Parmi
toutes les études réalisées autour des
méridiens, celle concernant
le
Méridien de Paris
est essentielle
à connaître.
Véritable colonne vertébrale qui permit de cartographier la
France,
le Méridien 0 fascine pour de
multiples raisons.
Son histoire étalée sur plusieurs siècles, sa participation
au rayonnement de la France, ses racines occultes, ses liens
avec une topographie secrète et sacrée, sa célébration en
l'an 2000, et ses ramifications dans
l'affaire de Rennes
en font un sujet inépuisable
et passionnant...
D'autant qu'une étude débutée en
2010 dans le Haut‑Razès nous a permis de révéler une affaire
inédite et intrigante,
celle des
bornes méridiennes...
|
Le Méridien de Paris |
Nous l'avons vu
dans les pages concernant les méridiens, le sujet est
inépuisable. Ces études puisent dans des disciplines
très riches, aussi bien historiques que techniques comme la géométrie, la géodésie,
la cartographie, ou
la topographie. Les méridiens drainent aussi son lot de
mystère et de questions qui restent désespérément sans
réponse. Pourtant, il est indéniable qu'une cohérence
générale existe. Les méridiens, et plus généralement les
axes et les cercles, s'articulent selon une
logique sublimée par le terrain et par des monuments
pérennes servant de repère. Un travail de recherche très
important reste à faire, et devant un tel
chantier, la seule analyse
crédible doit être avant tout descriptive.
Toute autre tentative de compréhension basée sur des
hypothèses gratuites ou non est vouée à l'échec.
Dans ce contexte, on pourrait penser qu'il suffit
de construire ce descriptif à partir du
Méridien de Paris,
véritable colonne vertébrale du système. Seulement voilà, il
existe dans l'affaire de ce méridien une autre affaire, une
énigme dans l'énigme, des anomalies, des curiosités, et
surtout une affaire... L'affaire
des bornes méridiennes du Haut‑Razès... De quoi s'agit‑il ? Pour
comprendre, revenons sur le Méridien de Paris et sur les bornes méridiennes...
Je veux remercier ici Patrick Merle, chercheur spécialisé dans les structures
cartographiques,
qui initialisa en 2010 l'étude des bornes méridiennes
autour des deux Rennes et qui permit d'ouvrir une nouvelle
piste fructueuse.
Ce dossier inédit et dérangeant est le résultat d'une
enquête effectuée sur plusieurs années
et que nous avons aujourd'hui
amené à sa maturité. Son intérêt est doublement important
puisque non seulement il s'appuie sur des indices
aujourd'hui disparus, mais l'analyse qui en résulte démontre
sans équivoque que des instances bien placées et très
informées fournissent beaucoup d'effort pour rendre pérenne
une certaine mémoire de l'énigme...
De nombreux
éléments futurs viendront s'appuyer sur ces recherches,
véritable boîte de Pandore aux pistes multiples et étonnantes...
Copyright © RLC Archive ‑ Jean‑Pierre Garcia et
Patrick Merle
|
La
genèse d'une affaire dans l'affaire
C'est en 2010 que l'étude des bornes commença, et
c'est Patrick Merle le premier qui initialisa un travail
qui devait se révéler au fil des années extrêmement
intrigant. L'objectif au départ était simple et a
priori sans surprise : visiter les fameuses médailles
disposées sur le Méridien de Paris dans
le Haut‑Razès. Alors que nos préoccupations principales
à cette époque étaient de commencer les travaux autour de la
géométrie du Domaine de
Saunière,
l'étude des médailles se fit en parallèle. Très vite
alerté par des anomalies récurrentes,
la simple observation du Méridien dans le secteur des deux
Rennes se transforma en un relevé à la Prévert qui dura
plusieurs années...
Comment a‑t‑on pu créer autant d'erreurs dans une région réduite et
précise ? Pourquoi tant de curiosités alors que
l'installation d'une borne méridienne reste très facile
pour une petite commune, même mal équipée ? Le travail
consiste en effet à repérer le Méridien de Paris aux abords d'une
route, à ériger un cylindre de béton sur la ligne
historique légèrement en retrait, et y incruster sur
un plan horizontal une médaille de bronze en prenant
soin de l'orienter correctement selon un axe Nord‑Sud.
