Parmi les objets reliés à l'affaire de
Rennes‑le‑Château et à Saunière, certains sont sujets à polémique. Comme je le souligne dans
ma
lettre ouverte, toutes les pistes même douteuses
doivent être explorées. La maquette dite
de Bérenger Saunière est un
bel exemple. La révélation de son existence vers 1995
créa une réelle affaire non encore élucidée... |
La maquette attribuée à Bérenger
Saunière
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Pour ne chagriner aucun
chercheur concernant la polémique sur l'authenticité de
l'objet, je me contenterai d'exposer uniquement une
synthèse des faits dévoilés publiquement.
La découverte de
la maquette telle qu'elle a été rapportée paraît être
un pur concours de circonstances. C'est un chineur de la
région lyonnaise qui aurait fait cette fabuleuse découverte
dans une usine de fonderie désaffectée. Alors que l'usine se préparait à sa
démolition, un brocanteur chargé de
faire le tri aurait découvert une maquette en plâtre
accompagnée de diverses lettres contenues dans une
enveloppe. Ces lettres seraient des relances pour le
règlement d'une commande d'exécution d'un bronze. Or le
lien incroyable qui nous ramène à
Rennes‑le‑Château
serait ces lettres adressées à un certain
Bérenger Saunière,
prêtre d'un petit village du sud de la France.
Le chineur,
inconscient de la valeur de l'objet, le
vendit pour une somme dérisoire à un autre brocanteur. Ce
dernier, qui devint le propriétaire actuel de la
maquette, comprenant son importance, se mit
en relation avec
Jean‑Luc Robin, à l'époque gérant du musée "Le
Domaine de l'Abbé". Un contrat de location fut alors
conclu pour exposer la maquette à Rennes‑Le‑Château durant 3
ans, ce qui fut fait.
A ce stade, on
peut déjà imaginer le déroulement de l'histoire :
Entre le 1er et le 21 janvier 1916,
Bérenger Saunière aurait commandé à une
fonderie un bronze représentant en relief le lieu saint du
mont Golgotha et ses alentours. Pour cela, il
envoya un moule en plâtre servant de matrice. Malheureusement, il mourut
le 22 janvier 1917 et la fonderie resta en attente du
règlement pour exécuter la commande. Malgré des lettres de
relance, le commanditaire défunt ne put évidemment répondre.
La maquette de plâtre serait demeurée dans les sous‑sols de
l'usine, puis y aurait été oubliée et retrouvée bien plus
tard, par hasard.
C'est ainsi que cet
objet curieux aurait franchi les années pour nous parvenir
enfin, puisqu'il est maintenant tombé dans le domaine
public. Il est aujourd'hui en possession de ce fameux
brocanteur, et des copies de la maquette auraient été
réalisées.
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Les lettres
La maquette
aurait été retrouvée avec une enveloppe collée au‑dessous et
comportant plusieurs courriers. Ces papiers comprendraient :
Deux lettres de
Bérenger Saunière datées de
1916, dont l'une serait une liste
d'instructions pour la réalisation du bronze et
l'autre des modifications de textes prévus sur le
moulage définitif. Il y aurait même quelques dessins
explicatifs.
Des carbones et
des bleus du reçu de la facture
Une copie de la
lettre de relance
Un autre double
avec la mention "Décédé"
Voici parmi les instructions qu'aurait
envoyées Bérenger Saunière un extrait de ses dernières
remarques :
"...En ce qui concerne la
construction du moulage commandé je vous fais
parvenir les détails de ma dernière modification
sur la feuille jointe. Elle concerne uniquement
les textes en mesures et dimensions des tombes.
Le reste du travail me convient tout à fait." |
Il faut signaler que, les
courriers n'ayant jamais été divulgués intégralement et
officiellement par son propriétaire, aucune preuve formelle
n'existe attestant l'authenticité du moule et
de la commande de Bérenger Saunière. Seuls,
quelques extraits photocopiés ont été divulgués.
Malgré tout, son propriétaire actuel, clamant l'authenticité
du moule, aurait reconnu dans le relief "inversé" de la
maquette une région géographique précise située à
Opoul‑Périllos...
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La maquette vue de dessus
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Son aspect
La maquette semble ancienne et est
constituée d'un volume parallélépipédique en plâtre dont la
surface représenterait en relief une carte topographique. Ce
plâtre devait être destiné à la réalisation d'un moulage en
alliage de bronze creux, ceci à partir de la méthode de la
"cire perdue". La maquette ne pouvait donc servir qu'une
fois. Une patine couleur bronze vient décorer le plâtre et 4
planches peintes encerclent le moule pour le protéger.
Le relief permet de deviner des
vallées, des cours d'eau ou des chemins, des petites
murailles, une sorte d'habitation et des creux ressemblant à
des tombeaux anciens.
On peut lire sur le dessus 5
inscriptions :
GOLGOTHA Mt DU CALVAIRE
JARDIN DE GETHSEMANI
TOMBEAU DU CHRIST
TOMBEAU DE JOSEPH D'ARIMATHIE
Citerne |
Saunière aurait demandé uniquement des
modifications sur le jardin et les tombeaux. La "Citerne"
est l'autre nom désignant la crypte de Sainte Hélène.
