Le premier parchemin appelé
"petit parchemin" est
intimement lié au second nommé le grand parchemin. Beaucoup de points communs
existent entre‑eux, mais contrairement au grand document,
celui‑ci
cache encore son secret.
De nombreuses études ont été effectuées, notamment
sur son authenticité et sa géométrie, car il est clair qu'il possède des propriétés
indéniables. Il manque simplement son mode d'emploi.
Protège‑t‑il une phrase clé comme dans le second parchemin ?
Faut‑il utiliser sa géométrie pour ouvrir une piste
topographique ? Beaucoup de travail reste encore à
accomplir...
Le sujet des
parchemins a toujours été une source de polémiques, surtout
depuis que
Philippe de Cherisey prétendit à un moment qu'il en était
l'auteur. Seulement voilà, il fut bien incapable d'apporter
la moindre explication sur le procédé
de codage, et en mélangeant la méthode du saut du cavalier avec le
procédé
Vigenère il se
discrédita irrémédiablement. En fait, il disposait au
travers de Pierre Plantard
de quelques éléments de décodage, mais pas de la méthode
complète qu'un auteur doit obligatoirement fournir pour
confirmer sa signature.
C'est la preuve évidente qu'il n'est pas l'auteur des
parchemins. D'ailleurs, comment peut‑on imaginer qu'il ait
dissimulé la phrase clé "BERGERE PAS DE
TENTATION..." sans en connaître la portée
historique et artistique ni le tableau de
Téniers
concerné.
Loin de cette polémique,
les deux parchemins sont plus que jamais fondateurs, et lorsque
l'on prend la peine d'analyser les textes, une
évidence s'impose : nous sommes très loin d'une
manipulation faite par un amateur en mal de
reconnaissance. Bien au contraire, il s'agit d'un travail d'érudit...
|
Le Codex Bezae... De quoi s'agit‑il ? |
Il arrive que des recherches
suggérées par les passionnés aboutissent à des
coïncidences qui n'en sont plus. C'est le cas du Codex
Bezae
qui est un
parfait exemple.
C'est suite à la publication de
l'étude du
petit parchemin qu'un étudiant allemand de
l'université de Brême,
Wieland Willker, me contacta en
2004 pour signaler que les parchemins "dits de Saunière"
n'étaient que des faux et qu'il en détenait la preuve.
Fort de ces constatations, je m'empressais d'étudier l'une
des pages d'un vieux manuscrit : le Codex
Bezae d'où aurait été extrait le texte du petit
parchemin.
Or si
son analyse prouve bien l'origine,
contester l'authenticité est aujourd'hui impossible
du fait de plusieurs détails bien gênants et qui sont passés
volontairement sous silence dans sa démonstration.
Nous connaissons de nos jours plusieurs
écrits bibliques plus ou moins bien conservés, et plus ou
moins anciens. Les Manuscrits de la Mer Morte découverts
à
Qumrân
en
1947 sont les plus connus, car les plus anciens, sans doute antérieurs à l'ère chrétienne.
Or il existe d'autres anciens manuscrits bibliques
découverts avant 1947 et postérieurs à l'ère
chrétienne tout aussi intéressants. Le
Codex Bezae
est l'un d'eux puisqu'il daterait
du IVe ou du
Ve siècle après J.‑C. ce qui est
confirmé par la forme de l'écriture onciale. Ceci
permet d'affirmer que le
Codex Bezae
est un ouvrage exceptionnel
puisqu'il est antérieur au Nouveau Testament.
|
Son histoire
Le Codex Bezae
tient son nom de
Théodore Beza (1519‑1605), théologien
français protestant, ami et successeur de Calvin,
proche de
l'université de Cambridge qui a obtenu
l'ouvrage comme cadeau en 1581.
En effet, le
manuscrit fut envoyé par Théodore Beza (de Bèze) à
l'université alors qu'il l'avait eu sous sa sauvegarde
en 1562 durant les guerres de religion. L'ouvrage
devint ainsi connu sous le nom "Codex Bezae Cantabrigiensis"
Théodore Béza est un grand personnage
du courant protestant calviniste.
|
Théodore Beza (1519‑1605)
|
Théodore de Bèze naquit en
1519
en Bourgogne. Très vite, il se tourna vers la
Réforme, mais n'adhéra pas complètement jusqu'à une grave
maladie.
