Versailles et les Salles des croisades - Rennes-le-Château Archive
Les salles des Croisades 8/8 Un lieu réservé à un ordre...
Malte
Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret
Serait‑il
possible qu'un lieu hautement historique, situé dans le
plus célèbre château du monde, soit habituellement interdit au
public ?
Peut‑on imaginer un espace extraordinaire difficilement
accessible et qui concerne les pages les plus
passionnantes et les plus occultes de notre Histoire ? Plus incroyable
encore, serait‑il envisageable que ce lieu concerne
également l'énigme des deux Rennes ?
La réponse est oui, car ce lieu existe et sa réputation est
planétaire puisqu'il s'agit du Château deVersailles. Quant
à l'endroit précis, il concerne une salle ; en fait 5 salles offrant un
véritable trésor du passé. Mais il est inutile de se
précipiter dans le château musée, vous trouverez
certainement porte close...
Ces salles sont en effet protégées, réservées, plus exactement dérobées au
regard du public, et cela depuis plusieurs décennies...
Elles furent malgré tout ouvertes durant la dernière
exposition consacrée à Louis‑Philippe fin 2018.
Difficile en effet d'occulter ce joyau qui fut tant
choyé par le monarque...
Alors que
le public découvre certains pans occultes de notre
Histoire suite au désastre de ND de Paris,
les Salles des Croisades permettent de se replonger sur
deux siècles tourmentés. Huit croisades vont effet se succéder
entre 1096 et
1270 et marqueront l’Histoire de France et de l’Europe, des faits
d’armes particulièrement violents qui sont aussi le
symbole de l’intolérance religieuse et conquérante.
Elles participèrent néanmoins à stabiliser le royaume de
France en focalisant l’attention du peuple vers une
quête lointaine et spirituelle. Elles contribuèrent
aussi à développer les échanges entre l’Orient et
l’Occident, apportant richesse et progrès.
Quant à l'énigme de Rennes, il est maintenant sûr que
les Croisades sont un axe de recherche
majeur avec les Wisigoths et les
Celtes. L'épisode des Chevaliers autour
de Hugues de Payens entre 1102
et 1125 et surtout la chute de
Saint‑Jean‑d'Acre sont autant d'évènements
historiques qui trouvent parfaitement leur place dans la
grande fresque des deux Rennes...
Les Salles des
Croisades furent exceptionnellement ouvertes à l'occasion
de l'exposition "Louis‑Philippe et Versailles"
qui s'est tenue au musée
entre le 6 octobre 2018 et le 3
février 2019
Le Château de Versailles
recèle un trésor historique méconnu : "Les Salles des Croisades"
Un lieu réservé à un ordre et
à une élite... L'Ordre de Malte
Les 5 salles des Croisades, un lieu très réservé
Si l'accès du public aux 5 salles est extrêmement limité, ce
n'est pas le cas pour tout le monde. Certes, face à cette
restriction, on peut évoquer l'argument d'un lieu
sensible, un espace troublant dédié plus à la gloire des
Croisés qu'à un réel objectif pédagogique et historique.
Le thème de l'Occident envahissant le monde musulman y est
clairement effacé ; quant à la partialité des scènes
présentées, elle est évidente. De plus, prétendre résumer les
Croisades en une série de tableaux retraçant
les faits marquants des ordres chevaleresques relève d'une
véritable naïveté.
Pourtant, il ne faut pas se tromper.
Si cet espace reste historiquement sensible, il est
aussi réservé à une élite, à un Ordre
bien particulier : l'Ordre de Malte. De façon régulière,
cette assemblée séculaire utilise en effet le cadre
historique pour des réunions privées ou des
manifestations d'un autre temps.
À titre d'exemple, cette cérémonie d’admission qui se
déroula dans les Salles des Croisades après une
préparation spirituelle et la bénédiction des croix de
nouveaux membres de l'Ordre. La cérémonie religieuse
était
dirigée par Mgr Thomazeau, chapelain général de
l’Association française des membres de l’Ordre de Malte,
en présence du Prince de La Rochefoucauld‑Montbel,
Grand Hospitalier de l’Ordre à Rome.
