La tragédie des Cathares
2/3 Les croisades albigeoises et
l'Inquisition
Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret
Le Grand
Sud-Ouest français qui regroupe aujourd’hui l’Aquitaine
et l’Occitanie est une région extrêmement riche en
patrimoines et en Histoire. Des personnages très célèbres
ont forgé sa culture, son passé et ses traditions comme
Aliénor d’Aquitaine, duchesse
d’Aquitaine et comtesse de Poitiers, Reine de France et
d’Angleterre, Napoléon III et ses
constructions révolutionnaires à Saint-Jean-de-Luz,
Biarritz ou Pau, Henri IV, roi béarnais
de France et de Navarre, Henry Russel
et sa grotte du Vignemale, Riquet et
son exceptionnel Canal du Midi… Le Sud-Ouest possède
aussi des trésors comme la grotte de Lascaux, le gouffre
de Padirac, la cité médiévale de Carcassonne, le Gers
gallo-romain ou la Gascogne et son fameux garde d'Artagnan...
La liste est longue...
Mais le Sud-Ouest a aussi été marqué par des tragédies et
l’histoire des
Cathares et du catharisme en est une.
Entre le Xe et XIIe siècle, une mystérieuse « hérésie »
fait son apparition dans le Midi de la France. Son expansion et sa menace sont telles que l'Église
catholique est contrainte de mener une guerre pour
l'éradication de cette religion. Trois croisades seront
menées par le royaume de France, et il s'agit surtout pour
le Roi de dominer tout le Languedoc et
l'Aquitaine. La lutte contre les Cathares alias les
Albigeois s'achèvera officiellement par
la chute de la forteresse de Montségur en 1244,
mais elle se poursuivra jusqu'au XIVe siècle.
Qui
étaient les Cathares ? Pourquoi ont-ils été persécutés ? Pourquoi
cet épisode tragique de l'Histoire de France est-il
resté si méconnu ?
Quels sont les liens subtils avec l'affaire de
Rennes-le-Château ? Qu'en est-il de leur prétendu
trésor ? De leurs légendes ? Qui était vraiment
Déodat Roché ?
Les questions ne manquent pas autour de cette page
que l'Histoire tente d'oublier et qui demeure encore pour beaucoup
mal comprise.
D'autant que quelques historiens (1) réfutent
aujourd'hui l'existence même des Cathares, prétendant qu'il ne
s'agirait que d'un mythe construit sur une absence
totale de source historique. Mieux, la chasse à
l'hérétique aurait été organisée par le pouvoir royal
pour uniquement intervenir brutalement dans le Midi de la France,
un pays dissident. Or, il faut savoir que l'Église de
Rome a très largement encouragé le déclenchement de la
croisade albigeoise, une guerre cruelle qui se
termina par l'Inquisition jusqu'en 1321,
date à laquelle fut brûlé le dernier Cathare connu...
Assisterait-on aujourd'hui à une révision de l'Histoire occitane afin
d'adoucir quelques rugosités de la chrétienté
médiévale ? Voici quelques rappels historiques afin que
chacun puisse construire son propre jugement...
(1) Dans ce contexte,
l’Université Paul-Valéry de Montpellier a proposé via son
centre d’études médiévales et durant les années
2018-2019, l'exposition "Les Cathares : une idée
reçue" qui fut présentée dans plusieurs villes, dont
Béziers.
Enluminure montrant le pape
Innocent III excommuniant des Cathares
et à droite des croisés les massacrant Bibliothèque royale
britannique (BL Royal 16 G VI, fol. 374v)
La période des
croisades
De 1208 à 1218 - La première
croisade albigeoise
Si la période
cathare fascine aujourd'hui pour son aspect
mystico-religieux et ses mystères, elle est aussi
synonyme d'un drame humain effroyable. Cette période
qui s'étale sur trois siècles représente en effet l'une des
plus sombres de notre Histoire, marquée par un
génocide qui fera plus d'un million de morts et que
l'on habille sous l'appellation "croisade
albigeoise"...
En 1177, le comte Raymond V
de Toulouse demande à l'abbaye de Cîteaux une
aide pour combattre l'hérésie qui ne cesse de
croître. Il s'associe alors avec l'abbé Henri de Marsiac pour
organiser une expédition et assiéger Lavaur, l’un
des centres de l'hérésie. Lorsque la cité se rend,
deux Cathares sont capturés et abjurent leur foi,
mais l'hérésie reprend de plus belle. Et lorsque
son fils, le Comte de Toulouse Raymond VI, succède à son père
en 1194,
l'hérésie est trop installée pour envisager une
quelconque action. De plus, une partie de la classe
dirigeante est déjà convertie au catharisme.
La première croisade est déclenchée par un évènement
qui aurait pu passer inaperçu. Le 15 janvier
1208, le légat du pape, Pierre de
Castelnau, est assassiné par un écuyer de
Raymond VI comte de Toulouse.
Cet assassinat va mettre le feu aux poudres,
et à l’appel du pape Innocent III,
les seigneurs du Nord prennent la croix contre les
albigeois. La première croisade albigeoise est lancée et elle
va vite s'apparenter à une opération guerrière
brutale et extrêmement répressive.
Innocent III,
un pape à l'origine du massacre des Albigeois
176ème pape de l'Église
catholique, élu le 8 janvier 1198 sous
le nom d’Innocent
III,
il est considéré comme l’un des plus grands papes du
Moyen Âge. Pourtant, sous son règne qui commença en
1158, il organisa un véritable
massacre qui ravagea tout le Languedoc.
Cette première croisade de catholiques contre des chrétiens
provoqua notamment le sac de Béziers et des milliers de
morts. Cette répression sanguinaire durera jusqu'à la
fin de son pontificat et se poursuivra avec
l'Inquisition tout aussi meurtrière.
Le pape Innocent III
(1160-1216) Détail d’une fresque du
cloître du sanctuaire du Sacro Speco
à Subiaco
Innocent
III
fut aussi un chef d'Église impitoyable et
autoritaire, exaltant au mieux la puissance du
Saint-Siège. À partir de 1199, il
organisa la lutte contre les hérésies et confia cette
tâche en 1213 à l’Inquisition, un
tribunal ecclésiastique d’exception. L'une de ses idées
majeures fut d'apporter un soutien à Dominique de Guzmán
(Saint Dominique) et à Saint François d’Assise en
validant leur première règle. Ce pape est
également celui qui géra le plus important concile du
Moyen Âge, le IVe concile du Latran. Ce concile est
resté célèbre pour les thèmes qui furent statués
comme : les dogmes, les sacrements, la réforme de
l’Église, la croisade, le statut et la discrimination
des Juifs et des Sarrasins. Enfin, c’est sous son pontificat qu’eut lieu la
quatrième croisade qui échappa à son contrôle
et se termina par le
sac de Constantinople, un évènement qui creusa le fossé entre
les
orthodoxes et les
catholiques romains.
