouvelle forme de Numérologie fit son apparition, la Numérologie humaniste, dont le précurseur est François Notter. Quoi qu'il en soit, si l'on veut réellement comprendre les impacts historiques et les symbolismes du passé il est important de toujours se référer aux vraies sources du mythe.

 

« La Numérologie repose sur un postulat : "le hasard n’existe pas". Nous appelons hasard ce que la science ne sait pas encore expliquer ou modéliser. Le hasard recule d’ailleurs chaque jour devant la connaissance »

 

Tentons de comprendre l'origine du 666

   N’en déplaise à tous les détracteurs de symbolisme sacré et de sciences numérologiques, ce nombre est extrêmement particulier par son histoire et par ses propriétés mathématiques. Son utilisation dans l'Histoire obligea‑t‑elle les mathématiciens à s’intéresser à ses propriétés, ou est‑ce l’inverse ? Difficile de répondre. On ne peut aujourd’hui que constater son influence et sa citation dans des écrits historiques et médiatiques très variés.

 

   Dans la tradition populaire, le 666 est synonyme d’esprit maléfique. C’est en premier lieu le nombre du diable, du Démon. Du fait de cette forte symbolique et de son utilisation dans les références bibliques, le 666 draine une multitude de croyances et de mythes plus ou moins vérifiés et qui évoluèrent au fil du temps. Alchimistes, sorciers, agitateurs d’occultisme, théologiens, religieux, ésotéristes, superstitieux, romanciers et plus récemment scénaristes, ont participé à son évolution, sa symbolique et à ses rumeurs. La signification de ce nombre s’est écartée peu à peu de son origine sacrée, mais quelle est vraiment s signification ?

 

   Une chose est sûre : ces croyances ne sont pas nées du pur hasard. Elles proviennent du fond des âges et par quelques érudits qui ont su y voir de très belles propriétés numériques, preuve d'une manifestation divine, tout comme le Nombre d’Or ou Pi. Qu'on le veuille ou non, ces nombres font partie intégrante de notre culture et de nos racines. Ils vivent dans notre inconscient collectif grâce à leur caractère exceptionnel.

 

   Une première source est identifiée dans la Bible. Ainsi, le nombre 666 est retrouvé dans l’Apocalypse selon St Jean (Révélation, le 66e et dernier livre) au chapitre XIII, verset 13‑18 : 

        « C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six. »

 

   Il existe bien sûr de nombreuses traductions de l’Ancien Testament. C’est ainsi que nous trouvons dans la Bible du Semeur aux versets 17‑18 une autre forme :

        « Et personne ne pouvait acheter ou vendre sans porter ce signe : soit le nom de la bête, soit le nombre correspondant à son nom. C'est ici qu'il faut de la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d'un homme, c'est : six cent soixante six. » 

 

   La Bible du semeur est une traduction biblique récente en français effectuée par le théologien Alfred Kuen en 1970 et publiée en 1992. D'orientation protestante évangélique traditionnelle, son objectif était d'élaborer une version adaptée à la compréhension du plus grand nombre.

 

   Une autre traduction tout aussi intéressante nous a été amenée par Louis Segond (1810‑1885), un théologien suisse qui traduisit la Bible en français à partir des textes originaux hébreux et grecs. Protestant modéré, il fut mandaté par la Compagnie des Pasteurs de Genève pour effectuer ce travail laborieux. Mais le plus remarquable est qu’il refusa de reprendre sa traduction en fonction des pressions qu’il reçut à son encontre de la part de certaines communautés religieuses. La publication de ses travaux fut en effet très mal accueillie. Il fut notamment accusé de porter atteinte à la doctrine de l’inspiration des Écritures et de rejeter plusieurs prophéties messianiques de l'Ancien Testament. Une première publication de l'Ancien Testament traduit est datée de 1874. Celle du Nouveau Testament date de 1880. Toutes deux seront publiées en un seul volume pour la première fois à Oxford en 1880. La traduction réputée fidèle permet donc de confirmer la mention du 666 :

 

Le chapitre XIII verset 13 :15 se présente ainsi :

        « Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante‑six. »

 

Une traduction diabolique ‑ BÊTE ou BÉITH ?

