Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Versailles et les Salles des Croisades - Rennes-le-Château Archive

Les salles des Croisades              7/8
La grande salle et Saint‑Jean‑d'Acre

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

    Serait‑il possible qu'un lieu hautement historique, situé dans le plus célèbre château du monde, soit habituellement interdit au public ? Peut‑on imaginer un espace extraordinaire difficilement accessible et qui concerne les pages les plus passionnantes et les plus occultes de notre Histoire ? Plus incroyable encore, serait‑il envisageable que ce lieu concerne également l'énigme des deux Rennes ?

    La réponse est oui, car ce lieu existe et sa réputation est planétaire puisqu'il s'agit du Château de Versailles. Quant à l'endroit précis, il concerne une salle ; en fait 5 salles offrant un véritable trésor du passé. Mais il est inutile de se précipiter dans le château musée, vous trouverez certainement porte close... Ces salles sont en effet protégées, réservées, plus exactement dérobées au regard du public, et cela depuis plusieurs décennies... Elles furent malgré tout ouvertes durant la dernière exposition consacrée à Louis‑Philippe fin 2018. Difficile en effet d'occulter ce joyau qui fut tant choyé par le monarque...

    Alors que le public découvre certains pans occultes de notre Histoire suite au désastre de ND de Paris, les Salles des Croisades permettent de se replonger sur deux siècles tourmentés. Huit croisades vont effet se succéder entre 1096 et 1270 et marqueront l’Histoire de France et de l’Europe, des faits d’armes particulièrement violents qui sont aussi le symbole de l’intolérance religieuse et conquérante. Elles participèrent néanmoins à stabiliser le royaume de France en focalisant l’attention du peuple vers une quête lointaine et spirituelle. Elles contribuèrent aussi à développer les échanges entre l’Orient et l’Occident, apportant richesse et progrès.

    Quant à l'énigme de Rennes, il est maintenant sûr que les Croisades sont un axe de recherche majeur avec les Wisigoths et les Celtes. L'épisode des Chevaliers autour de Hugues de Payens entre 1102 et 1125 et surtout la chute de Saint‑Jean‑d'Acre sont autant d'évènements historiques qui trouvent parfaitement leur place dans la grande fresque des deux Rennes...

   Les Salles des Croisades furent exceptionnellement ouvertes à l'occasion
de l'exposition "
Louis‑Philippe et Versailles" qui s'est tenue au musée
entre le 6 octobre 2018 et le 3 février 2019

 


Le Château de Versailles recèle un trésor historique méconnu :
"Les Salles des Croisades"

 

 

 


Versailles ‑ localisation de la salle n° 5

 

 

La grande salle des Croisades et Saint‑Jean‑d'Acre  

 

    Parmi tous les épisodes tragiques des Croisades, l'un d'eux retient l'attention pour son aspect à la fois historique, violent, héroïque, et trésoraire. En effet, le siège puis la chute de Saint‑Jean‑d'Acre en 1291 marquent non seulement la fin des Européens en Terre sainte, mais également l'abandon de la ville par les ordres chevaleresques qui emportèrent dans la débâcle leurs trésors accumulés. Saint‑Jean‑d'Acre est aussi resté dans l'Histoire comme le symbole d'un massacre effroyable parmi la population et les chevaliers qui n'eurent pas d'autre choix que de fuir par la mer.

   La grande salle des Croisades affiche plusieurs tableaux en relation avec cet épisode tragique... Un espace où se trouve également des personnages clés tels que le roi Philippe Auguste, Richard Coeur de Lion, Albéric Clément, ou Hugues de Payens premier Grand‑Maître de l’Ordre du Temple et qui offrent l'occasion de se replonger dans l'histoire de cette ville légendaire....
Saint‑Jean‑d'Acre...