La tombe du pape Innocent III
- Basilique Saint Jean de Latran à Rome
Le pape
Innocent III va
pourtant tenter de parlementer, mais ses démarches
resteront vaines, d'autant que les seigneurs du Pays
d'Oc ont une attitude plutôt favorable envers les
Cathares. Cette situation va fortement
l'irriter, n'hésitant pas à excommunier
Raymond VI. La force devient
alors
de son point de vue la seule solution pour remédier à
l'hérésie. L'assassinat du légat
Pierre de Castelnau le 15 janvier 1208 va servir de prétexte au
déclenchement des hostilités.
Dans un
premier temps, le papeconvainc le roi de
France, Philippe Auguste et ses
barons du nord, d'engager une répression dans le sud
de la France.
Consulté, le Roi se montre hésitant à
l'idée d'une campagne contre les États du Comte de
Toulouse, mais il répond finalement à l'appel. C'est le
début de la
croisade des Albigeois... Nous
sommes en 1209.
Arnaud
Amaury et Guy des Vaux de Cernay parcourent alors
le royaume de France afin d'inciter les barons à
prendre part à la croisade.
Innocent III brûlant des
hérétiques (miniature 1416)
Arnaud Amaury au pied du pape Innocent III
Le duc de Bourgogne
Eudes III
annonce son engagement à la croisade, suivi d'Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, et
de Gaucher III
de
Châtillon, comte de Saint-Pol. D’autres barons vont
aussi se rallier à la cause, et pour diriger l'expédition le Pape désigne
comme chef de la croisade le légat Arnaud
Amaury.
Les puissants vassaux
sont alors à la tête de 300 000 croisés
qui se rassemblent à Lyon et descendent par la
vallée du Rhône.
Une autre armée est également levée pour aller combattre
l'hérésie en Quercy et en Agenais. Elle est dirigée
par le comte Guy II d'Auvergne accompagné de l'archevêque de Bordeaux.
Trois principaux féodaux dominent alors
le Languedoc : le roi Pierre II d'Aragon
(comte de Barcelone, de Gévaudan, de
Roussillon, seigneur de Montpellier),
Raymond VI (comte de Toulouse) et Raimond-Roger
Trencavel (vicomte de Béziers, de Carcassonne et
d'Albi). Soupçonné
d'avoir encouragé le meurtre du légat Pierre de
Castenau, le comte de Toulouse Raymond VI se rallie à l'Église et malgré une mésentente avec
Trencavel, il rejoint la croisade le
18 juin 1209 à Saint-Gilles.
Les États du puissant roi Pierre II d'Aragon sont faiblement
touchés par le catharisme et les croisés décident de
ne pas l'attaquer. Arnaud Amaury va par contre
choisir les fiefs de Raimond-Roger Trencavel qui
abritent de nombreux
Cathares. Alors que la croisade atteint Montpellier,
Raimond-Roger Trencavel demande une entrevue à Arnaud Amaury et tente de négocier, mais le
légat exige une soumission complète. Trencavel
refuse...
Raimond-Roger Trencavel
Il naquit
en 1185 et disparut le 10
novembreembre
de la Maison Trencavel, il était vicomte d'Albi,
d'Ambialet et de Béziers (fiefs tenus du comte de
Toulouse), et vicomte de Carcassonne et de Razès
(cité de Redae ou Rennes-le-Château), fiefs tenus du
comte de Barcelone qui était dans le même temps roi
d'Aragon. Raimond-Roger est le fils de Roger II Trencavel
et d'Adélaïde de Toulouse, neveu du comte de Toulouse
Raymond VI.
Il fut l'un des héros, et en même temps l'une des
premières victimes de la croisade des albigeois.
Raimond-Roger vécut au château comtal de Carcassonne construit par
ses ancêtres au
XIe siècle. Comme
Raymond VI, il avait adopté l'attitude permissive et
libérale des seigneurs du Languedoc en matière de
religion, ce qui lui vaudra d'être aussi excommunié par
le Pape. Tolérant, il comptait sur la communauté juive
pour administrer Béziers, sa capitale et son principal
fief.
Raimond-Roger Trencavel veut protéger sa ville, Béziers.
La cité est mise
en alerte et il y fait amasser des armes et des vivres
tout en prévoyant que le siège ne pourra pas aller
au-delà de quarante jours, une limite correspondant
à l’engagement des croisés dans cette bataille.
Alors que la ville se tient prête, Trencavel se rend à Carcassonne afin de réunir
une armée. Heureusement, les fortifications de Béziers sont
solides et la résistance doit pouvoir durer
longtemps. Pour défendre la cité, les habitants se
mettent à assaillir les campements ennemis dressés aux pieds
des murailles, mais ce n'est que partie remise. Le 22 juillet 1209, profitant d'une
ouverture des portes des remparts, les mercenaires
et les chevaliers se glissent au coeur de la ville.
L'armée suivra très vite.
Arnaud Amaury
Comment
différencier l'hérétique et le catholique ? L'abbé de
Cîteaux, Arnaud Amaury avait
répondu : " Tuez-les tous, Dieu
reconnaîtra les siens ! " Béziers est incendié
et le massacre est terrible. 30 000 habitants sont
passés au fil de l'épée. Hommes, femmes, enfants,
vieillards, tous périssent dans un déferlement de
violence. Ceux qui ne sont pas morts dans les rues
et dans les habitations se réfugient dans la
cathédrale en pensant être hors de danger. Mais ce lieu de culte chrétien va
devenir un piège effroyable puisque les croisés
vont finir par y mettre le feu... Raymond-Roger de
Trencavel ira se replier à Carcassonne.
Le 26 juillet1209,
Béziers est
en ruines et les croisés se dirigent
maintenant vers Carcassonne. Trencavel va se retrancher
dans la ville qui abrite habituellement trois à
quatre mille habitants, mais le nombre est plus
important, car de nombreux paysans
sont venus s'y réfugier. L’armée est au pied de la
ville le 1er août, et le 3
août,
une première attaque permet aux croisés de prendre
le faubourg nord. L’eau de la ville est dorénavant
sous le contrôle des croisés.
Le lendemain, un assaut contre le Castellare est
repoussé, et le siège de la cité se met en place. Il
durera trois semaines. Des actes d’héroïsmes vont alors
marquer les batailles comme cette sortie de Trencavel,
tuant les soldats se trouvant dans les faubourgs.
Néanmoins, le manque d'eau et la surpopulation dans la
cité créent des conditions sanitaires déplorables incitant
le vicomte à négocier la reddition. Un accord est conclu
le 15 août 1209 et Carcassonne
est obligée de capituler. La
vie sauve est garantie à ses habitants, mais
ils doivent
quitter la ville en abandonnant tout derrière eux.
Les habitants sont expulsés de Carcassonne en 1209
Raymond
Roger de Trencavel
finit par se livrer comme otage, mais il mourra le 10 novembre1209 dans sa prison de la cité de
Carcassonne, probablement d'une dysenterie. Il n'aura
alors que 24 ans.
Simon de Montfort sera alors accusé de l'avoir fait
empoisonner, d'autant qu'il prendra ensuite possession des territoires de
Trencavel.