Après avoir suivi des
cours de juriste, il occupa durant 10 ans un poste de professeur
de grec à l’Académie de Lausanne. Puis en
1558,
il se rendit à Genève pour devenir directeur de
l’Académie de Genève en
1559.
Dès le début, Théodore de Bèze fut le conseiller
théologique de l’Église française et dialogua avec les
autorités politiques des huguenots en pleines guerres de
religion. Après la mort de Calvin en
1564,
Théodore de Bèze devint son successeur comme modérateur
de la Compagnie des pasteurs de Genève. Et après
1564, il garda le contact avec les Églises
françaises. Il fut même élu président du synode de La
Rochelle, mais aussi témoin de la persécution de
nombreux croyants.
Théodore de Bèze est surtout considéré comme
un
élève de Calvin et un précurseur de l’orthodoxie.
Il travailla énormément sur le Nouveau et l’Ancien
Testament et sur l’étude biblique. Son édition du
Nouveau Testament pour laquelle il découvrit et
interpréta de nombreux manuscrits, fut rééditée plus de
150 fois jusqu’en 1965. Théodore de Bèze mourut à l’âge
de 86 ans, le 13 octobre 1605.
|
Le mur des réformateurs à Genève
(en Suisse)
De gauche à droite : William Farel, John Calvin,
Theodore Beza et John Knox
|
Théodore Beza
écrivit dans la lettre accompagnant son cadeau à
l'université de Cambridge que le manuscrit fut retiré du
monastère St Irénée de
Lyon, pendant le sac de la ville en
1562.
À cette date Lyon, était saccagé par les huguenots et
sans la mise à l'abri du précieux livre, celui‑ci aurait
probablement fini dans les flammes.
Il poursuivit en révélant que le
Codex Bezæ
était resté certainement très
longtemps dans le monastère, car il était couvert de
poussière. D'autre part il fut restauré par les ateliers
de Florus à Lyon au
IXe siècle. Nous savons
aujourd'hui que le Codex fut
amené au
concile de Trente en 1546
par l'évêque de Clermont d'Auvergne dans le but de
confirmer une variante latine de Jean (21,22) dont
l'original grec ne se lisait que dans cet exemplaire.
Théodore Beza écrivit également
dans sa lettre que le manuscrit proviendrait de la
France méridionale autour du début du
VIe
siècle. Il est vrai que les églises à Lyon et
dans le Sud ont maintenu longtemps le grec dans leur
liturgie.
Des annotations concernant
seulement le texte grec ont été retrouvées dans le
manuscrit et dateraient du
IXe au
XIe siècle
prouvant que le Codex fut utilisé dans une
église pratiquant uniquement le rite grec. Or entre le
IXe
et le XIe siècle, le rite
grec était pratiqué uniquement en Italie méridionale.
Ces indications nous donnent juste un indice sur le
voyage du manuscrit et non sur son lieu de naissance.
Il fut ensuite édité par
F.H.
Scrivener en
1864, puis reproduit en
fac‑similé en
1899 par l'université de Cambridge. Un
bulletin d'études lui a été consacré au début du
XXe
siècle, puis
ce fut le colloque de Lunel en
1994.
Les Éditions vaticanes en ont assuré la
réédition en
1996 en approfondissant la transcription
latine. Le manuscrit est maintenant conservé à la
bibliothèque de l'Université de Cambridge.
|
Codex Bezae, Troisième édition de
Henri Estienne, 1588
|
Le
Codex Bezae
Cantabrigiensis, appelé également codex de Bèze,
répertorié sous le sigle D05, est l'un des cinq
plus importants Nouveaux Testaments grecs, et
certainement le plus intéressant au niveau de son contenu.
L'ouvrage est constitué de textes
bilingues
grec et latin. Il contient les
4 Évangiles de Matthieu, Jean, Luc et Marc, et
précédé d'une lacune se trouve la troisième épître de
Jean, suivie des Actes des Apôtres.