 


La Salle n° 5, sans aucun doute la plus riche en symboles

 


Saint‑Jean‑d'Acre aujourd'hui... Une ville chargée d'Histoire

 

  Saint‑Jean‑d’Acre (Akko en Hébreu) a été le creuset où se rencontrèrent les grandes civilisations de la région telles que les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les Ottomans. Installée sur un promontoire au nord de la baie de Haïfa, la cité vit défiler au fil des siècles de grandes figures de l’Histoire qui foulèrent sa Terre sainte : Paul qui vint y visiter les premières communautés chrétiennes ; Alexandre le Grand, Saladin, ou encore Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste qui furent ses maîtres successifs, sans parler de Napoléon Bonaparte, conquérant malheureux, dont la statue géante hissée sur une colline à l’entrée de la ville rappelle son échec cuisant de 1799.
   Jusqu’au XXe siècle, l’un des plus importants ports de l’Antiquité en Méditerranée orientale aura été ce point de passage convoité par l’Europe, le Moyen‑Orient et l’Asie. Profitant du démantèlement de l’Empire ottoman, les Britanniques s’y installèrent en 1918 avant de céder la place aux Israéliens en 1948.

   Saint‑Jean‑d'Acre ou Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. La ville côtière donne son nom à la plaine d'Acre qui comporte plusieurs villages, et son ancien port de commerce, très florissant dans l'Antiquité, est devenu aujourd'hui une zone de pêche et de plaisance bien située au nord d'Israël.

  
Il faut aussi savoir qu'en raison du prestigieux héritage historique légué par les différentes civilisations qui se succédèrent dans cette cité, Acre est membre de l'Organisation des villes du patrimoine mondial (UNESCO). La cité est d'autre part classée patrimoine culturel de l'UNESCO depuis 2001 grâce à la quantité de vestiges de l'époque des Croisés qui sont restés intacts encore aujourd'hui.

 


Saint‑Jean‑d'Acre aujourd'hui ‑ le port

 

La période antique

    Située en Galilée, la ville connaît une présence humaine continue depuis Elle est mentionnée pour la première fois sous le règne du pharaon Thoutmosis III () et elle est citée plus tard dans la Bible hébraïque sous le nom de Akko, puis de Ptolémaïs dans le premier livre des Maccabées, ainsi que dans le Nouveau Testament.

   En l’an 700 avant l’ère chrétienne, la cité est dominée par les Assyriens avant d'être intégrée, trois siècles plus tard, aux territoires conquis par Alexandre le Grand, puis au IIIe siècle av. J.‑C. par Ptolémée II, souverain d’Égypte qui débaptisa son nom en Ptolémaïs, un nom qui sera conservé jusqu’au Moyen Âge. Puis, vers l'an 52 ap. J.‑C. sous le règne de l'empereur Claude, elle devient une colonie romaine, Colonia Claudii Caesaris.  

 

La période des croisades

1104 ‑ Prise de Saint‑Jean‑d'Acre par les Croisés
   Après la prise de Jérusalem en l'an 1099, les Croisés ne réussiront à prendre le port de Saint‑Jean‑d'Acre que le 26 mai 1104 par Baudoin Ier, roi de Jérusalem, et grâce à l'aide des Italiens armés d'une flotte génoise. Ces derniers recevront en échange de leur aide des quartiers indépendants dans la ville. C'est ainsi que l'on trouve dans la cité les quartiers génois, vénitiens et pisans. Rapidement, Saint‑Jean‑d'Acre devient le port principal en Terre Sainte permettant de ravitailler le royaume de Jérusalem nouvellement instauré. Le commerce s'y développe avec les Arabes et les pèlerins, et la ville devient un lieu d'échange entre les cultures d'Orient et d'Occident. L'installation des Hospitaliers de l'Ordre de Saint‑Jean de Jérusalem et la fondation de l'Hôpital apportent à la ville un nouveau nom, celui de Saint‑Jean‑d'Acre.

1187 ‑ Victoire de Saladin
   Après la bataille des Cornes de Hattin en 1187 et la victoire de Saladin sur les Croisés, Saint‑Jean‑d'Acre tombe elle aussi aux mains des musulmans.
La ville est alors prise par le sultan Saladin le

1191 ‑ Reconquête de Saint‑Jean‑d'Acre par les Croisés
   Elle sera reconquise durant la 3ème croisade le 12 juillet 1191. Les armées réunies de Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre, et de Philippe II Auguste, roi de France, font capituler la ville, faisant plier Saladin.