De plus, ces anomalies variées s'étalent sur plusieurs
communes réduisant la possibilité d'être face à un seul
auteur...
La simple étude devint peu à peu une véritable affaire dans l'année
2014. En prise avec les découvertes et les
visites de terrain dans le secteur du Bézis, voici qu'un
autre sujet, a priori sans rapport direct, naissait sous
nos yeux. Les erreurs des bornes se transformaient
lentement en un monumental jeu de piste dans lequel il nous
manquait les règles. Un travail d'inventaire plus
sérieux se mit en place : photos, relevés GPS, boussole et
triangulation vinrent alimenter un dossier sans que l'on
connaisse le but réel de ces étranges constatations.
Coup de théâtre, la célèbre
topographie des deux Rennes finit très vite par s'inviter dans nos analyses
ouvrant une nouvelle boîte de Pandore...
Il faudra attendre encore quelques années jusqu'en 2017
pour confirmer ces travaux, puis 2020
pour rassembler peu à peu les différentes données et
monter un dossier destiné à une mise en ligne sur le site RLC Archive.
Le dossier réel est en fait très technique, mais vous
trouverez ici une présentation volontairement simplifiée
permettant à chacun de s'y plonger et de juger...
|
Je veux tout de même avertir ici les passionnés et les
curieux. Il est inutile de se ruer vers ces bornes et
leur médaille. Victimes de leur célébrité et de leur
rareté, elles ont pratiquement toutes disparu. Des
bornes ont aussi été saccagées, et il est aujourd'hui
impossible de refaire ce travail à l'identique sur le
terrain.
C'est aussi ce qui rend cette étude précieuse, car elle a été
élaborée avec des données vérifiées et aujourd'hui
disparues.
Il nous reste heureusement des relevés et des images, témoins de cette
affaire étonnante... Une affaire de plus dans l'énigme des deux
Rennes... L'affaire des bornes méridiennes...
L'une des bornes sur le
Méridien de Paris au Pontils. Au fond, la vallée du
Bézis et la Tête d'Indien... |
|
Les bornes méridiennes en folie autour des deux
Rennes... |
Nous avons vu précédemment que dans un principe de
célébration, de communication et de pédagogie, des
médailles ont été installées le long du Méridien de
Paris. Celles‑ci permettent à la fois de rendre
hommage au fantastique travail accompli par Delambre et
Méchain, mais également de repérer de manière ludique et
concrète la
célèbre ligne virtuelle. Le principe édicté dans l'année
2000 était simple :
" Les
communes traversées par le Méridien de Paris devront poser une médaille méridienne
aux abords des routes,
à l’endroit exact où la méridienne coupe cette même
chaussée, tout en respectant à la fois la sécurité et la
visibilité ".
Rappelons que les médailles doivent être posées autant
que possible sur un
plot de béton cylindrique afin de garantir leur
identification et leur pérennité et
qu'elles doivent être correctement orientées : la
ligne méridienne gravée sur le disque de bronze et symbolisée par des points
rejoignant Dunkerque à Barcelone doit être
parfaitement alignée sur l'axe Nord‑Sud.
Ce travail a été dans l'ensemble
très bien respecté. Les médailles seront malheureusement
victimes de leurs succès. Appréciées sans doute par des
collectionneurs ou des randonneurs peu scrupuleux, elles
disparaissent peu à peu,
laissant à la place un plot de béton vide de sens. Il
est donc inutile aujourd'hui de se diriger sur le terrain
pour vérifier ces médailles, elles ont pratiquement
toutes disparues... Il nous reste fort heureusement des
photos qui témoignent et un relevé précis issu d'une enquête qui
fut menée par chance peu
avant les dégradations...
Or, il faut savoir que si cette directive a été très bien
suivie dans toutes les communes méridiennes de France, il
en va tout autrement dans le secteur du Haut‑Razès.
En effet,
les rares curieux qui s'intéressèrent aux médailles
posées dans la région de Rennes‑le‑Château
ont dû y perdre leur latin... Voyez plutôt :
Au total, 11 médailles
vous nous occuper dans ce secteur réparti entre
Terrolles, les Pontils, Serres, Rennnes‑les‑Bains,
Montferrand, Sougraigne, et Bugarach...
|
Les deux bornes méridiennes de Terrolles
La première borne est installée sur la D70 peu avant la commune
de Terrolles en arrivant par l'Ouest. Son aspect est plutôt atypique. Le traditionnel plot
cylindrique de béton a été remplacé par une pierre
naturelle, et la médaille qui aurait dû être posée
horizontalement est inclinée.
