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Le petit parchemin, Codex Bezae - Rennes-le-Château Archive

Le petit parchemin                 3/3
et le Codex Bez
ae

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Le premier parchemin  appelé "petit parchemin" est intimement lié au second nommé le grand parchemin. Beaucoup de points communs existent entre‑eux, mais contrairement au grand document, celui‑ci cache encore son secret.

 

    De nombreuses études ont été effectuées, notamment sur son authenticité et sa géométrie, car il est clair qu'il possède des propriétés indéniables. Il manque simplement son mode d'emploi. Protège‑t‑il une phrase clé comme dans le second parchemin ? Faut‑il utiliser sa géométrie pour ouvrir une piste topographique ? Beaucoup de travail reste encore à accomplir...

 

   Le sujet des parchemins a toujours été une source de polémiques, surtout depuis que Philippe de Cherisey prétendit à un moment qu'il en était l'auteur. Seulement voilà, il fut bien incapable d'apporter la moindre explication sur le procédé de codage, et en mélangeant la méthode du saut du cavalier avec le procédé Vigenère il se discrédita irrémédiablement. En fait, il disposait au travers de Pierre Plantard de quelques éléments de décodage, mais pas de la méthode complète qu'un auteur doit obligatoirement fournir pour confirmer sa signature. C'est la preuve évidente qu'il n'est pas l'auteur des parchemins. D'ailleurs, comment peut‑on imaginer qu'il ait dissimulé la phrase clé "BERGERE PAS DE TENTATION..." sans en connaître la portée historique et artistique ni le tableau de Téniers concerné.  

 

   Loin de cette polémique, les deux parchemins sont plus que jamais fondateurs, et lorsque l'on prend la peine d'analyser les textes, une évidence s'impose : nous sommes très loin d'une manipulation faite par un amateur en mal de reconnaissance. Bien au contraire, il s'agit d'un travail d'érudit...

 

Sommaire

 

      Le petit parchemin ‑ Un style hermétique

      Le petit parchemin et ses propriétés géométriques

      Le petit parchemin et le Codex Bezae

 

Le Codex Bezae... De quoi s'agit‑il ?

   Il arrive que des recherches suggérées par les passionnés aboutissent à des coïncidences qui n'en sont plus. C'est le cas du Codex Bezae qui est un parfait exemple.

   C'est suite à la publication de l'étude du petit parchemin qu'un étudiant allemand de l'université de Brême, Wieland Willker, me contacta en 2004 pour signaler que les parchemins "dits de Saunière" n'étaient que des faux et qu'il en détenait la preuve.

    Fort de ces constatations, je m'empressais d'étudier l'une des pages d'un vieux manuscrit : le Codex Bezae d'où aurait été extrait le texte du petit parchemin.

 

   Or si son analyse prouve bien l'origine, contester l'authenticité est aujourd'hui impossible du fait de plusieurs détails bien gênants et qui sont passés volontairement sous silence dans sa démonstration.

 

   Nous connaissons de nos jours plusieurs écrits bibliques plus ou moins bien conservés, et plus ou moins anciens. Les Manuscrits de la Mer Morte découverts à Qumrân en 1947 sont les plus connus, car les plus anciens, sans doute antérieurs à l'ère chrétienne. Or il existe d'autres anciens manuscrits bibliques découverts avant 1947 et postérieurs à l'ère chrétienne tout aussi intéressants.  Le Codex Bezae est l'un d'eux puisqu'il daterait du IVe ou du Ve siècle après J.‑C. ce qui est confirmé par la forme de l'écriture onciale. Ceci permet d'affirmer que le Codex Bezae est un ouvrage exceptionnel puisqu'il est antérieur au Nouveau Testament.

 

Son histoire

 

   Le Codex Bezae tient son nom de Théodore Beza (1519‑1605), théologien français protestant, ami et successeur de Calvin, proche de l'université de Cambridge qui a obtenu l'ouvrage comme cadeau en 1581.

   En effet, le manuscrit fut envoyé par Théodore Beza (de Bèze) à l'université alors qu'il l'avait eu sous sa sauvegarde en 1562 durant les guerres de religion. L'ouvrage devint ainsi connu sous le nom "Codex Bezae Cantabrigiensis"

 

   Théodore Béza est un grand personnage du courant protestant calviniste.