L'une des cérémonies de l'Ordre de Malte dans la chapelle de
Versailles après être passé par les Salles des Croisades
juste à côté
L'Ordre de Malte
Frère Gérard
ou Gérard l'Hospitalier
(1047‑1120)
fondateur de l'Ordre de Malte
Ses origines
L'Ordre de Malte porte le nom officiel d'Ordre
souverain militaire hospitalier de saint Jean de
Jérusalem, de Rhodes et de Malte.
L'origine de l'Ordre de Malte
(également appelé Ordre de Saint Jean de Jérusalem) se trouve
au monastère Sainte‑Marie‑des‑Latins fondé à Jérusalem
au milieu du
XIe siècle
par quelques marchands d'Amalfi.
Le Supérieur,
Gérard, crée vers 1080
à côté de son monastère un « hôpital » ou hospice, dédié
à Saint‑Jean. Son rôle est d'accueillir et de soigner
les chrétiens venus accomplir un pèlerinage en Terre
Sainte. En ce temps‑là, Jérusalem est sous domination
musulmane.
Il faudra attendre la
première Croisade en 1099
pour que Jérusalem passe sous la domination
chrétienne. Cette prise voulue par le pape
Urbain II crée une importante insécurité
dans la région, poussant les frères hospitaliers
reconnus comme Ordre monastique le 15 février
1113 par le pape Pascal II, à
devenir un ordre militaire, le deuxième en Terre
Sainte après les Templiers.
Le premier Grand maître et successeur de frère Gérard est
Raymond du Puy, élu en 1120.
Il organise l'Ordre et instaure une règle
inspirée de celle de Saint‑Augustin en 1135. L'organisation
est structurée en
trois classes : les guerriers dits "bellafores", les
religieux "sacerdotes", et les travailleurs
"laboratores". Malgré la protestation de l'Église
contre cette militarisation à vocation hospitalière,
le statut est accepté après la prise de Jérusalem en
1187 par Saladin. Les membres de
l'Ordre prennent comme cri de guerre : Saint‑Jean,
Saint‑Jean !
Raymond Du Puy
(Versailles)
Les premiers
dons à l'Ordre de l'Hospital viennent de
Godefroy de Bouillon qui va faire donation d'un
casal à Hessilia et de deux tours à Jérusalem. Le
premier patriarche d'Antioche cède un emplacement face à
l'hôpital d'Antioche, puis le roi de Jérusalem Baudouin
de Boulogne confirme en 1110 les
possessions des Hospitaliers à Jérusalem, Naplouse,
Jaffa, Acre, Ascalon, Azot, Césarée, Qaqoum, dans le
Soeth, à Haïfa, Capharnaüm, Ramallah, Saint‑Georges,
Saint‑Abraham et Jéricho.
Raymond du Puy naquit vers 1080 et mourut entre 1158 et
1160.
Issud'unefamillenobleduDauphiné quiapourberceaulaterredePeyrinsetMontbrunprèsdeValence, Raymond du Puy fut
le premier Grand maître de l'Hospital de Saint‑Jean
de Jérusalem de 1121 à sa mort, après
le fondateur Gérard de Martigues. Il s'illustraàlatêtedeseschevaliersparsesexploitset sa prise d'Ascalonen
1153.
La familleduPuyestl'unedesplusanciennesetillustres maisonsdeFrance. Raymond du Puy
mourut vers l’an 1159, dans l’hospice
de Saint‑Jean.
Sur la
demande de Raymond du Puy, le pape
Innocent II attribue aux Hospitaliers
le drapeau rouge à croix blanche en 1130
pour les différencier des Templiers qui portent la croix
rouge sur fond blanc. Mais c'est lors de la
parution en 1496 des princeps de
l'Ordre pour que la forme de la croix à quatre branches
bifides trouve une signification spirituelles à
travers les huit béatitudes du Christ. Avant cette date,
les différentes illustrations montrent une croix pattée,
potencée ou encore simple.
L'origine exacte de la
croix de Malte reste inconnue.