L'état du livre montre un espace entre
les
Évangiles et les actes. Avec les vieilles
versions latines antérieures à la Vulgate, il constitue le
texte dit “ Occidental ”
|
Le Codex Bezae ‑ sa couverture
|
Il faut noter que seul l'Évangile de Luc
est complet. D'une calligraphie élégante, les Évangiles se
lisent dans un ordre propre sur 406 folios (534
originellement) rythmés de 33 lignes au recto et au
verso. Le grec est écrit en larges onciales sur la page de
gauche, avec la traduction latine sur celle de droite.
Certains passages entre parenthèses
comportent une écriture du Xe siècle. Le manuscrit a peu retenu
l'attention des milieux scientifiques dans la mesure où
ceux‑ci n'ont assuré qu'une traduction partielle (les
Actes).
|
Codex Bezae ‑ Exemple de page
Le premier verset de l'Evangile de Luc
|
Sa datation admise de nos jours
Après
1864, il était reconnu que le manuscrit devait
dater du début du VIe siècle, mais de nos
jours le
Codex Bezæ
est plutôt
situé au premier
quart du Ve siècle comme le montre
l'étude paléographique des textes.
Cette date qui marque la période à
laquelle le manuscrit aurait été constitué correspond à une
effervescence à Lyon avec l'édification des basiliques des
deux
nécropoles voisines des martyrs
St Irénée et St Just.
Mais il est certain que le scribe qui
effectua la copie avait sous les yeux un texte plus ancien
que les grands onciaux du
IVe
siècle sur lequel se base le texte standard, plus
ancien que les papyrus de la collection Bodmer et qui
remontent à la fin du
IIe siècle ap. J.‑C. La calligraphie du
grec est plus hésitante que celle du latin, ce qui montre
aussi que le copiste ne pratiquait pas le grec. D'ailleurs ce grec respecte une phonologie
ancienne proche du
Ier siècle qui n'était plus
pratiquée alors. Si la confection du livre n'est pas
antérieure au Ve
siècle, le texte grec copié est très ancien, et en
ce qui concerne l'Évangile de Luc, probablement le plus
ancien.
Le Codex Bezae est sans doute le texte le
plus ancien des Évangiles que l'on connaisse. Il est la
copie d'un autre texte primitif dont on retrouve la trace
par Justin, martyrisé vers 165 à Rome,
et Irénée qui arriva à Lyon en 170
après avoir été disciple de Polycarpe.
|
Le Codex Bezæ
et
le petit parchemin |
Quel peut être le lien entre un
vieux manuscrit du
IVe siècle
sauvé en 1562 et
le petit parchemin ?
Si on cherche
4 versets du chapitre V de l'Évangile de
Luc dans leur traduction latine du Codex Bezæ, il est remarquable d'y retrouver
le
passage pratiquement intégral du petit parchemin dit de
Saunière !
|
Extrait du Codex Bezae
La cueillette
des épis de blé : Luc V 38 ‑ 17.9
On reconnaît le début du petit
parchemin dès la 1ère ligne "ETFACTUMESTEUMIN..." |
Serions‑nous en présence de la version originale ? Cet évangile aurait‑il servi de base à l'élaboration
d'un document codé ? Ou tout simplement, serait‑il un indice démontrant que le petit parchemin n'est
autre que l'extrait d'un texte biblique célèbre, prouvant une supercherie montée par Pierre Plantard
et Philippe de Cherisey ? Le problème est posé... |
Étude comparative
La coïncidence est en tous cas suffisamment
importante pour mériter une analyse approfondie. |
Extrait du Codex Bezae ‑
Luc V, 38 ‑ 17.9
(Le texte identique au petit parchemin a été isolé du reste
des versets) |
Si l'on compare l'original avec le
parchemin, on peut remarquer outre la disposition de certains
mots, quelques différences repérées en jaune ci‑dessous: |
Le O de SECUNDO est
remplacé par un thêta
θ
dans le petit parchemin
Le mot SEGETES est curieusement mal écrit et
donne SCCETES
Le C de DISCIPULI est remplacé par un G
(sans doute pour faire mieux apparaître le
G de Dagobert)
Le U de ILLIUS est remplacé par 2 lettres TR
formant ILLTRIS
Le I de FRICANTES est remplacé par un T
Le I de MANIBUS est remplacé par un T
Le I de DICEBANT es remplacé par un T
Le I de QUID est remplacé par un A
Le premier I de DISCIPULI est remplacé par un
T
Le H de IHS est remplacé par un N
Le mot DIXIT est remplacé par
SETXTT
Le G de LEGISTIS est remplacé par un C
Le I de DAVID est remplacé par un T
Les 2 I de ESURIIT sont remplacés par un U
Le T de ERAT est remplacé par un I
Le mot DOMUM est remplacé par un mot plutôt mal
écrit DUMUM
2 mots ont été ajoutés : REDIS et
BLES
Le mot UXUθ a été ajouté
A toutes ces modifications
s'ajoutent les symboles graphiques comme les
3 croix, la
signature PS, le
Alpha Oméga, quelques accents et quelques
points.
