L'église
Marie‑Madeleine fut certainement l'œuvre centrale et la plus
grande fierté de Bérenger Saunière.
Elle concentre à elle seule un ensemble de symboles et
de métaphores que Saunière,
Boudet et sans aucun doute d'autres prêtres nous léguèrent à la postérité.
Pour tous les curieux et les passionnés, elle témoigne de
plusieurs passés tumultueux comme celui des Wisigoths et des
Carolingiens, celui du XVIIe siècle avec Nicolas Pavillon et la baronnie des
Hautpoul, ou celui du 19e siècle
avec Bérenger Saunière,
sa vie insolite et ses grands travaux inexpliqués.
Comment un
prêtre sans le sou a‑t‑il pu mener à bien un tel projet ?
Comment a‑t‑il pu entreprendre de telles rénovations si couteuses ? Car le résultat
ne peux laisser indifférent. Non seulement la paroisse démontre l'exécution d'un projet énorme et financièrement lourd, mais elle est aussi la
preuve que l'objectif était d'étonner les fidèles en utilisant une décoration riche et voyante. Enfin, la paroisse cache des détails
difficilement observables à l'œil nu, ce qui renforce l'idée d'un codage particulièrement étudié. Le plus bel exemple est celui donné
par la
fresque de la Montagne Fleurie.
Surtout elle représente un réel défi pour tous les chercheurs qui depuis
50 ans tentent vainement de décoder son message...
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L'église Marie‑Madeleine ‑ Fierté de Bérenger Saunière |
Le plan du jardin et ses curiosités |
Courant
janvier 1891,
Bérenger Saunière
demande l'autorisation au conseil municipal de
Rennes‑Le‑Château de clôturer à ses frais la place publique
devant son église.
Le
21 juin
de la même année, au cours d'une mission de dévotion
envers Notre Dame de Lourdes, le petit jardin de la Vierge
est inauguré et une statue commémoratrice est posée sur le
pilier carolingien de
l'ancien autel qui a été installé en
ce lieu. Or un fait curieux va attiser la curiosité des chercheurs : le pilier
placé à l'envers. Cette erreur semble pourtant volontaire. D'ailleurs, les cas d'inversion tout au long de
l'énigme sont extrêmement nombreux, comme s'il fallait
marteler ce procédé de codage...
Comment un prêtre de la trempe de
Bérenger Saunière
qui a travaillé de nombreuses années à la restauration de
son église, a‑t‑il pu commettre une telle erreur ?
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ND de Lourdes
La statue commémoratrice sur l'un
des piliers inversé de l'ancien autel
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Le calvaire et la plaque commémorant la visite de Mgr Billard le 6 juin 1897 |
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La construction du jardin pris environ
6 ans et son inauguration eut lieu le
6 juin
1897 en présence de
Mgr
Billard à l'occasion d'une visite épiscopale.
C'est aussi lors de cette
journée très festive que l'évêque put constater les travaux
de rénovation de
l'église Marie‑Madeleine. Or contrairement à un
mécontentement qui aurait pu se comprendre compte‑tenu de
l'ampleur des sommes engagées et dépensées,
Mgr Billard
félicita le curé de la paroisse. Est‑il venu vérifier la bonne utilisation de quelques fonds ?
A t‑il été invité pour officialiser ce que nous appellerions
aujourd'hui une recette de fin de travaux ?
Une plaque commémorative de
l'événement existe toujours. Elle est visible au pied du
calvaire.
On peut y lire le nom de
Mgr Arsène
Billard mais aussi celui du
R.P. Mercier Lazariste. Voici donc une des rares références écrites à un lazariste, ce qui
relie Saunière à
Notre Dame de Marceille et à la communauté lazariste présente à cette époque.
le R.P.
Jean Jourde n'est pas loin...
Le jardin attenant à l'église ressemble à
beaucoup de jardins de nos paroisses françaises et rien ne
semble anormal lorsque l'on s'y promène. Mais pour apprécier
toute la
subtilité symbolique de ces prêtres codeurs il faut prendre
un peu de hauteur et observer attentivement. |

