Les sites
remarquables
ne manquent pas dans le Haut‑Razès, et certains sont plus
atypiques que d'autres dans l'affaire de Rennes‑le‑Château.
C'est le cas des Roulers que l'on appelle
également "les
Roches
tremblantes" près de
Rennes‑les‑Bains.
Leur célébrité vient d'une curiosité géologique qui a donné à ces pierres
volumineuses le
pouvoir de trembler en les poussant, du moins selon la rumeur locale.
Car il faut le reconnaître : il est très difficile, voire
impossible de les bouger à la force d'un seul homme.
Surtout, c'est
grâce à
Henri Boudet
et au mystérieux communiqué de la
S.E.S.A. 1906 par
E. Tisseyre
que l'on doit leur renommée.
Mais après tout, pourquoi
tant de curiosités pour ces roches ?

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Un site insolite
et sacré |
Les Roulers sont
situés à environ 500 m du "Fauteuil du Diable" dans les hauteurs
de Rennes‑les‑Bains. Ce site porte également le nom de "Rochers
Branlants du Pla de la Coste" et c'est
Henri Boudet qui leur donna
le
nom curieux de "Roulers". |
Pour accéder en
voiture, il faut prendre la D14 jusqu'à la sortie de
Rennes‑les‑Bains et tourner à gauche après le pont. Une route
mène alors non loin d'un chemin de randonnée qu'il faut
prendre à droite. La suite est balisée...
Localisation GPS :
42°54'35" N 2°18'52" E
Altitude : 458 m
Cliquez ici pour voir l'aperçu Google Maps |
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Les Roulers (les Roches tremblantes) vers 1900
(remarquez
l'absence de végétation et d'arbres) |
Il est clair que ce
lieu n'aurait pas
attiré autant l'attention si une brochure n'avait pas présenté
ces pierres insolites. Et pas n'importe quelle brochure
puisqu'il s'agit du communiqué de la
S.E.S.A. 1906 par
E. Tisseyre.
Voici que dans ces quelques pages, les roches tremblantes sont
citées à côté de la
stèle de Blanchefort.
Il n'en faut pas plus
pour considérer que ces roches doivent révéler un intérêt tout
particulier dans l'affaire, mais lequel ? Car non seulement
l'article de la S.E.S.A. 1906 réunit la stèle
mystérieuse aux roches, mais ces mêmes roches se retrouvent
exceptionellement dessinées dans le livre codé de Boudet "La Vraie Langue Celtique".
S'agissait‑il d'attirer l'attention à tout prix sur ce site ?
C'est fait...
La géologie du lieu est particulière et
des traces d'activité marine sont très nettes. N'oublions pas
que tout le secteur était au fond de la mer il y a des millions
d'années. Les pierres possèdent des traces d'érosion et de
mouvement des eaux sous‑marines. Mais ceci n'explique absolument pas la
présence de plusieurs roches en bord de crête dont l'une a été
dressée tel un menhir. Elles ont certainement été installées ici par la
main de l'homme dans des temps très anciens. Par qui et pourquoi ? La réponse est perdue dans le fond des âges,
mais elles nous ramènent immanquablement au néolithique et à
l'âge celtique, une longue période où le culte des pierres
prédominait. |

Cette photo d'une ancienne carte postale a
été reprise pour
le communiqué de la S.E.S.A.
Elle date donc d'avant 1905. |
Le site a visiblement
préoccupé nos curés du Razès. Nous trouvons par exemple une photo
avec très probablement
Henri Boudet posant au pied des
roches tremblantes, une manière sans doute de confirmer par
l'image l'importance de ce lieu, puisqu'il s'agit du centre du
Cromleck de Rennes‑les‑Bains selon lui. De plus, Boudet était
passionné de photographie et il possédait un laboratoire. |