Le vicomte Raymond Roger
Trencavel arrêté par ordre du légat en 1209
(Histoire populaire de la France, 1862)
1209 à 1213 - La croisade continue sur le
Languedoc
Arnaud Amaury doit désigner un successeur à
Raimond-Roger Trencavel et il veut confier ses
vicomtés à un croisé avec la mission de continuer la
lutte contre l'hérésie cathare. Les trois plus
importants barons refusent, et le choix se porte sur
Simon IV de Montfort qui refuse dans un premier
temps, puis accepte à la condition que tous les
barons présents fassent serment de venir l’aider
s’il le faut. La croisade sera
finalement conduite par lui,
un personnage qui restera dans
l'Histoire pour son sens du stratège, sa bravoure,
mais aussi pour sa grande cruauté. Après Béziers, les croisés traversent
Montpellier et se dirigent
vers les terres de Raimond-Roger Trencavel.
Simon IV de Montfort
Simon IV de Montfort naquit entre
1164 et
1175 et
fut tué lors d’un assaut le 25 juin 1218 à Toulouse.
Seigneur de Montfort-l’Amaury
de 1188 à
1218, comte de Leicester en
1204, vicomte d’Albi, de Béziers et de Carcassonne de
1213 à
1218,
comte de Toulouse de 1215 à
1218,
il s'est rendu tristement célèbre lors de la croisade des
Albigeois. Issu de la maison de Montfort-l'Amaury, une
baronnie d’Île-de-France, son père, Simon (IV) de
Montfort était gruyer royal et son arrière-grand-père
Amaury III de Montfort était comte d'Évreux et sénéchal
de France.
Simon IV de Montfort (entre 1164 et 1175, 1218)
À la mort de son père en 1188, il se retrouva à la tête de la seigneurie de Montfort, mais
il ne prit
pas immédiatement part à la rivalité franco-anglaise. Par contre, il apparaît dans la vie politique en 1188, au cours de l'entrevue de Gisors entre Philippe Auguste et Henri II d'Angleterre.
Saladin ayant pris Jérusalem, une réunion fut en effet organisée par
l’Église près du château deGisors pour sceller la paix et permettre le
départ de la troisième croisade.
Or, cette réunion est aussi en relation avec une affaire plus
occulte puisqu'il s'agit de l'affaire de " la coupure de l'orme de Gisors " évoquée par les
dossiers secrets du
Prieuré de Sion.
Cet épisode marqua, semble-t-il la rupture entre deux ordres, celui de Sion
et celui du
Temple. Ce schisme dont on ne connaît pas les
réelles causes semblerait avoir été provoqué par la perte
de Jérusalem.
Entrevue de
Philippe‑Auguste avec Henri II à Gisors le
2ar
Gillot Saint‑Evre en 1839 (salles des croisades -
Versailles)
Simon de Montfort ne se joignit pas à la
troisième croisade, au
contraire de son fils Guy qui accompagna le roi de
France et le nouveau roi d'Angleterre
Richard Coeur de Lion. Alors que ce dernier
rentra de croisade en 1194, la guerre reprit et Simon de
Monfort rejoignit Philippe Auguste.
C'est en 1209 que Simon de Montfort fut choisi
par quatre barons pour diriger la croisade albigeoise.
Reconnu pour sa bravoure lors de la quatrième croisade,
il mena la guerre contre les Albigeois avec courage,
mais aussi avec une grande cruauté comme le massacre de
Bram où il fit aveugler tous les défenseurs de la
ville. Un autre exemple est celui de dame Guiraude de
Lavaur jetée au fond d'un puits et lapidée. Il est aussi
responsable de nombreux bûchers, femmes et enfants
compris.
Après avoir gagné la
bataille de Muret le 12 septembre 1213 et occis
Pierre II Roi d’Aragon, Simon de Monfort fut tué devant Toulouse
par un jet de pierre
le 25 juin 1218. Sa mort souleva alors des cris de joie, les
Cathares voyant disparaître le plus cruel de leurs
ennemis.
Bon soldat et fin stratège, il remporta la victoire en
Albigeois, mais il fut également vaincu.
Alors que son ennemi, Raymond IV de Toulouse est le
symbole du Méridionnal libertin, Simon de Montfort représente le
puritanisme du Nord, deux cultures totalement opposées.
La croisade albigeoise de
Simon de Montfort entre 1209 et 1212
C'est avec l'aide du duc de Bourgogne que Simon de Montfort prend
Fanjeaux, puis il s'installe à
Alzonne.
Après avoir reçu une délégation de la ville de Castres,
il reçoit sur place l'hommage de ses habitants. Les
châteaux de Lastours sont sa future cible et un siège
est organisé, mais il doit abandonner cette position après le départ du duc de
Bourgogne. Une trentaine de chevaliers et une troupe de
500 soldats restent avec lui, et Mirepoix est pris sur la demande de l'abbé de Saint-Antonin de Pamiers.
Il donne la ville à son beau-frère Guy de Lévis. La maison de
Parfaits implantée à Pamiers par la sœur du comte de Foix
est détruite et Simon de Montfort prend Saverdun.
Les hommages à Simon se poursuivent et il reçoit les habitants d'Albi,
puis prend Preixan. Plusieurs seigneurs locaux
vont alors lui rendre également hommage...
Alors que l'Église reconnaît à Simon de Montfort l'investiture des
nouvelles terres conquises, la confirmation doit aussi
venir du roi Pierre II d'Aragon, suzerain des vicomtés.
Ils se rencontrent à Narbonne, mais le roi d'Aragon n'accepte
toujours pas Simon comme son vassal. Nous sommes le
10 novembre 1209, Trencavel meurt dans sa prison, et les
ennemis de Simon de Montfort font courir le bruit que
Raimond-Roger Trencavel a été assassiné par lui. La révolte
gagne alors la région et Giraud de Pépieux, l'un des seigneurs
qui avait prêté serment à Montfort, se rebelle contre ce
dernier, assiège et reprend le château de
Puisserguier. Les soldats et deux chevaliers
ont la vie sauve, mais à l'arrivée de Montfort, Giraud
de Pépieux fait exécuter les cinquante soldats. Quant
aux chevaliers, ils ont les yeux crevés, le nez et les
oreilles coupés. D'autres châteaux seront également
repris par les Languedociens et leurs garnisons seront massacrées.
Pierre II d'Aragon dit "le catholique" (vers
1174-1213)
Simon de Montfort comprend
alors que la
conquête du pays ne peut se faire que dans la brutalité
extrême. Albi est malgré tout restée fidèle à la croisade et
Montfort prend Bram à côté d'Alzone. Les seigneurs qui
trahissent la cause de la croisade et qui ne tiennent pas
leur serment sont traînés derrière
un cheval puis pendus. D'autres ont les yeux crevés et le
nez coupé. Montfort continue et prend le château de
Miramont près de Carcassonne.
En
parallèle, alors que Simon de Montfort, à
la tête d'une armée de croisés, extermine les Albigeois
par le fer et par le feu entre 1205 et 1215,
le dominicain Dominique de Guzman opère
un grand nombre de conversions par la seule persuasion.
L'homme de foi ne prend aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que
la prédication et la prière. Il sera canonisé par l'Église
en 1234.
Toutefois en créant un corps chargé de combattre les
hérétiques albigeois, il sera aussi considéré comme le
fondateur de l'Inquisition papale et donc à l'origine
des tortures et des bûchers futurs.