Enfin, et c'est ce que l'on remarque
en premier, la césure des mots et des lignes qui n'est pas
la même ainsi que certains espaces.
|
Les versets
Une information importante que l'on
peut tirer du
Codex Bezæ
est la construction exacte des versets
qui sont au nombre de
4 :
|
(Fin du verset 1) ET FACTUM EST EUM
IN SABBATO SECUNDOPRIMO ABIRE PER SEGETES DISCIPULI AUTEM
ILLIUS COEPERUNT VELLERE SPICAS ET FRICANTES MANIBUS
(Verset 2)
MANDUCABANT QUIDAM AUTEM DE FARISAEIS DICEBANT EI ECCE
QUID FACIUNT DISCIPULI TUI SABBATIS
(Verset 3) QUOD NON LICET
RESOPONDENS AUTEM IHS DIXIT AD EOS NUMQUAM HOC LEGISTIS QUOD
FECIT DAVID QUANDO ESURIIT IPSE ET QUI CUM EO ERAT
(Verset 4) INTROIBIT IN DOMUM DEI
ET PANES PROPOSITIONIS MANDUCAVIT ET DEDIT ET QUI CUM ERANT
QUIBUS NON LICEBAT MANDUCARE SI NON SOLIS SACERDOTIBUS
|
À chaque fin de verset correspond une
croix dans le petit parchemin. Voici donc la signification
première de ces 3 croix. Ceci ne remet pas en cause
leurs dispositions qui est à la base de
propriétés géométriques
étonnantes.
Nous pouvons donc déjà affirmer à ce stade
que le petit parchemin trouve bien son origine dans le Codex
Bezae, car il existe trop de similitudes. Mais cette copie ne
ressemble pas du tout à celle d'un mauvais latiniste. Les
erreurs sont intentionnelles puisque qu'une erreur de
retranscription n'engendre pas l'ajout d'un mot entier comme
UXUθ ou le remplacement d'un mot comme
DIXIT
par
SETXTT.
Il reste donc une question cruciale : le petit parchemin est‑il un authentique document construit
après 1581, date
à laquelle le Codex Bezae fut révélé à
Cambridge ; ou est‑il un faux élaboré par
Pierre Plantard et
Philippe de Cherisey ?
La vérité est
difficile à établir d'autant que la version que nous connaissons aujourd'hui
intègre un codage relativement facile à repérer : certaines lettres
sont décalées vers le haut formant " A DAGOBERT II ROI ET A SION...".
On peut
aussi affirmer que
le petit parchemin est bien trop complexe pour être l'œuvre de
Philippe de Cherisey. Calquer un vieux document
et déplacer quelques lettres pour suggérer une phrase est
relativement simple, mais concevoir un parchemin complet et
cohérent avec le reste de l'énigme est autrement plus
difficile. D'autant qu'il existe
des détails gênants
qui empêchent le scénario d'un simple copiste.
Voici pourquoi ce document fut si
souvent remis en question. Il comporte un fond véridique et
codé avec une extrême intelligence et une partie qui
pourrait être manipulée.
|
Pas si simple...
Courant 2005, un fac‑similé de
la fameuse page 186 du Codex Bezae fut
découvert dans
un ouvrage biblique plus récent : le "Dictionnaire de la
Bible" rédigé par
Fulcran Vigouroux à Paris
en 1895.
Cette découverte remit en
ébullition les chercheurs dont certains virent dans le livre
la preuve irréfutable du faux petit parchemin. En effet, si
le fac‑similé "Luc V, 38‑17.9" du Codex Bezae se trouve
dans un ouvrage plus récent, la thèse qu'un faussaire ait pu
l'utiliser devient plausible.