 

   La traduction des textes anciens et notamment hébraïques posa de sérieux problèmes aux théologiens et aux religieux durant des siècles. Volontaires ou non, les erreurs d’interprétations s'ajoutent à la difficulté de traduction des nuances. Ces différentes versions alimentèrent ainsi des siècles de légendes et de traditions.

 

   En l’occurrence, le 666 offre un véritable cas d’école. Dans la tradition populaire largement reprise par les auteurs et les alchimistes, le 666 est attribué à « La bête » ou au Démon. Cette représentation du mal extrême prend différentes formes selon les âges, les cultures et les courants de pensée. Lucifer, Daemon, Satan, Bahomet, sont autant de noms associés une même entité démoniaque et malfaisante.

 

   Mais quelle est exactement l’origine de cette association diabolique entre le 666 et « La bête » ? Comme nous l'avons vu, l'origine est identifiée dans la Bible. La phrase de l’Apocalypse selon Saint Jean (chapitre XIII, verset 13‑18) établit cette attribution :

        « C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six. »

 

   Or, il pourrait s’agir d’une mauvaise traduction, car à l’origine nous trouvons en hébreu le mot « BÉITH » dont la graphie hébraïque est ב et qui signifie "Maison" ou l'idée de tout ce qui contient. C'est aussi la maison de Dieu et de l'homme, le sanctuaire, la maison familiale ou la maison de l'univers.

 

 Les linguistes auraient donc par erreur ou intentionnellement, traduit le mot « BÉITH » par « BETE ». Voulaient‑ils impressionner les lecteurs des évangiles ? S’agit‑il d’une erreur fortuite qui s’est rapidement déployée ? A‑t‑on voulu introduire ce concept dans la tradition chrétienne et pourquoi ? Ces questions sont sans réponse, mais cette traduction étonnante va en tout cas impacter pendant des siècles toute la culture judéo‑chrétienne, le monde religieux occidental et toutes les sciences occultes et philosophiques jusqu’à nos jours.

 

Selon cette hypothèse la phrase aurait donc plutôt le sens suivant :

 

  « C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de maisons. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six. »

 

L’or des rois

 

Les trois exemples précités mettent en reliefs le problème crucial de la traduction et de l’interprétation des textes anciens. Le mystère du 666 pourrait donc s'arrêter ici en considérant qu'une interprétation malheureuse ou orientée serait à l'origine du mythe. Il s'avère en fait que le problème est bien plus complexe. Le chiffre 6 et le nombre 666 se retrouvent aussi dans des épisodes de l’Ancien Testament, dont l’un est particulièrement passionnant :

      "le roi Nabuchodonosor fit une statue d’or haute de 60 coudés et large de 6 coudés, il la dressa dans la vallée de Dura a Babylone.." Daniel 3/1

 

"Goliath avait une taille de 6 coudés, sa lance pesait 600 sicles de fer, et son armure avait 6 pièces..." Samuel 17/4

 

     « [...] les fils d'Adonikam, six cent soixante‑six, qui revinrent à Jérusalem avec Zorobabel… » (Esdras 2) 

 

     « [...] Le poids de l'or qui arrivait à Salomon chaque année, était de six cent soixante‑six talents d'or » (1 ‑ Rois 10/14)

 

   Si l’on considère que 1 talent = 26 kg  alors 666 talents d’or équivalent à 17 316 kg du précieux minerai, soit environ 17 tonnes livrées chaque année au roi Salomon.  

 

   Le talent est une unité de masse dans l’Antiquité grecque et sa valeur correspondait à la masse d’eau contenue dans un cube de 1 pied de côté ou dans une amphore. Ce poids dépendait donc du pied utilisé. À Athènes, le talent représentait 25,86 kg d’argent.