   Louis IX, roi de France, lui permit de se développer encore au milieu du XIIIe siècle et elle fut pendant près de 100 ans la capitale politique et administrative du Royaume Latin. À côté des quartiers italiens, deux grandes forteresses sont construites, celle des Templiers et celle des Hospitaliers. Le port principal sert au transit de toutes les marchandises, des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen, notamment vénitiens, pisans, génois, français et germaniques.
   Jusqu'en 1291, la ville est alors un grand centre intellectuel, non seulement chrétien, mais aussi juif. En effet, de nombreux Juifs souffrant de persécutions en Occident se rendent en Terre Sainte.

1291 ‑ La chute de Saint‑Jean‑d'Acre
   Ce sont finalement les mamelouks qui chassent définitivement les Croisés de Saint‑Jean‑d'Acre en 1291
. La dernière bataille que se livrent les Croisés et les musulmans pour le contrôle de Saint‑Jean‑d’Acre commence en 1290. Après le siège imposé par le sultan mamelouk al‑Ashraf Khalil, la ville est conquise le 18 mai 1291, une date qui marque le glas de la présence des Croisés et des Européens en Terre Sainte, une
reconquête que l'on appelle aussi la chute de Saint‑Jean‑d'Acre. Définitivement expulsés de Palestine, les Croisés se replieront alors sur Chypre.

   Après cette défaite des Croisés, la ville s'appauvrira peu à peu et déclinera. Elle sera en partie reconstruite à l'époque ottomane de laquelle il nous reste de magnifiques murailles, plusieurs caravansérails, un très beau hammam transformé en musée, et la mosquée El Jazar. C'est durant cette période que de nombreux ordres religieux s'installeront dans la ville, point de passage du pèlerinage en Terre Sainte, notamment les Ordres mendiants, franciscains et dominicains. La ville compte aussi de nombreuses églises et un patrimoine exceptionnel comme les bibliothèques monastiques qui renferment de précieuses enluminures de l'atelier d'Acre.  

 



Royaume, principauté et comtés au temps des Croisades
Saint‑Jean‑d'Acre (Acre) est au nord de Jérusalem

 

Le siège de Ptolémaïs (Saint‑Jean‑d'Acre) en juillet 1191
ou la mort d'Albéric Clément le 11 ou 12 juillet 1191

par Alexandre‑Evariste Fragonard

    Le siège de Saint‑Jean‑d'Acre qui dure près de deux ans, du 28 août 1189 au 13 juillet 1191, est comparé au siège de Troie dans les chroniques contemporaines. Le dernier effort de l'armée française se porte contre "la tour maudite". La mine ayant ébranlé les fondements de cette tour, et le mur commençant à chanceler, Albéric Clément, maréchal du roi Philippe, s'écrie : « Je mourrai aujourd'hui, ou, avec la grâce de Dieu, j'entrerai dans Acre ». Saisissant une échelle, il s'élance au haut de la muraille, et abat de son épée plusieurs Sarrasins. Mais trop de guerriers l'ont suivi, et ils sont entraînés à terre avec l'échelle qui ne peut les porter. Les Sarrasins, en la voyant tomber, poussent un cri de joie : Albéric, seul sur le mur, y trouve une mort glorieuse.

 


Brandissant son épée, Albéric Clément y trouve une mort glorieuse...
(Salle des Croisades à Versailles)

 

Albéric Clément, Maréchal de France en 1190
par Henri Decaisne en 1844

   Premier maréchal de France vers 1190, Albéric Clément accompagna le roi Philippe II Auguste en Terre Sainte. Il est tué au siège de Ptolémaïs (Saint‑Jean‑d'Acre) le 11 ou 12 juillet 1191.

    Il est le fils de Robert III Clément, gouverneur de Philippe II Auguste en 1168, d'une famille du Gâtinais, et d'Hersende de Mez (Mez‑le‑Maréchal) à Dordives (Loiret) dont il hérite la seigneurie et le château de "Mez‑le‑Maréchal", un château fort impressionnant construit par les premiers seigneurs du Mez.
   Neveu de Garmond, évêque d'Auxerre, il est fait maréchal de France par Philippe Auguste vers 1190. Il est également le frère d'Henri Ier Clément, maréchal de France, et de Hugues Clément, abbé de Saint‑Spire de Corbeil. Il est probablement inhumé à l'abbaye de Cercanceaux, à Souppes.