Théodore Beza (1519‑1605)

 

   Théodore de Bèze naquit en 1519 en Bourgogne. Très vite, il se tourna vers la Réforme, mais n'adhéra pas complètement jusqu'à une grave maladie. Après avoir suivi des cours de juriste, il occupa durant 10 ans un poste de professeur de grec à l’Académie de Lausanne. Puis en 1558, il se rendit à Genève pour devenir directeur de l’Académie de Genève en 1559.

 

   Dès le début, Théodore de Bèze fut le conseiller théologique de l’Église française et dialogua avec les autorités politiques des huguenots en pleines guerres de religion. Après la mort de Calvin en 1564, Théodore de Bèze devint son successeur comme modérateur de la Compagnie des pasteurs de Genève. Et après 1564, il garda le contact avec les Églises françaises. Il fut même élu président du synode de La Rochelle, mais aussi témoin de la persécution de nombreux croyants.


   Théodore de Bèze est surtout considéré comme un élève de Calvin et un précurseur de l’orthodoxie. Il travailla énormément sur le Nouveau et l’Ancien Testament et sur l’étude biblique. Son édition du Nouveau Testament pour laquelle il découvrit et interpréta de nombreux manuscrits, fut rééditée plus de 150 fois jusqu’en 1965. Théodore de Bèze mourut à l’âge de 86 ans, le 13 octobre 1605.


Le mur des réformateurs à Genève (en Suisse)
De gauche à droite : William Farel, John Calvin, Theodore Beza et John Knox

 

   Théodore Beza écrivit dans la lettre accompagnant son cadeau à l'université de Cambridge que le manuscrit fut retiré du monastère St Irénée de Lyon, pendant le sac de la ville en 1562. À cette date Lyon, était saccagé par les huguenots et sans la mise à l'abri du précieux livre, celui‑ci aurait probablement fini dans les flammes.

 

   Il poursuivit en révélant que le Codex Bezæ était resté certainement très longtemps dans le monastère, car il était couvert de poussière. D'autre part il fut restauré par les ateliers de Florus à Lyon au IXe siècle. Nous savons aujourd'hui que le Codex fut amené au concile de Trente en 1546 par l'évêque de Clermont d'Auvergne dans le but de confirmer une variante latine de Jean (21,22) dont l'original grec ne se lisait que dans cet exemplaire. Théodore Beza écrivit également dans sa lettre que le manuscrit proviendrait de la France méridionale autour du début du VIe siècle. Il est vrai que les églises à Lyon et dans le Sud ont maintenu longtemps le grec dans leur liturgie.

 

   Des annotations concernant seulement le texte grec ont été retrouvées dans le manuscrit et dateraient du IXe au XIe siècle prouvant que le Codex fut utilisé dans une église pratiquant uniquement le rite grec. Or entre le IXe et le XIe siècle, le rite grec était pratiqué uniquement en Italie méridionale. Ces indications nous donnent juste un indice sur le voyage du manuscrit et non sur son lieu de naissance.

 

   Il fut ensuite édité par F.H. Scrivener en 1864, puis reproduit en fac‑similé en 1899 par l'université de Cambridge. Un bulletin d'études lui a été consacré au début du XXe siècle, puis ce fut le colloque de Lunel en 1994. Les Éditions vaticanes en ont assuré la réédition en 1996 en approfondissant la transcription latine. Le manuscrit est maintenant conservé à la bibliothèque de l'Université de Cambridge.

 


Codex Bezae, Troisième édition de Henri Estienne, 1588

 

   Le Codex Bezae Cantabrigiensis, appelé également codex de Bèze, répertorié sous le sigle D05, est l'un des cinq plus importants Nouveaux Testaments grecs, et certainement le plus intéressant au niveau de son contenu.

 

   L'ouvrage est constitué de textes bilingues grec et latin. Il contient les 4 Évangiles de Matthieu, Jean, Luc et Marc, et précédé d'une lacune se trouve la troisième épître de Jean, suivie des Actes des Apôtres.