 

   Ce poids peut paraître extravagant et il l’est si on le compare à la production mondiale en 1800. En effet, au 19e siècle, on ne produisait que la moitié, soit environ 8 tonnes d’or, mais les récentes études archéologiques montrent que ce nombre produit par la Bible n’est pas si extraordinaire et même plutôt modeste. Quelques exemples montrent que dans l’Antiquité, l’activité d’extraction de l’or était très répandue et plutôt productive comme le montrent les exemples suivants : 

  Le pharaon égyptien Thoutmosis III (second millénaire avant notre ère) offrit environ 13,5 tonnes d’objets en or au temple d’Amôn‑Râ, à Karnak et ce n’était qu’une partie du don.

 

  Selon des inscriptions égyptiennes, le pharaon Osorkon Ier au début du premier millénaire avant notre ère, fit don aux dieux d’environ 383 tonnes d’or et d’argent.

 

  Les mines de Pangée, en Thrace, produisaient plus de 37 tonnes d’or par an pour le roi Philippe II de Macédoine (359‑336 avant notre ère).

 

  Lorsque le fils de Philippe, Alexandre le Grand (336‑323 avant notre ère), prit la ville de Suse, capitale de l’Empire perse, on découvrit parmi les trésors environ 1 200 tonnes d’or.

 

   Ces chiffres montrent que les 17 tonnes d’or du roi Salomon sont tout à fait raisonnables en comparaison avec la puissance et la notoriété du Roi qui était extrêmement reconnue comme l'indique un passage : 

      [...] A son époque Salomon était “ le plus grand que tous les autres rois de la terre en richesse et en sagesse ” (1 Rois 10:23)

 

À quoi étaient destinées les tonnes d'or du roi Salomon ?

 

   Un problème particulièrement épineux pour les historiens est celui‑ci : le roi Salomon réceptionnait selon les écrits environ 17 tonnes d'or par an. À quel usage le roi destinait‑il ce minerai aujourd'hui si précieux ?

 

Sachant que la masse volumique de l'or est de 19 300 kg / m3, on a donc :
1 tonne d'or = 1000 / 19300 = 0.05181 m3 d'or
(ce qui équivaut à  un cube de 37 cm de côté)

Donc 17 tonnes d'or = 0,88 m3 d'or
(ce qui équivaut à un cube de 95 cm de côté)

 

   Selon les écrits qui nous restent, l'or était dans l'Antiquité le seul métal répondant à des propriétés multiples. Beau, malléable, symbole de richesse, inoxydable, l'or servait à recouvrir les ustensiles de cuisine, les bijoux, les ornements et les objets d'apparat. Le mobilier n'y échappait pas. C'est ainsi que son trône était recouvert d’or affiné, ainsi que les tables. Sa vaisselle était en or et il possédait 200 grands boucliers et 300 petits boucliers en alliage d’or (1 Rois 10:16‑21.).

 

   Fait plus important, l’or de Salomon fut aussi utilisé comme matériau pour la construction du Temple de Jéhovah à Jérusalem. Les porte‑lames et les ustensiles sacrés, fourchettes, bols, cruches, bassins étaient d'or et d'argent. Les chérubins du Très‑Saint Arche d'Alliance, l’autel de l’encens, ainsi que tout l’intérieur du Temple étaient recouverts d’or (1 Rois 6:20‑22 ; 7:48‑50) ; 1 Chroniques 28:17.

 

   On pourrait alors penser que Salomon avait un statut très particulier, mais les écrits rapportent qu'il était un roi parmi d'autres qui aimaient le métal précieux et l'utilisaient sans compter...