 

 

Saint‑Jean‑d'Acre remise à Philippe II Auguste
et à Richard Coeur de Lion le 12 juillet 1191
par Blondel Merry Joseph (1781‑1853) en 1840

   Grâce à l’aide d’une flotte génoise, les Croisés prirent Saint‑Jean‑d'Acre le 26 mai 1104. Elle devint rapidement le port permettant de ravitailler le royaume de Jérusalem nouvellement instauré. Après la bataille de Hattin, en 1187, Saladin s’en empara à son tour. Et plus tard, le 12 juillet 1191, les armées réunies de Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre, et de Philippe II Auguste, roi de France, firent capituler la ville, faisant plier Saladin. Ils prirent ainsi de nouveau possession de la ville et les bannières de France et d'Angleterre furent en même temps arborées sur les murailles. Les sarrasins qui avaient demandé à capituler passèrent désarmés devant les Croisés rangés en bataille. Saint‑Jean‑d’Acre devint alors la capitale politique et administrative du Royaume Latin de Jérusalem.

 

 

Philippe II de France dit Philippe Auguste en 1190
par Émile Signol (1804‑1892)

   Philippe II, dit Philippe Auguste, roi de France en 1180 (1165‑1223) représenté ici Croisé en 1190. Le roi est en pied, tenant l'oriflamme de la main droite et son spectre de la main gauche.

 

 

Richard Cœur de Lion, Roi d'Angleterre, en 1189
par Merry‑Joseph Blondel 1841

   Investi en 1169 par son père Henri II du duché d'Aquitaine, il lui succéda en 1189 et prit la croix l'année suivante. Il s'empara de l'île de Chypre, prit part au siège de Ptolémaïs (Saint‑Jean‑d'Acre) avec Philippe II Auguste, et après le départ du roi de France continua la lutte contre Saladin.
   Forcé de renoncer à la conquête de Jérusalem, il rembarqua pour l'Europe en 1192. Retenu captif en Allemagne pendant 14 mois et après avoir repris son sceptre des mains de son frère Jean qui l'avait usurpé pendant son absence, il entra en lutte avec Philippe II Auguste. Il est tué le 6 avril 1199 devant le château de Chalus qu'il assiégeait. Ses restes sont ensevelis dans l'abbaye de Fontevrault.

 

 

La chute de Saint‑Jean‑d'Acre en 1291

    L'épisode commence par une croisade de pèlerins non combattants qui arrive à Saint‑Jean‑d'Acre. Ces pèlerins qui n'ont aucune expérience militaire s'imaginent alors que leur bonne volonté suffirait à reprendre Jérusalem. Sans connaissance de la situation politique, ils se mettent à accuser les Latins d'Orient de complaisance à l'égard des musulmans, n'hésitant pas à les qualifier de traîtres à la cause chrétienne. La situation s'envenime le , les pèlerins décidant des actions fortes. Des paysans musulmans venus en ville vendre leur production sont massacrés. Le bazar est envahi et les marchands supposés musulmans sont égorgés.

    Atterrés, les consuls de la ville et les Grand maîtres des ordres militaires préfèrent avertir directement le sultan Al‑Ashraf, lequel réclame le châtiment des coupables. Seul Guillaume de Beaujeu, 21ème Grand maître de l'Ordre du Temple, plaide pour l'exécution des criminels. Les autres membres du conseil sont persuadés que le sultan se contentera d'excuses. De plus, ces derniers ne croient pas à la déclaration de guerre du mamelouk, pensant qu'il s'agit uniquement de menaces. Des ambassadeurs sont alors envoyés, chargés de présents, pour amadouer le sultan, mais ils sont jetés en prison.

    Le sultan Al‑Ashraf arrive devant Saint‑Jean‑d'Acre le et entame le siège. En plus d'une armée de 220 000 soldats, il dispose de nombreuses machines de siège. La ville abrite 30 000 à 40 000 habitants, dont 16 000 soldats.