 

   L'état du livre montre un espace entre les Évangiles et les actes. Avec les vieilles versions latines antérieures à la Vulgate, il constitue le texte dit “ Occidental ”


Le Codex Bezae ‑ sa couverture

   Il faut noter que seul l'Évangile de Luc est complet. D'une calligraphie élégante, les Évangiles se lisent dans un ordre propre sur 406 folios (534 originellement) rythmés de 33 lignes au recto et au verso. Le grec est écrit en larges onciales sur la page de gauche, avec la traduction latine sur celle de droite.

 

   Certains passages entre parenthèses comportent une écriture du Xsiècle.  Le manuscrit a peu retenu l'attention des milieux scientifiques dans la mesure où ceux‑ci n'ont  assuré qu'une traduction partielle (les Actes).

 


Codex Bezae ‑ Exemple de page
Le premier verset de l'Evangile de Luc

 

Sa datation admise de nos jours

 

   Après 1864, il était reconnu que le manuscrit devait dater du début du VIe siècle, mais de nos jours le Codex Bezæ est plutôt situé au premier quart du Ve siècle comme le montre l'étude paléographique des textes.

 

   Cette date qui marque la période à laquelle le manuscrit aurait été constitué correspond à une effervescence à Lyon avec l'édification des basiliques des deux nécropoles voisines des martyrs St Irénée et St Just.

 

   Mais il est certain que le scribe qui effectua la copie avait sous les yeux un texte plus ancien que les grands onciaux du IVe siècle sur lequel se base le texte standard, plus ancien que les papyrus de la collection Bodmer et qui remontent à la fin du IIsiècle ap. J.‑C. La calligraphie du grec est plus hésitante que celle du latin, ce qui montre aussi que le copiste ne pratiquait pas le grec. D'ailleurs ce grec respecte une phonologie ancienne proche du Ier siècle qui n'était plus pratiquée alors. Si la confection du livre n'est pas antérieure au Ve siècle, le texte grec copié est très ancien, et en ce qui concerne l'Évangile de Luc, probablement le plus ancien.

 

   Le Codex Bezae est sans doute le texte le plus ancien des Évangiles que l'on connaisse. Il est la copie d'un autre texte primitif dont on retrouve la trace par Justin,  martyrisé vers 165 à Rome, et Irénée qui arriva à Lyon en 170 après avoir été disciple de Polycarpe.

  

Le Codex Bezæ et le petit parchemin

   Quel peut être le lien entre un vieux manuscrit du IVe siècle sauvé en 1562 et le petit parchemin ?

 

   Si on cherche 4 versets du chapitre V de l'Évangile de Luc dans leur traduction latine du Codex Bezæ, il est remarquable d'y retrouver le passage pratiquement intégral du petit parchemin dit de Saunière !

 


Extrait du Codex Bezae
La cueillette des épis de blé : Luc V 38 ‑ 17.9
On reconnaît le début du petit parchemin dès la 1ère ligne "ETFACTUMESTEUMIN..."

 

   Serions‑nous en présence de la version originale ? Cet évangile aurait‑il servi de base à l'élaboration d'un document codé ? Ou tout simplement, serait‑il un indice démontrant que le petit parchemin n'est autre que l'extrait d'un texte biblique célèbre, prouvant une supercherie montée par Pierre Plantard et Philippe de Cherisey ? Le problème est posé...

Pour découvrir la version complète : Codex Bezae Cantabrigiensis
Université de Cambridge

 

La page originale du petit parchemin se trouve dans l'Évangile de Luc :
Luc V 38 ‑ 17.9

 

La page équivalente au grand parchemin se trouve dans l'Évangile de Jean :
Jean chapitre XII  1 ‑ 13 (voir ci‑dessous)

 

Étude comparative

 

   La coïncidence est en tous cas suffisamment importante pour mériter une analyse approfondie.

 


Extrait du Codex Bezae ‑ Luc V, 38 ‑ 17.9
(Le texte identique au petit parchemin a été isolé du reste des versets)

 

   Si l'on compare l'original avec le parchemin, on peut remarquer outre la disposition de certains mots, quelques différences repérées en jaune ci‑dessous:

 

 