Or, ce n'est pas si simple,
car un détail va
remettre le raisonnement aux orties. Si l'on
observe le texte du Codex Bezae, le premier verset du petit
parchemin est marqué par un crochet très net marquant ainsi
le point de départ de l'extrait. Si faussaire il y a, il n'a
donc pu utiliser le
"
Dictionnaire de la Bible" de
1895, puisque cette délimitation était déjà présente
dans la version du Codex Bezae plus ancienne de Cambridge.
Nous revoilà au point de départ :
qui a posé cette marque sur l'exemplaire du Codex Bezae
archivé à Cambridge et quand ?
|
Dictionnaire de la Bible par
Fulcran Vigouroux
|
Qui était Fulcran Vigouroux ?
Fulcran Vigouroux (1837‑1915)
était
Sulpicien. De 1868 à 1890, il se chargea
de donner des cours d'écriture Sainte au grand Séminaire de
Saint Sulpice de Paris. Ses formations étaient réservées
à une vingtaine d'élèves à la fois, tous connaissant déjà
l'hébreu.
L'enseignement qu'il procurait était
d'une extrême érudition, n'hésitant pas à travailler sur les
aspects grammaticaux ou comparatifs entre les différentes
langues grec, latin et hébreu. C'était aussi un défenseur de
l'interprétation traditionnelle de la Bible.
Curieusement son approche
traditionnelle était menée en parallèle avec des avancées
archéologiques et historiques, comme s'il était convaincu
que les progrès techniques allaient conforter les récits
bibliques.
Il publia en
1880
deux premiers volumes du «
Manuel Biblique » qu´il composa après 10
ans d´enseignement.
En 1890, il quitta
le Séminaire de
Saint‑Sulpice pour venir à
l'Institut Catholique de Paris
et poursuivre ses cours d´Écriture Sainte, et plus
particulièrement l´étude de l´Ancien Testament.
En 1903, Fulcran Vigouroux
partit pour Rome où il fut nommé secrétaire de la
Commission pontificale pour les Études bibliques, créée par
le Pape Léon XIII, le 30 octobre 1902.
Le Dictionnaire de la Bible qu'il
publia en 5 volumes de
1891 à 1912 est un monument d´érudition, mais
qui est curieusement éloigné de ce qu´enseignent les Livres
saints. Cet ouvrage contient une grande quantité
d'informations géographiques, archéologiques et botaniques
relatives à la Bible. Fulcran Vigouroux était aussi
d'une extrême rigueur. Il vérifiait durant des heures chaque
page produite par ses collaborateurs, dont le plus célèbre
était Jacques Thomas.
Quelle étrange année que celle de 1891.
Alors que le Dictionnaire de Vigouroux sortait,
Bérenger Saunière
qualifiait cette année
dans un collage :
"L'année 1891 portée dans l'éternité avec le fruit
dont on parle ci‑dessous". Il est vrai que l'on
retrouve ce nombre fétiche sur le pilier inversé "MISSION
1891" ou sur le porche de l'église de Rennes‑Le‑Château...
|
Coïncidences extraordinaires |
Le mystère du crochet
Sur toutes les versions connues et
même la version fac‑similé du manuscrit de Cambridge, il
existe un mystérieux crochet "[" sur la page latine
de LUC V 38‑17.9
marquant ainsi une césure qui est exactement le
démarrage du texte du petit parchemin "ETFACTUM...".
|
Comment ce petit crochet a‑t‑il pu se
retrouver sur toutes les versions connues, dont celle du
dictionnaire de la bible de Fulcran Vigouroux en 1891 ?
Autre fait d'importance : le père lazariste
Jean Jourde (1852‑1930), révélé par
Frank Daffos dans son livre "Le puzzle reconstitué"
fut l'élève de Fulcran Vigouroux qui enseignait au
séminaire de Saint Sulpice.
Jean Jourde, dont on
connaît aujourd'hui l'importance dans l'affaire de Rennes, connaissait donc parfaitement le Codex Bezae qui se
retrouva dans le Dictionnaire de la Bible en
1891...