Le jardin et son calvaire ‑ Une géométrie
curieuse et étonnante |
Le jardin est directement
accolé à l'église et paraît respecter une curieuse géométrie.
Chaque mobilier possède une place bien précise. Un triangle
équilatéral inversé domine la structure. Une grille, aujourd'hui
remplacée, ferme ce triangle comme pour bien montrer son
importance. En son centre se trouve le calvaire. Mais nous
verrons que toute cette mise en scène n'est pas dû aux
fantaisies artistiques du jardinier
Saunière. Ces
plans, comme d'ailleurs ceux du Domaine, ont été réfléchis et
travaillés pour passer un message bien précis et attirer la
curiosité. |

Le petit jardin devant l'église Marie Madeleine. Au centre le calvaire |
Le positionnement et l'inversion du
pilier carolingien est un élément déconcertant, surtout lorsque l'on connaît
les nombreuses autres inversions observées autour de
l'affaire de Rennes. Un exemple qui montre cette symétrie
subtile est celui de
la Dalle des
Chevaliers qui a été découverte par
Saunière face gravée contre terre devant l'autel.
Après l'avoir dégagée de la paroisse il l'a déposa à l'extérieur, sa face gravée vers
le haut, au pied du calvaire.
Et si on prend du recul sur
l'ensemble du jardin, on peut remarquer un autre fait troublant : on retrouve la forme de l'église dans
la construction géométrique du jardin en appliquant une
simple translation de son plan.
Ainsi,
la fresque de
la Montagne Fleurie devient à l'extérieur le mur où est adossé ND
de Lourdes, le confessionnal devient le pilier
inversé,
l'allée centrale de l'église devient le chemin qui mène au
calvaire, l'autel devient le calvaire.
La
Dalle des
Chevaliers découverte par Saunière devant l'autel face
contre terre se retrouve donc par symétrie devant le calvaire
face vers le ciel.
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Rien n'est dû au hasard ‑ Le contour
exact de l'église Marie‑Madeleine
est retrouvé dans son jardin |
Tout ceci montre une rigueur et une logique
implacable qui rejette toute idée de coïncidence ou de loi du hasard. Dans ce contexte, on peut
facilement imaginer l'importance de
cette grille posée par Saunière, élément à priori inutile, mais qui ferme
d'un trait ce triangle équilatéral. En fait, il faut
encore prendre du recul et englober dans l'analyse
le Domaine tout entier pour enfin comprendre
sa géométrie
On est alors
émerveillé par l'ampleur des travaux et surtout par la volonté
d'y intégrer une symbolique précise que
la géométrie sacrée viendra sublimer.
Les grottes
reconstituées
L'une des
activités de Saunière vers
1891 a été d'édifier une grotte
artificielle à partir de pierres récupérées dans la région.
La rumeur populaire prétendit qu’il partait tous les
matins avec
Marie Dénarnaud,
une hotte sur les épaules, chercher ces pierres sur le bord
du ruisseau des Couleurs, près de "La grotte du Fournet",
maintenant appelée "La grotte Marie‑Madeleine".
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Pour beaucoup, Saunière aurait
construit une seule grotte mais en réalité, il en construisit trois. La première et la plus connue est située sur le côté ouest du
triangle. Elle abrite un étrange banc et une niche sacrée. La seconde plus petite mais qui n'existe plus aujourd'hui était à la pointe sud du triangle. La troisième n'est pas
vraiment une grotte mais un passage en forme de voute. Le passage est fermée par une grille et offre une perspective sur la grotte
principale au fond.
Selon la légende, car malheureusement aucune photo ne le prouve, la grotte au banc
aurait contenu une statue de Marie Madeleine mais le plus intéressant est son banc où une inscription en petits cailloux cimentés est
encore lisible. Car si la grotte a été récemment entièrement reconstruite, le banc est d'origine. |