Dominique de Guzman
et Simon de Montfort
En juin 1210, Narbonne propose son aide contre la ville
de Minerve qui protège de nombreux
Cathares. Montfort fait construire une immense pierrière
(la Malvoisine), assiège la ville et détruit un chemin
donnant un accès à l'eau. Minerve capitule le 22
juillet 1210. Les habitants qui abjurent leur
foi ont la vie sauve, mais 140 parfaits
refusent et sont condamnés au bûcher. Montréal craint de subir le même sort
et se rend. Conforté par cette avancée, Montfort assiège
le château de Termes qui sera pris au
bout de 4 mois.
Compte tenu de ces succès, le roi
Pierre II d'Aragon veut négocier la
paix avec Arnaud Amaury, Simon de Montfort, Raymond de
Toulouse et Raymond Roger de Foix. Une entrevue est
organisée en janvier 1211, mais le
comte de Foix refuse. Quant à Montfort, il parvient à
confirmer ses vicomtés par le roi. La négociation de
paix reprend à Montpellier et Raymond de
Toulouse doit rendre les armes de ses États.
Il refuse et une sanction tombe : il est excommunié. Sa réaction va
alors être
immédiate : ses vassaux sont alertés et son armée
se
réunit.
Simon de Montfort continue la
croisade avec l'arrivée d'un bataillon de croisés et
assiège les châteaux de Lastours. Le
seigneur des citadelles, Pierre Roger de Cabaret, se
rend. Or, une autre bataille importante va s'engager.
Encouragé par le comte de Toulouse qui a réuni son
armée, Aimery de Montréal se rebelle et
se retranche à Lavaur. Pas moins de
5000 soldats se mettent sous les ordres
de l'évêque de Toulouse, Foulques, et rejoignent
Montfort à Lavaur. Alors qu'une troupe de croisés
allemands stationnée à Carcassonne vient renforcer
Montfort, elle est massacrée en
avril 1211 à Montgey
par Raymond Roger de Foix et
Giraud de Pépieux.
Le siège de
Lavaur durera un mois et demi avec des assauts répétés
et des jets intensifs de pierres. Le 3 mai 1211,
une brèche dans les remparts permet à Montfort de
prendre la place et la punition est brutale. Aimery de
Montréal et ses chevaliers sont pendus pour trahison. La
soeur d'Aimery, dame Guiraude est
jetée au fond d'un puits et lapidée. Pas moins de 400 parfaits sont brûlés vifs.
Dame Guiraude à Montréal
jetée au fond d'un puits
Après les
prises de
Minerve,
Termes,
Lastours et
Lavaur,
Simon de Montfort contrôle suffisamment la
région pour enfin penser à attaquer le
comte de Toulouse qui vient d'être
excommunié à nouveau. Il obtient également de Raimond II Trencavel
la renonciation de ses droits sur les terres de
son père.
Raimond II
Trencavel naquit en 1207 et
décéda entre 1263 et 1267. Membre de la
maison Trencavel, il chercha des années à
reprendre les possessions de son père
Raimond-Roger Trencavel dont la Croisade des
Albigeois l'avait spolié. Il s'opposa à plusieurs
reprises à Amaury de Montfort alors établi sur les
anciens domaines Trencavel. En 1246, Raimond II
fut
contraint à renoncer définitivement à ses droits.
L'année suivante, il brisa son sceau de vicomte de
Béziers et de Carcassonne en gage de soumission au roi
de France qui est alors Saint Louis. En
1248, il fit partie de la septième
croisade.
Simon de Montfort dans l'Aude
et son étrange comportement avec le seigneur du
château du Bézu
Après avoir assiégé le château de la Pomarède au diocèse de
Toulouse, Simon de Montfort entre dans la vallée de l'Aude. Le
château de
Coustaussa étant abandonné, il poursuit vers le
château du Bézu,
Albedun, et trouve
Bernard Sermon II prêt à abandonner sa forteresse.
Or, contre toute
attente, ce dernier est curieusement autorisé à rester. Pourtant l'enjeu est de taille,
car la famille des seigneurs d'Albedun se
rapproche peu à peu de la foi cathare. Bernard Sermon II laisse finalement son château à
Simon de Montfort en
1210. La position
stratégique de la fortification toute en hauteur et dominant les vallées fut sans doute l'une des
raisons de cette prise. Pour autant, Bernard Sermon II ne sera nullement inquiété et sera même autorisé à rejoindre son château.
L'itinéraire de Simon de Montfort en 1210 lors de la
croisade albigeoise. Coustaussa,
Albedun (le Bézu) et Puivert sont les dernières étapes
Bernard Sermon II alla
même jusqu'à cacher sur ses terres en 1229 un important évêque cathare,
Guilhabert de Castres, ainsi qu'un parfait,
Guillaume Bernard Hunaud. Une première confiscation de ses biens intervint, mais lors d'un procès en
1229les représentants du Pape et du Roi rendirent à Bernard Sermon tout ce qu'il
possédait et que le vicomte de Béziers possédait à Espéraza.L'affaire continua malgré tout et en
1231, le Roi de France confisqua le château d'Albedun et
le donna à Pierre de Voisins, lieutenant de Simon de
Montfort. Cette donation sera confirmée en 1248. Pourtant Bernard Sermon ne fut jamais accusé d'hérésie et fut
même autorisé à garder des terres. Les raisons profondes restent
obscures...
Le
15 juin 1211, Montfort se présente devant
Montaudran avec des croisés et
Thiébaut Ier à la tête, et assiège la ville de
Toulouse. Mais, la cité est difficile à
prendre d'assaut, et le siège est levé pour aller
attaquer à Pamiers le comte de Foix. La défaite
de Montgey doit être réparée. Pendant ce temps,
Raymond de Toulouse se prépare à passer à
l'offensive alors que le pape destitue quelques évêques
trop proches du catharisme.
Au printemps 1212, le nord de l'Albigeois (territoires du Tarn) et
l'Agenais sont envahis par une nouvelle
arrivée de croisés. Montfort prend Muret, achevant
sa stratégie d'encerclement de Toulouse, tandis qu'un de
ses alliés occupe le Comminges, neutralisant ainsi le
comte de Comminges.
Ayant réduit à l'impuissance le comte de Toulouse, Montfort profite
d'une période de paix relative pour convoquer les
seigneurs de ses domaines à Pamiers et leur faire
rédiger des statuts. Une charte décrit
notamment l'organisation militaire, civile et religieuse de ses
états. Pendant ce temps, Raymond VI
négocie une alliance avec Pierre II d'Aragon
qui vient de remporter la victoire contre les musulmans
à "Las Navas de Tolosa", et plaide sa cause
devant le
pape Innocent III. Ce dernier réunit un
concile pour examiner le cas du comte de Toulouse et
tranche en décidant la fin de la guerre contre les
hérétiques le 15 janvier 1213.
Alors que le roi Pierre II d'Aragon vient de
remporter la bataille de "Las Navas de Tolosa"
contre les Maures, il ne peut cacher son inquiétude et
prend les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges
sous sa protection tout en préparant une nouvelle guerre.
L'enjeu devient en effet de plus en plus clair : les
seigneurs du Nord veulent maîtriser le Midi.