Toutefois, on la trouve utilisée pour la première fois par l'Ordre
de Saint‑Jean de Jérusalem. La croix blanche à
8 pointes était alors apposée sur la tenue noire des desservants de
l'hôpital de Saint‑Jean le Baptiste à Jérusalem. L'Ordre de
Saint‑Jean de Jérusalem utilisa ensuite cette croix
blanche, mais sur fond rouge, comme pavillon de la
flotte de l'Ordre. Elle devint enfin un symbole chrétien
servant à distinguer des ordres religieux comme pour
l'Ordre de Saint‑Lazare de Jérusalem avec la même
croix, mais verte.
Il faut aussi noter la
similitude géométrique de la croix de Malte avec le
célèbre tracé de la dalle de Coume
Sourde, une comparaison
souvent évoquée dans les études castel rennaises qui
mêlent également les deux petites croix pattées.
La dalle de Coume Sourde (relevé d'Ernest Cros) Version telle que Gérard de Sède la publia en 1967
Les Hospitaliers dérivent vite vers un ordre militaire à
l'instar des Templiers, avec lesquels ils se disputent souvent
l'issue des batailles et les conquêtes.
Hospitaliers et Templiers jouent alors jusqu'au
XIIIe siècle un rôle primordial auprès du royaume de
Jérusalem.
L'Hôpital construit aussi des châteaux en Terre Sainte comme Margat
ou le
Krak des Chevaliers. En 1137, ils reçoivent de
Foulques Ier, roi de Jérusalem, la
garde de la forteresse de Bath‑Gibelin, et en
1142 celle du Krak des Chevaliers. Leur
structure militaire et leurs places fortes font des
Hospitaliers une armée très efficace, n'hésitant pas à
s'ingérer dans la conduite du royaume, formant à la cour
un véritable mouvement "de la guerre" qui s'oppose aux
« poulains », seigneurs francs nés en Terre Sainte et
plus favorables à une entente avec les musulmans.
La puissance
de l'Ordre vient surtout de ses possessions en Occident,
sa vocation militaire et monastique attirant les faveurs
de l'aristocratie qui se sent plus proche des
moines‑chevaliers que des institutions ecclésiastiques.
Cela est particulièrement frappant dans le Midi de la
France et dans la péninsule ibérique. Le roi
Alphonse Ier d'Aragon ira jusqu'à laisser le
tiers de son royaume aux ordres militaires à sa mort en
1134. Les dons reçus d'Occident sont
investis par les Hospitaliers en commanderies,
elles‑mêmes regroupées en prieurés, puis en grands
prieurés, dont les chefs, les prieurs, répondent
directement au Grand‑maître, chef suprême de l'Ordre.
Il faut
attendre 1206 pour que paraissent les
premiers statuts officiels de l'Ordre, en accord avec la
structure médiévale, soit trois classes :
La classe combattante :
chevaliers, nobles, et sergents roturiers destinés à
défendre la Terre sainte par les armes. C'est parmi les
chevaliers que l'on trouve les responsables de l'Ordre,
commandeurs, prieurs et Grand‑maître.
La classe des religieux : les
chapelains
La classe des
travailleurs : les
frères servants
Tous sont
soumis aux vœux religieux à la différence des confrères,
chevaliers qui se joignent temporairement à l'Ordre ou
font promesse de s'y joindre à l'article de la mort,
pour bénéficier ainsi de sa protection spirituelle tout
en menant une vie laïque. Les Hospitaliers doivent, en
plus de leur action militaire, se consacrer aux soins
des malades, entretenir les hôpitaux en Terre Sainte et
en Occident, et accueillir les pèlerins. Entre le
XIIe et le XIIIe siècle,
c'est pourtant la fonction militaire qui prendra le
dessus, au moins pour la Terre Sainte.
Chypre
L’Ordre se
développe très rapidement avec des branches dans les
différents pays d’Europe. Après la chute de
Saint‑Jean d'Acre en 1291, il abandonne la Terre sainte en
1291 et s’installe à Chypre.
Mais
en 1291 la dernière ville chrétienne de Terre Sainte,
Saint‑Jean‑d'Acre, défendue par les Templiers et les
Hospitaliers, tombe, et le maître Hospitalier, Guillaume
de Villiers est gravement blessé lors de la bataille.