 

   Il faut remarquer que l'utilisation de l’or n’était pas du tout inhabituelle dans le monde antique. Selon la Revue d’archéologie biblique, le pharaon Aménophis III “ fit construire à Thèbes, en l’honneur du grand dieu Amôn‑Râ, un temple entièrement plaqué d’or dont le sol était orné d’argent et les portails d’électrum, un alliage d’or et d’argent. En outre, Ésar‑Haddôn, roi d’Assyrie (VIIe siècle avant notre ère) recouvrit d’or les portes et les murs du sanctuaire d’Ashour. À propos du temple de Sîn, à Harân, le roi babylonien Nabonide (VIe siècle avant notre ère) fit inscrire ceci : “ J’ai habillé ses murs d’or et d’argent ; je les ai fait briller comme le Soleil.” Ainsi, les témoignages de l’Histoire semblent ne pas exagérer la richesse de Salomon.

 

   Aux jours de David et de Salomon, rois de l’ancien Israël, on ramenait d’Ophir des quantités fabuleuses d’or et on pense aujourd'hui que la plus grosse partie de l’or de cette époque venait de cette région. Selon le premier livre biblique des Chroniques, chapitre 29, verset 4, le roi David aurait fait don de 3000 talents d’or en provenance d’Ophir pour la construction du Temple de Jérusalem. Pareille quantité d’or aurait aujourd’hui une valeur de plusieurs centaines de millions de francs. Les navires de commerce de Salomon rapportaient régulièrement d’Ophir de grandes quantités d’or (I Rois 9:26‑28) et il y avait tant d’or que l’argent était considéré comme de peu de valeur. (I Rois 10:21).

 

    Aujourd’hui, des géologues pensent avoir trouvé les “mines du roi Salomon”. Elles seraient en Arabie saoudite, dans une région montagneuse entre La Mecque et Médine, sur un territoire qu’on appelle le Berceau d’or. En effet, c’est là que l'on a découvert une mine d’or abandonnée et des millions de tonnes de résidus abandonnés par les mineurs et qui contenaient encore des traces d’or. Des milliers de massettes et de meules qui servaient à extraire l’or du minerai jonchaient les pentes de la mine. Le géologue Robert Luce déclara : “Nos recherches ont maintenant démontré que cette ancienne mine a pu être aussi riche que l’indiquent les récits bibliques.”

 

Parlons un peu de numérologie

En face du mot « numérologie » le dictionnaire donne la définition suivante :

 

« La numérologie est un ensemble de croyances et de pratiques fondées sur l'attribution de propriétés à des nombres, propriétés variables selon le contexte (dépendant par exemple de la source alphabétique d'un mot, latin, grec, copte, hébreu, etc.). La numérologie est une pseudo science. »

 

   Beaucoup pensent en effet que la numérologie est le contraire d'une science et qu’elle résulte uniquement d’un jeu de l’esprit mettant à profit la formidable puissance de l’arithmétique et l’extraordinaire force de la numération en base décimale appliquée aux lettres et aux symboles culturels. La symbolique qui en résulte et leurs propriétés que l’on considère remarquables ne seraient qu’esthétiques et donc dénuées de toute rationalité et de tout lien avec l’Histoire.

   C’est méconnaître totalement cette discipline et son importance dans l’histoire des civilisations. Il est certain que si nous n'avions eu que 4 doigts sur chaque main, nous compterions aujourd'hui en base 8, et l’arithmétique actuelle ne ressemblerait en rien à celle étudiée et pratiquée. Il est d’ailleurs fascinant d’imaginer que dans ce contexte les mathématiciens auraient suivi des démarches et des raisonnements certainement très différents, amenant à découvrir sans doute d’autres propriétés.

 

   Sous‑estimer et rejeter la numérologie comme la géométrie sacrée, c’est faire abstraction des symboles et des mythes qui ont forgé l’Histoire des Hommes depuis la nuit des temps. Cette pseudo science a impacté l’art, le langage, les écrits et les cultures de toutes les civilisations connues. La numérologie est à l’arithmétique ce que la géométrie sacrée est à l’architecture. C’est un art et un langage que les anciens pratiquaient pour se rapprocher du divin. Jouer avec les nombres et exhiber leurs beautés revient à démontrer la puissance de Dieu en toute chose. On ne peut l’ignorer.