En août 2013,
le roi d'Aragon franchit les Pyrénées et rejoint les
comtes de Toulouse
pour attaquer Simon de Montfort au château de
Muret. Malgré un avantage numérique, l'assaut
tourne court. C'est "la bataille de Muret",et l'entente languedocienne subit une cuisante
défaite le 12 septembre 1213.
Pierre II d'Aragon y trouvera la mort.
Son fils sera
fait prisonnier par les croisés, et les milices
toulousaines seront massacrées. Quant à Raymond IV,
il ira se
réfugier dans sa ville de Toulouse.
En gagnant cette
bataille, Montfort marque le début de la domination
française sur l'Occitanie et la fin de l'expansion de la
couronne d'Aragon au Nord. Les villes de Foix, Narbonne et le
Comminges tombent dans ses possessions. Les terres
provençales de son ennemi, le comte de Toulouse, commencent à être sous
son influence.
1214 à 1215 - Une paix
relative et le concile de Latran
En avril 1214, l'Église prend la
décision d'arrêter provisoirement la guerre en attendant
qu'un concile décide du sort de Raymond de Toulouse. Les
Languedociens acceptent cette alliance avec le royaume
de France, mais le roi Jean sans Terre,
trop occupé par une campagne contre la France, ne peut
les soutenir.
Un concile régional se réunit à Montpellier en janvier 1215
et attribue les terres de Raymond de Toulouse à
Simon de Montfort, mais il doit se référer au
pape. L'attribution est alors modifiée et le marquisat
de Provence devrait revenir à Guillaume des Baux, le duché de
Narbonne à Arnaud Amaury, et le reste à
Montfort. Autres décisions importantes : les
religions cathares et vaudoises sont définitivement
condamnées.
La discrimination du peuple juif est approuvée. Une nouvelle croisade est
décidée.
Le concile de Latran va pourtant continuer jusqu'au
30 novembre 1215 et le sort de Raymond de
Toulouse est examiné à la dernière séance. Finalement,
le marquisat de Provence est attribué à son fils,
Raymond VII de Toulouse. Le comté de Toulouse,
les vicomtés de Carcassonne, de Béziers et le duché de
Narbonne vont à Simon IV de Montfort.
Le légat Arnaud Amaury, archevêque de Narbonne, contestera
la possession du duché de Narbonne, mais Montfort finira
par le
soumettre.
Au final, Simon de Montfort contrôle le Languedoc. Il ira ensuite à
Paris le 10 avril 1216 pour
rendre hommage au roi Philippe Auguste
et confirmer ses nouveaux domaines.
Simon de Montfort sur la Tour
de l'Horloge à Leicester
(Royaume-Uni)
1216 à 1218 - La révolte
languedocienne
La paix décidée par l'Église ne dure pas.
Raymond VI de Toulouse réfugié à
Gênes et son fils parcourent la Provence et réussissent
à lever une armée de partisans qui vont rejoindre les
faydits, des chevaliers seigneurs
languedociens dépossédés de leurs fiefs et de leurs
terres lors de la croisade albigeoise. Son fils
Raymond VII commence par revendiquer
Beaucaire, une ville confiée à Lambert
de Limoux par Montfort. La ville
est stratégique posée au bord du Rhône et face à Tarascon.
Raymond VII entre dans la cité en mai 1216
et est
acclamé par la population. Lambert de Limoux tente de
s'opposer, mais face à la foule, il se retranche dans le
château de Beaucaire qui se retrouve alors assiégé.
Le fils de Simon, Guy de Montfort,
seigneur de la Ferté-Alais et de Castres, marche sur
Beaucaire et assiège la ville. Apprenant la nouvelle,
son père Simon quitte Paris et arrive le 6 juin.
Trois assauts dont le dernier le 15 août,
n'arriveront pas à bout des défenseurs, et Lambert de
Limoux dans son château manque de vivres. Finalement,
Simon de Montfort humilié
abandonne la place et négocie la vie sauve pour sa
garnison... Nous sommes le 24 août 1216.
La mort de Simon de Montfort
au pied des remparts de Toulouse en 1218
(gravure du XIXe siècle)
Cet échec crée l'agitation dans le Languedoc, et alors
que Montfort
rejoint Toulouse, la ville se révolte et prend des
otages. Simon de Montfort réclame des indemnités, mais
attise la haine de la population contre lui.
Il intervient ensuite dans le comté de Foix, mais
Raymond VII est en train de rallier
plusieurs villes languedociennes.
Quant à
Raymond VI, il est revenu à Toulouse
le 13 septembre 1217. La ville est
gagnée aussi par la révolte et relève ses murailles. Guy
de Montfort débute le siège le 22 septembre, et alors
que la situation s'éternise, un évènement dramatique va
changer le cours de l'Histoire. Le 25 juin 1218,
Simon de Montfort est atteint à la tête
par un jet de pierre et meurt.
La révolte est
terrible et la population se rue sur la garnison. C'est
un massacre et les rescapés se réfugient au château,
résidence des comtes de la ville et de l'épouse de
Simon
de Montfort. Ce dernier, absent pour cause de combat
dans la vallée du Rhône, revient sans attendre et entame
un long siège entrecoupé de combats. On l'avertit d'une
sortie des Toulousains. Recevant une dernière fois la
communion, il enfile son heaume et monte au combat.
C'est alors qu'il est blessé à mort : une machine de jet
utilisée en contrebatterie sur les remparts de la ville
et actionnée par un groupe de femmes lance dans sa
direction une pierre d'une demi-douzaine de kilos à une
vitesse telle que sa protection de tête explose en même
temps que son crâne ! Des cris de joie s'élèvent alors
des remparts, le chef cruel de la croisade n'est plus...
Privés de Montfort, les croisés lèvent le siège. Raymond VI et son fils
Raymond VII arriveront à reconquérir peu
à peu l'essentiel de leurs terres.
1219 à 1225 - La seconde
croisade
C'est Amaury VI de Montfort, son autre fils, qui
va succéder à la tête des croisés, mais son habileté
n'est pas comparable à celle de son père. Les barons
languedociens se rallient aux comtes de Toulouse et
reprennent leurs fiefs.
Devant cette situation insurrectionnelle, le pape
Honorius III se met à prêcher en 1218
une nouvelle croisade. Le roi de France
Philippe Auguste envoie alors son fils
Louis pour tenter un arbitrage royal dans le
Languedoc, et son armée rejoind Amaury VI de
Montfort qui assiège Marmande
le 2 juin 1219. La ville est prise et
sa population est massacrée. Les croisés marchent ensuite
sur Toulouse et débutent un siège le 17 juin,
mais il est finalement abandonné le 1er août
et le prince Louis retourne dans le Nord.
Entre juillet
1220 et février 1221, Amaury assiège
Castelnaudary et c'est encore un échec.
Le 2 août 1222, Raymond VII succédant à
son père tente de faire allégeance au roi, mais il doit
aussi obtenir la reconnaissance de l'Église.Roger-Bernard de Foix reprendra
Fanjeaux,
Limoux,
Pieusse et
Mirepoix en
juin 1223.