Le O de SECUNDO est remplacé par un thêta θ dans le petit parchemin
Le mot SEGETES est curieusement mal écrit et donne SCCETES
Le C de DISCIPULI est remplacé par un G (sans doute pour faire mieux apparaître le G de Dagobert)
Le U de ILLIUS est remplacé par 2 lettres TR formant ILLTRIS
Le I de FRICANTES est remplacé par un T
Le I de MANIBUS est remplacé par un T
Le I de DICEBANT es remplacé par un T
Le I de QUID est remplacé par un A
Le premier I de DISCIPULI est remplacé par un T
Le H de IHS est remplacé par un N
Le mot DIXIT est remplacé par SETXTT
Le G de LEGISTIS est remplacé par un C
Le I de DAVID est remplacé par un T
Les 2 I de ESURIIT sont remplacés par un U
Le T de ERAT est remplacé par un I
Le mot DOMUM est remplacé par un mot plutôt mal écrit DUMUM
2 mots ont été ajoutés : REDIS et BLES
Le mot UXUθ a été ajouté

   A toutes ces modifications s'ajoutent les symboles graphiques comme les 3 croix, la signature PS, le Alpha Oméga, quelques accents et quelques points.

 

   Enfin, et c'est ce que l'on remarque en premier, la césure des mots et des lignes qui n'est pas la même ainsi que certains espaces.

 

Les versets

 

   Une information importante que l'on peut tirer du Codex Bezæ est la construction exacte des versets qui sont au nombre de 4 :

 

(Fin du verset 1) ET FACTUM EST EUM IN SABBATO SECUNDOPRIMO ABIRE PER SEGETES DISCIPULI AUTEM ILLIUS COEPERUNT VELLERE SPICAS ET FRICANTES MANIBUS

 

(Verset 2) MANDUCABANT QUIDAM AUTEM DE FARISAEIS DICEBANT EI ECCE QUID FACIUNT DISCIPULI TUI SABBATIS

 

(Verset 3) QUOD NON LICET RESOPONDENS AUTEM IHS DIXIT AD EOS NUMQUAM HOC LEGISTIS QUOD FECIT DAVID QUANDO ESURIIT IPSE ET QUI CUM EO ERAT

 

(Verset 4) INTROIBIT IN DOMUM DEI ET PANES PROPOSITIONIS MANDUCAVIT ET DEDIT ET QUI CUM ERANT QUIBUS NON LICEBAT MANDUCARE SI NON SOLIS SACERDOTIBUS

 

   À chaque fin de verset correspond une croix dans le petit parchemin. Voici donc la signification première de ces 3 croix. Ceci ne remet pas en cause leurs dispositions qui est à la base de propriétés géométriques étonnantes.

 

   Nous pouvons donc déjà affirmer à ce stade que le petit parchemin trouve bien son origine dans le Codex Bezae, car il existe trop de similitudes. Mais cette copie ne ressemble pas du tout à celle d'un mauvais latiniste. Les erreurs sont intentionnelles puisque qu'une erreur de retranscription n'engendre pas l'ajout d'un mot entier comme UXUθ ou le remplacement d'un mot comme DIXIT par SETXTT.

 

   Il reste donc une question cruciale : le petit parchemin est‑il un authentique document construit après 1581, date à laquelle le Codex Bezae fut révélé à Cambridge ; ou est‑il un faux élaboré par Pierre Plantard et Philippe de Cherisey ?

   La vérité est difficile à établir d'autant que la version que nous connaissons aujourd'hui intègre un codage relativement facile à repérer : certaines lettres sont décalées vers le haut formant " A DAGOBERT II ROI ET A SION...".

 

   On peut aussi affirmer que le petit parchemin est bien trop complexe pour être l'œuvre de Philippe de Cherisey. Calquer un vieux document et déplacer quelques lettres pour suggérer une phrase est relativement simple, mais concevoir un parchemin complet et cohérent avec le reste de l'énigme est autrement plus difficile. D'autant qu'il existe des détails gênants qui empêchent le scénario d'un simple copiste.

 

   Voici pourquoi ce document fut si souvent remis en question. Il comporte un fond véridique et codé avec une extrême intelligence et une partie qui pourrait être manipulée.

 

Pas si simple...

 

   Courant 2005, un fac‑similé de la fameuse page 186 du Codex Bezae fut découvert dans un ouvrage biblique plus récent : le "Dictionnaire de la Bible" rédigé par Fulcran Vigouroux à Paris en 1895.