Coordonnées GPS :
42° 59' 13.48" N 2° 20' 12.31" E |
La
borne méridienne de Terrolles
au bord de la D70 |
La borne de Terrolles
et sa médaille artisanalement
fixée |
Compte tenu
de sa position inclinée, il a été difficile de mesurer
exactement l'angle de l'axe de la médaille à l'aide
d'une boussole. On peut toutefois estimer selon les
relevés cartographiques qu'il fait un angle de
13° Nord‑Est
avec l'axe Nord‑Sud du Méridien de Paris. |
La borne méridienne de
Terrolles et sa médaille |
Il existe
une seconde borne méridienne plus au Nord de Terrolles.
D'aspect très classique, elle borde un chemin et elle est
censée notifier le passage du
Méridien de Paris à cet endroit, or il s'avère que non... |
La seconde borne méridienne
au Nord de
Terrolles n'est pas sur le Méridien 0 |
Au fond, le Bugarach domine
la région du Languedoc |
La borne est
en fait située anormalement à 140 m à l'Ouest du
Méridien 0 et il faut encore ajouter environ 50 m si
l'on veut être calé sur une longitude officielle ou
IGN...
Coordonnées GPS : 42°
59' 41.93" N 2° 20' 4.89" E |
La borne méridienne de
Terrolles Nord
à 140 m du Méridien de Paris |
Si son
apparence est classique, la borne possède une autre
anomalie surprenante : la médaille est mal orientée.
Posons une boussole. Celle‑ci montre naturellement le
Méridien orienté Nord‑Sud, mais le tracé de la
médaille de bronze n'est pas aligné et affiche un angle
de 36° Nord‑Est |
Le méridien de la médaille
n'est pas aligné sur l'axe Nord‑Sud |
La boussole montre nettement
l'orientation erronée de la médaille |
Les deux bornes méridiennes des Pontils
La première anomalie sur le point méridien des Pontils est qu'il
existe non pas une, mais
deux bornes posées côte à côte
au bord de la D613.
L'une est classique, la médaille étant montée sur un plot cylindrique en
béton. La seconde est au sol, incrustée dans un dallage
de pierre. Une pierre verticale façon stèle repère la
borne comme s'il fallait donner à l'ensemble un aspect
de tombeau. Pourquoi disposer une seconde médaille au
sol très près de la première, un repère a priori
redondant ?
Les bornes sont par contre exactement posées sur le
Méridien 0 :
Coordonnées GPS : 42° 57' 03" N 2° 20' 11" E |
Les deux bornes des Pontils
placées exactement sur le Méridien 0
au bord de la D613 près du hameau des Pontils |
La borne sur béton des
Pontils
en arrière-plan le Bézis |
La borne au sol des Pontils
prenant l'allure d'une sépulture |
Les deux bornes méridiennes
posées côte à côte aux Pontils
En fond de scène, la Tête d'Indien surveille la porte du
Bézis et les gorges... |
Observons maintenant
l'orientation des médailles à l'aide d'une boussole :
Médaille sur béton : son méridien est orienté à
15° Nord‑Ouest
Médaille au sol : son méridien est
orienté à
87° Nord‑Ouest |
Orientation de la médaille
sur béton
près du hameau des Pontils
La boussole montre 15° Nord‑Ouest |
Orientation de la médaille au
sol
et juste à côté
La boussole montre 87° Nord‑Ouest |
Ne cherchez plus ces médailles... Elles ont disparu et
les bornes ont été saccagées. Elles auront tenu néanmoins
quelques années avant que des personnes mal
intentionnées ne s'aperçoivent de leur valeur
pécuniaire ou historique... Il nous reste fort heureusement
des images et des relevés qui
témoignent... |
La borne des Pontils sur
béton saccagée
La médaille n'est plus...
(photo 2017) |
La seconde borne également
saccagée
La médaille a disparu
(photo 2017) |
Les deux bornes méridiennes de Serres |
|
La borne près du pont
Elle est constituée d'un plot béton
cylindrique édifié non loin de la D613, tout près du pont romain.