Jean Jourde serait‑il
l'auteur de ce mystérieux crochet et donc le codeur
mystérieux du petit parchemin ?
|
Un numéro de page terriblement évocateur
Il faut également saluer
l'ingéniosité du codeur qui choisit d'extraire
son texte latin de la page 186 du Codex Bezae.
Le clin d'oeil n'est pas dû au hasard puisque 186
est une déclinaison bien connue du 681,
un nombre que l'on retrouve régulièrement dans l'énigme
comme dans la phrase issue du grand parchemin :
"BERGERE PAS DE
TENTATION
QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLE PAX 681..."
|
Page 186 en haut à droite |
Un texte latin qui rappelle Boudet
Comment ne pas penser au mot "blé" que
Boudet cite
32 fois dans
son livre "La
Vraie Langue Celtique"
lorsqu'on lit le texte de Saint Luc ?
Ce passage où Jésus et ses disciples parcourent des
champs de blé le jour du sabbat nous renvoie
immanquablement aux allégories de Boudet sur sa céréale
précieuse... Encore une coïncidence qui n'en est
sûrement pas une...
|
Une superbe anagramme codée
Si on observe la page latine, 3 lignes
sont nettement décalées vers la gauche d'une lettre. Or sur
la page équivalente grecque, le même décalage est visible.
|
La cueillette des épis de blé
Luc V 38 ‑ 17.9
Page en grec
|
La cueillette
des épis de blé
Luc V 38 ‑ 17.9
Page suivante en latin
|
Une fois les caractères décalés
isolés, nous avons la série de lettres suivantes :
A K E R E D I
Il est alors très facile de voir
les mots :
A R K E D E I
que l'on peut rapprocher de
"ARCHE
DIEU" ou plus exactement "l'Arche de Dieu". Mais
pour cela il faudrait que le K grec se transforme en
CH latin
Or il faut savoir
que lorsque la racine grecque est
indirecte (le mot français provient de la transposition
latine du mot
grec
comportant un khi) le
CH se
prononce CHE comme dans : archives, architecte,
archevêque, monarchie, etc.
A l'inverse, quand
la racine grecque est
directe, le
CH se prononce KE
comme dans : orchestre, archéologie,
psychiatre, psychologue, chiromancie)
On peut donc envisager la
traduction :
A R CH E D E I
Arche de dieu
Pure coïncidence ? Peut‑être, mais
alors, pourquoi a‑t‑on décalé ces 3 lignes ?
|
Page grecque
|
Page latine
|
Voici donc que l'affaire du petit
parchemin se complique nettement. Si on admet qu'un crochet
a pu être facilement tracé par l'auteur du codage,
décaler 6 lignes sur 2 pages du Codex Bezae
de Cambridge devient l'œuvre d'un magicien.
Nous avons donc 4 coïncidences
extraordinaires sur deux pages. Avouons qu'il devient très
difficile d'affirmer qu'il n'y a aucun codage...
|
Que peut‑on en conclure ?
Si l'on se base sur des faits objectifs,
il est indéniable que le
petit parchemin est issu du Codex Bezæ, ou du moins issu d'une copie très
proche. Il est également certain que des modifications ont
été apportées. Certains diront qu'il s'agit de la maladresse
du copiste, ou de sa non‑connaissance des lettres anciennes,
mais cette explication n'est pas satisfaisante. Si certaines
transcriptions peuvent s'apparenter à une erreur comme
ILLIUS
se transformant en
ILLTRIS, que dire alors de
DIXIT qui est remplacé par
SETXTT ou de l'ajout délibéré de mots comme
UXUθ ou
REDIS
BLE et tout ceci sans tenir compte des
particularités géométriques.
Si l'on ajoute à ceci les coïncidences
extraordinaires, une évidence s'impose : nous sommes en
présence d'un document complexe qui n'a pas été choisi par hasard
dans le Codex et qui n'est certainement pas l'œuvre d'un
copiste maladroit. Le petit parchemin a été conçu dans un
but précis qui reste une énigme aujourd'hui.
La thèse du faux est séduisante, car elle permet
d'occulter facilement les sujets sans réponses, alors
qu'étudier un document sur une hypothèse d'authenticité est
autrement plus difficile...
Le
petit parchemin est à la base un texte
authentique qui a été extrait du
Codex Bezae
pour attirer notre attention et amener un codage. Il faut
l'admettre...
|
|
|