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Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Domaine et géométrie 1 - Rennes-le-Château Archive

Le Domaine de Saunière    1/6
Construisons un plan de référence

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

    Depuis sa première étude, le Domaine de Saunière a été pressenti comme le support d'un message caché. Tout ou presque a été dit sur les constructions étonnantes, leur architecture et leur symbolique. Mais curieusement, une piste de recherche a depuis toujours été sous‑estimée, sans doute pour son côté difficile à appréhender, improbable et surtout hermétique : sa géométrie.

 

   Le plan du Domaine semble s'inscrire dans une logique qui nous échappe. Des formes harmonieuses et régulières dessinent les chemins, les allées, les escaliers et les différentes parties des jardins. S'agit‑il d'une simple volonté d'esthétique ou de toute autre chose ?


La tour Magdala

symbole du Domaine


Rennes‑Le‑Château aujourd'hui et le Domaine de Saunière au premier plan

 

  Lorsque l'on s'y promène, une sensation étrange vous envahit, mais il faut prendre de la hauteur pour comprendre. A la manière de l'ancienne Egypte qui bâtissait selon des règles symboliques et des codes sacrés très précis, le Domaine respecte un équilibre basé sur le compas et la règle. C'est d'ailleurs en observant attentivement d'anciennes photos que l'on se rend compte de l'extrême rigueur qui fut appliquée au plan des jardins et à leur réalisation.

 

    Certes, ce principe n'est pas nouveau. Les jardins à la française dessinés par Le Nôtre sont de pures merveilles d'intelligence et tout y est réfléchi. Constamment orientés vers la recherche de la beauté et de l'harmonie, ces jardins d'exception utilisent les perspectives et les trompes l'œil pour mieux cacher les défauts, éloigner les horizons et sublimer les statues, les jeux d'eaux et les lumières.
   Mais chez Saunière, l'esthétique ne fut vraisemblablement pas l'objectif principal. Il fallait tout d'abord étonner, surprendre et peut‑être même guider celui qui saura lire le jardin envouté. Ce pari basé sur la surprise et l'érudition est avant tout comme un livre ouvert ou la forme est aussi importante que le fond. Ce pari sur l'avenir fut en tout cas largement réussi puisqu'un siècle plus tard nous voici tous réunis autour de cette œuvre mystérieuse qui commence à nous parler...

 

Cette étude inédite est le résultat de nombreuses heures de travail et de recherche.

C'est pourquoi elle est protégée. Je tiens aussi à remercier tout particulièrement

Patrick Merle qui fut l'initiateur de cette idée originale et qui participa

à l'élaboration du plan de référence du Domaine.

Copyright © RLC Archive ‑ Jean‑Pierre Garcia et Patrick Merle

 

 

 

Construisons un plan de référence

   Comment pourrait‑on imaginer un esprit assez fantasque pour construire un jardin dont sa géométrie serait porteuse d'un message secret ? Comment pourrait‑on justifier une telle dépense d'énergie et d'argent si ce n'était pour y cacher un secret merveilleux que seul un esprit éclairé pourrait mettre à jour ?

   C'est sans doute ce pari fou qui fut choisi par ces prêtres bâtisseurs. En élaborant l'improbable, le ou les concepteurs voulaient surprendre et intriguer les futurs visiteurs. Telle la lettre volée d'Edgard Poe, les nombreux promeneurs foulent une géométrie sulfureuse et personne n'en a conscience. Comme pour la Fresque de la Montagne Fleurie, un secret est là, mais invisible pour les aveugles que nous sommes. La démesure de l'œuvre est à la hauteur du Secret...


Le Domaine en 1904 est pratiquement terminé. Ce fut un énorme chantier. Le Domaine est encore plein de gravats et pourtant les jardins exotiques sont tirés au cordeau

 

   C'est en observant d'anciennes photos que l'on prend conscience, non seulement de l'ampleur des travaux, mais aussi de la rigueur avec laquelle les jardins furent dessinés. Dans un style à la française mêlé à une pointe d'exotisme, les jeunes arbres contrastent avec les alentours. Les allées sont soulignées par des pierres et des bordures végétales très régulières qui mettent en valeurs les droites, les courbes et les croisements des chemins.  Pour arriver à ce résultat, un terrassement très important fut nécessaire et des tonnes de terre furent amenées. Des parcelles de terrain entières ont été rehaussées et tout ceci exécuté sans nos engins modernes. Pourtant, en 1904, ce projet fou touche à sa fin... Le chantier dura tout de même 6 longues années...