Henri Boudet
aux Roulers ?
(Photo collection J‑C Cathary) |

Henri Boudet
(photo non confirmée) |
Allusion au livre de Boudet ?
C'est
incontestable : le site des
Roulers près du Pla de la côte est
important dans l'énigme. On le retrouve dessiné par
Edmond Boudet
dans
La Vraie Langue Celtique de
Boudet.
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Illustration extraite de "La Vraie
Langue
Celtique" de Boudet |
Quant à
Boudet, il décrit le lieu en page 236‑237 et ses précisions
peuvent encore être parfaitement vérifiées sur place. D'ailleurs
son sentiment est tout aussi
clair : ces roches ont été posées là à une fin très particulière.
Elles sont pour lui le signe d'un gouvernement divin et
druidique... Surtout, elles participent à un immense
alignement de roches faites par l'Homme et qui dessine le
Cromleck de Rennes‑les‑Bains... |
A l'extrémité sud du Pla de la Coste, sur le
rebord du plateau, sont placées
deux pierres
branlantes ou roulers. La manière dont elles sont
posées indique avec évidence un but poursuivi et
atteint, celui de permettre à une secousse légère de
produire une trépidation marquée et sensible, mais
non une oscillation profonde qui déplacerait le
centre de gravité, et qui précipiterait le rocher au
bas de la montagne.
A côté du premier de ces deux roulers, un petit ménir dresse sa pointe émoussée : deux
autres ménirs sont renversés à droite et à gauche.
Ils étaient simplement posés sur le sol et non point
enfoncés dans la terre, car le plan de leur base a
gardé de petites pierres blanches, agglutinées par
l'effet du poids et du temps, et semblables aux
gravier du terrain sur lequel ils pesaient.
[...]
Du haut de la crête qui porte les roulers, en
regardant vers le sud, on voit se dessiner une
longue ligne de roches aiguës de toutes forme et de
toutes dimensions, bien orientée, d'ailleurs, du
levant au couchant, et s'étendant depuis le Col de
la Sals jusques et au delà de la Blanque. Le nombre
des aiguilles naturelles y est considérable ;
néanmoins, au milieu d'elles, une multitude d'autres
roches taillées en pointe sont redressées par la
mains de l'homme, et constituent de vrais ménirs,
comme on peut s'en convaincre soi‑même, en examinant
la pose de ces grandes pierres, qui sont d'un facile
accès.
Extrait page 236‑237 "La Vraie
Langue Celtique" |
Il faut aussi noter que
Boudet,
dans sa volonté de détailller le site, fait la distinction entre
les deux roches tremblantes et la troisième qui est un ménir,
une pierre qu'il décrit en forme de pointe émoussée.
Car le prêtre insiste tout particulièrement sur ces roches
aiguës, des aiguilles bien orientées dessinant
le Cromlech... |
Le centre du petit
cercle
Comme cela a déjà été
expliqué dans le thème
Géométrie Sacré, le cercle est une forme divine.
Le centre est
vu comme l'origine, la création de toute
chose, le départ vers le multiple, l'endroit
d'où l'esprit rayonne.
Le centre du cercle est Dieu.
Boudet l'exprime
parfaitement dans la page 245 : |
Les cercles tracés par les pierres levées,
avaient pour les Celtes un sens profondément
religieux. Les Druides, de même que les anciens
philosophes, regardaient la figure circulaire comme
la plus parfaite : elle leur représentait la
perfection Divine, immense, infinie, n'ayant ni
commencement, ni fin. Zénon enseignait que
Dieu
était sphérique, c'est‑à‑dire parfait, et la
sentence si recommandée d'Empédocles, disant que
Dieu est une sphère intellectuelle et
incompréhensible dont le centre est partout et la
circonférence nulle part, ne signifie pas autre
chose que l'excellence et la perfection infinies de Dieu.
Extrait page 245 "La Vraie
Langue Celtique" |
Et de ce principe sacré,
il va expliquer le Cromleck celtique. Ce dernier est la
représentation concrète de leur croyance. Mais il faut aussi
lire Boudet entre les lignes lorsqu'il nous affirme que la
principale subsistance corporelle est le
blé (la
précieuse céréale) et le pain.
On peut lire au paragraphe suivant : |
Il ne faut pas s'étonner outre mesure de ce
que les Celtes eussent des connaissances religieuses
fort étendues ; ils avaient apporté de l'Orient les
notions les plus exactes sur l'Etre Divin, et ils
ont fixé dans le sol, au moyen de pierres levées,
leur pensée et leur croyance sur Dieu, en qui tout
vit et se meut, sur Dieu, distribuant aux hommes par
sa Providence généreuse, l'aliment principal de la
subsistance corporelle, le blé et le pain.
Voilà ce
qu'indiquent les ménirs et les dolmens qui entrent
dans la formation des cercles de pierre, des
cromlecks.
Extrait page 247 "La Vraie
Langue Celtique" |
Et voici la conclusion à demi‑mot de son
raisonnement : |
Dans le cromleck de Rennes‑les‑Bains, on voit
aussi figurer deux pierres branlantes ou roulers.
C'est le signe de la puissance de Dieu jugeant et gouvernant ses
créatures.
Extrait page 247 "La Vraie
Langue Celtique" |
Les Roulers
seraient une représentation divine et donc
le centre d'un
cercle :
Le centre est Dieu.
Or Les Roulers sont situés près du hameau du Cercle et de "la
source du Cercle". Le centre du Cromleck de Boudet se trouve donc sur ce
hameau formant le point central et délimitant ainsi
un petit
cercle dans le grand cercle. |
Il suffit de comparer une
photo de 1900 avec aujourd'hui pour s'apercevoir que la
nature a considérablement changé le site. |