Néanmoins, deux anomalies
majeures sont associées à ce repère :
L'orientation de la médaille est incorrecte.
La boussole indique en effet une déviation de l'axe
de la médaille de
13° Nord‑Est
La borne n'est pas située sur le Méridien de Paris,
mais à environ 1 km à l'Ouest de la ligne théorique, ce qui constitue en soit une erreur
de localisation que l'on peut considérer comme
volontaire...
La borne sur plot
béton de Serres très
près du pont romain |
|
Coordonnées GPS : 42°
56' 46.10" N 2° 19' 26.59" E |
La borne méridienne sur plot
béton de Serres, près du pont romain
La boussole indique une
déviation de son axe de 13° Nord‑Est |
La borne près de l'église
Serait‑ce
les seules anomalies à Serres ? Non, car il existe une
seconde borne plutôt discrète... Elle est située en
face de l'église, sur une bordure entourant un arbre,
de l'autre côté de la D613 et légèrement décalée...
Coordonnées GPS :
42° 56' 47.65" 2° 19' 26.73" E |
La seconde borne méridienne à Serres
devant l'église
visible sur la bordure en pierre entourant un arbre |
La seconde borne de Serres sertie
dans une bordure en pierre |
Or, les
mêmes problèmes existent sur cette borne. Non seulement
elle est très loin du Méridien de Paris, mais son
orientation est également erronée. La boussole indique
en effet une déviation de :
26° Nord‑Est
À ce stade, soit les médailles du Haut‑Razès ont été posées sans
aucune précaution de localisation et d'orientation, soit
nous sommes en présence d'erreurs volontaires impliquant
une série de questions... |
La seconde médaille de Serres près de
l'église
est également mal orientée |
Les deux bornes de Serres
sont à
environ 1 km du Méridien 0 |
Localisation des deux bornes
par rapport au Méridien 0 à droite (trait bleu) |
La borne méridienne de Rennes‑les‑Bains
Autre anomalie et pas des moindres... Une borne
méridienne est située à l'entrée de
Rennes‑les‑Bains, au bord de la
D14, tout près des anciens thermes romains. Problème : le
Méridien de Paris ne croise pas la route à cet endroit
puisqu'il est situé à environ 1,550 km à l'Est
de cette borne...
Serait‑ce une autre erreur grossière ? Un panneau juste à côté
de la borne vient pourtant
confirmer l'emplacement de la Méridienne Verte...
Ce qui est faux
Coordonnées
GPS : 42° 55' 18.95" N 2° 19' 2.82" E |
La borne méridienne de
Rennes‑les‑Bains à côté des thermes romains
alors que le Méridien de Paris est à environ 1,550 km à
l'Est |
La borne méridienne de
Rennes‑les‑Bains est à 1,550 km du Méridien 0 |
Seconde anomalie : la médaille est également mal
orientée comme le confirme la boussole.
Orientation de son axe :
45° Nord‑Est
Décidément, les médailles de
bronze du
Haut‑Razès présentent des erreurs qu'il est difficile
d'attribuer à une imprécision de mise en place...
La borne méridienne de Rennes‑les‑Bains
et son orientation erronée |
|
La borne méridienne
près de Montferrand |
|
Panneau de randonnée
indiquant
la direction de la borne de
Montferrand |
La
borne méridienne dite de Montferrand est
particulière puisqu'elle a été installée en
pleine nature aux abords d'un chemin de
randonnée, entre le Cardou et le Bézis. La
médaille est absente et a été remplacée par un poteau
carré vert repérant le passage de la
ligne virtuelle. |
|
Un poteau carré vert remplace
la
borne méridienne |
Et si l'on
place une boussole sur le poteau, on peut lire un angle
de 45° par rapport aux bords du profil carré.
Bien sûr, cette mesure peut paraître tout à fait
empirique, mais nous allons voir plus loin que la mesure
de cet angle
trouve parfaitement sa justification...
Le poteau est
posé exactement sur le Méridien de Paris.