Le Domaine de l'abbé Saunière aujourd'hui
orienté plein Nord (Google Earth)

 

Quel plan de référence utiliser pour l'étude ?

 

   Il n'existe aucun plan cadastral fiable du Domaine et les plans d'origine qui ont servi à la construction ont disparu. Pourtant, comme nous allons le voir, plusieurs plans existent mais aucun n'est parfait. Le premier qui vient à l'esprit correspond à un travail remarquable réalisé par Alain Féral en 1984 et publié aux Editions Bélisane : "Rennes‑le‑Château ‑ Clef du royaume des morts". On y trouve au feuillet 96 un plan très détaillé et de dimension suffisamment importante.

 

   Est‑il assez précis pour construire une étude fiable ? Il faut savoir qu'en 1984 les travaux de Féral étaient destinés à répertorier tous les éléments, discrets ou non, laissés par notre mystérieux curé de l'Aude. "Seuls les murs n'ont pas été déplacés, dépêchons nous d'en relever leurs tracés" disait Féral. Dans ce contexte, le plan du Domaine fut dessiné sur la base d'une métrique précise dressée par un géomètre. Tout semble y être. Les bordures, les escaliers, les murets et jusqu'aux chemins qui sillonnent les différents jardins. Mais ce travail a des limites surtout sur une surface qui occupe près de 5000 m2. Vous le verrez par la suite, ce travail comporte malheureusement de nombreuses erreurs qui ont conduit les chercheurs dans de fausses pistes comme ce parc qui n'est pas carré. Toutes les spéculations écrites à partir de ces travaux doivent donc être revues et corrigées.

 

   Le choix du plan du Domaine utilisé pour une étude géométrique est fondamental. Il suffit que le dessin comporte quelques erreurs de proportion ou de position pour que les analyses ou les tentatives de déductions soient fausses. Nous allons voir que si ce plan respecte globalement les proportions, des défauts demeurent. Comment peut‑on le vérifier ?


Le plan du Domaine ‑ Edition Bélisane "Clef du royaume des morts"
par Alain Féral

 

Vérifions le plan Féral

   Un moyen simple est d'utiliser Google Earth. Si on superpose le plan Féral sur la photo satellite, la transparence nous montre que les traits de constructions coïncidences globalement. Le belvédère et le parc sont bien en place ainsi que l'église et le calvaire nettement visibles. Néanmoins des défauts apparaissent.

   Malgré le réglage de l'échelle, il est difficile de faire coïncider exactement les Tours Magdala et de l'Orangeraie. La chapelle privée (en bleu sur la photo) collée à la Villa Béthanie est décalée vers la gauche. Mais surtout le mur Sud du jardin (sous la croix celtique) ne possède pas le même angle et les bâtiments sont plus au Nord.

   Ces constatations montrent que le plan Féral est insuffisant pour mener une étude géométrique sérieuse. Il faut au préalable disposer d'un plan strictement proportionné et orienté à la réalité du terrain. C'est un minimum pour conforter ou rejeter une étude sur sa géométrie.

Comme nous le verrons par la suite, les images satellites actuelles fournies par Google Earth et surtout par le portail IGN sont d'une remarquable précision (entre 1 et 2m). Attention à ne pas confondre avec la précision GPS qui est une autre technologie (précision environ 15 m).


Le Domaine aujourd'hui et le plan Féral en transparence.
On observe quelques imperfections...

 

   La première tâche a donc été de modifier ce plan Féral pour le coller exactement aux images satellites. Suite à ce travail, seules deux options pouvaient se présenter. Soit le résultat obtenu ne met aucune géométrie particulière en valeur et il sera impossible de conclure. Soit des propriétés apparaissent et dans ce cas leurs nombres et leurs pertinences pourraient confirmer qu'il y a bien eu une volonté de construire une œuvre très particulière qui mérite une grande attention et beaucoup de méthodes d'analyse. Nous allons voir que ce travail a été largement récompensé.

 

Le plan de 1917

   Par bonheur, il existe un autre plan du Domaine élaboré en 1917. Il fut dessiné pour dresser un état des lieux à la suite du décès de Bérenger Saunière. Une seconde source est parfaite pour le comparer avec le plan Féral, mais de nombreuses surprises devaient faire leur apparition.


