Quel
peut‑être le rapport entre Antugnac, ce petit village de l'Aude,
son calvaire, et l'affaire de Rennes‑le‑Château ?
Curieusement, les indices se croisent sans logique
apparente, et il suffit de s'interrésser à certaines
traces du passé pour retomber facilement dans l'énigme.
Antugnac n'est pas seulement un petit village où Saunière fit ses
premiers sermons, c'est aussi le lieu où une étrange
statue continue de scruter l'horizon : le Christ
d'Antugnac. |
Antugnac et
Bérenger Saunière |
Pour
comprendre l'interêt d'Antugnac, il faut remonter à
l'époque où
Bérenger Saunière y donnait ses sermons, une
époque où le prêtre n'avait pas encore sa cure à Rennes‑le‑Château,
Antugnac est un joli village
installé sur le versant d'une colline, au bord d'une rivière
"Le Croux". La petite commune est très près de Montazels, lieu
de naissance de Bérenger Saunière, et à
environ 6 km d'un autre village : Rennes‑le‑Château.
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Antugnac
près de Rennes‑le‑Château
(La flèche
montre
l'emplacement du calvaire)
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L'église fortifiée d'Antugnac
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Le château seigneurial près de l'église fut
bâti vers 1615. L'édifice était d'un aspect très modeste
et nous pouvons le voir aujourd'hui sous la forme d'une
habitation moderne. L'église bien conservée date du Moyen‑âge
et son originalité tient du fait de sa fortification. On peut
facilement le constater en observant tout autour une muraille
servant d'enceinte et un parapet à créneaux. La paroisse est dédiée à Saint
André. |
En 1890,
cinq ans après sa
nomination à Rennes‑le‑Château, l'abbé Saunière fut par
décision de l'évêché, chargé d'assurer le service religieux
de la paroisse d'Antugnac, ceci en attendant l'arrivée d'un
nouveau curé.
Durant cette période qui dura plusieurs mois
entre 1890 et
1891, Saunière consigna dans un journal toutes
ses activités et ses réflexions personnelles. Il y décrit
notamment les longs trajets qu'il devait faire à pied entre
Rennes‑le‑Château et Antugnac.
Ces notes, qui sont les
seuls écrits de notre curé, sont rassemblées dans un livre
publié sous le titre :
"Mon
enseignement à Antugnac"
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Dans l'église d'Antugnac
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& Or, le plus intéressant ne se situe pas près
ou dans
l'église austère, mais plutôt à la périphérie du village.
Si on
traverse le centre vers l'Est et que l'on prend à droite une
petite route champêtre, il est facile de voir à 300 m,
au croisement d'un chemin, un calvaire et un Christ sur pied... b>le Christ d'Antugnac. |
Le calvaire situé sur la carte IGN
Quillan 1:25000
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La statue représente
Jésus adulte,
grandeur nature, les épaules basses et la tête légèrement
inclinée. Ses bras ouverts semblent tendus. Les mains
ont été malheureusement saccagées, mais on devine que sa main gauche devait montrer son cœur flamboyant.
Saccage gratuit ou délibéré ? S'agit‑il d'un
simple vandalisme ou plutôt de la suppression d'un indice
trop évident ? Nous verrons par la suite que la réponse
n'est pas si simple.
Le cœur flamboyant du
Sacré‑Cœur
orne sa poitrine, thème que l'on retrouve dans
la Villa Béthania de
Saunière et dans de nombreux objets lui ayant appartenu.
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Le Christ d'Antugnac
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La statue en terre cuite est posée sur un
important piédestal. Toutes ces caractéristiques ont
une empreinte, celle de
l'église
Saint‑Sulpice. |
Dans l'affaire de
Rennes, les symboles sont
primordiaux et rien ne doit être sous‑estimé. Le hasard est
peut‑être au rendez‑vous...
Si l'on suit le regard du Christ, il est
étonnant de constater qu'il semble croiser
l'église d'Antugnac et au‑delà,
le mont Cardou,
mais ce n'est pas tout.
Le socle rectangulaire de la statue est
aligné sur le regard et la mesure de l'angle entre le
sud et un côté du rectangle vaut
très exactement 75°. Ce nombre est hautement
symbolique et ésotérique, comme nous le verrons dans d'autres
thèmes.
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Si on trace une
droite passant par l'emplacement de la statue orientée à
105°Sud Est (75° avec le Sud), cette droite traverse exactement
le
Pech du mont Cardou, comme on peut le voir
ci‑dessous. Il faut également souligner que le mont Cardou fait
l'objet de plusieurs recherches. Certains auteurs
le considèrent même comme un lieu extrêmement particulier. |
Le Christ d'Antugnac orientée à 75°
vers le mont Cardou
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Ce que regarde le Christ d'Antugnac ‑ Son regard
semble aligné sur l'église d'Antugnac
et au loin sur le Cardou...