 

  Cette découverte remit en ébullition les chercheurs dont certains virent dans le livre la preuve irréfutable du faux petit parchemin. En effet, si le fac‑similé "Luc V, 38‑17.9" du Codex Bezae se trouve dans un ouvrage plus récent, la thèse qu'un faussaire ait pu l'utiliser devient plausible.

 

   Or, ce n'est pas si simple, car un détail va remettre le raisonnement aux orties. Si l'on observe le texte du Codex Bezae, le premier verset du petit parchemin est marqué par un crochet très net marquant ainsi le point de départ de l'extrait. Si faussaire il y a, il n'a donc pu utiliser le " Dictionnaire de la Bible" de 1895, puisque cette délimitation était déjà présente dans la version du Codex Bezae plus ancienne de Cambridge.

 

   Nous revoilà au point de départ : qui a posé cette marque sur l'exemplaire du Codex Bezae archivé à Cambridge et quand ?

 


Dictionnaire de la Bible par Fulcran Vigouroux

 

Qui était Fulcran Vigouroux ?

 

   Fulcran Vigouroux (1837‑1915) était Sulpicien. De 1868 à 1890, il se chargea de donner des cours d'écriture Sainte au grand Séminaire de Saint Sulpice de Paris. Ses formations étaient réservées à une vingtaine d'élèves à la fois, tous connaissant déjà l'hébreu.

 

   L'enseignement qu'il procurait était d'une extrême érudition, n'hésitant pas à travailler sur les aspects grammaticaux ou comparatifs entre les différentes langues grec, latin et hébreu. C'était aussi un défenseur de l'interprétation traditionnelle de la Bible. 

 

   Curieusement son approche traditionnelle était menée en parallèle avec des avancées archéologiques et historiques, comme s'il était convaincu que les progrès techniques allaient conforter les récits bibliques.

   Il publia en 1880 deux premiers volumes du « Manuel Biblique » qu´il composa après 10 ans d´enseignement.

   En 1890, il quitta le Séminaire de Saint‑Sulpice pour venir à l'Institut Catholique de Paris et poursuivre ses cours d´Écriture Sainte, et plus particulièrement l´étude de l´Ancien Testament.

   En 1903, Fulcran Vigouroux partit pour Rome où il fut nommé secrétaire de la Commission pontificale pour les Études bibliques, créée par le Pape Léon XIII, le 30 octobre 1902.

 

   Le Dictionnaire de la Bible qu'il publia en 5 volumes de 1891 à 1912 est un monument d´érudition, mais qui est curieusement éloigné de ce qu´enseignent les Livres saints. Cet ouvrage contient une grande quantité d'informations géographiques, archéologiques et botaniques relatives à la Bible. Fulcran Vigouroux était aussi d'une extrême rigueur. Il vérifiait durant des heures chaque page produite par ses collaborateurs, dont le plus célèbre était Jacques Thomas.

 

   Quelle étrange année que celle de 1891. Alors que le Dictionnaire de Vigouroux sortait, Bérenger Saunière qualifiait cette année dans un collage : "L'année 1891 portée dans l'éternité avec le fruit dont on parle ci‑dessous". Il est vrai que l'on retrouve ce nombre fétiche sur le pilier inversé "MISSION  1891" ou sur le porche de l'église de Rennes‑Le‑Château...

 

Coïncidences extraordinaires

Le mystère du crochet

 

   Sur toutes les versions connues et même la version fac‑similé du manuscrit de Cambridge, il existe un mystérieux crochet "[" sur la page latine de LUC V 38‑17.9 marquant ainsi une césure qui est exactement le démarrage du texte du petit parchemin "ETFACTUM...". 

 

 

   Comment ce petit crochet a‑t‑il pu se retrouver sur toutes les versions connues, dont celle du dictionnaire de la bible de Fulcran Vigouroux en 1891 ?

 

   Autre fait d'importance : le père lazariste Jean Jourde (1852‑1930), révélé par Frank Daffos dans son livre "Le puzzle reconstitué" fut l'élève de Fulcran Vigouroux qui enseignait au séminaire de Saint Sulpice. Jean Jourde, dont on connaît aujourd'hui l'importance dans l'affaire de Rennes, connaissait donc parfaitement le Codex Bezae qui se retrouva dans le Dictionnaire de la Bible en 1891...

   Jean Jourde serait‑il l'auteur de ce mystérieux crochet  et donc le codeur mystérieux du petit parchemin ?