Une étiquette sur un coin de la
maquette donne le titre de la représentation :
LE CALVAIRE
ET LE SAINT ‑ SEPULCRE
ETAT PRIMITIF
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Que représente la maquette ? |
En supposant que
Saunière en soit l'auteur, il est
tentant d'imaginer qu'il était sur la piste d'une quelconque
recherche à la fin de sa vie. Quelques chercheurs ont ainsi
essayé de trouver une ressemblance géographique entre la
maquette et la topographie de la région. Ne voyant aucune
similitude, certains ont tout de suite pensé à une carte
codée, d'autres eurent l'idée d'inverser le relief selon la
méthode d'inversion chère à Saunière. C'est ainsi que la
thèse défendue par un chercheur naquit en rapprochant la
maquette de la commune d'Opoul‑Périllos dans les Pyrénées‑Orientales.
Pourtant l'hypothèse la plus simple
a été laissée de côté pendant longtemps. Existe‑t‑il d'autres maquettes ou d'autres études représentant
le Calvaire et
le Saint‑Sépulcre
à l'époque du Christ ?
L'ouvrage "L’évangile de Jésus" (de Mgr Galbiati et St Gaëtan aux éditions Médiaspaul), présente une étude comparative entre la
région du mont Golgotha
à l'époque du Christ et ce même site aujourd'hui.
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Page extraite du livre
"L’évangile de Jésus"
de Mgr Galbiati
St Gaëtan éditions Médiaspaul
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Ces maquettes qui dateraient de 1904
sont visibles au musée archéologique des Pères Franciscains
de Jérusalem. Il est fascinant de noter combien la
ressemblance est frappante entre la maquette de gauche et
celle de Saunière. |
La maquette présumée de Saunière
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La comparaison des deux reliefs permet de
retrouver tous les éléments : les petites murailles et la même
petite construction carrée.
Les creux et les bosses semblent même correspondre, ainsi
que l'échelle des cartes.
Bien sûr, pour poursuivre cette étude, il
faudrait disposer des maquettes réelles, mais si Saunière avait
voulu nous souffler un message, il semble incontestable que
sa source d'origine est bien la maquette du calvaire et du
Saint Sépulcre telle qu'elle a été conçue en
1904.
Saunière se serait‑il inspiré d'une
étude existante et datant d'avant
1916 ?
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La maquette de 1904
au musée de
Jérusalem
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La Basilique du Saint Sépulcre à
Jérusalem
édifiée par les Croisés sur l'emplacement
du tombeau du Christ
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Existe‑t‑il un message ?
Nous avons vu que cette maquette représente à
priori les lieux saints et la passion du Christ à la fin de
sa vie. On retrouve en effet le tombeau du Christ, de
Joseph d'Arimathie et le
mont Golgotha appelé aussi "mont du crâne",
lieu de la crucifixion.
Pourtant des anomalies sur la maquette
de Saunière sont décelables :
Les textes bibliques précisent
qu'aucun tombeau n'était prévu pour le
Christ. Son corps fut déposé dans celui de
Joseph d'Arimathie. Or la maquette nous
montre deux tombeaux distincts.
La maquette de
1904 évoque d'autres tombeaux juifs et non
celui de
Joseph d'Arimathie
La maquette ne comporte aucune
indication permettant d'orienter la carte
L'emplacement du
jardin de Gethsémani est incorrect
Comment Bérenger Saunière aurait‑il pu désigner deux tombeaux
distincts pour le Christ
et Joseph d'Arimathie ? Aucun prêtre d'ailleurs
n'aurait pu se tromper à ce point.
De plus, si
Saunière s'est inspiré d'une maquette existante, pourquoi
modifier les indications ?
Enfin,
pourquoi
Saunière se serait‑il engagé dans cette entreprise coûteuse
pour élaborer un bronze bibliquement erroné ?
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Le jardin de Gethsémani à Jérusalem
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Intox ou info ?
Nous n'avons aujourd'hui aucune certitude
que Saunière soit lié à cette maquette et il est donc
légitime de douter de son authenticité.
En faveur du vrai :
Pas grand‑chose puisque nous n'avons pas de fait
établi. Mais ce n'est pas le seul exemple où des hypothèses
sérieuses sont envisagées sans preuve dans cette affaire. Il
est malgré tout incontestable que la maquette révèle
quelques erreurs bibliques grossières.
En faveur
du faux :
Après l'analyse des carnets de correspondance
1915‑1917
et des carnets de comptabilité de Bérenger Saunière,
certaines conclusions s'imposent :
On n'a retrouvé aucune facture ni
aucun courrier concernant la maquette ou un quelconque
outillage servant à l'élaboration du moule en plâtre et
à des mesures topographiques.
Si le relief inversé de la maquette
représente le site d'Opoul‑Périllos, on n'a
retrouvé aucune trace de facture ou de courrier
concernant un voyage de Saunière dans cette région.
Bien sûr, si
Saunière a voulu être discret sur cette
maquette il est normal que nous n'ayons aucune trace. Tout
comme
son hypothétique voyage à Paris
admis par de nombreux auteurs et qui n'est étayé par aucune
preuve.
En résumé, s'il est pratiquement établi
que la maquette est issue d'une version de
1904, sa création ou sa modification par Saunière
restent à prouver. Seules les lettres détenues par le
propriétaire actuel pourraient permettre de faire avancer
l'affaire. Mais si cette authenticité est confirmée, il est
certain que cet objet deviendra un centre d'intérêt
extrêmement important
pour les chercheurs.
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Le mont Golgotha aujourd'hui appelé
aussi "mont du crâne"
ou "mont des oliviers"
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