La grotte reconstituée aujourd'hui |

La grotte principale et son banc codé
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L'originale ayant disparue
elle a été reconstruite
à l'identique
(excepté le banc qui est d'origine) |
Il existe un détail dans la
grotte de
Saunière qui a été très peu étudié par les
chercheurs. Au fond de celle‑ci se trouve un banc cimenté
sur lequel une inscription a été dessinée à l'aide de petits
cailloux scellés dans le ciment. Simple décoration ou
nouveau code à décrypter ? Que représente ce banc
cimenté dans une grotte ? Serait‑il la représentation d'un
coffre, d'un tombeau ?
J'ai toujours été frappé par l'acharnement de
certains auteurs à vouloir décrypter le fameux I.X:O.I.Σ. sur
la tombe de Boudet
qui est en fait
I.X.Θ.Υ.Σ. alors que des codes bien plus mystérieux sont
très simplement visibles et n'ont suscités jusqu'à présent
aucune curiosité...
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Au fond,
sur un banc rudimentaire, une inscription matérialisée par des
petits cailloux cimentés est lisible : KXS LX
A ce jour,
aucun décryptage satisfaisant n'a put être apporté |

Le banc au fond de la grotte et une
inscription KXS LX |
La seconde grotte plus petite n'existe plus aujourd'hui est seules quelques
pierres sont encore présentes témoins du passé. La pointe sud du triangle était habillée de cette seconde fausse caverne. |

La seconde grotte plus petite n'existe plus.
Elle était à la pointe sud du triangle du calvaire |
La troisième grotte n'en est pas vraiment une. Il s'agit malgré tout d'une
construction qui a aussi sa symbolique. La grotte est en fait un passage vouté entre le chemin extérieur et le jardin. Une grille
ferme l'accès et permet de souligner la continuité du triangle. |

La troisième grotte est en réalité un passage avec une grille |
En
1999 la commune de
Rennes‑Le‑Château prit la décision de restaurer ce jardin. Cette rénovation fut réalisée sous la
direction d'Alain Féral. La grotte qui était totalement effondrée, fut reconstruite à l'identique et au même endroit.
Une ancienne photo montre la grotte d'origine, la voute et la grille telle qu'on peut
les voir aujourd'hui. On peut également observer le banc qui existait déjà.
Les trois grottes sont en définitives très proches les unes des autres et construites sur la
pointe sud du triangle. Elles rappellent manifestement d'autres fausses grottes tout aussi symboliques comme celles de l'église
d'Espéraza, celle d'Alet dans le jardin de la mairie ou celle de Campagne sur Aude.
A travers la première grotte on peut
observer la grotte ronde au banc
(ancienne carte postale) |
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Peut‑on en déduire quelques pistes ?
Une hypothèse sérieuse est que le
jardin représente une réalité inversée
intégrant le plan de l'église. On peut alors imaginer qu'il
s'agisse d'une représentation de la paroisse telle que
Saunière l'aurait découverte dans son sous‑sol. Un fait peut
confirmer cette hypothèse :
la dalle des
Chevaliers qui à l'origine était devant l'autel à
l'intérieur de l'église et qui fut déplacée à l'extérieur
devant le calvaire comme pour marquer l'inversion.
Pour simplifier, on pourrait dire qu'il
y a eu
une volonté manifeste de conserver à la mémoire et de façon
symbolique le plan de l'église tel qu'il fut
découvert lors de la rénovation, tout comme le ferait un
archéologue lors d'un relevé topographique !
Mais ce n'est sans doute
pas tout. Que signifieraient alors ces formes géométriques
très bien agencées ? Le triangle équilatéral serait dans ces
conditions porteur d'un message, d'une indication, d'une
direction, ou tout simplement d'un plan. Nous aurions alors
un sens de lecture qu'il faut démarrer dans l'église pour
ensuite continuer à l'extérieur. N'oublions pas également
que tout ceci s'inscrit dans un projet bien plus vaste
puisque la construction du Domaine suivra pour finir vers
1904...
Bien sûr, ce sont des
hypothèses mais une chose est certaine : Saunière
ne fut pas l'auteur des plans des jardins ni du Domaine.
Nous avons également la preuve que l'église est codée. Le
hasard et la fantaisie artistique sont donc totalement exclus...
Tout ce raisonnement déclenche
évidemment plus de questions qu'il n'en résout. Si l'on admet que chaque élément
symbolise un objet ou un lieu important, que représente le banc ? S'agit‑il d'un tombeau
ou d'un sarcophage ? Que représente la grotte ?
Le jardin veux nous
parler, mais il reste à le comprendre...
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