Le plan du Domaine élaboré en 1917

 

   Le premier exercice est donc d'effectuer la superposition du plan Féral avec celui de 1917, l'objectif étant de vérifier les concordances ou les dérives. Mais cette expérience devait s'avérer amère et en même temps, riche d'enseignement...


Le plan 1917 superposé au plan Féral ‑ Un triste constat...

 

   Le premier constat est que les plans ne coïncident pas. Malgré l'exacte superposition des dessins sur le centre du bassin et le réglage des proportions, le reste du Domaine est décalé. Les tours sont éloignées entre elles, le belvédère est très largement plus au Nord, les calvaires sont aussi séparés et les bâtiments au Sud du bassin n'ont pas la même orientation...  En fait rien ne coïncide. Mais existe‑t‑il un plan plus proche de la réalité que l'autre ?

Superposons le plan 1917 à la photo satellite Google

La superposition du plan 1917 sur la photo du Domaine
donne de meilleurs résultats

 

   Cette fois‑ci., le résultat est plus réconfortant. Le plan 1917 est bien meilleur. Les édifices Villa Béthanie, église et calvaire coïncident parfaitement. La Tour Magdala est également bien placée et les bâtiments Sud ont le bon angle. Il reste néanmoins des imperfections. La Tour de l'Orangeraie est toujours plus au Nord et le mur Nord du cimetière présente un décalage. Les relevés de 1917 se rapprochent donc mieux de la photo satellite et donc de la réalité. La démarche est la bonne.

   A ce stade, il semble difficile d'éviter quelques retouches du plan 1917 pour obtenir un résultat proche de la réalité et qui concorde avec l'image satellite. En fait, un travail méthodique a dû être réalisé pour composer un nouveau plan du Domaine et ceci à partir des plans. D'autres sources d'information ont également été utilisées comme les cartes anciennes de Saunière.

   C'est par des manipulations successives du plan numérique et par des découpages bien ajustés que la transformation a pu se faire. Si on utilise des méthodes logicielles  classiques, les torsions vectorielles modifient toute l'image. Le problème ici est que certaines parties du plan sont correctes alors que d'autres sont à réorienter, à redimensionner ou à proportionner. Bien sûr on aurait pu calquer l'image satellite mais ce travail fastidieux est inutile si l'on considère que 80% du plan est correct.

   C'est donc par de nombreux ajustements successifs et par de régulières vérifications sur image, qu'un plan de référence a pu finalement voir le jour. 

 


Plan de référence du Domaine issu du plan 1917 et rectifié selon Google Earth,
les photos IGN et les photos anciennes du temps de Saunière
© Jean‑Pierre Garcia

 

   Une première constatation : Nous sommes bien loin du plan Féral et même du cadastre de 1917. Mais comme nous le verrons par la suite, tout est justifié. Vérifions tout d'abord avec les images satellites de Google Earth et du portail IGN que les proportions et les orientations sont bien respectées.


Le nouveau plan de référence se superpose parfaitement
à l'image satellite Google Earth

 

   Les superpositions des deux images sont maintenant parfaites. Les deux tours sont bien positionnées, le calvaire est centré, les bâtiments Sud sont alignés avec les toitures, l'église et la Villa Béthanie s'intègrent entièrement au plan.

   De même, la vérification avec la photo IGN est très satisfaisante. Elle est même meilleure ce qui est tout à fait normal. Cette image IGN a en effet servi de référence principale dans la reconstruction du plan.

Les images satellites IGN sont réputées de meilleure qualité et surtout plus précises. En effet Google Earth a utilisé tardivement une base de données photographique France et la mise à plat des images a été moins rigoureuse. On peut pourtant affirmer que la précision va jusqu'à 1 m. 

 


Le plan de référence se superpose aussi parfaitement à l'image satellite IGN

 

   Le plan du Domaine obtenu peut donc être considéré comme une référence très convenable pour présenter l'étude qui suit. Nous verrons d'ailleurs que ce plan sera confirmé par les très nombreuses propriétés qu'il contient.

   Mais avant d'aller au cœur de sa géométrie, la présentation de certaines anomalies cadastrales est indispensable pour mesurer la complexité du sujet ...

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