Alors que l'Ordre du Temple se réorganise en Occident,
l'Ordre des Hospitaliers se replie vers Chypre où se
trouve le roi titulaire de Jérusalem, Henri II de
Lusignan, qui voit d'ailleurs d'un mauvais œil la venue
en son royaume d'une organisation aussi puissante.
En 1301,
l'Ordre se réorganise et instaure une structure basée
sur les Langues. Les groupements régionaux fondent de
grand prieurés, eux‑mêmes rassemblés en commanderies et
qui sont au nombre de huit : la Provence (dont les
prieurés de Toulouse et Saint‑Gilles), l'Auvergne, le
nord de la France, l'Espagne et le Portugal, l'Italie,
l'Angleterre (dont les prieurés de l'Écosse et de
l'Irlande), l'Allemagne (dont les prieurés de Bohême, de
Danemark, de Haute‑Germanie, de Basse‑Germanie, de
Hongrie, de Pologne et de Suède)
Rhodes
La rivalité
avec le roi de Chypre ne cesse de s'accentuer et l'Ordre
finit par conquérir l'île de Rhodes entre 1307 et 1310.
Au départ bysantine, l'île devient le nouveau siège des
Hospitaliers. Leur position insulaire permet le
développement d'une grande flotte qui fera leur
réputation. C'est aussi à cette date que leur richesse
va s'accroître par le transfert des biens des
Templiers en 1312.
L'Ordre « de
Rhodes » affirme alors son pouvoir, attaquant
même des bateaux chrétiens et pratiquant l'esclavage.
Signe d'un enrichissement de l'Ordre en même temps que
d'une conquête de souveraineté, les grands maîtres se
mettent à battre monnaie à leur effigie. Mais,
parallèlement à ce contrôle maritime qu'exercent les
chevaliers de Rhodes sur la mer Égée, la dynastie
ottomane prend peu à peu le dessus sur l'empire
agonisant de Byzance et les États latins de Grèce nés de
la quatrième Croisade.
En
1396, une Croisade soutenue par l'Ordre
essuie un échec sanglant à Nicopolis et le sultan
Bajazet Ier a les mains libres dans les Balkans. Pour
l'Ordre, le rêve de reconquête des Lieux Saints est
définitivement perdu. En 1453 le sultan
Mahomet II s'empare de Constantinople ; le Grand maître
Jean de Lastic se prépare à un siège.
Celui‑ci n'arrive pourtant qu'en 1480
et le Gand maître Pierre d'Aubusson
repousse à trois reprises l'assaut des troupes du pacha
Misach, ancien prince byzantin converti à l'Islam, grâce
à des secours en provenance de France, conduits par le
propre frère du grand maître, Antoine d'Aubusson.
Le siège décisif a lieu en 1522. Le
sultan Soliman le Magnifique assiège pendant cinq mois
la ville de Rhodes avec 200 000 hommes et ne parvient à
la prendre qu'à la suite de la trahison du grand
chancelier d'Amaral. Impressionné par la résistance
héroïque du grand maître Philippe de Villiers de
L'Isle‑Adam, il accorde libre passage aux
chevaliers rescapés. Emportant dans 30 navires
leur trésor, leurs archives et leurs reliques, dont la
précieuse icône de Philerme, l'un des symboles
de l'Ordre, les chevaliers quittent définitivement la
Méditerranée orientale et la proximité avec le monde
musulman.
Philippe de Villiers
de L'Isle‑Adam naquit
à Beauvais en 1464 et mourut à Malte le
21
est le
44ème Grand maître des Hospitaliers. Il rejoignit
Rhodes en août après avoir échappé au corsaire turc
Curtogli. Il apportait avec lui d'importants renforts en
hommes, en armes et en munitions. En 1522,
il défendit avec 600 chevaliers et 4 500 hommes l'île de
Rhodes attaquée par
200 000 hommes de Soliman le Magnifique.
Au terme d'un siège de six mois, Villiers de
l'Isle‑Adam dut capituler après une héroïque résistance,
en
.