Les Roulers en 2008 (la végétation est très
différente de celle qui existait en 1900) |

Les Roulers ‑ Ancienne carte postale 1900 |
La
végétation était à l'époque très différente à cet endroit, faite
de maquis et d'herbes sauvages. Le climat du 20e siècle a certainement
favorisé la pousse de nouvelles essences d'arbres, mais surtout
au siècle dernier les terres étaient cultivées alors
qu'aujourd'hui elles sont laissées à l'abandon...
Les Roches tremblantes sont
aujourd'hui perdues en pleine forêt et on a du mal à trouver l'horizon.
|

Les Roulers aujourd'hui en pleine forêt |
En observant
en détail la photo actuelle, on s'aperçoit que des pins ont
poussé entre les pierres, faisant éclater celles‑ci. Ceci est un point
important qui vaut pour beaucoup de recherche dans le
Haut‑Razès. Se fier à la végétation ou au contexte visuel
aujourd'hui est une profonde erreur. On voit ici que les Roulers
représentaient certainement un point de mire très intéressant sur
Rennes‑les‑Bains et ses environs,
une vigie qui a maintenant totalement disparu dans les arbres. |

Les Roulers aujourd'hui |
L'un des Roulers a
définitivement tremblé
La bêtise humaine n'a
parfois pas de nom. L'un des Roulers devait payer sa
réputation. C'est courant 2007
que le petit club castel‑rennais était chagriné de voir que le
célèbre profil de roches n'était plus. L'un des menhirs dut se
mesurer à un visiteur malveillant qui le fit basculer pour le
coucher irrémédiablement. Dans sa chute, il se brisa en deux.
Voulait‑on vérifier l'assise de la pierre ? Notre monde moderne aura eu raison de ces derniers vestiges
du néolithique...
Boudet a certainement dû se retourner dans
sa tombe... |

Les Roulers en 2006 ‑ Le menhir de droite
était encore debout |

Le menhir n'est plus ‑ Il s'est
définitivement couché en deux parties
Nous avons en tout cas la preuve que le menhir
n'était pas
enterré, mais juste posé |

Le petit menhir renversé (noté 3 sur la
gravure de Boudet) |

Le menhir brisé |

Signes d'érosion sous‑marine |

D'autres signes d'une érosion du fond des
mers |
Si l'on
examine de près les roches de ce secteur, elles portent toutes
des signes d'érosion par les eaux. La pierre est polie de façon
irrégulière formant des crevasses et des stries qui rappellent
celles des fonds marins. Ces menhirs ne seraient donc pas taillés à la
main comme on l'imagine souvent, mais plutôt choisis parmi
d'autres pierres pour être posés là ; un travail
titanesque que Boudet souligne dans son livre... |
Nostalgie...
Boudet nous parle aussi de
l'une des pierres qui laisse apparaître des souvenirs gravés. Il est curieux de
rapporter près d'un siècle plus tard ces traces écrites... |

L'une des faces est remplie de
souvenirs... Une date 1896... |
Non loin de
là, une
curiosité
Juste
à quelques mètres des Roulers, d'autres pierres curieuses
s'amoncellent. Certaines sont manifestement taillées et de forme
parallélépipédique comme issues d'une ancienne
construction. Surtout, deux dalles très allongées sont
posées au sol entre d'autres pierres plates. Le tout forme une
sorte de canalisation rudimentaire, des fondations, un lavoir, ou pourquoi pas, un
abreuvoir. |

Des pierres taillées...
Un abreuvoir ou des restes de fondations ? |
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Serait‑ce un lavoir rudimentaire ?
Ou le début d'une source aujourd'hui asséchée ? |

Elles sont tout de même
fascinantes ces pierres du Cromlech posées par la main de l'Homme
sur la crête de Rennes‑les‑Bains. Dans quel but ? Et pourquoi Boudet
cite‑t‑il les Roulers avec autant d'insistance dans son livre ? Nous
avons vu qu'elles représentent
le centre d'un cercle sacré,
et si le centre est l'origine de toute chose voici un début de
piste que l'on ne peut ignorer...
Après plusieurs siècles en
équilibre, ces pierres ont encore certainement beaucoup de choses à
nous dire... |

Clin d'œil de Châteauneuf de Randon depuis sa pierre branlante
La similitude de la photo avec celle des Roulers est amusante... |
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