Coordonnées GPS :
42° 56' 1.82" N 2° 20' 11.31" E |
La boussole sur le poteau
méridien de Montferrand
montre qu'il a été posé à 45° par rapport au Méridien
de Paris |
Les deux bornes méridiennes
près de Sougraigne
La
traversée du Méridien de Paris dans le secteur de
Sougraigne est repérée non pas par une, mais
par deux bornes
très proches. L'une est un plot
béton légèrement en retrait de la route et difficilement
discernable. Sa médaille a malheureusement disparu depuis longtemps.
La seconde borne est installée légèrement en face sur un
petit pilier en pierre. Curiosité supplémentaire : la médaille
a été fixée verticalement empêchant toute mesure de son
orientation. Pourquoi
l'avoir posée verticalement alors que la borne
parfaitement régulière permet d'incruster la médaille
horizontalement ? Nous verrons aussi que ceci suit
une logique précise.
De plus, en face du plot en pierre, une peinture
sur la route matérialise la ligne.
Coordonnées
GPS : 42° 54' 10.55" N 2° 20' 12.00" E |
Les deux bornes de Sougraigne
de chaque côté de la route |
La médaille de Sougraigne
fixée verticalement sur le pilier en pierre |
Le plot béton en retrait
reste très discret derrière la végétation |
Au premier plan, la borne en
pierre
et en face la borne béton |
Le Méridien de Paris
concrétisé par un tracé peint sur
la route |
La borne méridienne
près de Bugarach |
La borne méridienne près de
Bugarach... Presque classique... |
La borne située près de la commune de
Bugarach au bord de la D14 est très visible et semble
conforme...
Coordonnées GPS :
42° 52' 36.48" N
2° 20' 11.50"
E
Mais lorsque l'on pose la boussole, il est très facile de voir que la
médaille est mal orientée...
L'axe de la médaille par rapport au Méridien de
Paris affiche :
80° Nord‑Ouest
La borne méridienne
près de Bugarach |
|
La boussole indique un angle
de 80° Nord‑Ouest
entre le méridien de la médaille et le Méridien de
Paris |
Au premier
coup d'oeil, le méridien de la médaille semble regarder
vers
le Bézu et son château
dit des Templiers... |
Le méridien de la médaille
vise le Bézu et son château |
La borne de Parahou... Un contre-exemple
Les bornes
méridiennes autour des deux Rennes et leurs anomalies représentent‑elles
des cas isolés ? Ces défauts d'installation
sont‑ils fréquents ? Plusieurs bornes ont été
examinées autour du secteur qui nous intéresse, mais
celles‑ci ne présentent aucune curiosité particulière. Prenons
par exemple celle de Parahou.
La borne est située au Sud de Bugarach, près de Saint Louis,
et le repère est
très classique. Le plot cylindrique de béton est installé au bord d'une route traversant
le Méridien 0. |
La borne méridienne de
Parahou au sud de Bugarach |
D'autre part, la
boussole montre un alignement précis Nord‑Sud de l'axe
de la
médaille. Nous avons ici une installation conforme
qui montre que le procédé de mise en place d'une borne
méridienne est parfaitement connu et appliqué lorsque
nécessaire. Y aurait‑il donc un problème particulier autour de la région
des deux Rennes et de ses bornes ? |
La médaille de Parahou est
parfaitement posée et orientée sur le Méridien de Paris |
Résumons...
Dressons le
tableau des bornes qui posent problème. Au total, les
11 bornes posées dans le secteur du
Haut‑Razès possèdent des anomalies
diverses et aucune n'est orientée sur le Méridien 0... |
Bornes et localisation |
Axe
de la médaille |
Borne sur le
Méridien de Paris ? |
1
‑
Terrolles nord ‑ Borne béton |
36°
Nord‑Est |
Non |
2
‑
Terrolles ‑ Borne pierre |
13°
Nord‑Est |
Oui |
3
‑
Les Pontils ‑ Borne béton |
15°
Nord‑Ouest |
Oui |
4
‑
Les Pontils ‑ Borne pierre |
87°
Nord‑Ouest |
Oui |
5
‑
Serres (pont) ‑ Borne béton |
13°
Nord‑Est |
Non |
6
‑
Serres (église) ‑ Borne bordure |
26°
Nord‑Est |
Non |
7
‑
Montferrand ‑ Plot carré |
45° |
Oui |
8
‑
Rennes‑les‑Bains ‑ Thermes |
45°
Nord‑Est |
Non |
9
‑
Sougraigne ‑ Borne béton |
Médaille
disparue |
Oui |
10 ‑
Sougraigne ‑ Borne pierre |
Médaille
verticale |
Oui |
11 ‑
Bugarach ‑ Borne béton |
80°
Nord‑Ouest |
Oui |
Analysons les résultats... |
L'étude qui suit a
nécessité un travail cartographique important qui a été
réalisé et vérifié sur une carte IGN Quillan 1/2500. Les
croquis qui suivent se veulent le plus exacts possible,
mais ils ne prétendent en aucune manière remplacer les
relevés et les tracés réalisés au 25000 ème sur une
carte IGN.