Malte
Finalement,
le vaisseau amiral des Hospitaliers appareille avec
d'autres navires à l'aube du
pour une navigation de
7 ans vers Candie, Messine, Civitavecchia,
Villefranche‑sur‑Mer et Nice. L'Ordre séjourna à Viterbe
de 1523 à 1527. Après
une longue période d'incertitude, durant laquelle
Villiers de l'Isle‑Adam voyage et
séjourne à Rome, Charles Quint, sous la
pression du pape, leur cède l'archipel maltais. L'Ordre
s'y installe en 1530.
Philippe Villiers de l'Isle‑Adam meurt le
. Il est enterré dans la chapelle
Sainte‑Anne du château Saint‑Ange à Malte. En 1577,
après la construction de la co‑cathédrale Saint‑Jean de
La Valette, son corps est transféré dans la crypte de
celle‑ci où il repose depuis.
L'Ordre restera
à Malte jusqu’en
1800 lorsque les
Anglais prennent l’île. Finalement, le
siège de l'Ordre de Malte sera transféré à Rome en 1834.
Appelés Chevaliers de Rhodes à
partir de 1309 et Chevaliers de
Malte à partir de 1530, ils sont les héritiers des biens Templiers
(bulle papale du 2 Mai 1312), excepté ceux confisqués par
Philippe le
Bel.
L'Hôpital connaîtra toutefois dans le milieu du XIVe
siècle une crise religieuse et économique due au système qui régit les
commanderies. L'Ordre est alors menacé de
se voir retirer les biens du Temple par le pape Innocent VI.
La fin du Moyen‑Âge transformera l'Hôpital comme une principauté
chrétienne défendant l'île de Rhodes.
L'Ordre de Saint‑Jean prend possession
de l'île de
Malte le 26 octobre 1530 avec le Grand‑Maître
Villiers de l'Isle‑Adam
Salle des Croisades ‑ Versailles
L'Ordre
de Malte et les Templiers
À la
différence de l'Ordre de Malte, l’Ordre des Templiers
était le seul ordre
monastique et militaire exclusivement guerrier. il ne
possédait aucune activité hospitalière et devint l’Ordre le plus
puissant et le plus diversifié par son recrutement durant
les 200 ans d'existence des États latins de Terre
sainte.
Avantagés par de nombreux privilèges comme la dispense
de la dîme,
les Templiers se développèrent de manière fulgurante et acquirent
de nombreuses terres. Un patrimoine considérable s'amassera
avec plus de 3500 châteaux, forteresses et maisons,
le tout accompagné de richesses considérables. Sur le plan
politique, l’Ordre prit une importance telle qu’au XIIIe siècle les Templiers apparaissent comme les vrais
gouverneurs de
l’Orient latin au détriment du pouvoir séculier, et iront
jusqu’à s’opposer aux Hospitaliers dans leurs alliances.
Mais la chute de Saint‑Jean‑d’Acre et la fin des États
latins d’Orient en 1291 va marquer un
tournant décisif dans l'avenir de l'Ordre. L’existence du Temple se trouve
en effet
remise en question : alors que sa mission est de combattre
l’infidèle, l’Ordre est accusé de nombreux méfaits comme
l'hérésie, la sodomie et le satanisme. Il s'agit en
réalité d'une cabale montée exclusivement à charge
contre un pouvoir Templier et guerrier devenu trop
puissant au goût du roi Philippe le Bel
et du pape.
En 1312, le pape dissout
l’Ordre du Temple par la bulle Vox clementis. Au moment de
sa dissolution, tous les biens de l’Ordre des Templiers furent
transférés aux Hospitaliers, et donc à l'Ordre de
Malte.
L'Ordre
de Malte aujourd'hui
Même s'il ne possède
plus d'armée, l'Ordre de Malte est
toujours officiellement militaire et
conserve sa souveraineté cinq siècles après la mort
de Pierre d'Aubusson. Il peut
émettre des timbres, battre monnaie, faire des passeports,
et posséder des ambassadeurs. Malgré tout, c'est une souveraineté sans
territoire et au pouvoir limité : l'Ordre est dépendant du Vatican et est toujours catholique.
