L'église
Marie‑Madeleine fut certainement l'œuvre centrale et la plus
grande fierté de Bérenger Saunière.
Elle concentre à elle seule un ensemble de symboles et
de métaphores que Saunière,
Boudet et sans aucun doute d'autres prêtres nous léguèrent à la postérité.
Pour tous les curieux et les passionnés, elle témoigne de
plusieurs passés tumultueux comme celui des Wisigoths et des
Carolingiens, celui du XVIIe siècle avec Nicolas Pavillon et la baronnie des
Hautpoul, ou celui du 19e siècle
avec Bérenger Saunière,
sa vie insolite et ses grands travaux inexpliqués.
Comment un
prêtre sans le sou a‑t‑il pu mener à bien un tel projet ?
Comment a‑t‑il pu entreprendre de telles rénovations si couteuses ? Car le résultat
ne peux laisser indifférent. Non seulement la paroisse démontre l'exécution d'un projet énorme et financièrement lourd, mais elle est aussi la
preuve que l'objectif était d'étonner les fidèles en utilisant une décoration riche et voyante. Enfin, la paroisse cache des détails
difficilement observables à l'œil nu, ce qui renforce l'idée d'un codage particulièrement étudié. Le plus bel exemple est celui donné
par la
fresque de la Montagne Fleurie.
Surtout elle représente un réel défi pour tous les chercheurs qui depuis
50 ans tentent vainement de décoder son message... |
L'ancien autel et le
pilier d'entrelacs |
L'autel était dans les temps
anciens du judaïsme une table utilisée pour les sacrifices. Elle
évolua petit à petit dans sa forme pour devenir une simple table
de culte. Son aspect était souvent en pierre sculptée mais on
pouvait la trouver aussi en bois. C'est à partir du VIIIe siècle
que sa fonction évolua plutôt vers un mobilier décoratifs
servant à présenter des vases sacrés, des chandeliers ou les
Evangiles.
L'autel de l'église
Marie‑Madeleine n'a
aujourd'hui strictement rien à voir avec l'ancien. Mais c'est tout de même grâce à lui
que l'affaire de Rennes‑Le‑Château
se réveilla subitement. En effet, Gérard de Sède
nous raconte que Bérenger Saunière,
désireux de remplacer ce vieux mobilier par un autel plus récent, mit à jour les fameux
parchemins. Il découvrit également une "oule" pleine de
bijoux non loin de là...
On ne sait pas grand chose
sur l'aspect exact de l'église en
1885,
date de sa découverte par Saunière, mais il nous reste néanmoins
quelques témoignages : |
"Le maître autel
était composé d'une grande dalle, prise sur un côté (le côté
gauche) dans le mur et soutenue, par devant, par deux piliers,
l'un brut (qui a disparu) et l'autre, sculpté d'entrelacs avec
une croix manuelle et gemmée et avec les deux lettres grecques A
et Ω"
Extrait S.E.S.A. 1909 par Saunière |
Selon un
compte‑rendu municipal de
1879, un réduit humide et
insuffisant se trouvait derrière le retable du maître autel. Cet
espace était meublé d'une commode et d'une encoignure. Un autre
compte‑rendu de la visite pastorale de
1876 nous décrit
que sur l'autel était posé un retable en bois doré garni de
soie et derrière un tableau du Christ. |
On peut
admirer aujourd'hui le pilier original sculpté dans le musée de
Rhedae. Il est présenté ouvert avec son chapiteau déposé à côté pour
mieux mesurer le volume de la capsa, cette petite cavité dans
laquelle Saunière aurait trouvé selon
Gérard de Sède des
parchemins.
Saunière déposa finalement le pilier décoré, à l'envers dans les
jardins. Il y posera par dessus la statue de
Notre Dame de Lourdes et il rajoutera
un cartouche gravé :
MISSION
1891 |
Le pilier de l'ancien autel
(musée de Rhedae) |
Bérenger Saunière
devant le pilier inversé et
servant de support à ND de Lourdes |
Le pilier à l'envers
reconstitué aujourd'hui
dans le jardin |
Il existe en
fait une curiosité à propos du pilier présenté dans le musée.
Jugez plutôt. Une ancienne photo présente Saunière à côté de son
pilier inversé. Remarquez bien que le chapiteau large est en bas
et MISSION à l'endroit. Cette représentation est conforme
avec celle que l'on peut voir aujourd'hui reconstituée dans le
jardin. Or dans le musée, le pilier original est représenté dans
son sens normal et possède toujours le chapiteau large en bas...
On pourrait donc supposer que
le pilier est présenté à l'endroit et sur son vrai socle de pierre.
Or ce socle ne pouvait s'inverser car le sigle est un
Avé Maria comme nous le confirme une même
signature à
Notre Dame du
Cros. |
Le fronton de ND du Cros
|
|
En fait il
faut comprendre que le socle avec le
M et le
A
entrelacés ne fait pas partie du pilier carolingien d'origine.
C'est une pièce qui a été rapportée par Saunière sans doute pour
étoffer l'aspect décoratif de l'ensemble. D'où vient‑elle ? Le
mystère demeure mais peut être qu'il s'agit d'un autre reste
archéologique que le prêtre mis à jour lors de ses fouilles.