La royauté
intervient La paix
semble revenir après le victoire de Raymond VII,
mais alors qu'un concile se prépare à Paris, le roi
Philippe Auguste meurt le 14
juillet 1223. La paix est remise en cause par
les envoyés du pape et Blanche de Castille,
la femme de Louis VIII, convainc ce
dernier d'intervenir. Amaury n'a plus
en sa possession que Carcassonne, Minerve et
Penne-d'Agenais, et retourne à Paris en 1224. Ruiné, il
ne peut plus payer d'armée et abandonne tous ses
droits en Languedoc au roi de France en février
1224.
Compte tenu de cette situation, le roi veut s'engager dans une nouvelle croisade, mais il demande
au pape des garanties. Les archevêques de Bourges, Reims
et Sens devront être les responsables religieux de la
croisade et auront tout pouvoir pour excommunier et jeter
l'interdit. Les croisés devront aussi recevoir une
contribution financière de l'Église.
Pendant ce temps, les comtes de Toulouse, de Foix, et le
vicomte Trencavel s'engagent devant des évêques
à éradiquer l'hérésie et à restituer les biens spoliés
au clergé. En retour, les actes de cession des Montfort
doivent être annulés.
Le 25 août, le
pape accepte, mais le roi Louis VIII
veut annexer le Sud et envoie Guy de Montfort
auprès du pape pour qu'il reviennent sur sa décision. Un
nouveau concile se réunit à Bourges le 29
novembre 1225 sur la question cathare et le
comte Raymond VII est à nouveau
excommunié en janvier 1226 et flagellé
publiquement.
1226 - La troisième croisade
Le 30 janvier 1226, tout est prêt pour une nouvelle
croisade contre les Cathares et elle est conduite par
Louis VIII, le père du futur
Saint Louis. Or, le Roi va se montrer plus
implacable que Philipe Auguste. Son armée arrive à Lyon
le 28 mai et suit le Rhône, alors que plusieurs villes
provençales et languedociennes envoient leur délégation.
De nombreuses cités se soumettent et le 6 juin, l'armée est aux portes d'Avignon,
mais la population refuse l'entrée craignant des
représailles. Un siège est engagé, et après un assaut
repoussé le 8 août, la ville capitule
le 9 septembre 1226.
Louis VIII reçoit la soumission du comte
de Comminges qui était le seul allié de
Raymond VII, et les vicomtés Trencavel sont annexées.
Carcassonne sait que l'armée approche
et la population bourgeoise se révolte contre
Trencavel qui y est installé. Forcé de se
replier sur Limoux avec Roger-Bernard
de Foix, ils organisent la résistance, mais le pays
tombe peu à peu sous le contrôle du roi et les anciens
domaines de Simon de Montfort sont repris.
Humbert V, sire de Beaujeu, est nommé gouverneur des vicomtés, mais
le roi ne parvient
pas à prendre Toulouse. De retour par l'Auvergne, il
tombe malade et meurt le 8 novembre 1226.
Pendant de temps, Raymond VII et ses
alliés regagnent des terres. Pour contrer l'hérésie,
l'archevêque de Narbonne réunit un concile et renouvelle
l'excommunication des comtes de Toulouse, de Foix et de
Trencavel.
Au cours de l'été 1227, Humbert de Beaujeu
assiège Labécède dans le Nord ouest du
Languedoc. Le château est pris et les Cathares sont
conduits au bûcher. Fort de ce succès, Humbert attaque
Toulouse en 1228, mais la ville est
trop bien défendue. De rage, il finira par massacrer la campagne
environnante.
Cathare dénoncé et mis au
bûcher par des soldats du roi
L'année
1227 est aussi marquée par la
disparition le 18 mars du pape Honorius III, et son successeur Grégoire IX
sait que la régente Blanche de Castille est en
difficulté pour régler le problème des seigneurs
insoumis dans le Languedoc. Sur ce constat, le pape envoie son légat Romain de Saint-Ange
à Paris pour négocier la paix. Raymond VII
se résigne finalement à signer le traité de Paris le 12 avril 1229,
et par cet acte, le comte de
Toulouse s'engage à rester fidèle au roi et à l'Église.
Il devra également mener la guerre contre les hérétiques et marier sa
fille unique au frère du nouveau roi de France,
Louis IX, afin de préparer le rattachement du Languedoc
à la France. Il cède également les anciennes vicomtés
Trencavel au roi de France. Et pour montrer sa bonne
volonté, il se rend sur le
parvis de ND de Paris pour y faire pénitence.
De 1230 à 1321 - L'Inquisition et la fin du
catharisme
Cette période
sombre
oblige l'Église à une nouvelle stratégie dans la lutte
contre l'hérésie. En effet, le comte de Toulouse
soutient très moyennement la lutte, et les évêques sont
trop occupés à gérer leur diocèses. Même les
récompenses sur dénonciations sont peu efficaces. Quant
aux églises cathares, elles entrent dans la
clandestinité.
En février 1231, le pape Grégoire IX pose les bases de
l'Inquisition en confiant la mission à des prêtres
dépendant du Saint-Siège. La prison à vie et la mort par
le feu de viennent des moyens de lutte reconnus
officiellement par
l'Église.
Le 11 septembre 1231, Grégoire IX nomme le premier
Inquisiteur, Conrad de Marbourg. Les suivants seront
recrutés chez les Dominicains et les Franciscains.
C'est le
20 avril 1233 que le pape Grégoire IX institue
finalement cette arme redoutable, une nouvelle
juridiction : "Inquisitio hereticae pravitatis"
ou Inquisition. Elle débute en France et décharge
effectivement le clergé séculier. Le
tribunal d'exception est confié à une poignée de Dominicains,
les Frères prêcheurs, un ordre franciscain fondé par
Dominique de Guzman, et qui jouit d'un pouvoir sans limite.
Ce tribunal dénommé
"Inquisitio hereticae pravitatis" et qui relève
seulement du papea pour mission d'enquêter, de démasquer
et de condamner dans tout le royaume de France les
hérétiques, les mauvais chrétiens et les catholiques non sincères. Les juges
ont également tout pouvoir et peuvent engager des procédures en
cherchant eux-mêmes les suspects d'hérésie sans attendre
une dénonciation ou une plainte de quiconque. Même les
complices et les prôches peuvent être inquiétés
et les délations suffisent à la condamnation.
C'est le début du règne de la terreur et des
bûchers, et tout est fait pour débusquer
l'hérésie et le mauvais chrétien.
Le pape Grégoire IX
instaurant une nouvelle juridiction
"l'Inquisition" le 20 avril 1233
"Le pape et le grand
Inquisiteur" par Jean-Paul Laurens - 1882 Musée des Beaux-arts Bordeaux
Les
Inquisiteurs sillonnent alors le Midi et les
diocèses méridionaux sont témoins de nouvelles
horreurs. Ils interrogent et recueillent les confessions
des habitants, encouragent les délations, notent
toute parole suspecte et arrêtent sans preuve. Dès qu'un hérétique est arrêté,
il est implacablement livré aux flammes après
d'innombrables tortures. Les biens sont confisqués et les
maisons détruites. Des bûchers sont régulièrement allumés, n'hésitant pas à brûler les
Cathares et leurs complices. Les femmes et les enfants ne sont pas épargnés.