N'hésitez
pas à zoomer sur les cartes pour suivre l'analyse. |
Relevé cartographique des bornes
Selon l'inventaire précédent, il existe 11 bornes
méridiennes dans le secteur des deux Rennes, toutes
possédant des anomalies d'orientation ou de position. Dressons la carte...
|
Carte des
11 bornes méridiennes anormales autour des deux Rennes
(click gauche pour agrandir la carte)
1 ‑ Borne à Terrolles nord
2 ‑ Borne près de Terrolles
3 et 4 ‑ Bornes des Pontils
5 et 6 ‑ Bornes de Serres |
7 ‑ Borne
près de Montferrand
8 ‑ Borne à Rennes‑les‑Bains
9 et 10 ‑ Bornes
près de Sougraigne
11 ‑ Borne
près de Bugarach |
|
Il est
facile de constater au premier coup d'oeil que certaines
bornes sont très éloignées du Méridien de Paris.
S'agit‑il d'une erreur de mesure des techniciens de
chaque commune concernée ? Les instruments GPS
seraient‑ils tombés en panne sur plusieurs sites ? Évidemment
non. Comment imaginer qu'une mairie ou que ses services ne soient pas informés
de la topographie ? Qu'elle ne connaisse pas son plan d'occupation des sols ?
Et donc qu'elle ignore sa position géographique par
rapport au célèbre Méridien ? Serait‑il possible
que certaines communes se soient octroyé une borne
méridienne afin de pouvoir revendiquer le passage de la
ligne historique, et donc d'ajouter ainsi un intérêt
touristique à la ville. Nous allons voir
que le problème est tout autre et bien plus subtil... |
Ajoutons
le relevé des boussoles...
Posons maintenant
sur la carte les orientations des
médailles fournies par les boussoles. Deux bornes
manquent malheureusement à l'appel. Il s'agit des deux
bornes près de Sougraigne, l'une des médailles étant
posée verticalement, la seconde ayant disparu...
|
Carte des
11 bornes méridiennes anormales autour des deux Rennes
enrichie des orientations des médailles
(click gauche pour agrandir la carte)
1 ‑ Borne à Terrolles nord
2 ‑ Borne près de Terrolles
3 et 4 ‑ Bornes des Pontils
5 et 6 ‑ Bornes de Serres |
7 ‑ Borne près de
Montferrand
8 ‑ Borne de Rennes‑les‑Bains
9 et 10 ‑ Bornes près
de
Sougraigne
11 ‑ Borne près de
Bugarach |
|
Les
directions notifiées par les boussoles et donc par les
médailles semblent totalement aléatoires. Aucune logique
ne paraît se dessiner d'autant que certaines médailles
sont dupliquées avec des axes différents... Et pourtant... |
Traçons
les axes des médailles
Traçons maintenant un axe pour chaque borne méridienne.
Ces axes représentent une prolongation des orientations
de chaque médaille.
|
Carte des
11 bornes méridiennes anormales et une première logique
topographique
(click gauche pour agrandir la carte)
1 ‑ Borne à Terrolles nord
2 ‑ Borne près de Terrolles
3 et 4 ‑ Bornes des Pontils
5 et 6 ‑ Bornes de Serres |
7 ‑ Borne près de
Montferrand
8 ‑ Borne de Rennes‑les‑Bains
9 et 10 ‑ Bornes près
de
Sougraigne
11 ‑ Borne près de
Bugarach |
|
Une première logique
topographique commence à apparaître...