Le
Grand‑maître est cardinal et pourtant,
en 1961 Jean XXIII approuve la nouvelle chartre de
l'ordre qui confirme son indépendance vis‑à‑vis des
états et de l'Église.
L’Ordre de Malte
appartient aux ordres hospitaliers, des
organisations
religieuses spécialisées qui apparaissent à la fin du
XIe siècle et qui se consacrent au soin des malades. Sa fonction hospitalière est aujourd'hui bien réelle et fait de
l'Ordre de Malte le plus ancien organisme humanitaire. Son
900e anniversaire a été fêté en
1999. L'Ordre de Malte
représente la "Croix Rouge" catholique.
La fête de l'Ordre de Malte a lieu le 24 juin, jour de la
Saint‑Jean‑Baptiste. Tous les ans, ce même jour, les chevaliers français
se réunissent au château de Versailles.
Jean Baptiste est en effet le saint protecteur de l'Ordre de
Malte, mais il existe d'autres ordres de Saint Jean ayant
tous la même croix dite de Malte.
Jehan Bonpar de Lastic (1371‑1454)
36ème Grand‑Maître de l'Ordre de
Malte en 1437
(Salle des Croisades ‑ Versailles)
L'île de Malte et La Valette
C'est le 28 mars 1566
que Jean Parisot de La Valette
posait la pierre fondatrice de la future base des
célèbres « Chevaliers de Malte ».
Aujourd'hui, Malte, ou République de Malte,
est un État insulaire d'Europe situé au milieu de la
Méditerranée. À 93 kilomètres au sud de la
Sicile, il est constitué d'un archipel de huit îles
dont quatre sont habitées. La capitale est "La Valette",
véritable joyau baroque de la Méditerranée. La ville
est en effet un concentré d’architecture
et de monuments jamais égalés au monde.
Classée patrimoine de l’UNESCO, ses
palais, ses églises et ses musées renferment des trésors
qu'il est difficile d'énumérer.
La Valette, son port et ses
remparts ‑ Malte
La Co‑cathédrale Saint‑Jean
La Co‑cathédrale Saint‑Jean
située à La Valette est l'un de ses plus beaux
joyaux. L'édifice catholique fut construit entre
1573 et 1577 par
les Chevaliers de l'Ordre
de Saint‑Jean de Jérusalem suivant les plans de
l'architecte militaire maltais
Ġlormu Cassar, déjà à l'origine de plusieurs
édifices importants de La Valette. Financée et commandée en
1572 par Jean de La Cassière, Grand Maître de l'Ordre, il
en fit l'église
conventuelle des chevaliers et une
cocathédrale, titre conféré par
Pie VII en 1816
puisqu'elle partage ce titre avec la
cathédrale Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Paul de
Mdina, l'ancienne capitale maltaise. L'église est dédiée
au saint patron de l’Ordre de Saint‑Jean : saint
Jean‑Baptiste ou saint Jean‑le‑Baptiste. Décidée
sous le grand magistère de Pietro Ciocchi del Monte
San Savino, sa construction débuta en 1573
sous le règne de Jean Levesque de La Cassière et
s'acheva cinq années plus tard.
La Co‑cathédrale Saint‑Jean à
La Valette ‑ Malte
La co‑cathédrale Saint‑Jean est un chef‑d'oeuvre de l'art baroque possédant un intérieur
d'une richesse incomparable. Décorée par
Mattia Preti, le sol tout de marbre est entièrement formé de
cénotaphes, un pavement qui renferme 369 pierres
tombales des Chevaliers de l'Ordre de Malte.
Quant à la crypte, elle renferme les tombes de 12 Grands maîtres dont
Philippe de Villiers de L'Isle‑Adam,
Claude de La Sengle,
Jean de Valette et
Alof de Wignacourt.