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Une main retrouvée
Pendant longtemps le Christ d'Antugnac fut considéré comme tel,
c'est à dire comme une représentation du Christ après la
crucifixion et donc ressuscité. Si tel est le cas, la statue
devait porter des stigmates
sur les mains et les
pieds, comme dans le cas du
Christ de la
Villa Béthanie.
Ce dernier représente en effet
le Christ ressuscité.
Or l'image de cette main
retrouvée du Christ d'Antugnac ne présente aucun stigmate. Ceci
prouve que la statue est en réalité une représentation de Jésus
vivant, tel qu'on peut la voir sur la fresque dans l'église de
Saunière. Le Christ d'Antugnac
devrait donc s'appeler "Le Jésus d'Antugnac"
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Une main du Christ d'Antugnac
(Photo
©
RLC Archive) |
La
couleur "or" de cette main montre en tout cas que
l'effigie christique devait non seulement être
entièrement peinte, mais également particulièrement
flamboyante. Quel était son but réel ?
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Le Christ de la Villa Bethania porte des
plaies aux mains.
C'est un Christ ressuscité. |
On l'oublie
souvent, mais le Christ d'Antugnac, c'est aussi un
calvaire concrétisé par une large croix posée sur un solide cube
en pierres. Si ce calvaire trouvait certainement son utilité
pour marquer le croisement des deux chemins, la présence d'une
statue christique façon Saint‑Sulpice à 5 m en arrière est plus étrange. |
Le Christ à droite et le calvaire
derrière lui
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Les surprises ne manquent pas
autour du calvaire, car la croix rustique porte également
quelques curiosités :
Jésus tourne le dos à la croix, ce qui
est surprenant et contraire à la tradition. Si la croix correspond très certainement au bornage des
chemins croisés, que signifie la présence de Jésus regardant dans une direction précise ?
La croix porte une inscription en
haut, INRI, composée d'un
N inversé
Une date est présente 1838, et dessous deux lettres : BD |
Le calvaire derrière le Christ
Au fond Rennes‑Le‑Château
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IИRI
INRI signifie "Iesus Nazarennus Rex Iudaeorum" (I
étant le J hébreu), et se traduit par "Jésus le Nazaréen Roi des
juifs". Or cette inscription
est ici gravée avec un
N inversé.
Les N inversés
qualifiés souvent d'erreur ou de gaucherie de la part de
l'artiste ou du graveur sont fréquents dans le Razès, mais
également dans d'autres régions. Aucune explication valable
ne permet de justifier leur présence, mais un fait est
certain : l'affaire de Rennes semble cristalliser cette
symbolique puisqu'on retrouve des N inversés sur
les
fresques d'Emile Signol
dans
l'église Saint Sulpice ou tout simplement sur
la croix de la sépulture de Saunière.
Malheureusement et une
fois encore, le N inversé d'Antugnac a fait l'objet de
vandalisme. De même que pour les mains coupées, il peut
s'agir d'une même intention d'effacer les traces d'une
symbolique trop voyante ou gênante...
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Photo actuelle
Le N inversé est à peine visible
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Sur une ancienne photo on distingue
nettement le N inversé
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La date 1838
La gravure de la date est
également curieuse. Les
8 sont formés chacun par
deux cercles qui ne se
touchent pas.
Le
3
possède aussi une
calligraphie particulière et exagérée. Si on mesure l'angle des deux
segments de droite du 3, il fait
75 degrés.
Hasard ? Peut‑être, mais cela méritait
d'être noté.
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Le 3 de la date 1838
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Les
coïncidences ne s'arrêtent pas là : si
on applique un petit exercice classique de numérologie sur
la date
1838 on peut en déduire 8 ‑ 1 = 7 et
8 ‑ 3 = 5
ce qui donne encore 75.
Enfin n'oublions pas que Bérenger Saunière installa sur le fronton de sa
Villa Béthanie et
dans son église Marie‑Madeleine
deux autres représentations de même nature, l'une est Jésus sur la
Montagne Fleurie, l'autre le Christ ressuscité, grandeur nature
et les bras ouverts...
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Le Christ de la fresque
dans l'église Marie Madeleine
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Le Christ de la Villa Béthanie
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C'est en
2012 que le
Jésus d'Antugnac fut restauré.
Désormais,
à proximité d'une habitation récente,
dégagé des arbres et d'une
végétation sauvage,
débarrassé des mousses et des lichens,
le Jésus aux mains d'or
est maintenant recouvert d'un blanc immaculé, regardant toujours impassible Antugnac,
et l'horizon vers le Cardou...
Le Christ
d'Antugnac
(photo prise en 2012) |
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