   C'est en cela que l’énigme de Rennes est déroutante, puisant largement dans ces notions universelles. Un exemple classique est celui du Serpent Rouge jouant avec le chiffre 6 :

   Comme ils sont étranges les manuscrits de cet Ami, grand voyageur de l'inconnu, ils me sont parvenus séparément, pourtant ils forment un tout pour lui qui sait que les couleurs de l'arc‑en‑ciel donnent l'unité blanche, ou pour l'Artiste qui sous son pinceau, fait des six teintes de sa palette magique, jaillir le noir.

 

        Cet Ami, comment vous le présenter ? Son nom demeura un mystère, mais son nombre est celui d'un sceau célèbre.

 

Extrait du Serpent Rouge (strophe 1 et 2)

 

   Le système chromatique est basé sur 3 couleurs primaires et 3 couleurs secondaires donnant un total de 6 couleurs que l'on représente souvent par le symbole de la trinité.

   Ce sont les 6 teintes qui, mélangées sur la palette, donnent le noir. Notons que le mélange de ces mêmes couleurs sous leur forme lumineuse donne la couleur blanche, comme la lumière du Soleil que la poussière d'eau décompose en formant l'arc‑en‑ciel.

 

   Il est évident que l'auteur du Serpent Rouge joue avec le lecteur en lui suggérant le chiffre 6 pour mieux aborder un nombre, celui appartenant à un sceau célèbre. Il s'agit bien sûr du sceau du roi Salomon que l'on appelle aussi "croix de David à 6 branches". Le nombre de cet ami serait donc 666 (et non 6 qui est un chiffre)...

   Selon certaines légendes chrétiennes et hébraïques, le Sceau de Salomon était constitué par un anneau magique que le Roi Salomon utilisait pour commander les démons, les génies ou pour parler avec les animaux. Nous connaissons tous l'un des Contes des Mille et une Nuits où un mauvais génie fut emprisonné pendant 1800 ans dans une bouteille de cuivre scellée d'un bouchon de plomb et estampillé par un anneau... On retrouve dans d'autres récits l'anneau composé de fer et de laiton, serti de quatre joyaux, et avec le nom de Dieu gravé sur lui. J.J.J. Tolkien s'en inspira pour écrire sa mythologie du Seigneur des anneaux.

   Plus tard l'anneau fut associé à l'étoile de David (ou hexagramme étoilé) formé par un cercle autour d'une étoile régulière à 6 branches. On trouve même des représentations avec 6 points entre chaque branche. Certaines études comme "Les Clavicules (les petites clefs) de Salomon", dépeignent typiquement le Sceau comme étant constitué de deux cercles concentriques avec des signes ésotériques entre les deux cercles et des formes géométriques dans le petit cercle. Nous voyons donc qu'il n'existe pas une, mais plusieurs représentations du sceau de Salomon et qu'elle a évolué au cours des siècles.


Une représentation classique du sceau
de Salomon

 

Le triangle équilatéral

 

   Le triangle équilatéral est le roi des triangles. Son égalité en tout point est le symbole même de l'harmonie et de l'équilibre.

 

   C'est aussi un élément fondamental dans le tracé d'autres formes harmonieuses comme le pentacle ou l'étoile de David et la raison est évidente : il contient le 666 avec 3 angles à 60°. On retrouve ainsi la notion de nombre triangulaire parfait. 