    Quatre énormes catapultes sont placées à des emplacements stratégiques et menacent les plus importantes tours de défense de la ville. Le , Guillaume de Beaujeu tente une sortie à la tête des Templiers et surprend les avant‑postes, mais leurs chevaux trébuchent dans les cordages et les musulmans se ressaisissent. Les Templiers parviennent alors difficilement à retourner en ville et leur tentative d'incendier une des catapultes a échoué. Une nouvelle tentative sera décidée quelques jours plus tard, sans succès.

    Le , le roi de Chypre Henri II débarque à Saint‑Jean‑d'Acre avec 200 chevaliers, 500 fantassins et des vivres en quantité. Le courage des assiégés revient et Henri II, roi de Jérusalem, essaye de traiter avec le sultan. Ce dernier exige une reddition pure et simple de la ville et accorde la vie sauve aux habitants. Le , Henri II repart vers Chypre, laissant son armée sur place.

    Saint‑Jean‑d'Acre croule alors sous les pierres projetées par les catapultes, et des esclaves creusent des mines sous les principales tours. Le , une partie de la Tour Neuve s'effondre. Guillaume de Beaujeu fait construire une tour en bois pour combler la brèche, mais n'y parvient pas complètement. La fin est proche et la population, femmes et enfants, cherche à fuir par la mer. Malheureusement, une tempête au large empêche l'évacuation et les quelques navires déjà partis sont obligés de revenir se réfugier au port.
   Le vendredi , à l'aube, les musulmans lancent l'assaut. Ils s'engouffrent sans difficulté dans la Tour Neuve, puis se divisent en deux groupes, s'emparant de la zone entre les deux enceintes. De là, les assiégés subissent les feux grégeois et une pluie de flèches.

    Guillaume de Beaujeu, Grand maître du Temple, et Jean de Villiers, Grand maître de l'Ordre des Hospitaliers, longtemps rivaux et réconciliés à l'heure du danger, défendent le point le plus menacé, la Porte Saint‑Antoine. Mais, atteint d'une flèche sous l'aisselle, Guillaume de Beaujeu se retire du combat. Les Croisés lui crient : « Pour Dieu, sire, ne partez pas, car la ville sera bientôt perdue ! », ce à quoi Guillaume répond « Seigneurs, je ne peux plus, car je suis mort, voyez le coup » Emporté en urgence à la commanderie du Temple, il expirera quelques heures plus tard. Jean de Villiers, également grièvement blessé, est transporté sur un navire en direction de Chypre. Les Mamelouks prennent alors la Porte Saint‑Antoine et se ruent dans la ville, massacrant les habitants et les Chevaliers qui sont restés pour sauver ceux qui pouvaient l'être. Certains tentent de fuir avec les navires, mais plusieurs bâtiments surchargés font naufrage.

   La ville est alors en proie à une véritable hécatombe. Pourtant, 10 000 habitants sont encore en vie et se réfugient dans la Voûte d'Acre ; par miracle la citadelle des Templiers tient encore. De plus, elle donne sur la mer et les rescapés peuvent ainsi embarquer pour Chypre.

    Le dernier navire prendra les flots avec quelques chevaliers et tous les trésors qui auront pu être embarqués. Thibaud Gaudin et Pierre de Sevry, les deux plus hauts dignitaires encore vivants à Acre décident de se séparer. Thibaud Gaudin, commandeur d'Acre, se replie par la mer vers Sidon, tandis que Pierre de Sevry, Maréchal de l'Ordre, continue la résistance face aux musulmans. Ce dernier réussit à maintenir des milliers de combattants avec une poignée de défenseurs. La ville capitulera finalement le 28 mai 1291 après que la citadelle du Temple ne s'écroule sous les coups incessants des pierres, avec à l'intérieur les dizaines de défenseurs et plus de 2000 Turcs qui l'assaillent. Saint‑Jean‑d'Acre est tombé.

    À la suite de la chute de Saint‑Jean‑d'Acre, la maison principale de l'Ordre fut transférée à Paris, là où les Templiers avaient leur fief majeur d'Europe : la maison du Temple.