L'axe à 36° de la borne de
Terrolles Nord traverse
l'église de
Rennes‑le‑Château
L'axe à 13° de la borne de
Terrolles traverse les deux bornes de Serres,
la borne de Rennes‑les‑Bains, et tombe exactement sur le
Château du Bézu
L'axe à 15° de l'une des bornes
des Pontils vise la Pique Grosse,
le second sommet du Bugarach
qui est aussi représenté au centre sur le tableau des
Bergers d'Arcadie de Poussin
L'axe à 26°
de la borne de Serres près de l'église
traverse exactement la Pique de Lavaldieu, un site
topographique important.
Le plot carré vert à 45° près de Montferrand
s'aligne avec la borne de Rennes‑les‑Bains également à
45° et tombe sur la Pique de Lavaldieu
L'axe de la borne près de Bugarach vise
le Château du Bézu
Le
plus remarquable est certainement le plot carré
de Montferrand qui se retrouve aligné avec
l'église de Couiza, le château et l'église de
Coustaussa, le château de Blanchefort, et les deux
grottes du Bézis. Il n'a donc pas été planté au hasard
sur le Méridien.
(lire "La Reine d'Or... Là où dort le
divin" pour plus de détails sur ces grottes) |
Intégrons
le cercle des églises d'Espéraza
Pour
apprécier l'érudition et la complexité topographique de
ces bornes, il faut agrandir la carte et intégrer un
célèbre cercle topographique, celui qui a son centre sur
l'église d'Espéraza et qui traverse
les églises de Saint Ferriol, Granès, Coustaussa
et les Sauzils. Pour information, ce cercle a un diamètre
identique avec le
Cercle des églises de Rennes.
|
Carte des
11 bornes méridiennes et le cercle des églises
d'Espéraza
(click gauche pour agrandir la carte)
1 ‑ Borne à Terrolles nord
2 ‑ Borne près de Terrolles
3 et 4 ‑ Bornes des Pontils
5 et 6 ‑ Bornes de Serres |
7 ‑ Borne près de
Montferrand
8 ‑ Borne de Rennes‑les‑Bains
9 et 10 ‑ Bornes près
de
Sougraigne
11 ‑ Borne près de
Bugarach |
|
Deux axes trouvent alors
d'autres justifications...
L'axe à 87° de la borne en
pierre des Pontils qui n'avait pas encore
trouvé d'application peut maintenant être prolongé
jusqu'à l'église d'Antugnac.
L'axe à 80° de la borne près de
Bugarach et qui traverse
le
Château du Bézu devient
une tangente au cercle des églises d'Espéraza... |
Poursuivons
avec la célèbre topographie de Rennes
Il est important de comprendre la réelle portée de ces
bornes méridiennes très spéciales, et pour cela, il est
nécessaire d'intégrer encore deux topographies
célèbres :
Le cercle circonscrit du Pentacle des Montagnes
(bleuté sur la carte). Ce cercle passe par
5 sommets remarquables : Rennes‑le‑Château et
plus exactement l'église, Serre de Lauzet,
le
Château du Bézu,
la Soulane, et le château de Blanchefort.
Le pentacle régulier inscrit dans le cercle
d'Espéraza. Ce pentacle (en rouge sur la carte)
est verrouillé sur l'église de Granès
et l'église de Coustaussa.
|
Les
11 bornes méridiennes autour des deux Rennes
s'intègrent
dans une topographie globale du Haut‑Razès
En fond rouge le pentacle d'Epéraza, en fond bleu le
cercle des Montagnes
(click gauche pour agrandir la carte)
1 ‑ Borne à Terrolles nord
2 ‑ Borne près de Terrolles
3 et 4 ‑ Bornes des Pontils
5 et 6 ‑ Bornes de Serres |
7 ‑ Borne près de
Montferrand
8 ‑ Borne de Rennes‑les‑Bains
9 et 10 ‑ Bornes près
de
Sougraigne
11 ‑ Borne près de
Bugarach |
|
Première
constatation : l'axe comprenant le plot carré
vert
de Montferrand (borne méridienne) et qui se retrouve aligné avec
l'église de Couiza, le château et l'église de
Coustaussa, le château de Blanchefort, et les deux
grottes du Bézis, se prolonge aussi jusqu'à un sommet du
pentacle d'Espéraza.