 

   Pur hasard des nombres ? Caprices de nos alphabets ? Le fait est que la frontière entre coïncidence et nécessité est très mince. Revenons aux origines bibliques du nombre 666 et pour bien montrer l'imbrication entre numérologie et l'Ancien Testament, une curiosité très démonstrative est celle‑ci :

 

   La phrase biblique : "Car c'est un nombre d'homme, et son nombre est six cent soixante six" convertie en valeur numérale donne un total de 666

 

CAR C EST UN NOMBRE D HOMME ET SON NOMBRE EST
SIX CENT SOIXANTE SIX

C  A  R  C  E  S  T  U  N  N  O  M  B  R  E  D  H  O  M  M  E

3  1  18 3  5  19 20 21 14 14 15 13 2  18 5  4  8  15 13 13 5

 

E  T  S  O  N  N  O  M  B  R  E  E  S  T  S  I  X  C  E  N  T

5  20 19 15 14 14 15 13 2  18 5  5  19 20 19 9  24 3  5  14 20

 

S  O  I  X  A  N  T  E  S  I  X

19 15 9  24 1  14 20 5  19 9  24 

La somme des valeurs numérales de chaque lettre = 666

 

Le calcul est vérifiable sur la page Numérologie et valeurs numérales.
Inscrivez la phrase exacte et choisissez la table 1 (A=1, B=2, ...) puis validez

 

   Voici donc une première explication du mythe et ceci à probablement engendré d'autres légendes, d'autres superstitions. Ainsi dans le Nouveau Testament, l'évocation du nombre 666 est faite au verset 18 du 13e chapitre de l'Apocalypse. Or le nombre 13 est considéré néfaste pour certains et bénéfique pour d'autres. Ne pas être 13 à table, ne pas loger au 13, pas de rangée 13 dans les avions,... les exemples ne manquent pas. Bien sûr, l'origine de cette superstition très chrétienne remonterait plutôt à l'épisode de Jésus trahi par Judas, l'un de ses 12 disciples, au cours de son dernier repas, la cène. Mais voici que nous retrouvons le 6 caché parmi les 12 apôtres. Une cohérence existe et faire la part entre l'Histoire et la mythologie n'est pas chose aisée.

 

   Beaucoup plus déroutant, voici un second exemple particulièrement évocateur et que les historiens et les symbolistes se gardent bien de dévoiler tant le résultat est plutôt dérangeant.

 

   Appliquons la conversion numérale selon la table kabbalistique de 9 (A=9, B=18, C=27, ...) au nom JESUS. La somme donne 666 :

 J       E       S      U      S

10x9  5x9   19x9  21x9 19x9  La somme des valeurs numérales = 666

Le calcul est vérifiable sur la page Numérologie et valeurs numérales.
Inscrivez le nom exact et choisissez la table de 9 puis validez

 

Le 666, Satan et Lucifer, porteur de lumière

   Le nombre 666 est aujourd'hui associé à Satan, l'origine venant sans doute de la mauvaise traduction de l'Hébreu vue précédemment (BETH s'étant transformé en BÊTE). Par extension, ce nombre palindrome a aussi été associé à Lucifer, un autre personnage que la tradition populaire a fini par confondre avec Satan. En réalité tout ceci est beaucoup plus complexe, car siècle après siècle, les religions et les légendes des différentes civilisations occidentales se sont combinées pour constituer notre culture actuelle. Revenons aux sources...

 

   Lucifer provient du latin Lux (lucis = la lumière) et Ferre (= porter). Autrement dit, Lucifer est le porteur de lumière (ou astre du matin), ou plus symboliquement le porteur de la connaissance.

 

   Or, il faut aussi savoir que le nom Lucifer apparaît pour la première fois dans la Vulgate et non dans les textes bibliques. Ce nom résulte en effet de la traduction de celui d'un roi tyrannique de Babylone, Nabuchodonosor, décrit dans le Livre d'Isaïe. Ce roi fut déchu pour avoir eu la prétention d'élever sa condition d'homme au‑delà de Dieu.
    Et c'est encore une mauvaise traduction volontaire ou non qui attribua le nom de Lucifer puisqu'un prêtre Saint Jérôme en l'an 408, traduisit au
chapitre 14, verset 12 du Livre d'Isaïe le nom hébreu "Hillel" (ou Heylel, Hé‑Yod‑Lamed‑Lamed, astre brillant) par Lucifer. Plutôt étrange comme remplacement, mais il faut savoir que Saint Jérôme était en conflit avec l'évêque Lucifer de Cagliari. Il est donc très probable qu'il utilisa ce nom pour faire une parabole vengeresse entre l'évêque et le roi babylonien voulant s'élever plus haut que Dieu...