 


Saint‑Jean‑d'Acre en 1291 ‑ On devine parfaitement les deux enceintes
fortifiées et les tours. La "tour maudite" où fut tué Albéric Clément est
la plus importante au milieu de la première fortification

 

Guillaume de Clermont défend Ptolémaïs
ou la chute de Saint‑Jean‑d'Acre en 1291
par Dominique‑Louis Papety (1815‑1849) ‑ Salon 1845

    Assailli par 160 000 mamelouks du sultan d'Egypte El‑Asrad Kahlîl, le siège de Saint‑Jean‑d'Acre se solda par la prise de la ville et la fin de  la présence franque en Terre sainte. Nous sommes alors entre le 5 avril et le 28 mai 1291. Cette date importante est le symbole de la perte des dernières positions latines en Orient, et elle est fréquemment considérée par les historiens comme celle de la fin des croisades médiévales. Cet épisode que l'on connaît aussi sous l'appellation " La chute de Saint‑Jean‑d'Acre " est resté célèbre pour son aspect particulièrement violent et pour les actes d'héroïsmes qui ont permis de sauver une partie de la population par bateaux.
   La ville d'Acre, aussi connue dans le monde chrétien sous le nom de Saint‑Jean‑d’Acre était appelée Ptolémaïs dans l'Antiquité.

   La ville de Ptolémaïs ou Saint‑Jean‑d'Acre est assiégée par l'armée du sultan d'Égypte Kelaoun et va être prise d'assaut, lorsque Guillaume de Clermont, maréchal des Hospitaliers, accourt avec ses chevaliers au lieu du carnage. Il relève le courage des assiégés, se précipite dans les rangs des Sarrasins. Le soir, les assaillants se retireront en désordre par la brèche qu'ils avaient faite.

 


L'Hospitalier Guillaume de Clermont pendant le Siège de Saint‑Jean‑d'Acre en 1291

 

    Saint‑Jean‑d'Acre conserve encore aujourd'hui de nombreux vestiges qui témoignent des Croisades et du séjour des ordres chevaleresques. En plus des quartiers italiens, il y avait deux grandes forteresses : la forteresse des Templiers qui a été détruite, mais dont il reste un tunnel permettant d'amener les trésors arrivés du port en toute discrétion ; et la forteresse des Hospitaliers dont il subsiste tout le premier étage. Cette partie de la forteresse fut ensevelie au 18e siècle par El‑Jazzar (dit le boucher) un pirate albanais sanguinaire qui voulait bâtir son palais au‑dessus de la citadelle des Croisés.  

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ la salle des Chevaliers

 

   En descendant dans l'ancienne ville des Croisés, plusieurs salles se succèdent, celles des Cérémonies, celles des Prisonniers, et surtout l'extraordinaire salle des Chevaliers, un ancien réfectoire des moines soldats de l'Ordre des Hospitaliers et qui se trouve maintenant à plus de 8 m sous le niveau de la rue extérieure. 15 immenses piliers massifs soutiennent les voûtes majestueuses offrant l'une des plus belles salles encore intactes et une architecture impressionnante. Des fleurs de lys sculptées dans les angles des murs et sur les chapiteaux rappellent la royauté et le séjour des Chevaliers français. De plus, des passages secrets partent de cette salle et débouchaient autrefois au port pour permettre l'évacuation par bateaux en cas d'attaque. Ces souterrains sont connus sous le nom de tunnel des Templiers. La salle des Chevaliers fut bâtie par le roi Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade. Les Chevaliers étaient aussi bâtisseurs...

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le réfectoire monumental de la citadelle des Hospitaliers

Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le réfectoire de la citadelle des Hospitaliers
et ses voûtes somptueuses

 

   La citadelle des Hospitaliers est monumentale et montre la puissance de ces armées qui n'hésitaient pas à édifier des fortifications ou à bâtir des accès secrets comme ce tunnel creusé et maçonné par les Templiers. Une fois dans la crypte, un long souterrain taillé dans le roc s'étire sur une très longue distance. Ce passage impressionnant situé sous Saint‑Jean‑d'Acre permettait d'acheminer en toute sécurité et discrétion leurs biens et les trésors jusqu'à leur quartier général. Le passage en pierres aboutissait en effet à la forteresse stratégique défendant le port de Saint‑Jean‑d'Acre et permettait aux pèlerins d'accomplir leur voyage en Terre sainte..

Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le tunnel des Templiers allant au port

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ L'un des souterrains Templiers

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le tunnel Templiers
Une construction impressionnante

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le tunnel Templier
Certains passages sont étroits

 

La période Napoléon

1799 ‑ Tentative napoléonienne et nouveau siège

   Fait peu connu, Napoléon Bonaparte convoita également la ville. Alors que celle‑ci redevient un point stratégique, le général Bonaparte commence le siège de Saint‑Jean‑d'Acre le , à la tête de l'armée française d'Égypte, un épisode qui se terminera le 21 mai 1799 sur le retrait des troupes françaises.

   Du côté des assiégés, la garnison ottomane est commandée par Djezzar Pacha et reçoit le soutien d'une flotte britannique commandée par l'amiral William Sidney Smith. Le chef ottoman renforce les remparts et reconstruit la ville sur celle des Croisés qui est désormais souterraine. Les Français sont mal pourvus en artillerie et provisions ; ils trouvent peu de soutien dans la population locale et une partie des chiites. Après huit assauts, ils doivent renoncer. En plus des combats, des maladies se déclarent. Un quart des hommes engagés dans la campagne périssent, ainsi qu’un grand nombre d’officiers. La peste se répend dans le camp d’Acre, et avant que les troupes françaises n’aient abandonné le siège, une cinquantaine d’hommes sont déjà atteints. Ils mourront à Jaffa où on les emmène, propageant ainsi la maladie. La peste ne fera que des victimes dans les rangs français.

 


Saint‑Jean‑d'Acre ‑ Le siège de Napoléon Bonaparte
durant la campagne d'Égypte en 1799

 

   Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, jumelée avec La Rochelle, entourée de murailles, remplies de ruelles tortueuses, de pierres dorées au soleil, Saint‑Jean‑d’Acre conserve encore de nombreux vestiges enterrés. Les fouilles débutées en 1968 et surtout en 1991 sous la direction des Antiquités d’Israël ont permis de dégager le quartier général des Hospitaliers, quelques rues ainsi qu’un vaste système d’évacuation des eaux. Construite par strates successives, la vieille ville est encore sous plusieurs mètres de terre, conséquence des travaux du gouverneur otoman Ahmed Al‑Jazzar qui fit combler au XVIIIe siècle l’édifice des Chevaliers. Néanmoins, depuis quelques années, les bâtiments sont excavés, mais toutes les salles n'ont pas encore toutes été fouillées et seulement 4% de l’ancienne ville des Croisés aurait été découverte...

Une chose est sûre, les Chevaliers d'Acre n’ont pas livré tous leurs secrets…


Lustre et plafond de la grande Salle des Croisades
 

    Les croisades offrent un bel aperçu de la manière dont l'Histoire est réécrite d'une génération à la suivante, surtout en fonction des préjugés du moment. Car il est clair que ces salles mettent en scène uniquement les principaux faits héroïques de l'Occident menés par les Ordres chevaleresques, une vision parfaitement subjective et partisane.

   En 1952, l'historien orientaliste René Grousset publia à l'adresse du grand public un récit intitulé : L'épopée des croisades, un titre qui passerait mal dans l'Europe du XXIe siècle. L'ouvrage célèbre du romancier d'origine libanaise Amin Maalouf est significatif de cette évolution : "Les croisades vues par les Arabes". Dans la dernière édition de cet essai (édition J'ai Lu, octobre 2005), on peut lire au dos : « Ils [les croisés] resteront deux siècles en Terre Sainte, pillant et massacrant au nom de Dieu. Cette incursion barbare de l'Occident au cœur du monde musulman marque le début d'une longue période de décadence et d'obscurantisme. Elle est ressentie aujourd'hui encore, en Islam, comme un viol ! »

    Les Croisés étaient en effet vus par les musulmans comme de vrais barbares, mais qu'est devenu l'Ordre de Saint de Jérusalem ? Et qui conserve jalousement les cinq Salles des Croisades au Château de Versailles ?



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