 

Un numéro de page terriblement évocateur

 

   Il faut également saluer l'ingéniosité du codeur qui choisit d'extraire son texte latin de la page 186 du Codex Bezae. Le clin d'oeil n'est pas dû au hasard puisque 186 est une déclinaison bien connue du 681, un nombre que l'on retrouve régulièrement dans l'énigme comme dans la phrase issue du grand parchemin :

 

"BERGERE  PAS  DE  TENTATION
QUE  POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLE PAX 681..."

 

Page 186 en haut à droite

 

Un texte latin qui rappelle Boudet

 

   Comment ne pas penser au mot "blé" que Boudet cite 32 fois dans son livre "La Vraie Langue Celtique" lorsqu'on lit le texte de Saint Luc ?

 

   Ce passage où Jésus et ses disciples parcourent des champs de blé le jour du sabbat nous renvoie immanquablement aux allégories de Boudet sur sa céréale précieuse... Encore une coïncidence qui n'en est sûrement pas une...

Une superbe anagramme codée

 

   Si on observe la page latine, 3 lignes sont nettement décalées vers la gauche d'une lettre. Or sur la page équivalente grecque, le même décalage est visible.

 


La cueillette des épis de blé

Luc V 38 ‑ 17.9
Page en grec


La cueillette des épis de blé

Luc V 38 ‑ 17.9
Page suivante en latin

 

Une fois les caractères décalés isolés, nous avons la série de lettres suivantes :

 

A K E R E D I

 

Il est alors très facile de voir les mots :

 

A R K E    D E I

 

que l'on peut rapprocher de "ARCHE DIEU" ou plus exactement "l'Arche de Dieu". Mais pour cela il faudrait que le K grec se transforme en CH latin

 

   Or il faut savoir que lorsque la racine grecque est indirecte (le mot français provient de la transposition latine du mot grec comportant un khi) le CH se prononce CHE comme dans : archives, architecte, archevêque, monarchie, etc.

   A l'inverse, quand la racine grecque est directe, le CH se prononce KE comme dans : orchestre, archéologie, psychiatre, psychologue, chiromancie)

 

On peut donc envisager la traduction :

 

A  R  CH  E    D  E  I

Arche de dieu

 

Pure coïncidence ? Peut‑être, mais alors, pourquoi a‑t‑on décalé ces 3 lignes ?


Page grecque


Page latine

 

   Voici donc que l'affaire du petit parchemin se complique nettement. Si on admet qu'un crochet a pu être facilement tracé par l'auteur du codage, décaler 6 lignes sur 2 pages du Codex Bezae de Cambridge devient l'œuvre d'un magicien.

   Nous avons donc 4 coïncidences extraordinaires sur deux pages. Avouons qu'il devient très difficile d'affirmer qu'il n'y a aucun codage...

 

Que peut‑on en conclure ?

 

   Si l'on se base sur des faits objectifs, il est indéniable que le petit parchemin est issu du Codex Bezæ, ou du moins issu d'une copie très proche. Il est également certain  que des modifications ont été apportées. Certains diront qu'il s'agit de la maladresse du copiste, ou de sa non‑connaissance des lettres anciennes, mais cette explication n'est pas satisfaisante. Si certaines transcriptions peuvent s'apparenter à une erreur comme ILLIUS se transformant en ILLTRIS, que dire alors de  DIXIT qui est remplacé par SETXTT ou de l'ajout délibéré de mots comme UXUθ ou REDIS BLE et tout ceci sans tenir compte des particularités géométriques.

 

   Si l'on ajoute à ceci les coïncidences extraordinaires, une évidence s'impose : nous sommes en présence d'un document complexe qui n'a pas été choisi par hasard dans le Codex et qui n'est certainement pas l'œuvre d'un copiste maladroit. Le petit parchemin a été conçu dans un but précis qui reste une énigme aujourd'hui.

 

   La thèse du faux est séduisante, car elle permet d'occulter facilement les sujets sans réponses, alors qu'étudier un document sur une hypothèse d'authenticité est autrement plus difficile...

 

   Le petit parchemin est à la base un texte authentique qui a été extrait du Codex Bezae pour attirer notre attention et amener un codage. Il faut l'admettre...