Le zèle des Inquisiteurs est tel qu'ils n'hésitent même
pas à déterrer les cadavres considérés hérétiques pour les
brûler. Certains diront que les bûchers sont si nombreux qu'ils finiront
par éclairer le ciel languedocien. Malheureusement, l'Histoire
officielle ne
retiendra que celui de Montségur.
Le 13 mai 1239, Robert le Bougre,
symbole de la violence arbitraire de l'Inquisition,
jette dans les flammes 183 personnes en
Champagne. C'est le bûcher du Mont-Aimé et
les excès de ce personnage
sont tels qu'il sera condamné par le pape à la prison à
perpétuité.
Cathares mis au bûcher
Devant ce
massacre annoncé et institutionnalisé, les Languedociens
sont épuisés et se révoltent au cours de l'été 1240.
C'est alors que Raymond Trencavel
revient à la tête de faydits du Razès, du Carcassonnais
et du Fenouillèdes. L'objectif est de reprendre ses
anciens domaines, mais le siège de Carcassonne
est un échec et il s'enferme dans Montréal, puis rejoint
l'Aragon.
Accusé par le roi d'être trop
passif, le comte de Toulouse doit alors faire sa soumission le
12 mars 1241, et pour se racheter, il assiège en
juillet 1241 le château de
Montségur
sans succès.
Le château de Montségur
En 1241,
Alphonse de France est investi du comté
de Poitiers, et la noblesse poitevine attachée aux
Plantagenêts dont Hugues X de Lusignan,
marié à Isabelle d'Angoulême, ancienne reine
d'Angleterre, commence à nouer des alliances avec le roi
d'Angleterre, le roi d'Aragon et Raymond VII
comte de Toulouse. Le complot semble bien préparé
puisque Raymond VII se marie avec Marguerite de
Lusignan, mais le roi comprend et prend des dispositions
pour éviter une nouvelle révolte.
La maison de Lusignan
est une très ancienne famille féodale française
originaire du Poitou, et attestée depuis le Xe siècle. Elle a donné des
comtes de la Marche, des comtes d’Angoulême, de Jaffa,
d'Eu, de Porhoët et de Pembroke, des rois de Jérusalem,
de Chypre et d’Arménie.
Le premier seigneur de Lusignan est Hugues II le Cher
(av. 950-980) qui fit construire le château de Lusignan.
La légende lui prête pour auteurs la fée Mélusine et son
mari Raymondin.L'un des personnages les plus
célèbres est Guy de Lusignan (1153-,
noble poitevin de la Maison de Lusignan, comte de Jaffa
et d’Ascalon, roi de Jérusalem (1186-1192) et seigneur
de Chypre, impliqué dans la chute de Saint Jean
d'Acre.
Pendant ce temps, l'Inquisition continue sa purge, et le 28
mai 1242, des Inquisiteurs du tribunal sont assassinés
dans la ville d'Avignonet-Lauragais par
une soixantaine de chevaliers cathares de la garnison de
Montségur réunis autour de
Pierre-Roger de Mirepoix. C'est le signal d'une
nouvelle révolte languedocienne.
De nombreux seigneurs
et chevaliers faydits rallient l'armée de
Raymond VII. Le vicomte de Narbonne, Amalric,
Trencavel et le comte de Foix le
rejoignent et s'emparent du Razès en 1242, du Minervois,
d'Albi, puis entrent à Narbonne. Néanmoins, le soulèvement
n'est pas suivi par le comte de Provence et le roi
d'Aragon, et le 21 juillet 1242,
Louis IX écrase la noblesse poitevine
et le roi Henri III d'Angleterre.
L'armée royale marche
sur le Languedoc et le comte de Toulouse n'a plus d'autre
choix que de traiter avec le roi. En janvier
1243, Raymond VII fait acte de
soumission à Louis IX suivi par
Trencavel, et une paix est signée à Lorris entre le roi
de France et le comte de Toulouse marquant la fin de
l'Occitanie indépendante.
En 1244, un autre fait important va se
dérouler à Montségur. La citadelle qui
sert de refuge aux Cathares est une nouvelle fois
assiégée et cet épisode va se terminer dans une
véritable tragédie pour les Cathares. La reddition de la
forteresse est inéluctable et les Parfaits qui
refuseront de renier leur foi finiront dans un
gigantesque bûcher.
En 1252, par
la bulle "Ad extirpenda", le Pape Innocent IV décide de légitimer
la torture dans le cadre de
l’Inquisition qui est désignée sous le nom de "quaestio"
(question). Les supposés hérétiques y sont soumis pour
avouer leurs croyances et dénoncer d'autres hérétiques.
Cette légitimation de la torture contraste avec le
discours de l’Église affirmant qu'il ne faut pas user de
la force pour lutter contre l’hérésie, une position qui
s’incarne d'ailleurs dans la phrase de Bernard
de Clairvaux : " La foi doit être persuadée
et non imposée "
L'Inquisition par Joaquin
Pinto
En 1258, le traité de Corbeil est
signé entre les royaumes d'Aragon et le royaume de
France. Une frontière est décidée et suit les
châteaux qui longent aujourd'hui le sentier cathare. Mais
ce traité ne résout rien, et l'Inquisition instaurée en
1233 continue de générer la terreur. Si les
enquêtes menées par les Dominicains au cours des
XIIIe et XIVe siècles éliminent de nombreux
Parfaits, le catharisme est toujours dans les esprits et
l'Église le sait. La population est
traumatisée et nombreux sont ceux qui fuient vers la
Lonbardie et l'Espagne.
Le 13 février 1278, 200 Cathares sont
brûlés àVérone et la ville est le
théâtre de l’un des pires bûchers de l’Inquisition qui
est alors à son apogée.
Un personnage va alors marquer cette période trouble entre 1299
et 1304, Bernard Délicieux, un
moine franciscain qui s'opposera ouvertement à
l'Inquisition et à sa cruauté... Il finira torturé et
emprisonné à perpétuité, prouvant ainsi que
l'Inquisition toucha également des chrétiens.
"L'agitateur du Languedoc" par
Jean-Paul Laurens (1887)
(musée des Augustins de Toulouse)
Bernard Délicieux s'opposant à l'Inquisition. Il est
représenté ici lors de son jugement. Au premier rang au
centre, face à Bernard Délicieux, le grand Inquisiteur
entouré de deux religieux. Derrière siègent les
représentants de l’Église avec les cardinaux et les
évêques. Il finira torturé et condamné à perpétuité.
"Après l'interrogatoire
de Bernard Délicieux" par
Jean-Paul Laurens (1882)
Les Inquisiteurs dominicains préparent Bernard Délicieux à la torture
Bernard Délicieux naquit
en 1260 à Montpellier et décéda après
1319 en prison à Carcassonne. Ce moine
franciscain fut l’un des plus virulents opposants à
l’Inquisition, lors de la répression menée contre
l’hérésie cathare. Il défendit aussi les Parfaits et
leurs amis. Pour mener son combat, il réussit à réunir
autour de lui des représentants d'Albi, de Cordes, de
Carcassonne, de Castres ou encore de Limoux et les
mobilisa pour aller dénoncer les abus de l'Inquisition
devant le roi de France Philippe le Bel.