   Ce même personnage de Lucifer est retrouvé dans la mythologie romaine (Artémis, Aurore, Hécate) et grecque en tant que Dieu de lumière et de connaissance, prouvant que les origines sont beaucoup plus anciennes et universelles. Lucifer est aussi associé au dieu de l’Étoile du matin, Vénus, et au fils de la déesse Astoreth.

   Lucifer était un archange qui voulait par la connaissance devenir l'égal de Dieu et tenter de le dépasser. Déclenchant la colère de Dieu, il sera déchu de son trône et condamné à retrouver une condition humaine.

 

Lucifer est représenté ici enchaîné.
Son sceptre porteur de lumière et d'une étoile à 6 branches sont brisés.
Une pomme, symbole de la connaissance, a été croquée

et gît à terre. La couronne à la main symbolise le roi déchu, et la main sur la tête montre qu'il craint
la colère divine.


Lucifer archange déchu
(cathédrale de Liège)

 

   Au IIIe siècle, une société secrète "les Lucianistes" enseignait que l’âme était un corps charnel transmis à l’enfant par son père et qu'elle n'était pas immortelle. Au IVe siècle une autre secte "les Lucifériens" répandait la même idée, mais en abandonnant la notion de mortalité de l'âme, les deux sectes se basant sur des écrits cabalistiques.

 

   On comprend mieux l'évolution du mythe. Le nom de Lucifer fut utilisé par les premiers chrétiens pour désigner le Christ équivalent à la Lumière du monde. Dans l’Apocalypse (Ap.2, 8 ; 22, 16), Jésus se donne à lui‑même le nom « d’étoile du matin » (Astre du matin et donc Lucifer). Ceci explique pourquoi durant les trois premiers siècles, plusieurs chrétiens d'église portèrent ce nom comme Lucifer de Cagliari. Or, c'est une notice d’Isidore de Séville écrite en 636 qui rapporte que l’Église médiévale avait entièrement diabolisé le souvenir de Lucifer de Cagliari et du schisme luciférien en assimilant son nom à la chute des anges rebelles.

 

   Ceci est donc établi. Le mythe de la chute de Lucifer et de ses anges rebelles résulte d'une manipulation des Écritures afin de diaboliser l'évêque luciférien et condamner sa pensée hérétique. Saint Jérôme était le secrétaire de Damase et l’usurpateur qui fit exiler le véritable pape, saint Ursinus.  

 


Saint Michel contre Lucifer dans l'église d'Espéraza

   Par la suite, la tradition chrétienne transforma Lucifer en Satan pour le retrouver dans le Livre d'Hénoch. La légende deviendra alors celle d'un puissant archange déchu de ses pouvoirs pour avoir défié Dieu. Ce mythe va se renforcer avec l'archange Saint Michel terrassant Lucifer et que l'on trouve par exemple représenté dans l'église d'Espéraza ou dans la chapelle des Saints Anges par Eugène  Delacroix (église de Saint‑Sulpice).    

 

   Il suffit maintenant d'aller à Paris pour apprécier une statue au sommet de la colonne de la Bastille. Lucifer y est représenté et la clé de la compréhension du monde est là sous nos yeux, tenue à bout de bras par l'ange rebelle.

   La colonne de la Bastille à Paris fut construite en 1833 à la mémoire des victimes de la révolution de 1830 et dont les corps reposent dans une galerie souterraine.


Lucifer ou le génie de la colonne de la Bastille à Paris portant le flambeau de la connaissance et l'étoile de David

  La colonne porte à son sommet une sphère symbolisant notre monde terrestre et un ange. Il s'agit en réalité de Lucifer, le porteur de la connaissance. Pour éviter toute confusion, une étoile à 6 branches orne son front. Sans doute parce que le nom "Lucifer" pourrait être mal compris par la population, la statue est nommée "le génie de la Bastille".