La cathédrale Saint‑Jean à La Valette
‑ Malte
Le sol de marbre renferme les pierres tombales des
Chevaliers de l'Ordre de Malte
La cathédrale Saint‑Jean à La Valette
et l'une de ses chapelles ‑ Malte
Si l’extérieur de la cathédrale Saint‑Jean est sobre
et de style maniériste, l’intérieur est
exceptionnellement riche et baroque,
particulièrement dès le début du XVIIe
et dans les années 1660 sous
l’impulsion du Grand Maître Rafael Cottoner y de
Oleza (1660‑1663). L’église fut continuellement
embellie, grâce aux contributions des Grands
Maîtres, des Chevaliers et des dignitaires
étrangers ; jusqu’à devenir un des plus beaux sites
baroques religieux : monuments, motifs sculpturaux,
peintures, dorures, marbres, mausolées, boiseries…
Tout comme à Mdina, le lieu est
célèbre pour son pavement de
pierres tombales des chevaliers les plus prestigieux de l’Ordre,
toutes décorées de blasons héraldiques. Les
épitaphes des illustres Chevaliers sont inscrites en
latin sur chaque plaque et imagée par des blasons et
des scènes allégoriques de la vie du défunt
accompagnés de représentation de batailles, d’armes
et de squelettes.
Cette richesse largement exposée prouvent
un fait : l'Ordre de Malte était immensément
riche et l'une des explications se trouve dans l'héritage
des biens Templiers après leur abolition par le pape
en 1312.
La cathédrale Saint‑Jean à La Valette
‑ Malte
Du marbre en homage aux chevaliers de l'Ordre de saint
Jean
Le supérieur de l'Ordre souverain de Malte porte le
titre de Grand maître. Il est élu à vie par le
chapitre général de l'Ordre et ce titre est la plus
haute autorité de l’Ordre. Il possède les mêmes
droits et le même rang que les cardinaux.
Jean de La Valette Parisot
(1494‑1568) ou encore Jean de Valette,
est le Grand maître le plus connu pour avoir
notamment mené la défense lors du Grand Siège
ottoman de 1565. Il est souvent qualifié de
« plus grand homme de guerre de son temps » et
meurt le 21 août 1568, à l’âge de
74 ans. Son corps repose dans la crypte de l’église
conventuelle de l’Ordre (co‑cathédrale Saint‑Jean)
avec 11 autres Grands maîtres.
L'Ordre de Malte et une élite
L'une des cérémonies de l'Ordre de Malte dans la chapelle de
Versailles après être passé par les Salles des Croisades
juste à côté
Vous l'aurez compris, les Salles des Croisades sont
préservées et occultées par l'Ordre de Malte.
Suite à la cérémonie d’admission qui se déroula dans les
Salles des Croisades, une messe solennelle fut ensuite
célébrée dans la chapelle du Château de Versailles. Était aussi présents en cette fête de Saint‑Jean‑Baptiste,
le Comte de Beaumont‑Beynac, Président de l’Association française
des membres de l’Ordre Souverain de Malte et la
princesse Marie Marguerite de Bourbon, duchesse d’Anjou dans
l’Ordre Souverain de Malte en qualité de Dame
Grand‑Croix d’Honneur et de Dévotion.
Observez maintenant les dames en capes noires et croix
de Malte. Avez‑vous reconnu l'une d'elle ?
Il s'agit bien sûr de Madame Chirac à gauche de la
duchesse d’Anjou.
L'Ordre de Malte,
laïc et séculier, héritier
des Hospitaliers, oeuvre aujourd'hui pour des missions
humanitaires auprès des populations déshéritées.
Quelques dates qui résument l'Ordre de Malte
XIe
Des Latins originaires d'Amalfi
(Campanie) créent le monastère saint Jean Eleymon (saint Jean
l'Aumonier) à Jérusalem avec
hospice.
1095
Le pape Urbain II prêche la
première Croisade et son appel connaît un très fort
retentissement. Les pèlerinages sont très pratiqués et
celui de Jérusalem qui est le plus important attire les
chrétiens qui peuvent s'y rendre sans problème. La Palestine
est sous l'autorité des Arabes depuis le VIIe
siècle. La menace ne vient pas des Arabes, mais des Turcs
alors convertis à l'Islam. Originaires de l'Asie, ils
prennent le pouvoir en Perse et envahissent l'Asie
Mineure à partir de 1067 (l'actuelle Turquie qui faisait
alors partie de l'Empire byzantin). N'ayant pas les
moyens de résister, l'empereur byzantin
demande de l'aide au
pape. L'appel à la défense de l'empire chrétien d'orient
va alors susciter la reconquête du tombeau du
Christ…
15
juillet 1099
Les Croisés conquiert Jérusalem
lors de la première
Croisade.