Seconde constatation : le cercle circonscrit du
Pentacle des montagnes traverse exactement les deux
bornes méridiennes de Sougraigne qui jusque là
n'avaient pas trouvé de justification particulière
avec le système topographique des deux Rennes.
Un exemple de codage
subtil à Sougraigne...
Curiosité supplémentaire et pas des moindres ; c'est en
examinant la topographie générale que l'on
découvre pourquoi l'une des deux médailles de
Sougraigne a été posée verticalement. La
symbolique s'affiche alors clairement puisque le fait
d'installer la médaille à la verticale repère à la fois
le Méridien 0 et le point tangent au cercle des Montagnes.
De même, le tracé
vert sur la route dessine de façon concrète non
seulement le Méridien, mais aussi le passage
du cercle à cet endroit...
|
La médaille de Sougraigne
fixée verticalement symbolise le point tangent au
cercle
des Montagnes |
Le plot béton en retrait
reste très discret derrière la végétation
|
Au premier plan, la borne en
pierre
et en face la borne béton |
Le tracé du Méridien de Paris
sur la route est aussi le passage du cercle des Montagnes |
Comment conclure ?
Autant
l'affirmer immédiatement ; aucune conclusion n'est
possible, mais une chose est sûre : nous sommes en
présence d'un codage réalisé entre les années 2000
et 2010 et qui s'adresse à des
érudits et à des curieux avertis.
L'homogénéité du système topographique, la parfaite localisation
des bornes sur un segment de méridien d'environ 14 km,
la précision des orientations des médailles, et la
grande connaissance des tracés castel‑rennais indiquent
qu'un projet ambitieux a été créé et déployé autour des
deux Rennes, un projet élaboré par une équipe d'initiés.
Qui ? Ce projet a‑t‑il été diligenté par une mairie
ou une commune isolée ? Certainement
pas. Il est impossible de construire un tel système
topographique sans une vue d'ensemble, sans une
stratégie commune, et surtout sans de solides réseaux
influents. S'agit‑il d'un projet national, régional ou
local ? Difficile de répondre, mais la présence d'autres
anomalies et coïncidences comme la mystérieuse borne de
Pont Vert située à 1,75 km du Méridien indique une
volonté plus générale de laisser des indices en dehors
du Haut‑Razès...
Comment ?
Il est évident qu'un
tel projet a nécessité en amont une étude topographique
et l'écriture d'un cahier des charges suffisamment
détaillé afin qu'il puisse être appliqué par les équipes
communales. Il est tout de même étrange que personne
n'ait réagi devant de telles erreurs grossières à moins
qu'une certaine confidentialité ait été demandée aux
personnes impliquées...
Pourquoi ? Tous les
indices laissés au fil des siècles dans l'affaire des
deux Rennes n'ont qu'un seul but : éviter qu'une
certaine mémoire ne se perde dans le temps et l'espace.
L'anniversaire du Méridien en l'an 2000 fut certainement
une magnifique opportunité donnée aux érudits et aux
élites pour
élaborer et déposer cette mémoire autour du
Méridien de Paris. Laisser des indices concrets
et suffisamment astucieux pour ne pas attirer trop vite
l'attention, voilà l'objectif qui a dû être fixé. Seul
problème qui a été largement sous-estimé : la pérénnité du codage.
Alors que les anciens savaient laisser des traces
immuables sur plusieurs siècles en utilisant l'art, la nature,
le Soleil, les montagnes, les masses rocheuses, les
étoiles, ou les constellations, nos codeurs
contemporains ont utilisé
des médailles de bronze qui n'auront pas tenu une
dizaine d'années face à la cupidité et les dégradations
gratuites ou non propre à notre siècle... Un comble... |
Ce dossier montre et prouve
clairement une volonté des érudits de repérer
et de conserver dans le Haut‑Razès une mémoire topographique...
Heureusement
qu'un fait imprévisible vint au secours de ce codage éphémère :
la curiosité de quelques chercheurs qui immortalisèrent
l'information
avant qu'elle ne s'efface... Pour le plus grand plaisir des
passionnés...
La France cache une géométrie secrète et sacrée et les méridiens
historiques sont l'une des clés pour la découvrir.
Repères indispensables, ils balisent le territoire en conservant dans leur mémoire et dans les structures associées
des lieux très
importants chargés d'Histoire...
|
|
|