Mais rapidement, avec la pacification du conflit entre
Philippe le
Bel et la
papauté après la mort de Boniface VIII
en , Bernard
Délicieux perdit le soutien royal.
En
1317,
Bernard Délicieux fut arrêté sur ordre du pape alors
qu'il était venu à Avignon plaider devant lui la cause
des "spirituels" de son ordre. Au terme d'un procès mené
par Bernard
Gui au cours
duquel il fut torturé en décembre 1319,
Bernard Délicieux fut finalement condamné à la prison à perpétuité
et y mourut.
Bernard
Délicieux est l'une des sources d'inspiration
du romancier Umberto Eco pour son personnage Guillaume
de Baskerville dans
"Le Nom de la rose".
Un film de
Jean‑Jacques Annaud adapté du roman lui sera
consacré. Il fut dévoilé le
17 janvier 1986
poursortir le
17 décembre de
la même année.
Finalement, en 1321, un dernier parfait
connu sous le nom de Guilhem Bélibaste est brûlé vif
au pied du château de Villerouge-Termenès
dans l'Aude. Cet évènement marquera officiellement la fin du catharisme,
77 ans après le drame de Montségur.
Ne pouvant plus délivrer le "consolamentum" le
catharisme prit fin. Quelques irréductibles subsistèrent malgré tout
et ils
furent
impitoyablement traqués, notamment par Jacques Fournier de l'ordre
cistercien,
évêque de Pamiers en Ariège et futur pape Benoît XII. On lui attribuera
notamment cet acte cruel : l’emmurement en 1328 de
510 Cathares dans la grotte de
Lombrives.
Guilhem Bélibaste, l'un des tout derniers parfaits
cathares, naquit à Cubières (Aude). Ayant assassiné un
berger pour éviter d'être dénoncé, Bélibaste passa sa
vie à fuir. Il s'évada de la
prison de Carcassonne et se réfugia en Catalogne, à
Lérida, où il vécut en fabriquant des peignes de
tisserand. Un envoyé de l'inquisition, Arnaud Sicre (un
traître) le dénicha à Morella, où il vivait avec
quelques fidèles, l'attira et le fit arrêter. Il fut
ramené en août 1321 à Carcassonne, et brûlé
vif à Villerouge-Termenès. Bien qu'il n'ait pas respecté
scrupuleusement les règles de vie cathares, il n'en est
pas moins le dernier représentant connu. Avec lui
s'éteint l'Église cathare occitane.
Un dernier bûcher aura lieu en 1329 à
Carcassonne.
À
noter qu'une découverte archéologique récente permit de
retrouver à Carcassonne, dans le quartier de la
Barbacane, les vestiges médiévaux du "Mur",
le nom qui fut donné à la prison de
l'Inquisition. De nombreux Cathares y furent
enfermés parmi lesquels le dernier Bon Homme connu,
Guihem Bélibaste, et le célèbre moine
franciscain Bernard Délicieux. Ce
dernier y fut emprisonné après son procès en décembre
1319 et y mourut quelques mois plus
tard.
Abandonnée et oubliée entre le XVe et le XVIe siècle, la
localisation de la prison inquisitoriale était totalement
perdue. Et malgré des recherches menées au
XVIIIe siècle dans les abords sud-ouest de la
cité, Viollet-le-Duc fut incapable
d'interpréter les vestiges de l’ancienne prison.
L’emprise du "Mur" et la porte ne furent identifiées
qu'au début du XXe siècle et confirmées en 2009.
Dans un célèbre tableau, Jean-Paul Laurens peint un épisode du "Mur" : "La
délivrance des emmurés de Carcassonne"
(1879). On y voit Bernard Délicieux,
chef de file de la révolte contre l’Inquisition,
assistant à la libération des malheureux devant la porte principale de
la prison, le "Mur".
"Bernard Délicieux et les
emmurés de la prison de Carcassonne" par Jean-Paul Laurens (1879)
Musée des Beaux-Arts de Carcassonne
En 1303, à la suite d'une émeute, Bernard Délicieux
intervient et fait transférer ceux qui avaient été
enfermés, emmurés dans la geôle de l'Inquisiteur, à la
geôle royale, comme le montre cette scène. Délicieux se
tient à gauche du centre face à la foule, tandis que
Jean de Picquigny avec ses manches rouges emblématiques,
supervise l'ouverture de la prison.
Fin du
catharisme, fin de l'Inquisition ? Pas vraiment
La fin du
catharisme ne va pourtant pas arrêter l'Inquisition
et son bras séculier. En 1324,
l’Inquisiteur dominicain Bernard Gui
rédige son célèbre ouvrage "Pratica
Inquisitionis"
("la pratique de l’Inquisition") où il donne ses
conseils d’Inquisiteur expérimenté. Il est également
reconnu pour sa relative clémence.
L'Institution religieuse
servira de nouveau à
l'encontre de Jeanne d'Arc. Arrêtée à
Compiègne le 23 mai 1430 après avoir
libéré la ville d'Orléans l'année précédente, elle est
capturée par Jean de Luxembourg, un mercenaire du duc de
Bourgogne, et vendue pour 10 000 livres aux Anglais.
Transférée devant le tribunal d'Inquisition de
Rouen, elle subira un procès sans défenseur
pour hérésie, et sera finalement brûlée vive en
1431. Il faudra attendre l'an 1456
pour qu'elle soit réhabilitée.
Autre procès resté célèbre dans la mémoire des Hommes,
celui de
Galilée le
22 juin 1633.
Âgé de 70 ans, le savant, géomètre, physicien et
astronome italien est condamné par l'Inquisition
à la prison à vie après avoir abjuré le système
héliocentrique de Copernic
mis à l'index 15 ans plus tôt.
Il sera finalement assigné à résidence après avoir murmuré "Et
pourtant elle tourne...".
Considéré comme le fondateur de la physique à partir de
1680, l'Église
catholique ne le réhabilitera qu'en 1992 !
Galilée en 1636
Un peu plus tôt, un certain Bruno Giordano
eut moins de chance. Né en 1548
au Royaume de Sicile, il devint célèbre pour avoir
développé sur la base des travaux de Nicolas de Cues
puis de Copernic, la théorie de
l'héliocentrisme. De plus, il montra, de manière
philosophique, la pertinence d'un univers infini qui n'a
ni centre ni circonférence, peuplé d'une quantité
innombrable d'astres et de mondes identiques au nôtre.
Pour avoir défendu et démontré ce modèle astronomique, il fut
condamné par l'Inquisition et livré
vivant aux flammes le 17 février 1600 à
Rome. Une statue de bronze à son effigie a été érigée au
"Campo de Fiori" à Rome, lieu de son supplice.
La crise albigeoise entre alors dans une nouvelle étape,
tout aussi cruelle que les précédentes. Le pape envoie en Languedoc les
tribunaux de l'Inquisition pour poursuivre l'éradication
du catharisme et des hérétiques. Elle sera aussi la
période des châteaux dits "cathares" et du siège de
Montségur, une tragédie qui se terminera par un bûcher
effroyable et de nombreux mystères...
La suite page suivante... La tragédie de Montségur et ses mystères