 

SATAN et Satanisme

 

   Issu de l'Hébreu "haschatan" (adversaire), Satan est souvent cité dans les Écritures. Il est le chef des anges qui devinrent rebelles dans la Genèse et donc démons. C'est Satan qui tente Ève dans l'Eden en prenant la forme d'un serpent, ou qui tente Jésus dans les Évangiles. Changeant d'apparence pour mieux séduire, il est représenté sous des traits différents, serpent, mi‑homme mi‑bouc (dieu Pan), dragon, ou Léviathan. On lui attribue la présidence du Sabbat des sorcières et il est honoré en tant qu'adversaire de Dieu et de l'Église dans des cultes appelés satanisme.

Le cycle satanique de la résurrection en 8 étapes :

 

   L'allégorie suivante démontre à quel point les codes mythologiques grecs et romains sont imbriqués dans notre culture judéo‑chrétienne. Si le nom Lucifer fut introduit artificiellement, Satan trouve son origine à la période biblique influençant sans que l'on s'en doute certaines racines linguistiques... Surtout on voit que SATAN a endossé le mythe de Lucifer, chef des anges rebelles prouvant que ce mythe remonte aussi à la nuit des temps...

 

1 ‑ Le puissant archange SATAN (Lucifer) porte la connaissance en voulant dépasser Dieu. Il est alors déchu et devient mortel.
SATAN  se transforme en TANAS qui signifie "la mort" en grec... On retrouve la racine  Thanatos, une personnification de la Mort dans la mythologie grecque.

 

2 ‑ L'ange devenu Homme retombe alors sur Terre pour payer son arrogance et se reconstruire
TANAS se transforme en STANA qui signifie "séjourner sur la Terre"... On retrouve la racine du verbe stagner... résider...

 

3 ‑ L'homme, ange déchu, reçoit alors le souffle divin par les "narines"
STANA se transforme en NASAT, qui signifie "avoir du nez"... On retrouve la racine latine Nasus (nez) ou nasal", allégoriquement avoir de l'intuition...

 

4 ‑ L'Ange homme doit guérir de son état déchu...
NASAT se transforme en SANAT, de sanatorius : guérir... On retrouve la racine latine sanatorius signifiant propre à guérir... Sanatorium, établissement pour la guérison...

 

5 ‑ L'homme, guéri de sa condition d'ange rebelle, peut redevenir un Saint
SANAT se transforme en SANTA (ange de Dieu)... On retrouve la racine latine sanctus (sens identique), aussi lié à sacer (sacré) ; on a aussi sanctifier, sanction, sanctuaire...

 

6 ‑ L'homme devenu Saint peut alors ressusciter
SANTA se transforme en ANAST du grec Anastasis "résurrection" (se relever).

 

7 ‑ Devenu Saint et resuscité il peut alors naître pour rejoindre le Créateur
ANAST se transforme en NATAS (naissance)... On retrouve la racine latine nascere (naître) et au figuré, prendre son origine, provenir...

 

8 ‑ Le cycle infernal peut alors recommencer puisque l'Homme devient Adam qui en croquant la pomme de la connaissance aspirera à dépasser Dieu en devenant SATAN (Lucifer), ce qui le conduira à sa perte.

NATAS se transforme en SATAN qui se compose de SAT (Roi) et AN (premier, un), SATAN (Lucifer) étant le premier roi, le roi des anges rebelles.

 

   Cette allégorie symbolise aussi le cycle de vie des civilisations en perpétuel recommencement. Ainsi, à chaque fin de cycle, voulant dépasser le divin, la sanction est immédiate. Arrivée à son apogée, la civilisation est réduite à néant et doit apprendre à renaître sous une forme plus sage... Il est très facile de se situer aujourd'hui dans ce cycle...

 

Le nombre 666 cache bien d'autres surprises... Car c'est aussi le symbole de la Connaissance...

 

 

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