Conclusion
Saunière a inversé
la partie centrale et supérieure du pilier et non
l'ensemble comme on le pense souvent. Et la meilleur preuve est
d'observer le second pilier brut de l'autel...
|
Mais qu'est devenu
le second pilier ?
Nous l'avons finalement
retrouvé par hasard derrière un taillis,
solidement cimenté contre un mur et à l'endroit. Son
chapiteau sert bien de socle et la capsa est visible au dessus.
La pierre de mauvaise
qualité n'a pas su malheureusement résister au temps et à
l'humidité.
Espérons qu'il soit remplacé très vite par une copie et qu'il rejoigne très vite son frère dans le musée de
Rhedae... |
Le second pilier retrouvé |
Voici donc comment nous
pouvons imaginer l'autel autrefois, tel que Saunière le
découvrit en 1885... |
L'ancien autel et son pilier sculpté
d'entrelacs |
L'autel visible aujourd'hui fut offert à Bérenger Saunière en
juillet 1887 par
Madame
Cavailhé de Cousan, près de
Narbonne, en remerciement des dons de guérisseur à son égard
de l’un de ses prédécesseurs, l’abbé Pons (1836‑1879).
Le nouvel autel fut fourni par la Société Monna de
Toulouse. |
Le confessionnal et son berger |
En entrant dans l'église, à coté du diable et
sur la gauche, se trouve un confessionnal en bois de chêne
commandé par Saunière.
Cet ouvrage serait passé tout à fait
inaperçu s'il n'y avait pas sur son fronton une scène
sculptée qui mérite quelques explications.
La scène rappelle évidemment un épisode
biblique souvent illustré, celui d'un bon berger
délivrant un mouton pris dans un buisson épineux.
Mais ici, la sculpture en bas relief prend une toute autre
lecture : Jésus en bon berger examine la patte cassée
d'une brebis. Car il suffit d'observer la patte de l'animal pour
s'apercevoir qu'elle s'articule dans un sens improbable.
Quant au buisson épineux, il a été simplifié, le rendant
inoffensif. Ainsi, on
comprend difficilement comment l'animal aurait pu se casser
une patte en étant piégé dans un arbuste...
|
Le confessional |
Le fronton du confessional
|
En fait on devine ici
l'allusion
très claire faite par Saunière
et/ou Boudet
à ce fameux berger
Paris récupérant sa
jeune brebis blessée après une chute dans un
aven (une câtin)
Il faut ici souligner l'ingéniosité du
cryptage qui utilise un message biblique pour suggérer autre
chose. Ce seul détail, celui de la patte cassée
représentée sans ambiguïté, suffit à confirmer la parabole,
et sans cet élément, le message aurait pu passer
complètement inaperçu. Ceci confirme très probablement que
les prêtres connaissaient
parfaitement la légende du
berger Paris.
|
Lorsque l'on entre dans l'église le premier
regard ne porte pas sur le sol. Et pourtant lui aussi a sans
doute un message à délivrer. Il est recouvert de dalles
blanches et noires en alternance. Bien que le sol tout
entier soit carrelé de la même manière, il y a une section
centrale qui forme un carré de 8 x 8 dalles.
Exactement le nombre de cases qu’un
échiquier !
|
|
Le plan de l'église et son échiquier
|
La sacristie est comme dans toutes les églises une pièce
dans laquelle le prêtre range ses habits
religieux et ses instruments du culte. C'est pour cette
fonction que Bérenger Saunière fit construire ce local lors
de la réfection de l'église.
De plus, afin de pouvoir ranger ses
affaires, il fit aménager une penderie. A première vue
celle‑ci ne possède rien de particulier, hormis que, lorsque
l'on y regarde de plus près, elle sert également de porte
permettant l'accès à ce que l'on a baptisé
l'isoloir.
Il y a quelques années des personnes
auraient soulevé le fond de cette penderie et auraient
mis à jour un vide s'enfonçant profondément dans le sol. Ils
ne poussèrent pas plus loin leurs investigations. Mais à une
autre occasion, un chien d'une personne vivant à
Rennes‑Le‑Château se serait introduit dans cette ouverture
et ses maîtres prétendirent l'avoir entendu aboyer de très loin
dans le sous‑sol. le chien ressortit de lui‑même vivant et indemne,
plusieurs heures plus tard. Cette brèche serait‑elle un
accès vers le sous‑sol de l'église et sa crypte ? C'est de
ce même sous‑sol
que la légende de l'abbé Saunière naquit...
A quoi servait l'isoloir ?
Car, outre sa très petite dimension il est complètement
impossible d'y accéder autrement que par la penderie. Seul
une ouverture en forme d'œil de bœuf, permet à la lumière
de pénétrer. Son existence semble incongrue et mystérieuse. Quel était le
projet de Saunière?
|
|
Un autre détail remarquable de la sacristie est
la présence d'un vitrail représentant le Christ à l'agonie sur
la croix. Le détail remarquable est que la position de la
blessure du flan du Christ est représentée du coté opposé à
celui habituellement admis. Comment peut‑on imaginer de
Saunière une telle erreur ou plutôt faudrait‑il y
voir une inversion de plus ? |
|
|