Le supérieur du monastère latin, frère Gérard, crée l'hospice
saint Jean en l'honneur de saint
Jean Baptiste, plus connu par les Européens que saint
Jean l'Aumonier. L'hospice deviendra un ordre
monastique et militaire dont la fonction est de secourir
et protéger les pèlerins.
1113
L'Ordre Hospitalier est
approuvé par le pape. Son nom officiel est : Ordo Equitum
Hospitaliorum Sancti Iohannis Hierosolimitani.
1118
Un baron de Champagne, Hugues de Payens créée l'Ordre
militaire
des Templiers (situé dans
le quartier du Temple de Salomon). Sa mission est aussi de protéger les pèlerins. Des commanderies sont fondées
en Europe et regroupées en prieuré. Les
possessions de terres permettent de récolter des fonds.
1291
Prise de Saint‑Jean d'Acre.
Les Ordres sont chassés
de Jérusalem et s'installent à Chypre. L'Ordre des Templiers retourne en Europe.
L'Ordre de
saint Jean reste en Orient avec l'espoir de retourner à
Jérusalem. Chypre est sous la souveraineté des Lusignan,
une famille originaire du Poitou, mais la cohabitation est
difficile.
1310
L'Ordre de saint Jean s'empare de l'île de
Rhodes. L'Ordre devient
souverain et règne sur l'île. Il construit des
fortifications et se dote d'une flotte.
1312
L'Ordre des Templiers est aboli par le pape.
Ses
biens reviennent à l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem.
1522
L'Ordre de saint Jean est chassé par les
Turcs de
Rhodes. Le Grand maître est alors Philippe
Villiers de l'Isle‑Adam.
1530
Charles Quint offre l'île de Malte
à l'Ordre de saint Jean et sa fonction militaire est de protéger
l'Europe contre les Turcs. Malte, la Sicile et Naples font alors partie de
l'Aragon : le roi d'Espagne Charles Ier
est aussi empereur germanique sous le nom de Charles V
ou Charles Quint). L'Ordre de Rhodes devient alors l'Ordre de Malte.
Il est souverain de Malte et entreprend, comme à
Rhodes, les fortifications de l'île.
XVIe
Des commanderies allemandes deviennent
luthériennes et l'Ordre allemand protestant est créé :
Johanniter
Orden. La branche anglaise devient le
"Venerable Order of Saint John". L'ordre anglais
est anglican.
1565
Les Turcs attaquent Malte. C'est le grand siège et
la défaite des Turcs. Le Grand maître est alors Jean de la
Valette‑Parisot. Il fonde la ville qui portera
son nom : La Valette.
1792
La Révolution française confisque les biens de
l'Ordre de Malte, car l'Ordre recrute ses chevaliers parmi
la noblesse et c'est contraire au principe de l'égalité
de la République. L'Ordre perd ainsi les trois quarts de ses
revenus.
1796
Napoléon Bonaparte triomphe dans les
guerres d'Italie. Le grand maître Ferdinand von
Hompesch craint la République française et
demande au tsar de Russie, Paul Ier, de
devenir le Protecteur de l'Ordre. L'Ordre perd ainsi sa neutralité et s'allie avec un
ennemi de la France.
1798
Napoléon Bonaparte, en route pour l'Égypte, s'empare
aisément de Malte et l'Ordre est chassé de l'île. La
souveraineté de Malte revient à la République française
puis à l'Angleterre en 1800.
1834
L'Ordre de Saint Jean s'installe à Rome, 68 via Condotti.
1863
La
Croix Rouge est crée par le protestant genevois Henry
Dunant. C'est un organisme non‑religieux et son essor va
regénérer les différents ordres de Saint Jean qui
chercheront à l'imiter.
1999
L'Ordre de Malte remet les pieds sur l'île.
La
République de Malte met à sa disposition le fort saint
Ange.